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LE MIROIR.

D'un pinceau lumineux, mais fans trop de lumiere Pilion
Je forme fans former, mille traits differens,
La plus proche beauté m'eft toujours la plus chere,
Et j'aime également les Rois & les Tirans,
Plus je fais bien tromper & plus je fuis fidele,
Plus je fuis infidelle & plus on me cherit.
Je ne pleure jamais lorfque mon amant rit
Et je brille du feu dont fon cœur étincelle.

Sur une jalousie mal placée.

Ce n'eft point pour Lifis que je verse des larmes
Il en eft innocent, bien qu'il ait quelque charmes
L'Auteur de mes ennuis n'eft pas mal avec vous
Sans le nommer je veux vous dire,

Que vous avez grand tort de paroitre jaloux
De celui pour qui je soupire.

Iris avec fon Berger.

Dans un bois fombre & folitaire
Iris, feule avec fon berger,

Sentit que

s'il ofoit devenir temeraire

Elle courroit un grand danger.

La charmante couleur qu'un peu de honte attire,

Sur fon beau teint se repandit

Et Pheureux berger entendit

Ce que fa rougeur vouloit dire.

Sur une femme indifcrette ou vaine.

J'aimois de votre teint l'eclatante fraicheur,

J'aimois de vos beaux yeux la douceur engageante;
Et je vous trouvois fi charmante,

Que pour vous difputer mon cœur

Ma raifon étoit impuiffante.

Mais il court par le monde un mauvais bruit de vous,
Que fi-tôt qu'un Amant vous parle de fa peine

Vous l'allez dire à votre époux :

Etes vous indifcrette ou vaine?

Je ne faurois le demêler :

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La Sufe.

Des Hotlieres.

Regnier.

Benfera

de.

Montreuil.

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A coups de Pierre ils ne s'attendoient guére;

A repeupler l'Univers solitaire.

Deucalion & Pirrha feuls restoient,

Et par deffus leurs têtes ils jettoient
Non fans horreur, les os de leur grand' Mere.
Simples cailloux, en langage vulgaire
Etoient ces os fur la foi du Miftere.
Les grands débris du monde ils rajuftoient
A coups de Pierre.

Tous deux avoient leurs pareils à refaire
Qui n'étoit pas une petite affaire.

De leur travail, comme ils s'y comportoient
Corps têtes, bras, mains, pieds, jambes fortoient:
Ils firent là ce qu'on ne voit plus faire

A coups

de Pierre.

A loccafion du jeu de Colin-maillard.

De toutes le façons vous avez droit de plaire,
Mais fur tout vous favez nous charmer en ce jour :
Voyant vos yeux bandez on vous prend pour l'Amour
Les voyant découverts, on vous prend pour fa mere.

A une Dame pleine de rigueurs."

De vos rigueurs & de mes peines
Je me plains la nuit & le jour.
Je les chante au bord des fontaines;
Et l'Echo les dit à fon tour
Ha Philis! commençons à faire,
Quelque chofe qu'il faille taire.

FRAG

FRAGMEN S
De la Tragedie de Cléarque.

Scene III. du V. Acte.
Ariftophile, Leonidas.

Arift. DE votre main, Seigneur, j'attends cette Mad, da

victime.

Mon Pere ne vit plus, ou tout près d'expirer,
Et je n'ai pour fes jours nul fujet d'fperer.
Vangez le donc, Seigneur, rempliffez mon attente,
J'ofe vous en prier par cette ardeur conftante

Qui fut des mêmes feux embrafer nos deux cœurs.
Leon. Oui, je vais pour jamais finir tous vos malheurs
J'en fais ma feule gloire, aimable Aristophile,
Mais du moins un moment, devenez plus tranquille,
Songez que d'Entigene on ignore le fort

Et que rien en ces lieux n'affûre de fa mort.
Stratocle avec les miens dans la ville s'avance,
Plufieurs des citoyens font de l'intelligence,
Et me joignant à lui nous forçons ce Palais;
Le fidele Torax inftruit de nos projets;
Des gardes du Tiran craignant la résistance,
Doit engager les fiens à prendre ma défence,
Et fur que Mitridate amene du fecours....
Arift. Jufte Ciel! puis-je entendre un femblable dif-

cours

Eft-ce ainfi que tu dois & veux fervir ma haine,
Et que ton bras bien-tôt doit vanger Entigene?
Si tu m'aimois cruel, attendrois-tu toujours
Que Mitridate ici t'amenât du fecours?
Te faut-il des foldats, te faut-il une Armée,
Pour arracher une ame au meutre accoutumée?
Le barbare Cléarque attendit-il jamais,
Qu'on le vint fecourir pour finir fes forfaix.
Ne crois pas m'abufer d'une efperance vaine:
Je fuis trop fûre helas! du trépas d'Entigene.
Je connois du Tiran l'implacable fureur,

Et tout m'annonce ici l'excès de mon malheur.

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Gomez.

Cependant, en perdant l'auteur de ma naiffance,
Tu faifois aujourd'hui mon unique efperance.
Je croyois que ce Pere expirant à tes yeux,
Dont le fang, comme à moi, doit t'être precieux,
Ce Pere qui t'aimoit d'une tendreffe extrême,
Et qui m'étoit moins cher par la naiffance même,
Et par les noeux du fang fi puiffans & fi doux,
Que parce qu'il t'avoit choisi pour mon époux,
Trouveroit dans ton bras une prompte vengeance
Mais tu veux du fecours, fans quoi ton cœur balance
Leon. Quoi! vous pouvez penfer. Arift. Oui, je crois
tout, ingrat,

Il faut venger mon Pere, & non fauver l'Etat.
Qu'ai-je affaire en ces lieux que ta valeur éclate
De quoi me ferviront Stratocle, Mitridate,
Si malgré leurs efforts le Tiran eft vainqueur,
Et qu'on me laiffe en proie à toute fa fureur?
Tant de précautions deviennent inutiles,
Quand il ne s'agit point de foumettre des Villes.
Tu n'as rien dans ces lieux à ranger fous ta loi,
Tu n'as à fecourir, à delivrer que moi,

Et pour y parvenir tu n'as rien à combattre
Qu'un homme que ta main d'un feul coup peut a-
battre.

Voles-y donc cruel, & fans retardement,
Prouve-moi ton amour par ton empreffement.
Laiffe-là tes projets de fecours, de batailles;
Va plonger ton épée au fond de fes entrailles.
Qui te retient? Leon. L'horreur d'un tel affaffinat,
Et de ternir mon nom par un lache attentat.
Arift. Quand on veut fe venger, prend on foin de fa
gloire?

Clearque craignit-il de ternir fa memoire;
Et peux-tu regarder comme un crime odieux.
De punir l'ennemi des hommes & des Dieux ?
Ah! Si tu l'avois vû dans cette nuit horrible
Qui caufa les malheurs où je fuis fi fenfible;
Si comme moi tes yeux avoient vû fes forfaits,
Si tu l'avois trouvé courant dans ce Palais,
De fa barbare fuite animant la furie,

De

Donnant à l'un des fers, à l'autre ôtant la vie,
Tu n'appellerois pas du nom d'affaffinat
Ce moyen glorieux de délivrer l'Etat.

Mais fur toi ces recits ont trop peu de puiffance
Pour te faire approuver une telle vangeance,
Et te faire fentir l'horreur de nos tourmens,
Il te faut des objets fenfibles & préfens.
Repréfente-toi donc le fort qu'on me prépare
Regarde Ariftophile au pouvoir du Barbare.
Si fur moi le cruel ofoit porter la main,
S'il venoit à tes yeux pour me percer le fein,
Ton amour, animé de fureur & de rage,
Attendroit-il encor à venger cet outrage?
N'irois tu pas fur lui pour le percer de coups?
Leon Quelle funefte image, ô Ciel! me faites-vous!
Que ne ferois-je point à cette horrible vue!

Arift. Et bien venge-moi donc, c'eft lui feul qui me tue. voutant fe poignarder Leonidas. lui arrachant le poignard.

Hh! cruelle arrêtez, quelle aveugle fureur!

Je ne vous revois plus que mourant ou vainqueur.

Entig.

Scene VI. du même Acte.

Ariftophile, Entigene.

Ui, ma fille, les Dieux vous rendent votre Pére;

Votre coeur n'aura plus à trembler pour mes jours,"
Et la mort du Tiran en affure le Cours.

Arift. L'état où je vous vois me fait affez connoitre
Que l'on ne doit qu'à vous le trepas de ce traitre,
Et ce fer qu'à conduit votre invincible bras....
Entig. Non, l'honneur n'en est du qu'au feul Leonidas,
Tandis que malgré lui tout le peuple l'arrête
Et veut que de lauriers on couronne fa tête:
Je puis vous raconter quel heureux attentat,
Parce jeune Heros vient de fauver l'Etat.
Vous avez vû tantôt avec quelle furie,
Clearque a commandé qu'on m'arrachât la vie.

Ce.

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