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May

mard.

Mais que l'on aime peu quand on craint de mouri
Mirtille, plût au Ciel qu'une mort inhumaine,
Fût du péché la feule peine,

Je ferois gloire d'y courir.

Seule régle des belles ames,

Et le premier Dieu de mon cœur,
Honneur, voi que je fais à ta fainte rigeur,
Un facrifice de ma flame.

Et toi, cher & parfait Amant,
Pardonne à cette malheureuse,
Qui te maltraite apparemment;
Mais qui t'aime effectivement,
Et qui doit être rigoureuse
Par néceffité seulement.

Ha! fi tu veux tirer vengeance
De tes feux mal recompenfés,
Sache que ta propre fouffrance
Me punit & te venge affez:
Car enfin, s'il eft veritable

Que tu fois mon ame & mon cœur,
Comme tu l'es quelque rigeur
Qu'exerce contre toi le Ciel impitoyable,
Toutes les fois que tes douleurs

Te font ou foupirer, ou répandre des pleurs:
Ces pleurs que tu repand, c'eft mon fang que tu verfes:
Par ces cruels foupirs qui te fortent du fein,
C'est mon propre fein que tu perces,

Et ces peines enfin, ces cruautés diverses,
Que l'amour & le fort te font fouffrir pour moi,
Je les reffens encor plus vivement que toi.

Epitaphe de M. d'Is.

Ici deffous gît Monfieur d'Is

Plut à Dieu qu'ils y fuffent dix

Mes trois fœurs, mon pere & ma mere,
Le grand Eleafar mon frere,

Mes trois tantes & Monfieur d'Is
Vous les nommé-je pas tous dix.

Epitaphe d'un homme de fortune.

Jean qui dans ce tombeau repofe entre les morts,
Prenant de toutes mains amaffa des tréfors,
Plus qu'il n'en efperoit de fa bonne fortune:
Il poffeda beaucoup, mais il ne donna rien,
Et n'étoit qu'il avoit une femme commune,
Jamais homme vivant n'eût eu part à son bien.

Epitaphe de l'Arrétin.

Le tems par qui tout fe confume,
Sous cette pierre a mis le corps
De l'Arrétin de qui la plume
Bleffa les vivans & les morts.
Son encre noircit la memoire
Des Monarques de qui la gloire
Eft vivante après le trepas;
Et s'il n'a pas contre Dieu même
Vomi quelque horrible blafphême
C'eft qu'il ne le connoiffoit pas.

Sur un homme qui appelloit fa femme fa moitte.

Quand jean fi rempli d'amitié,
Nomme fa femme fa moitié,
Je trouve qu'il a bonne grace:
Car fi dès qu'il est endormi
Un autre fuccede à fa place,
Elle n'eft à lui qu'à demi.

Sur le portrait de Cloris.

Pour Cloris on fit ce portrait,
Mais on n'y pu voir aucun trait
De ceux qui la rendent fi belle.
Il lui reffemble feulement,
Pour être infenfible comme elle
Aux paffions de fon Amant.

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Mayner,

Malle ville.

L'E

teile.

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Charle

val.

Je ne faurois vous pardonner

Le regal qu'à Saint Cloud Paul vient de vous donner,
Ceft le plus dégoutant de tous les efprits fades.
Vous aimez trop les promenades,

Iris allez vous promener.

On ne fauroit s'empêcher d'aimer les femmes
malgré leurs défauts.

Moliere. Chofe étrange d'aimer, & que pour ces traîtreffes
Les hommes foient fujets à de telles foibleffes!
Tout le monde connoît leur imperfection,
Ce n'est qu'extravagance & qu'indifcretion;
Leur efprit et méchant & leur ame fragile,
Il n'eft rien de plus foible & de plus imbecile,
Rin de plus infidele, & malgré tout cela,
Dans le monde on fait tout pour ces animaux-là,

SONNET.

Sur les femmes.

Vous qui pouvez tout vaincre & n'étes que foi

bleffe,

Peché de la nature agréable à nos yeux,

Aimables ennemis, poifons délicieux,

Tirans dont le pouvoir nous rit quand il nous bleffe

Objets par qui la Terre affujettit les Cieux,
Sources de nos plaifirs comme de nos trifteffes,
Dont le jaloux orgueil a, malgré les Déeffes,
Fait gemir fous les fers le plus puiffant des Dieux,

Cher espoir de nos cœurs, idole de nos fens,
Sexe, qui bien fouvent bravant les plus puissans,
Par un éclat pipeur t'en es rendu ie maître,
Ecueils contre lefquels il eft beau de perir,
Femmes, pour une fois que vous nous faites naître,
Helas! combien de fois nous faites-vous mourir ?

Les

Les Femmes d'efprit ont plus d'inclination à la débau-
che, que celles qui n'en ont pas.

Je crois en bon Chrétien, que ma femme eft fort fage, Molierea
Mais une femme habile eft un mauvais préfage,
Et je fai ce qu'il coûte à de certaines gens
Pour avoir pris les leurs avec trop de talens.
Moi, j'irois me charger d'une fpirituelle,
Qui ne parleroit rien que cercle & que ruëlle?
Qui de profe & de Vers feroit de doux écrits,
Et que vifiteroient Marquis & Beaux-efprits,
Tandis que fous le nom de mari de Madame,
Je ferois comme un faint que pas un ne reclame?
Non, non, je ne veux point d'un efprit qui foit haut,
Et Femme qui compofe en fait plus qu'il ne faut.
Je prétens que la mienne en clartez peu fublime,
Même ne fache pas ce que c'eft qu'une Rime;
Et s'il faut qu'avec elle on joue au Corbillon,
Et qu'on vienne à lui dire, à fon tour, qu'y met-on?
Je veux qu'elle réponde, une tarte à la crême;
En un mot qu'elle foit d'une ignorance extréme;
Et c'eft affez pour elle, à vous en bien parler,
De favoir prier Dieu, m'aimer, coudre & filer,
Toute perfonne fimple aux leçons eft docile,
De fes fottes erreurs le remede eft facile;
Et fi du bon chemin on la fait écarter,
Deux mots incontinent l'y peuvent rejetter.
Mais une Femme habile eft bien une autre bête,
Nôtre fort ne dépend que de fa feule tête:
De ce qu'elle s'y met rien ne la fait gauchir,
Et nos enfeignemens ne font là que blanchir.
Son bel efprit lui fert à railler nos maximes,
A fe faire fouvent des vertus de fes crimes;
Et trouver pour venir à fes coupables fins,
Des détours à duper l'adreffe des plus fins.
Pour fe parer du coup en vain on se fatigue,
Une Femme d'efprit eft un Diable en intrigue:
Et dès que fon caprice a prononcé tout bas
L'arrêt de nôtre honneur, il faut paffer le pas.

lieres.

La Femme vertueuse.

Mad. Je ne fuis point encor tombée en ces erreurs
Deshen- Qui donnent de vrais maux pour de fauffes douceurs
Mes fens fur ma raifon n'ont jamais eu d'empire,
Et mon tranquille cœur ne fait comme on foûpire,
Il l'ignore Berger; mais ne préfumez pas
Qu'un tendre engagement fût pour lui fans appas.
Ce cœur, que le Ciel fit délicat & fincere,
N'aimeroit que trop bien fi je le laiffois faire:
Mais, grace aux Immortels, une heureuse fierté
Sur un fi doux penchant l'a toûjours emporté.
Sans ceffe je me dis qu'une forte tendreffe
Eft malgré tous nos foins l'écueil de la fageffe:
Je fuis tout ce qui plaît, & je fai m'alarmer
Dès que quelqu'un paroît propre à fe faire aimer.
Comme un fubtil poifon je regarde l'eftime,
Et je crains l'amitié bien qu'elle foit fans crime.
Pour fauver ma vertu de tant d'égaremens,
Je ne veux point d'amis qui puiffent être Amans.
Quand par mon peu d'appas leur raison est seduite
Je cherche leurs défauts, j'impose à leur merite:
Rien, pour les ménager, ne me paroît permis
Et dans tous mes Amans je vois mes ennemis.

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Sarafin. Uand Adam vit cette jeune Beauté
Faite pour lui d'une main immortelle,

pas

cruelle,

S'il l'aima fort, elle de fon côté,
Dont bien nous prend, ne lui fut
Cher Lycidas, alors en verité
Je crois qu'il fut une femme fidelle;
Mais comme quoi ne l'auroit-elle été,
Elle n'avoit qu'un feul homme avec elle?

Or en cela nous nous trompons tous deux,
Car bien qu'Adam fût jeune & vigoureux,
Bien fait de corps & d'efprit agréable,

E

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