Mais fans befoin d'appui garder fa liberté,
De peur de s'engager à rien qui ne contente.
Des jardins, des tableaux, la mufique, des vers, Une table fort libre, & de peu de couverts, Avoir bien plus d'amour pour foi que pour fa Dame. Etre eftimé du Prince, & le voir rarement, Beaucoup d'honneur fans peine, & peu d'enfans fans femme,
Font attendre à Paris la mort fort doucement,
Sur le même fujet.
La route de la vie humaine De mauvais pas eft toute pleine: Pour m'en tirer facilement, Voici ce que je fais. J'attelle A cette voiture mortelle
Que je conduis au monument,' La juftice premierement,
Qui marche toûjours rondement; Et la charité fans laquelle Elle iroit moins légèrement. La verité, l'indépendance
N'aïant qu'un fimple & léger frein, Sont au devant & vont bon train Loin du chemin de l'opulence. A la volée eft la fanté,
Qui jointe avec le badinage, Fait franchir avec gaïeté
Tous les mauvais pas du voïage. Je n'aurai rien à désirer Ni du fort ni de la nature, Si l'attelage peut durer
Auffi long-tems que la voiture.
De Can- Heureux qui fans amour voit les charmes des Belles, Heureux qui les aimant en trouve-de fidéles.
Heureux qui fe fait craindre, & n'a point d'ennemis, Heureux qui les attaque, & qui les voit foûmis. Heureux qui près des Rois paffe une illuftre vie,
Heureux qui vit chez foi fans crainte & fans envie. Heureux qui fans procès a juftement fon bien, Heureux de qui le Juge eft un homme de bien. Heureux qui de grands biens peut faire des largeffes, Heureux qui vit content fans briguer les richeffes. Heureux celui qu'on aime & qu'on loue en tout lieu, Mais plus heureux encore eft celui qui craint Dieu.
Pour vivre heureux il faut borner & modérer les défirs.
Tirfis, que l'avenir trouble moins tes beaux jours. Qui fait vivre ici bas, qui fuit fes destinées, Se laiffe aller au tems, infenfible à son cours, Et compte ses plaisirs plûtôt que fes années. 11 goute en liberté tous les biens qu'il reffent, Un malheur éloigné fait rarement fes plaintes; Et fon efprit charmé d'un repos innocent Connoît peu de douleurs qui méritent fes plaintes. Le paffé n'a pour lui qu'un tendre fouvenir, Il fe fait du préfent un agréable ufage, Se dérobe aux chagrins que donne l'avenir, Et n'en reçoit jamais qu'une plaifante image. Il fait quand il lui plaît modérer fes défirs, Tenir fes paffions fous la loi la plus dure, Et tantôt fa raifon facile à fes plaifirs Seconde le penchant qu'infpire la nature.
La faveur est un bien, qui lui femble affez doux, La gloire a des appas qui touchent fon envie; Cependant il les voit fans en être jaloux,
Et les affujettit au repos de la vie.
Il vit loin du fcrupule & de l'impieté, Sans craindre ou mériter les éclats du tonnerre'; Il mêle l'innocence avec la volupté, Et regarde les Cieux fans dédaigner la terre.
Quand il faut obéir à la rigueur du fort, Il ne murmure point contre une loi fi rude, Mais de ces vains difcours qui combattent la mort Il ne s'eft jamais fait une fâcheufe étude.
SONNE T.
Sur la fuite de la Cour.
De Four- Je me ris des honneurs que tout le monde envie, Je méprife des Grands le plus charmant accueil, J'évite le Palais comme on fait un écueil,
Qù pour peu de fauvez mille ont perdu la vie. Je fuis la Cour des Rois autant qu'elle est suivic, Le Louvre me paroît un funefte cercueil, La pompe qui le fuit une pompe de deuil, Où chacun va pleurant fa liberté ravie.
Loin de ce grand écueil, loin de ce grand tombeau, En moi-même je trouve un empire plus beau, Roi, Cour, honneur, Palais, tout eft en ma puiffance. Pouvant ce que je veux, voulant ce que je puis, Je tiens tout fous la loi de mon indépendance; Enfin les Rois font Rois, je fuis ce que je fuis.
On ne fauroit vivre heureux dans l'oifiveté. Je ne trouvai jamais de fatigue fi rude, Que l'ennuieux loifir d'un mortel fans étude, Qui, jamais ne fortant de fa ftupidité, Soûtient dans les langueurs de fon oifiveté, D'une lâche indolence efclave volontaire, Le penible fardeau de n'avoir rien à faire. Vainement offufqué de fes penfers épais Loin du trouble, & du bruit il croit trouver la paix. Dans le calme odieux de fa fombre pareffe, Tous les honteux plaifirs enfans de la molleffe, Ufurpant fur fon ame un abfolu pouvoir, De monftrueux défirs le viennent émouvoir, Irritent de fes fens la fureur endormie, Et le font le jouet de leur trifte infamie. Puis fur leurs pas foudain arrivent les remords: Et bien-tôt avec eux les fleaux de nôtre corps, La Pierre, la Colique, & les Goutes cruelles, Guenaud, Rainffant, Brayer prefqueauffi triftes qu'elles, Chez l'indigne mortel courent tous s'affembler, De travaux douloureux le viennent accabler,
Sur le duvet d'un lit théatre de fes gênes,
Lui font fcier des rocs, lui font fendre des chênes. Les caracteres des trois principaux états de l'homme pendant fa vie.
Le tems qui change tout, change auffi nos humeurs; Des- Chaque âge a fes plaifirs, fon efprit & fes mœurs. preaux. Un jeune homme toujours bouillant dans fes caprices Eft promt à recevoir l'impreffion des vices,
Eft vain dans fes difcours, volage en fes defirs, Retif à la cenfure, & fou dans les plaifirs. L'âge viril plus mûr, infpire un air plus fage, Se pouffe auprès des Grands, s'intrigue, fe ménage, Contre les coups du fort fonge à fe maintenir, Et loin dans le préfent regarde l'avenir,
La vieilleffe chagrine inceffamment amaffe, Garde, non pas pour foi, les tréfors qu'elle entaffe, Marche en tous fes deffeins d'un pas lent & glacé, Toujours plaint le prefent, & vante le paffé, Inhabile aux plaifirs dont la jeuneffe abufe, Blâme en eux les douceurs que l'âge lui refuse, BILLET
DE vos yeux pour jamais je faurai me bannir, Infidele, je romps une odieufe chaine;
Et j'en étoufferois jufques au fouvenir, S'il ne fervoit encore à redoubler ma haine,
REPONSE,
Vos yeux, aidez de ma foibleffe, Avoient ufurpé la tendreffe
D'un cœur un peu trop prompt à fe laiffer charmer. Mais ce cœur aujourd'hui ne connoit plus de maitre, Et je ceffe de vos aimer
En commençant à vous connoitre.
Portrait ridicule d'un grand Seigneur.
Sans doute. Un grand Seigneur trouve dans fa Nobleffe
Honneur, gloire, vertu, bon fens, efprit, fageffe,
Un grand Seigneur fait tout, fans avoir rien apris; Tout ce qu'il defaprouve, eft digne de mépris: A lui feul appartient le privilege infigne
De fe faire admirer, quoi qu'il en foit indigne: Il berne quand il veut la Raifon chez autrui: Et jufqu'au fens commun tout flechit devant lui.
Généalogie de la Comteffe de Critognac. Chimeri- Entre les Nations, Peuples, Pays, Etats, Dont Rome triompha par fes divers combats, La Gaule fuccomba la derniere de toutes.
Et de plus, c'eft un fait qui ne fouffre aucun doute, Que le peuple d'Auvergne entre tous les Gaulois Fut le dernier foumis au pouvoir de fes loix Puifqu'il foutint lui feul une Ville indomtable, Sa derniere conquête; époque memorable. Dans ce Siege fameux fous Vercingetorix Le Prince Critognac parut comme un Phenix, Et fit ce beau difcours d'éternelle memoire, Dont le brave Céfar parle dans fon histoire. Ce font traits en tous lieux connus & reconnus; Et dont je me tairai, pour n'être trop diffus. Sous le conful Antoine Critognac recouvra part de fon patrimoine. Critognac, je devrois dire Critognacus Céfar le nome ainfi, d'autres Critonicus: Mais en quinze-cens ans de
coup avenues Sont caufe que tout a changé de gnic en gnac Et que pour Critognic on a dit Critognac..... Je fai de bonne part, qu'un Critognac feiziéme Sauva par fa valeur dans un peril extrême, Auprès de Tolbiac, la vie au grand Clovis. (Auprès de Tolbiac. Qu'en dites vous Marquis?) Vous jugez bien qu'après ce fervice efficace, Ce nom là fut connu fous la premiere vace.
Sous la feconde, il ne le fut pas moins Et j'en ai, grace à Dieu, de fidelles temoins. On lit dans Eginard.....
En fept-cens quatre-vingt, quand le grand Charle- Magne
« PreviousContinue » |