Extravagance pienfe.
On dit que la fageffe humaine Eft folie aux yeux du Très-haut: Dans l'efprit du Docteur Michaut, C'est une maxime certaine. Il la fuit, chaque jour on voit Michaut croître en extravagance; Il feroit fage s'il vouloit, Mais helas! le bon homme croit Qu'il ne le peut en conscience.
Que vois-je! Climene fenfible! L'Amour a touché votre cœur: Ce changement eft-il poffible! N'eft-ce point un fonge trompeur? Vois-je cette même Climene Qui s'offenfoit de mes défirs? Qui toujours fevere, inhumaine..... Vous plurez! j'entends vos foupirs.
Long-tems une pudeur barbare A combattu vos vœux fecrets: Ah! qu'aujourd'hui elle repare Tous les maux qu'elle nous a faits. D'une tendreffe mutuelle, ChereClimene, enyvrons nous
Déja mon cœur..... ... Ciel, qui m'appelle? Cruels, pourquoi m'éveillez vous?
Confeil à une belle & jeune perfonne. Defiez-vous, jeune Beauté,
De votre esprit & de vos charmes. Ils donnent contre vous des armes Aux ennemis de votre liberté : Pour ne pas vous laiffer furprendre, Penfez à chaque heure du jour, Que qui peut donner de l'amour, Eft toujours en danger d'en prendre. Louange d'une belle taille.
Taille, autour de qui fans deffein Des amans vole un tendre effaim. Taille de perfonne divine,
Où tout eft jeune, frais & fain: Taille qui n'exclut pas le fein, Quoique légere, ailée & fine Heureux qui vous refiftera, Plus Heureux qui vous gatera.
EPITAPH E.
Sur une femme galante.
Y gît une femme fort belle
Mais qui rendit enfin fes charmes fuperflus, Et de qui l'on ne vouloit plus
Tant elle fit bon marché d'elle.
Benfera La Beauté, ce rayon de l'effence divine Pour demeurer chez elle a defcendu des Cieux, Et pure dans ce lieu, comme en fon origine Croit
que c'est être au Ciel, que d'être dans vos yeux. Les Adieux de Benferade.
Adieu fortune, honneur, adieu vous & les vôtres, Je viens iei vous oublier,
Adieu toi même Amour, bien plus que tous les autres Difficile à congedier.
Le filence n'eft pas une marque de fottife. Ce célebre Solon qui rêve & ne dit mot, Eft un fage jetté fur le moule d'un fot Difoit un gros Ruftaud, en railleur temeraire. Solon qui l'écoutoit dit à cet idiot,
Tout autre qu'un jafeur concluroit le contraire: Car un fot ne fauroit fe taire.
Question fur le célibat indécife.
Vous qui defirez de fçavoir
Le fort que vous devez avoir Vivant feul, ou lié par la foi conjugale, A l'un & l'autre égard la loi est toute égale Mariez vous, ou libre demeurez
Dans tous les deux vous vous répentirez.
EPIGRAM M E.
De fix Amans contens & non jaloux. Qui tour à tour fervoient Madame Claude, Le moins volage étoit Jean son époux;
Un jour pourtant d'humeur un peu trop chaude Serroit de près fa Servante, aux yeux doux, Lorfqu'un des fix lui dit, que faites vous? Le jeu n'eft fur avec cette ribaude, Ah! voulez vous, Jean, Jean nous gâter tous. Un mari ne doit point pouffer fa femme à bout, fut-elle la fageffe même.
Cette aimable Philis, juftement en couroux Des mauvais traitemens de fon indigne époux,' Difoit un jour au Ciel, temoin de fa fouffrance. O Ciel, dont j'adore la loi,
Pourquoi faut-il que ma vangeance Ne fe puiffe faire fans moi?
Dans le trouble où je fens mon ame, O Ciel! j'implore ton fecours
Ma vertu fe foutient toujours, Mais on m'outrage, & je fuis femme.
Sur une avanture d'un Magiftrat. Beaucoup de gens qu'on croit severes, Sur la foi de leur gravité,
Ne le font que dans les affaires. En fecret de jeunes bergeres Leur trouvent de l'humanité.
D'Un tribunal fameux un luge vieux routier,
Ayant un fils de
Qui n'étoit encor que Novice,
Lui confeilla confidemment
De travailler utilement
Et de jamais gratis, ne rendre la justice; Le fils affez homme de bien,
Surpris d'un confeil fi bizarre,
Moi, vendre la Juftice! Le voudriez vous bien? Oui, repondit le pere, une chose fi rare Ne doit point fe donner pour rien.
EPIGRAMME.
Difference de Diane & d'une Maîtreffe.
J Lajeunes poué que tu fers,
E ne dois point nommer Diane.
Car Diane prenoit des cerfs, Et ta Maîtreffe a pris un âne.
Le Pauvre généreux.
Ambroise difoit à Guillaume,
Tu te crois généreux plus qu'homme du Royaume; Pour m'avoir prêté cent écus:
Toi! dont l'opulence eft extrême: Moi, qui fuis la pauvreté même,
Je fuis plus généreux, je te les ai rendus.
Exemple de l'Amour fans eftime. L'autre jour fur un Boulingrin, A l'ombre d'un Ormeau de Flandre, Ainfi fe lamentoit Sylvandre,
Qui de raison n'avoit pas grain. Je fais que l'ingrate Ifabelle Me manque de fidélité;
Je fais qu'à mes Rivaux elle n'eft pas cruelle: Je fais des rendez-vous, où l'on m'a fupplanté,' Je ne puis démêler ce que je fens
Il faut qu'elle m'ait enchanté; Se fourât-elle aux Repenties: Je ne faurois plus l'eftimer : Fit-elle chaque jour de nouvelles parties; Je ne puis ceffer de l'aimer.
L'Amant qui perd au change.
Ne fuis-je pas bien malheureuse; Difoit Adrienne à Catin, Que cet ingrat, que ce mâtin Me quitte pour une morveufe? Catin repondit à cela.
Il est vrai, l'objet qu'il adore N'a que feize ans, & moins encore: O! le grand défaut que voila, S'il avoit un peu de cervelle, S'il étoit juge competant, Voudroit-il vous quitter pour elle? Vous en avez trois fois autant.
A l'occafion de l'Opera d'Alcide.
Non ce n'eft point la robe de Neffus, Qui confuma l'amoureux fils de d'Alcmene; Ce fut le feu de cent baisers reçus
Qui dans fon fang couroit de veine en veine. Il en mourut. Et la nature humaine En fit un Dieu, que l'on chante aujourd'hui. Que de mortels, fi vous vouliez, Climene, Meriteroient d'être Dieux comme lui!
L'homme fût fait mâle & femelle.
L'homme créé par le fils de Japhet,
N'eût qu'un feul corps mâle enfemble & fémelle Mais Jupiter de ce tout fi parfait
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