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Charle

val.

Voir un Dieu renfermé fous l'humaine figure;
Celui qui contient tout, fe laiffer contenir,
Celui de qui le bras peut feul tout foutenir,
Etre fans mouvement dans une fepulture.

Ces miracles offerts à mes fens étonnés
Au falut des humains ont été destinés:

L'un commence l'ouvrage & l'autre le confomme.
Mais l'Amour au premier a bien plus fait d'effort:
Car du Ciel à la Terre, & de Dieu jufqu'à l'homme,
L'espace eft bien plus grand que de l'Homme à la Mort.
De rien faire quelque chofe.

Un Philofophe très parfait
Dit, que de rien rien ne fe fait,
L'Opinion en eft commune.
Mais je le dement pour le coup,
Et puifque votre Alteffe a foin de ma fortune;
De rien elle fera beaucoup.

L'Original préférable à une Medaille promife
par Louis XIV. pour un fonnet.

Un cœur comme le mien ne veut point de Medaille,
Sans le fouverain bien tout me paroît un mal;
Promettez moi l'Original,

Si vous voulez que je travaille.

A une Belle qui ne vouloit point entendre parler d'Amour, mais bien d'Amitié.

Sous le nom d'Amitié,

Iris, je vous adore;

Du feu qui me devore

J'en cache la moitié
Sous le nom d'Amitié.

Reponse.

Sous le nom d'Amitié
Je fouffre la tendreffe;

Pourvû

Pourvû que l'on me laiffe
Deviner la moitié

Sous le nom d'Amitié.

Replique...

Bien fouvent l'Amitié s'enflamme,
Et je fens qu'il eft mal aifé,
Que l'Ami d'une belle Dame

Ne foit un Amant deguifé.

Si on peut hair ce qu'on a une fois bien aimé.
Si l'objet aimé nous offence,

Nous a trahi, nous préfére un rival;
Par depit, colere, ou vangeance,
Sans le hair nous lui voulons du mal.

Se vanger de l'objet qu'on aime,
C'eft fe vanger contre foi même,

E X E M PLE

Oeone voyant Hélene entre les bras de Paris, dit:

A

cet indigne objet, je perdis patience,

Je me frappai le fein, j'arrachai mes cheveux, Et tournai contre moi La fevere vangeance Que j'avois destinée à l'objet de mes vœux. Reponse à la question.

Amant, c'eft une chofe fure.

Quand l'Amour fait une bleffure,
La marque demeure toujours.
Eloignez vous d'Iris, abandonnez Aminte
Implorez le divin secours,

Si votre ame en est bien atteinte,
Fuyez-les tant qu'il vous plaira,

Jamais de votre coeur l'Amour ne fortira.

Autre reponse.

Quand d'une trahifon la coupable noirceur
Vient arracher la tendreffe du cœur,

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L'Amour fait place à la fureur.

Pour un cœur delicat la maxime eft certaine,
A qui fçut bien aimer, il n'est point de retour,
Et la mesure de l'Amour

Fait la mesure de la haine.

Si l'on doit préférer dans un repas les grands verres aux petits?

Un yvrogne boiroit volontiers au tonneau,
Un vafte gobelet ne peut le fatisfaire;

Pour moi plus delicat, je crois beaucoup mieux faire
Quand je vuide souvent, fans eau,

Gran de bouteille & petit verre.

Autre reponse.

Les petits vers font jafer,
Dans le commerce de la table

Ils fervent à nous amufer,

Et c'est ce que le vin a de plus agreable.
Boire à grands coups c'est abufer
D'une liqueur fi delectable.

Autre reponse à la même question.

Vers & grands & petits font dignes de louange,
Il m'en faut des plus grands pour me desaltérer;
Quand je vois le buffet bien garni de Coulange.
Mais quand j'ai peu de vin, vite qu'on me les change,
J'ai recours aux petits pour le faire durer.

Il vaut mieux aimer une laide femme qu'une belle.

Eft-on l'unique Amant

D'une femme fi belle,

Elle en merite tant,

Qu'un, c'eft trop peu pour elle,

La laide craint toujours de perdre fon Amant,
Et qui craint l'inconftance aime plus conftamment
Femme trop belle eft arrogante,

La laide eft douce & complaifante,
Enfin l'Amour propre me dit;
Qu'une laide eft plus amufante
A meilleur cœur, & plus d'efprit.

Le

Le je ne fçais quoi est nécessaire.

Eft-ce prevention, bon gout, ou fantaisie?
La plus rare beauté, le merite & l'efprit,
Ont fur mon coeur peu de credit

Quand le je ne fçais quoi n'eft pas de la partie.

EPIGRAM ME.

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Sur l'Epitre de l'Amour de Dieu.

Non, pour montrer que Dieu doit être aimé de

tous,

Je n'ai rien emprunté de Perfe ni d'Horace,
Et je n'ai point fuivi Juvenal à la trace,

Car bien qu'en leurs écrits ces auteurs, mieux que vous,
Attaquent les erreurs dont nos ames font yvres,

La néceffité d'aimer Dieu

Ne s'y trouve jamais prèchée en aucun lieu,
Mes Peres, non plus qu'en vos livres.

EPIGRAM ME.

Aux Auteurs du Journal de Trévoux.

M

Es Reverends Peres en Dieu
Et mes confreres en fatire,

Dans vos écrits en plus d'un lieu,

Je vois qu'à mes depens, vous affectez de rire.
Mais ne craignez vous point, que pour rire de vous,
Relifant Juvenal, refeuilletant Horace

Je ne ranime encor ma fatirique audace?

Grands Ariftarques de Trévoux,

N'allez point de nouveau faire courir aux armes
Un Athlete tout prêt à prendre fon congé;
Qui par vos traits malins au combat rengagé
Peut encore aux Rieurs faire verfer des l'armes.

Apprenez un mot de Regnier
Notre célébre Devancier,

Corfaires attaquant Corfaires
Ne font pas, dit-il, leurs affaires.

M. Boileau.

M. Boi

lean.

M. de Scn.ci.

Idem.

La fauffe douleur.

Avec beaucoup de fermeté,

Lucinde a foutenu le trepas de fon pere:
Tant qu'on la laisse en liberté
Son déplaifir eft regenté

Par la raifon qui le modere:
Mais lorfque de Confolateurs

La contume chez elle amene la grand - bande,
Grands Comédiens, grands menteurs;
Ses yeux font ruiffeler des larmes de commande.
Epargnez vous, beaux yeux, ces inutiles foins,
Pour me perfuader, rien n'eft moins néceffaire:
La douleur, quand elle eft fincere,
Aime à fe paffer de témoins.

Les Eaux magiques.

Du fang du pauvre peuple Amidor enrichi,
Pour plâtrer fa fanté de débauches usée,
Avec lui cette Automne, aux sources de Vichi
A conduit un Agnes, fraichement époufée.
Elle a trouvé des gens, qui de l'honneur d'autrui,
Trafiquoient vers cette fontaine :

Amidor amena Penelope avec lui,

Il s'en retourne avec Hélene.

Mauvais naturel puni.

Macé voit que fon pere expire,
Et loin d'en paroître touché,
Il ne peut s'empêcher d'en rire,
L'incorrigible débauché!

L'impudence étoit fans égale.
Mais le vieillard homme fenfé,
Pour empêcher un tel scandale,
Desherita fon fils Macé.

Puifqu'il faut, dit-il, que je meure,
S'il rit à mon enterrement,
Du moins il est juste qu'il pleure
Quand on lira mon testament.

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