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Bien vangerois cette injure mortelle,
Et fans delai je mettrois fur fon front
Je ne fçais quoi.

La Garde difficile.

Vite un contract, vîte un Notaire, Agnès eft déja grande, il lui faut un époux, Terminez au plutôt l'affaire,

Cher Arnolphe depêchez-vous.

M. h BrunD

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30

Votre efprit là-deffus peut-il être tranquille ?.

Quand maint Galant convoite un fi friand morceau ;
Qu'une fille belle & nubile

Eft un incommode fardeau.'

En pilote prudent, prévenez donc l'orageyiv
Prenez un gendre, dès ce jour; b
Ou, fur les côtes de l'Amour

Agnès fera bientôt naufrage.

Sur la mort d'une très belle femme.

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Ci-git, morte au printems de la verte jeunesse,
Glicere, nouvelle Pfiché,

Dont les divins appas infpiroient la tendreffe,
Et qu'on ne vit jamais fans en être touche!
Venus, pour s'affranchir de la douleur cruelle
De fe voir préférer cette aimable mortelle,
Dans un accouchement lui fit perdre le jour.
Mais la jeune & belle Glicere,

Triomphant de Venus, en mourant, devint mere;
D'un enfant plus beau que l'Amour.

Pourquoi la Nature n'a pas donné de barbe aux femmes ?

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Sais-tu pourquoi, cher Camarade,
Le beau Sexe n'eft pas barbu?

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Babillard comme il eft, on n'auroit jamais pu

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La jeune Alix pour qui bruloit Erafte,

Ne faifoit rien pour fon foulagement,

Son

M. de

Senecé.

Son tendre cœur fouffroit même tourment
Mais quel remede! à ceffer d'être chaste,
L'état de fille apporte empêchement.
Patientez, lui disoit la fillette;

Si tôt ne meurs, je ferai quelque jour
Ou femme ou veuve; alors de votre Amour,
Vous recevrez recompenfe complette.
Or avint-il qu'à quelque tems de-là,
D'un gros richard, Alix fut faite Epouse,
Qui d'ans avoit environ deux fois douze:
(Bien entendu cinquante par
de là ;)

Un beau matin le galant s'en alla

Chercher fortune, & preffoit fa Maîtreffe
Fort vivement de lui tenir promeffe;
Non, dit Alix, helas! arretez vous,
Ce n'eft le cas; fi bien appariée

M'ont mes parens, Erafte, qu'entre nous,
Fille ne fuis, veuve, ni mariée.

Sympathie antipatique.

Qu'on ne m'allegue plus que par d'heureux accords,
L'égalité des mœurs joint les cœurs qu'elle affemble:
Jean n'eft qu'un fcélerat: Jeanne a le Diable au corps
Jeanne & Jean toutefois ne peuvent vivre ensemble.
Replique bien placée.

Cloris difoit à Lifette,
Pourquoi tant de Favoris!

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Vous n'êtes qu'une Coquette:
Lifette dit à Cloris

Vous n'avez qu'une amourette,
Mais vous avez deux maris.

Billet d'une Dame qui demandoit des vers tendres.
Non, vous ne m'aimez point, Alcandre,
Ou vous ne favez pas aimer.

Ah! Si vous vous laiffiez charmer

Au plaifir de trouver mon cœur fenfible & tendre,
Pourriez vous négliger le foin de l'exprimer?

Non, vous ne m'aimez point, Alcandre
Ou vous ne favez pas aimer.

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Réponse.

Un cœur bleffé d'une légere atteinte,
Pourroit vous exprimer fes défirs & fa crainte,
Et peindre à vos beaux yeux fes mouvemens divers:
Mais d'un fi vain fecours mon tendre cœur s'irrite;
L'excès de mon ardeur rend ma muse interdite,
Et je vous aime trop pour vous aimer en vers.
Eau-benite de Cour.

Vingt fois par jour en mon chemin
Se trouve Orgon qui, d'un air tendre,
Me dit, en me ferrant la main,
A quoi peut-on fervir Clitandre?
Il fait que j'ai depuis deux mois,
Perdu mon équipage en Flandre:
Le Bourreau me dit toutefois,
A quoi peut-on fervir Clitandre?
Il fait qu'un Créancier maudit,
Saifit mes meubles, les fait vendre,
Et pourtant le traitre me dit,
A quoi peut-on fervir Clitandre?
Je n'ai besoin de rien, Orgon,
Si ce n'eft que tu t'ailles pendre
Pour n'entendre plus ce jargon:
A quoi peut-on fervir Clitandre.

La naissance & la mort.

Dès qu'à l'écueil du monde, où la triste innocence
Si fréquemment échoue, & fi fouvent perit,
Un homme aborde à sa naissance;

Il pleure & fa Famille rit:

Mais s'il vit comme il doit, & fi fa derniere heure
Lui découvre le port du bienheureux féjour;

Alors par un jufte retour,

Il rit & fa Famille pleure.

Sur la mort du Comte de Villa-Mediana.

Pour élever Cleante, on a vu convenir

M. de Se

Naiffance, efprit, valeur, & faveur peu commune: necé.

Il ne pût foutenir le poids de fa Fortune,
Sa Fortune à fon tour ne pût le soutenir:
Quand fa témérité de fa perte eft fuivie,
Il affronte en Heros la rigueur de fon fort:
parut en vivant qu'il méritoit la mort:
II parut à fa mort qu'il méritoit la vie.

II

Timidité raillée.

Dans un endroit obfcur, paffant avec Cephife,
Un Amant trop difcret lui difoit d'un air doux:
Quelle commodité, trop aimable Marquife,
Pour une amoureuse entreprise,

Si c'étoit un autre que vous!

Lors d'un fouris moqueur infultant au coupable,
Et les yeux allumés d'amour & de couroux:
Qui la commodité, dit-elle, eft admirable,
Si c'étoit un autre que vous.

Trois contre un,

Comment fe peut-il qu'Ifabelle
Défende fa pudicité?

Trois Demons conjurent contre elle,
L'Amour, l'Argent, la Qualité.

P

Venus & Diane.

A la divine Chaffereffe

Venus dit en raillant: Toujours dans les forêts:
Trouvez vous cet emploi digne d'une Deeffe,
De parler à des chiens, ou de tendre des rets?
Diane repondit: de mes plaifirs honnêtes,
Pourquoi condamnez-vous l'exercice affidu?
Ne puis-je pas ma foeur, tendre des rets aux bêtes?
Puifque votre mari vous en a bien tendu.

La Paix du Ménage.

A Pâquette difoit Mendoce;
Avec vous l'homme a feulement
Deux bons jours celui de la noce,
Et celui de l'enterrement.

Quel vieux conte! reprit Pâquette,
Content eft mon mari toujours;

Voulez-vous favoir fa recette?
C'est qu'il fait nôce tous les jours.

Les motifs de l'infidélité,

Jufqu'ici l'infidélité

A regné dans mon cœur volage;
Je n'ai repris ma liberté
Qu'afin de changer d'esclavage.

De mes fers toujours mécontent;
J'eus moins de plaifir que de peine:
Il eft permis d'être inconftant,
Pour porter de plus douces chaînes,
Léger malgré moi, j'ai quitté
Life, Iris, Aminte, Clarice;
Et je ne l'ai jamais été
Ni fans raifon, ni par caprice.
D'Olimpe j'aimai les appas;
Pour Life j'eus l'ame bleffée;
Mais Olimpe ne m'aimoit pas;
Et Life étoit intéreffée.

Célimene avoit un époux;
Clarice étoit coquette, avare:
Le cœur d'Aminte étoit jaloux,
L'humeur d'Iris étoit bifarre.
Je cherchois un objet charmant,
Qui par fa beauté, fa fageffe,
Me corrigeât du changement
Et qui pût fixer ma tendreffe,
Ce foin vous étoit refervé;
Vous étes jeune, fage, & belle:
Carite, en vous j'ai tout trouvé ;
Je ne ferai plus infidele.

Un Buveur à une Coquette.

C'eft à l'Amour qu'il faut s'en prendre,
Si votre cœur brûle en ce jour

De l'ardeur la plus tendre:

M. le
Bran

Idem

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