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Ne fe repaît point de papier.
Il faut aux maux qu'on a fait naître,
Si-tôt qu'on a fû les connoître,
Par un mouvement généreux,
Donner une prompte affistance

Et puifqu'elles brûloient pour vous des mêmes feux,
Je foutiendrai par tout, qu'en bonne conscience,
Vous les deviez, Damis, foulager toutes deux.

Sonnet à l'imitation de celui à Page 135.
Seigneur, pour punir tous mes crimes,
C'eft trop peu que les maux & que ladverfité;
C'eft trop peu que la mort, & ton bras irrité,
Me dois précipiter jufqu'au fonds des abîmes.
En vain pour détourner de fi funeftes coups,
Je voudrois opposer à ton jufte couroux,
Mon repentir & ta clémence.

J'ai manqué mille fois à ce que j'ai promis;
J'ai laffe tes bontés, il faut que la Vengeance,
Châtie, en m'écrafant, tant de crimes commis.
Si je te dis, Seigneur, que je fuis ton ouvrage,
Que mon ame eft ton foufle, & ta plus vive image;
Que le Ciel eft l'Empire où je dois être admis,
Je n'en fuis pour cela que plus digne de foudre.
Lance le donc, grand Dieu, fi tu peux t'y réfoudre,
Me voyant à l'abri fous la Croix de ton fils.

EPIGRAMM E.

La peur & la reconnoissance.

DEux fuppôts de faint Côme en extrême dan

ger,

Se croyoient à tous deux la lumiere ravie.

L'un fçut guérir les maux; l'autre les prolonger :
L'un conferver les jours, l'autre abréger la vie.
Mais enfin revenus des bords de l'Acheron,
Si l'on demande la raison,

Pourquoi la Mort fur eux fufpendit fa vengeance?
On la peut trouver aisément,

La

La peur la fit éloigner du fçavant,
De l'autre la reconnoiffance.

Les beaux yeux font faits pour plaire & le cœur
pour aimer.

De mille apas heureufement pourvue',
Iris, vous favez tout charmer,
Et du moment qu'on vous a vue,
Pour vous on fe fent enflammer.
Mais profitez d'un avis falutaire,

Si de beaux yeux ne font faits que pour plaire
Un jeune cœur n'eft fait que pour aimer.
Sur un Bouquet.

Ces fleurs, adorable Sylvie,

Dont l'éclat s'efface en un jour, Vous difent, profitez des douceurs de la vie, Le tems qui paffe eft fans retour. Songez qu'une aimable jeuneffe,

Eft la faifon de la tendreffe.

Que l'Amour à vôtre âge offre mille plaifirs:
Mais que quand les beaux jours à l'hiver ont fait place
La neige vient, le froid nous glâce,

Et ne laiffe à nos cœurs que d'impuissans défirs.

L'effet de la Beauté.

Je veux chanter en vers, la Beauté qui m'engage. M. dè J'y penfe, j'y repenfe, & le tout fans effet,

Mon cœur s'occupe du fujet,

Et mon efprit laisse l'ouvrage.

Τυ

MADRIGAL.

A l'Amour.

Fontenel

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U fais quel eft l'objet, Amour, dont j'ai fait Idem. choix, Fais que de fes beaux yeux, j'éprouve feul les armes. Ne crains point d'être injufte à l'égard de fes charmes, En ne foumettant pas paille cœurs à fes loix.

Mon

Id.m.

M. Fer

Mon cœur eft affez tendre, il est affez fidele,
Pour t'acquitter envers elle,
De tout ce que tu lui dois.

La Courtifane Romaine.

Une Courtifane de Rome,

Belle & fort enjouée, ayant près de vingt ans,
Avoit de tous états, quantité de Galants,
Et ne refufoit aucun homme,

Elle fit tant l'amour qu'elle eut le ventre plein.
Un jour qu'elle étoit en festin,
Quelqu'un lui demanda, parmi la bonne chére,
Qui, de l'enfant étoit le pére.

C'est le Sénat, dit-elle, & le peuple Romain.
Le Lion ailé, l'Aigle à deux têtes.
Un Seigneur Allemand étoit Ambassadeur,
A Venise pour l'Empereur,

Il avoit l'efprit fatirique.

Etant avec le Doge, il voulut critiquer
Les armes de la République,

Et du Lion ailé, devant lui, fe moquer.

Où trouve-t-on, dit-il, de ces fortes de bêtes,
De ces Lions ailés? en voit-on fréquemment?
C'eft, dit le Doge brufquement,

Au païs qui produit des Aigles à deux tétes.
Souhaiter, d'être l'Amour. & pourquoi ?
Etre l'Amour quelquefois je défire,
Non pour régner fur la Terre & les Cieux,
Car je ne veux régner que fur Thémire,
Sur elle, vaut les hommes & les Dieux:
Non, pour avoir bandeau deffus les yeux,
Car de tout point Thémire m'eft fidelle :
Non, pour jouir d'une vie immortelle,
Car à fes jours furvivre je ne veux:
Mais feulement pour épuifer fur elle
Du Dieu d'Amour & les traits & les feux.

Le

Le Vieux applanit le chemin pour le Feune.

Quand vieux Seigneur entreprend jeune Dame, Mad. de
Il ne fait qu'applanir les chemins de fon ame,
Pour un plus jeune qui le fuit,

Par fes favans confeils, fes rufes, fon adreffe,
Il va femant les germes de tendresse,
Dont un autre cueille le fruit.

L'Entretien elegant.

Villedien.

Quand on voit deux Amans d'efprit affez vulgaire, La mêTrouver dans leurs difcours de quoi fe fatisfaire,

Et fe parler inceffamment,

Les beaux efprits de langue bien difante,
Difent avec étonnement

Que peut dire cette Inocente?

Et que répond ce fot Amant?

Taifez-vous, beaux efprits, votre erreur eft extrêmej lls fe difent cent fois, tour à tour, je vous aime, En amour c'eft parler affez élegamment.

Souhaits d'un Amant.

Aminthe, affis au bord d'une fontaine,
Où chaque fois ce Berger fe miroit,
Trifte & penfif d'un ton bas foupiroit,
En fe plaignant d'une aimable inhumaine.
Puiffant Amour, difoit cet affligé,
En une fleur Narciffe fut changé;
Termine ainfi mes ennuis & ma vie,
Mais je voudrois qu'après ce, changement,
On me cueillit pour fervir d'ornement
Aux cheveux blonds de la belle Sylvie.

A une Dame qui demandoit qu'on la comparát
au Soleil.

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Que me veut donc cette importune?
Que je la compare au Soleil,

Il est commun, elle est commune,
Voilà ce qu'ils ont de pareil.

me.

MayHAY

Théophile

Comme

Omment compofer un Ouvrage, Qu'on puiffe avec profit, débiter au Pa

lais?

A faire tout à moins de frais; Voici de nos Auteurs la pratique & l'ufage. Prenez du bon, mais peu; c'eft drogue qu'on ménage,

Beaucoup de médiocre, encor plus de

mauvais ;

Mêlez le tout: telle eft la veritable dose. Alcipe, c'eft ainfi qu'un livre se compofe:

C'eft ainfi que le mien, & les autres font faits.

62635310

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