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On ne fauroit vous enflâmer:

Je ne vous crois pas trop fincere;'
Car enfin lorfque l'on veut plaire,
C'eft figne que l'on veut aimer.

Alors qu'on commence d'aimer
On a peur de trouver une femme cruelle,
Si tôt qu'on a pû l'enflâmer

L'on craint qu'elle ne foit infidelle,

De forte qu'on peut dire aux Amans même heureux,
Qu'on n'est jamais content quand on eft amoureux.
Lors qu'à nos vœux la belle Iris contraire,
Se rit des maux que l'on fouffre en l'aimant,
On fait deffein, au fort de fa colere,
De la quitter, on en fait des fermens :
Mais des fermens que le depit fait faire,
Contre un objet qu'on aime tendrement
Autant en emporte le vent.

Lors que vous trouvez un Amant,
Qui vous dit que fous votre empire,
Son cœur inceffament foupire,
Sans efpoir de foulagement:
Sous une modeste apparence,
Il vous veut furprendre en effet,
Car pour aimer fans efperance,
Perfonne ne l'a jamais fait.

Il faut avoir, belle Iris, le cœur tendre,
Mal à propos l'on s'en veut empecher,
Si c'elt un bien nous le devons chercher,
Si c'est un mal on ne peut s'en defendre.

Alors qu'un Amant vous écrit,
Dont vous méprifez la conquête,
Vous croyez être fort honnête,
De lui mander que ce qu'il dit,
Ne fait que vous rompre la tête,
Apprenez que c'est une erreur,
Et qu'en de telles conjonctures,
Iris, c'eft taire une faveur
Que de repondre des injures.

STAN

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Pavillon.

C

Roiez-moi, charmante Dorife,
Banniffez tous vos Medecins;
Ce ne font que des affaffins,

Que la credulité du malade autorise.

Ils font fort éloquens, ils ont de bons déffeins;
Mais quoi que leur jargon vous dife,
La fanté, qu'ils vous ont promise,
Eft une trop grande entreprise,
Pour être l'oeuvre de leurs mains.
En vain leur fauffe conjecture,
Par l'inspection du dehors

Juge de ce qui brûle ou pourrit les refforts,
Par qui l'Auteur de la Nature

Fait agir l'ame dans le corps:
Ils raifonnent à l'avanture:
Et ces invisibles accords
Sont pour eux une tablature,
Où malgré leurs doctes efforts,
Ils ne lifent qu'à l'ouverture

Des cadavres de ceux, que leur feule impofture
Vient de faire partir pour aller chez les morts.

Le fang qui coule dans nos veines

Ne nous a pas été donné

Pour être au moindre mal

par nous abandonné

Aux effufions inhumaines

D'un Docteur ignorant à faigner obstiné,
Tout ce qu'à le repandre un malade a de peines,
Ce froid, cette langueur & ce teint tout fané,
Sont-ce pas des preuves certaines,

Que le cours precieux de ces vives fontaines
Ne veut point être detourné?

Enfin d'habiles gens & des têtes bien faines
N'auroient jamais ici fait venir le Sené,
Que la Nature avoit tout exprès condamné

A naître en des terres lointaines,

De peur que nôtre Monde en fut empoisonné; Mais ces precautions fi fages furent vaines, l'Ecole en eut autrement ordonné.

Dès que

Placet au Roi.

Sire, nôtre Abbé vous fupplic,
De fouffrir qu'il foit toûjours gueux:
On l'a vû tel toute fa vie;
Il n'a pas vêcu moins heureux.

Perfonne n'a plus d'éloquence
Et de merite qu'il en a;
Mais il doute dans l'abondance
Si ce merite le fuivra.

S'il a dit fur vôtre victoire
Quelque chofe qui vous a plû,'
Pour en acquiter vôtre gloire
Ne hazardez pas fa vertu.

C'eft un Heros de Gueuferie,
Qui doit même être respecté
Durant tout le cours de fa vie,
De vôtre liberalité.

Un grand Monarque doit connoître
Comme il faut placer fes bienfaits,
Et ne doit enrichir jamais,
Ceux qui n'ont pas besoin de l'être.

Ses Oeuvres que vous admirez
Tentent vôtre magnificence:
Mais fûrement vous gâterez
Le plus beau naturel de France.
Il avoit fur la pauvreté
Toûjours quelque conte pour rire,
Si-tôt qu'elle l'aura quité,

Il n'aura pas le mot à dire.

Sire, je n'en fuis point jaloux,
Mais vous favez ce qu'il fait faire ;

Pavillon.

Si vous l'obligez à se taire

Vous y perdrez bien plus que nous.

N'apprehendez point qu'on s'irrite,
Si l'on le voit abandonné;

C'est le feul homme de merite,
A qui vous n'avez rien donné.

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A UNE DEMOISELLE

Sur le Mariage de fa Sœur.

Leurez, pleurez, Julie, & fondez-vous en eau,
L'Hymen mit avant-hier notre fille au tombeau;
Et le traitre, dit-on, après ce coup funeste,
Fait encor des deffeins fur celle qui nous reste.

Comme elle fut à l'agonie,

On ferma les rideaux; chacun fe retira:
peu de tems après la Pucelle expira,
Et l'affaire ainfi fut finie.

Fort

Vôtre Tante fenfible à de tels déplaisirs,
Toûjours l'oreille au guet & riant comme quatre,
L'entendit feulement un moment fe debatre,
Et rendre les derniers foupirs.

Un jour avant fa mort elle fit testament;
Et par ce teftament la mourante Pucelle
Ordonne très-expreffément,

Qu'on enterre en ce lieu tout fon bien avec elle.
Comme l'on a fuivi fa difpofition,

Et que tel eft ici l'ufage,
L'ingrate de fon heritage,

Ne t'a rien laiffé que fon nom.

Saine, fraîche, & gaillarde avec un bon doüaire,
A la fleur de fon âge & bien loin de fa mere,
Angelique Peliffari,

Mourut dans les bras d'un mari.

Filles, loin de pleurer le fort de cette Belle,
Priez Dieu de finir comme elle.

MA

MADRIGAL
Sur l'absence.

Il cruauté des tourmens,
L n'eft point de mal comparable

Qu'un depart imprevû fait fouffrir aux amans?
Qui fe croïoient infeparables,
ᎪᏂ que c'eft un état affreux!

La mort n'en fait qu'un malheureux;
L'absence en rend deux miferables.

Divers moïens de rendre la vie heureuse!

Mon fils, écoute, je te prie,
Ce qui fait une heureufe vie,
Point de fouci, point de procès?
Un feu qu'on n'éteigne jamais;
Affez de bien acquis fans peine;
Un air aifé, point de Climenes
Des amis égaux, le corps fain,
Etre prudent fans être fin;
Peu de devoirs, point de querelles;
Peu de viandes, mais naturelles ;
Une femme de bonne humeur,
Mais au fond pleine de pudeur;
Etre complaifant & facile;

Une fommeil pas long, mais tranquille
Etre fatisfait de fon fort;

Quel qu'il foit ne s'en jamais plaindre
Et regarder venir la mort

Sans la défirer ni la craindre.

SONNE T.

Sur le même fujet.

Pavilion

Le Comte

de Buffy.

A Voir peu de parens, moins de train que de rente, Des Tve

Rechercher en tout tems l'honête volupté,
Contenter fes défirs, maintenir fa fanté,
Et l'ame de procès & de vices exempte.
A rien d'ambitieux ne mettre fon attente,
Voir ceux de fa maifon en quelque autorité,
E 2

Mais

teann:

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