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Il vous faut un Amant bon à tout, fociable,.
Avec qui vivre fans façon,

Et qui d'humeur toujours traitable,

Lors que vous direz Oui, ne dise jamais non.

J'en connois un qui feroit votre affaire,
Aifé, jamais grondant, & toujours gracieux;
Quand exprès vous le feriez faire,
Vous auriez peine à trouver mieux.

En tout tems, vous n'aurez qu'à dire,
Telle qu'il vous verra, tel vous le trouverez;
Il rira quand vous voudrez rire,

Plurera quand vous pleurerez.

Si vous êtes d'humeur à fouffrir qu'il badine
Avec vous il badinera:

Si furvenant un tiers, il voit qu'il vous chagrine,
Auffi-tôt quelque affaire ailleurs l'appellera.

Je ne vous promets rien pour lui qu'il n'accomplisse
Et pour marquer ma bone foi

Cet Amant, belle iris, c'eft moi,
Qui peut être en Amour, ne fuis point novice.

Pour éprouver ce que je fais,

Voyez jufqu'où pour vous ira ma complaifance.
D'autres pour s'engager voudroient quelque affurance?
Pour moi je me donne à l'essai.

Hazardez pour épreuve une intrigue fecrette,
Dont l'Amour avec nous foit l'unique temoin
Et felon que de moi vous ferez fatisfaite,
Ou vous reculerez, ou vous irez plus loin.

Du moins comme en amour, plus qu'en toute autre chofe,

Tous les commencemens font doux,

Les debuts de tendreffe où mon cœur fe propose)
Seront agreables pour vous.

Agir ainfi, n'eft pas chercher à vous furprendre,'
L'effai que je propose eft pour votre intérêt;

Son

Songez-y, belle Iris, fi le parti vous plait,
Il ne tient qu'à vous de le prendre.

SONNE T.

Sur l'Amour.

Le Pays. Vit Iris qui le fuit toujours avec adresse,

Ier, l'Amour chez Philis fe gliffant parmi nous,

Lors tout rempli de joie, il court, il fend la preffe,
L'embraffe, & dit Maman, pourquoi me fuyez-vous.
Iris le repouffant lui repond en couroux,
Venus eft ta Maman, porte lui ta tendreffe.
Mais fans fe rebutter l'Amour lui fait careffe,
L'appelle fa Maman, & ferre fes genoux.
Elle parût alors interdite & confuse,

Et fon efprit rêveur médifoit quelque excufe;
Mais nous lui dîmes tous, ne vous défendez plus

Oui, vous êtes fa Mere, il fait bien vous connoitre;
Une fois feulement il nâquit de Venus,

Et vous l'avez, Iris, plus de cent fois fait naître.
A la jeune Nannon.

Le Pays, Vraiment, Nannon, dans votre jeune cœur
Deja l'Amour eft plein d'adreffe,
Vous favez bien ufer de la rigueur,
Et bien ufer de la tendreffe;

Le Pays.

En compagnie avec un feint dédain
Vous vous mocquez de mon martire:
Mais entre nous fouvent fur votre fein
Vous permettez que je foupîre.

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Sur ces mots faut fouffrir.

H
Ier je vous vis, Philis, d'une oreille attentive
Ecouter le Sermon du bon Pere Thomas,
Qui fit voir clairement, qu'il nous faut ici bas
Constamment endurer le mal qui nous arrive.

C'eft

C'eft un ordre divin, qu'il faut que l'homme fuive.
Il faut qu'en la douleur, il trouve des appas,

Il doit avec plaifir, fouffrir jufqu'au trépas,

S'il veut vivre en Chretien, comme Dieu veut qu'il
vive.

Il n'eft point de mortel qui ne porte fa Croix
Depuis le moindre gueux jufqu'au plus grand des Rois,
C'est une loi du Ciel, qu'il faut fubir vous-même.
Chacun, de quelque mal doit être le martir
Difpofez donc, Philis, votre coeur à fouffrir,
Et puifqu'il faut fouffrir, fouffrez que je vous aime.
Charge difficile.

A la Cour où le plus habile

N'a pas toujours un grand bonheur
La charge la plus difficile

Eft celle de fille d'honneur.

Le doute levé.

Certain gros, gras, Prelat de Cour
Difoit en foufflant l'autre jour,
Je ne fais comment un peu faire
Quand de rente on n'a pas cent mille bons écus.
Quelqu'un lui répondit: Monfieur, votre grand Pere
Vous inftruiroit bien la deffus.

Les enfans du gros Colas.

Ha! que voila de beaux enfans?

Difoit un grand Seigneur au gros Colas leur Pere:
Qu'ils ont frais, gaillards & puiffants!
Nous autres gens de Cour, nous voyons au contraire
Les notres delicats, foibles & languiffants,
Toujours mal fains & toujours blêmes:
Comment faites vous donc vous autres Payfans?
Pargué, Monfieur, je les faifons nous mêmes.

A l'occafion d'une operation Cefarienne.

Entre les noms fameux des Princes de ma race

Le mien paroît fans ornement,

Et n'ayant vecu qu'un moment

De

Chanut.

De toute la grandeur, je n'eus rien que la place
Où fut dreffé ce Monument.

Ma mere avant le tems que je dûffe paroitre,
Surprise d'un mal dangereux,

Voulut d'un effort généreux

Que de fes flancs ouverts vivant on me fit naître, Pour renaître en chrift bien-heureux.

Ce grand excès d'Amour nous fut un faint remede, Dieu fit miracle en fa fanté;

Pour moi j'entrevis la clarté

Et les biens qu'à jamais dans le Ciel je poffede
Sont les fruits de fa piété.

Sur la femme juste.

L'homme jufte, felon le fage
Péche fept fois & davantage:
Et la femme jufte combien?
Ma foi, le fage n'en dit rien.
Marques d'amour.

J'ai démêlé vous dis-je, à travers les refpects,
Des foupirs étouffés, des regards indirects,
Un filence penible, autant qu'involontaire,
Des défirs, des égards, du trouble, du mistere,
Un interêt fecret, un foin particulier.
Un homme indifferent eft bien plus familier
Ce font là mes garants. Tout cela fait en fomme
De l'amour; & de plus, un amant honeste homme.

Les femmes corrigent un vice par un autre.

Oui je fais qu'une femme aime un peu trop à plaire;
C'eft de l'âge où je fuis la foibleffe ordinaire.
Dans l'arriere-faifon on ne fait que changer;
Du monde qui nous quitte on cherche à fe vanger;
Du plaifir qui nous fuit, des déffaux qu'on regrette
Auxquels on voudroit bien être encore fujette.
Alors, par defefpoir & par néceffité,
On fe mafque l'on prend un air d'autorité,
On fe croit vertueufe en voulant le paroitre,
Tandis qu'au fond du cœur on neglige de l'être;

Qu'au

Qu'au contraire on fe tait un plaifir inhumain,
De nourrir fon orgueil aux depens du prochain.
L'efprit de charité paroit une foibleffe;

Et la mauvaise humeur prend le nom de fageffe.
Ainfi chaque âge apporte un travers differend.
On échange un deffaut contre un autre plus grand....
Tout eft extrême dans les femmes.

La femme est un espece à qui rien ne reflemble,
C'est tout bien ou tout mal; ou tous les deux en-
1emble

Eft-elle vertueufe? Elle l'eft à l'excès.
Sa fageffe devient un veritable accès,
La moderation lui paroit infipide,

C'est toujours à l'extrême où fon panchant la guide.
Ses moindres mouvemens font des convultions,
La vertu dans fon cœur, fe change en paffions
Dégénere en faux zéle, & devient fanatique....

Motifs d'une fille pour ne pas plaider.

Je ne rifquerai point d'être timpanisée,
Le plus grand des malheurs eft d'être meprisée.
Hé quoi! fur un pretexte abfurde ou mendié,
Aller de porte en porte implorer la pitié,
Y faire de fa vie un journal équivoque,

Que perfonne ne croit, & dont chacun fe moque.
Suborner des témoins, gagner des partifans,
Remplir les tribunaux de fes cris indécens;
Y faire debiter des plaintes infidelles;
Inonder le public d'injurieux libelles.

Ebruiter des malheurs qu'on pouvoit empêcher
Ou qu'au moins la raifon devoit faire cacher....

Vaudeville.

Vous, qui fans ceffe à vos fillettes
Tenez de févéres difcours,

Mamans, de l'erreur ou vous êtes,

Le Dieu d'amour fe rit & fe rira toujours.
Vos avis font prudens, vos maximes font fages,
Mais malgré tant de foins, malgré tant de rigeur,

De Ma

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