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Quels beaux hymnes alors chanteront les poètes
Mais ce grand jour, hélas ! ne surgit pas encor.
Poète, ouvre ton aile et chante d'autres fêtes,
Les fêtes du progrès, — aube des siècles d'or!
Vois Icare est vaincu par nos aéronautes.

Et que sont les lauriers des anciens Argonautes
Près de ceux qu'ont cueillis sous vingt climats divers
Nos frères Tiphys faisant le tour de l'univers?
Dis-nous la nuit du pôle et l'aube boréale,
La sauvage Australie et l'Afrique centrale ;
Chante ces vrais héros, paisibles conquérants,
Qui vont purger le sol des monstres dévorants;
Et chargeant tes pinceaux de couleurs magnifiques,
Montre-nous mille fleurs aux parfums exotiques,
Les races des humains, les mœurs des nations,
Et partout le génie épanchant ses rayons.

LE POÈTE.

Oh! j'ai déjà rêvé ces tableaux ; ma pensée
A médité le plan d'une immense Odyssée.
Qui donc me donnera de peindre un jour en vers
Ce merveilleux poëme en cent chants: l'Univers ?
J'aurai pour m'inspirer Colomb, Dumont d'Urville,
Livingstone, Franklin, Magellan, Bougainville;
J'irai, chantant vos noms, hardis navigateurs !
Sur vos lointains tombeaux j'irai jeter des fleurs.

PROMÉTHÉE.

Hier, comme un géant, Lesseps, vainqueur des ondes,

A réuni deux mers et rapproché deux mondes ;
Il coule, libre et grand, le fleuve aux vagues d'or,
Le canal de Suez! En vain Adamastor

Sur son cap effrayé déchaîne les orages:
Tu n'engloutiras plus, ô roi des mers sauvages,

Impuissant à dompter leurs audacieux essors,
Les vaisseaux d'occident chargés de leurs trésors.

LE POÈTE.

Mais quoi? serait-ce donc pour la seule richesse
Que tes fils ont conçu ces épiques travaux ?

PROMÉTHÉE.

Non, non; un but plus grand les remplit d'allégresse,
Ils ont vu resplendir des horizons plus beaux.
Bientôt, char de la Paix, plus rapide qu'Eole,
La machine, portant au front une auréole,

Va franchir sous les flots la Manche en son chemin,
Et s'élancer d'un bond de Londres......à Pékin !!!
Des barbares tribus mes fils sont les apôtres ;
Civilisant les uns et protégeant les autres,
Ils iront conquérir, rajeunir l'univers,
Et de tous les captifs ils briseront les fers.

Courbez-vous, fier Atlas, superbes Pyramides,
Devant les monuments de nos bras intrépides!
Nous avons éclipsé l'œuvre des Pharaons;
L'antiquité pâlit près de nos Panthéons.
Nous vous supprimerons, géantes Pyrénées!
N'avons-nous pas percé les Alpes étonnées?
Quel spectacle de voir tous les peuples demain
S'embrasser, triomphants, et chanter leur hymen !
Encore quelques jours, et les incultes plages
Vont partout se parer de jardins et d'ombrages.
L'homme en ballon rapide au ciel s'élancera;
Il ira, dépassant les aigles dans les nues,
Explorer en tout lieu les terres inconnues.
Je veux ouvrir demain l'isthme de Panama,
Et je raccourcirai la ceinture du monde
Pour mieux semer partout la liberté féconde.

Du Zuider-Zée à sec le golfe sourira,

Et la Hollande, aux lieux où mugissaient les ondes,
Verra flotter au vent des bois, des moissons blondes.
J'irai changer en mer le brûlant Sahara;

Les eaux feront fleurir les sables de l'Afrique.
Dans les affreux déserts, séjour des léopards,
Surgiront des cités, comme un songe féerique !
Et les peuples amis n'auront plus de remparts.

LE POÈTE.

Oh! je saisis mon luth pour chanter ce beau rêve
Et pour pleurer les maux d'un passé qui s'achève.
O martyrs immortels, vous qu'on traitait de fous,
Fier Colomb, Galilée et de Caus, gloire à vous!
Qu'importe le malheur, race persécutée ?
Votre auréole reste, ô fils de Prométhée !
Le Calvaire pour vous fut voisin du Thabor
Et vos fronts aujourd'hui touchent les astres d'or...
J'ai frémi d'épouvante et j'ai maudit naguère
Le génie inventant ces lourds canons de guerre
Qui brisent les vaisseaux tout cuirassés de fer
Et sèment à plaisir la mort — travail d'enfer!
J'ai bien longtemps douté de ton œuvre, ô Science!
Je te croyais athée, orgueilleuse, sans cœur;
Mais maintenant, ô reine, en toi j'ai confiance:
La Poésie ailée est ta céleste sœur.

L'avenir est à vous. Faites lever l'aurore

Sur les peuples lointains où la nuit règne encore. En avant! C'est le Bien qui naîtra du Progrès. Comme Israël au temps merveilleux de Moïse, Nous allons à grands pas vers la Terre promise. Marchons, ivres d'espoir: l'âge d'or est tout près. De fraternels drapeaux décorons nos frontières ; Entre les nations et toi plus de barrières,

France au cœur large et bon! Courage à tes penseurs Cherchant à rendre un jour tous les hommes meilleurs ! Courage à tes savants! que leur puissant génie Rayonne et du progrès révèle l'harmonie !

Foule aux pieds les lauriers teints du sang des combats;
Même à tes ennemis, ô mère! ouvre tes bras,

Et mets toute ta gloire à bannir de la terre
Ces deux monstres hideux : l'Erreur et la Misère !
Et toi, reine des arts, temple vivant du Beau,
Paris, fière cité, lève au ciel ton flambeau !
Hommage à toi, Phénix qui renais de ta cendre!
O ville altière et douce, il est temps de répandre
Tes torrents de lumière et tes flots de bonté ;
Vers un nouvel Eden guide l'humanité.
Donnant à l'univers une fête féconde,

Célèbre le génie et la gloire du Monde.
L'homme aspire à monter; géant né pour les cieux,
Il ne s'arrêtera qu'étant égal aux dieux....

Le poète se tut... une clarté nouvelle Venait de l'éblouir; Prométhée avait fui. Mais, au lieu du Titan, rayonnait devant lui Comme un reflet de Dieu

-

la Science éternelle.

CONCOURS DE 1879

PRIX ET MÉDAILLES

1r Question

HISTOIRE.

Etude sur la vie et les travaux des deux frères Lévesque de Burigny et Lévesque de Champeaux, et sur Jean-Simon Lévesque de Pouilly.

Le prix de 300 fr. est décerné à M. l'abbé Genet, chanoine honoraire, aumônier du SacréCœur à Charleville, lauréat des concours d'histoire précédents, notamment de celui sur Levesque de Pouilly, et membre correspondant de l'Académie.

Question au concours de chaque année. Monographie d'une commune importante du diocèse de Reims.

Le prix n'est pas décerné.

Une mention honorable est accordée à M. A. Thénault, de Reims, ancien instituteur, pour son histoire du prieuré et du village de Chaudefontaine.

POÉSIE.

Le prix de 200 francs est décerné ex æquo et sans être partagé, à M. le colonel Chabert, de Paris, lauréat d'un précédent concours, auteur de la pièce intitulée le Bon Chemin, et à M. Pierre

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