Vous ne pouvez d'un jeune cœur Si bien fermer tous les paffages;
Qu'il n'en refte toujours, quelqu'un pour le vainqueur.
La Beauté qui charme Damon Se rit des tourmens qu'il endure, Il murmure;
Moi, je trouve qu'elle a raison, C'est un conteur de fariboles, Qui n'ouvre point fon cofre fort Le butord; Il faut l'envoyer à l'Ecole.
Si mes foins pouvoient t'engager, Me dit un jour le beau Silvandre, D'un air tendre.
Que ferois-tu? dis-je au Berger, Il demeura comme un Idole, Et ne repondit pas un mot, Le grand fot,
Il faut l'envoyer à l'Ecole.
Claudine un jour dit à Lucas, J'irai ce foir à la prairie, Je vous prie,
De ne point y fuivre mes pas : Il le promit, & tint parole: Ah! qu'il entend peu ce que c'eft Le Beneft!
Il faut l'envoyer à l'Ecole.
L'autre jour à Nicole il prit Une vapeur auprès de Blaife; Sur fa chaife
La pauvre enfant s'évanouit, Blaife pour fecourir Nicole,
Fut chercher du monde auffi-tôt Le Nigaud
Il faut l'envoyer à l'Ecole.
A une perfonne d'un esprit mal tourné. Je vous ai prife pour une autre, Dieu garde tout homme de bien,
D'un efprit fait comme le vôtre Et d'un corps fait comme le mien.
Sur une perfonne qui fe farde.
Vous voulez, blondins fans cervelle, Voir du matin Life chez elle, Attendez jeunes étourdis, Et ne preffez pas davantage: Bien que Life ait pris les habits Elle n'a pas pris fon vifage. Piore de ménage.
Qu'il fait bon vivre de ménage! Et que c'eft un grand héritage D'avoir un peu d'entendement! J'en prends à temoin ta parente, i Un lit de cent francs feulement, Lui vaut fix cens écus de rente.
Ris tremble qu'au premier jour L'Himen, plus puiffant que l'Amour,
N'enleve fes tréfors fans qu'elle ofe s'en plaindre:
Elle a négligé mes avis,
Si la belle les eut fuivis,
Elle n'auroit plus rien à craindre.
Le Marchandeur de gands.
Madame, montrez moi des gands;
Que vendez-vous ceux-ci? Monfieur, rien que fix
Madame, vous en aurez quatre. Monfieur, je n'en puis rien rabattre.
Madame, un écu d'or, mais je veux vous baifer,
Monfieur, je n'ai rien fait de toute la femaine, En vérité c'est mon étrenné Je ne veux pas vous refufer.
Plaintes mal fondées.
Iris fe plaignoit du tourment
Qu'elle avoir enduré dans fon accouchement, Et contre l'Himen faifoit rage. L'Himen n'avoit pas tort pourtant, Cette belle fait bien, qu'avant fon mariage, Elle en avoit fouffert autant,
Dans l'Etat miserable où l'on te voit réduite, Qu'on doit plaindre, ô Didon, ton amour & ton fort Si la mort d'un époux eft caufe de ta fuite
La fuite d'un amant eft caufe de tá mort.
Quel mari qu'ait Didon fon malheur la poursuit Elle fuit quand l'un meurt, & meurt quand l'autre fuit.
U Ne Mouche gourmande, à force de manger,
Etoit près de perdre la vie,
Mais fans s'étonner du danger
Avec courage elle s'écrie :
Puifqu'on ne peut toujours demeurer ici bas, Qu'on n'éprouve, y reftant, que maux & que mifére; Quand on a fait fi bonne chere,
Il eft doux de paffer le pas.
C'eft un cruel moyen de fortir d'embaras, Horace, je le fais, donne pour
De fortir de la vie, ainfi que d'un repas;
Mais pour moi je voudrois un parti moins extrême, Ce feroit de tous deux que l'on ne fortit pas.
L'Amour d'intelligence.
Philis s'eft renduë à ma foi
Qu'eut elle fait pour fa défence?
Nous n'etions que nous trois, elle, l'Amour & moi, Et l'Amour fut d'intelligence.
A une maitreffe qui vouloit rompre Puifque tu veux que nous rompions, Et reprenant chacun le nôtre, De bonne foi nous nous rendions Ce que nous avons l'un à l'autre : Je veux avant tous mes bijoux, Reprendre ces baifers fi doux Que je te donnois à centaines; Puis il ne tiendra pas à moi, Que de ta part tu ne reprennes Tous ceux que j'ai reçus de toi.
La Dévote mal mariée.
Cloris que vous étes fote, Pendez le Rofaire au croc, Le Paradis vous eft hoc, Sans faire tant la dévote: S'il eft vrai que votre époux, Eft impuiffant & jaloux, Cela vous doit bien fuffire, Vous étes Vierge & Martire.
Sur une Juftice transportée près d'une Halle. D'ou vient qu'on a tant aproché
Cette Juftice du marché?
Rien n'eft plus facile à comprendre C'est pour montrer qu'elle eft à vendre. Sur cinq Filles.
Ce n'eft point l'Opera que je fais pour le Roi Qui m'empêche d'être tranquille,
Tout ce qu'on fait pour lui paroit toujours facile; La grande peine où je me voi; C'eft d'avoir cinq filles chez moi Dont la moins âgée eft nubile.
Je dois les établir, je voudrois le pouvoir; Mais à fuivre Appolion l'on ne s'enrichit guere, C'est avec peu de bien, un terrible devoir
De fe fentir preffé d'être cinq fois beau-Pere. Quoi cinq actes devant Notaire Pour cinq filles qu'il faut pourvoir! O Ciel! peut on jamais avoir, Opera plus facheux à faire ?
RONDE A U.
Jupiter fous la forme d'Amphitrion.
Ue l'on puiffe être un époux bien content, J'en doute, lors qu'on en veut favoir tant. Amphitrion aimoit comme fon ame, Sa chere Alcmene & cette sonne Dame Tenoit à lui d'un coeur ferme & conftant. Mais Jupiter en vint à bout pourtant, D'Amphitrion fous la forme s'entend, Il fût auffi fatisfait de fa flâme
Que l'on puiffe être.
L'amour du Dieu ne fut pas éclatant, Le bon ménage alloit en augmentant, Sans qu'elle eut part à la fecrete flâme. La femme fut toujours honnête femme Et le mari fut cocu tout autant Que l'on puiffe être.
Sur le mariage de M.....
Le grand Traducteur de Procope Faillit à tomber en fincope Au moment qu'il fut ajourné, Pour confommer fon mariage. Ah! dit-il, le penible ouvrage, Et que je fuis infortuné! Moi, qui fais de belles harangues Moi, qui traduis en toutes langues A quoi fert mon triste Savoir? Puifque par tout on me diffame De n'avoir pas eu le pouvoir De traduire une fille en femme.
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