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Mais à l'avenir il pourra

Se payer comme il lui plaira,
Sans que Climene ait la puiffance
D'appeller de cette fentence.

Si la cruelle encor cherchoit quelques moyens
Pour maintenir fon héréfie

Alexis en ce cas pourra faire faifie
Sur le plus beau de tous fes biens.

MADRIGAL.

L'Amour raifonne mieux que la Raifon.

L

A Raifon n'eft pas raifonnable,

Eft fou qui s'en laiffe charmer.

Elle me dit, Iris, que vous étes aimable

Et me défend de vous aimer.

Aime Iris, dit l'Amour, puifqu'elle a fû te plaire;
Profite des plaifirs de fa jeune faifon.

Ma foi l'Amour fur cette affaire
Raifonne mieux la Raifon.
que

F

SUR LE MOT

Fouiffez.

Euilletez & refeuilletez,

Tous ceux, dont les moralitez

Ont voulu nous donner des préceptes à fuivre,
Vous ne trouverez rien dans leurs doctes Traitez,
Qui nous montre si bien à vivre,
Que ce beau mot que vous vantez.
En effet dans ce court voyage
Que fait ici le Genre humain,
Un pauvre mortel eft-il fage,
S'il remet jufqu'au lendemain,
Le fûr & le prefent ufage,
Des plaifirs que le Souverain,

Lui fait trouver fur fon paffage,

Et dont l'heureux retour eft auffi peu certain,

Que le nombre des jours qu'il a pour fon partage?

Tu

Tu vis aujourd'hui fous la loi,
D'une Maitreffe jeune & belle,
Mais tu crains que demain fa foi

Ne puiffe refifter aux vœux qu

on fait

pour

elle;

Sur de pareils foupçons, pour prendre tant d'effroi,
Es-tu fûr, infenfe, que la Parque cruelle
Filera ce demain pour ta belle & pour toi?
L'avenir bien fouvent en vain fe fait attendre:
Tous les momens paffez font pour jamais finis,
Et ces deux tems enfin, quoi qu'on puiffe prétendre,
Ne font ni bien, ni mal, à l'inftant où tu vis;
Et fi tu voulois croire aux Heros de jadis,
L'Hiftoire te pourroit apprendre,

Que le bonheur du beau Pâris,

Du jour qu'entre fes bras Hélene se vint rendre,
Jamais à fon égard ne perdit de fon prix,
Par les inutiles foucis

Des plaifirs qu'avant lui l'infidelle avoit pris,
Ou de ceux qu'après lui la Belle devoit prendre.
Jovis donc du préfent en fage poffeffeur;
Et pleinement content du bien qu'il te peut faire,
Ne fouffre jamais que ton cœur,

Faffe fa peine ou fon bonheur,
De ce qu'il craint ou qu'il espére.

REPONSE

D'une Demoiselle, que l'on exhortoit d'aimer

Oui je veux aimer à mon tour;

Je fuivrai vos confeils. Heureufe de me rendre
Si l'on avoit autant de plaifir en amour,
Qu'on a de peine à s'en défendre.
On refout aifément une jeune beauté,
A fouffrir des amans qui tâchent de lui plaire;'
Et toute la difficulté,

N'eft que fur le choix qu'il faut faire.
Pour laiffer toucher notre cœur,
Il ne faut pas trop nous contraindre;
Ce n'eft pas l'amour qui fait peur;

Mais les amans qui font à craindre.
Si nous faifons des mécontens,
Ils font la caufe de leurs peines,
Ah! s'il n'etoit point d'inconftans,
On ne verroit point d'inhumaines.
Quand foumis à nos pieds vous venez nous flater
D'une fûre & pleine victoire,
Quel plaifir de vous écouter!

Quel chagrin de n'ofer vous croire!
A peine fommes-nous d'accord,

Que vos vœux inconftans viennent troubler la fête;
Vous ne pouvez aimer que jufqu'à la conquête;
Nous voulons par malheur aimer jufqu'à la mort.
Ne nous blâmez donc point de paroître un peu fières;
C'est vous qui nous y contraignez;

Nous fouffrons toujours les premieres
Des rigueurs dont vous vous plaignez.
D'un nouveau Galand qui foupire,
D'abord on fe trouve affez bien;
Mais le meilleur ne vaut plus rien,
Dès qu'il a tout ce qu'il defire.
C'est ainsi que j'ai vu trahir
La jeune Amarillis & la credule Aminte ;
Gueriffez-moi de cette crainte,
Je fuis prête à vous obéir.

STANCES

A Iris fur le mariage.

Vous me vonlez envain porter zu mariage,

Je ne faurois y confentir;

Le peu que vous pouvez y trouver d'avantage,
Me pouffe à vous en divertir,

Si ma flame à prefent a pour vous quelques charmes,
Je ne les dois qu'au nom d'amant;

Ce qui vous plait en moi vous coûteroit des larmes, Un mois après le Sacrement.

Nous brûlons tous les deux d'une flame fecrette, Le noeud n'en peut être détruit;

E:

Et fous le joug d'Hymen l'ardeur la plus parfaite, Eft éteinte dans une nuit.

Ces noms toûjours fi doux d'amant, & de maitreffe,
S'enfeveliffent dans l'oubli,

Il n'eft plus de foupirs, il n'eft plus de tendreffe,
Lors que l'amant devient mari.

Je fais tout mon bonheur de vous voir, de vous plaire;
Vous avez fur moi tout pouvoir:
Un Epoux, belle Iris, agit tout au contraire;
Ce qu'il veut, il faut le vouloir.

Mon cœur eft pénétré, quand mes tendres prieres
Obtiennent la moindre faveur;

Mais toutes pour l'Epoux, & même les dernieres,
Ont rarement de la douceur.

Vôtre amour à prefent eft libre, volontaire,
Tout fuccede à votre défir;

Belle Iris, un contract le rendroit néceffaire;
Le devoir ôte le plaifir.

Laiffez donc avancer la jufte destinée,
Des appas qui m'ont enchante;

Après deux ou trois ans d'un funefte hymenée,
Il faut dire adieu la beauté.

Jouïffons des plaifirs que donne le jeune âge,
A deux cœurs qui s'entendent bien;
Deux amans ne devroient fonger au mariage,
Que quand leurs feux font fans foutien.

T

REPONSE

D'une Dame à un fonge de fon amant.

Enir entre fes bras, fa belle toute nüe,
De la feule pudeur à regret défendüe,

Et perdre en vains refpects ce précieux moment,
C'eft rêver, je l'avoue, & bien profondément
Que d'avoir tant de retenue.

Il faut être en amour un peu plus hazardeux.
Si la belle y revient en pareil équipage,
Moins de refpect, plus de courage;
Vous ne ferez jamais heureux,
Si vous êtes toûjours fi fage.

Il eft de certains tems où maître à vôtre tour,
Vous pouvez fans fcrupule exercer votre empire;
En ces occafions notre honneur a beau dire;
Un brave homme n'en doit croire que fon amour.
Ne me vantez donc plus le pouvoir de mes charmes ;
L'accueil dont vous avez regalé mes attraits,
De tout ce que j'ai crû, fur la foi de vos larmes,
Me defabuse pour jamais.

Dans ce fonge difcret leur foibleffe fe montre,
Et leur merite, helas, me doit être suspect;
Puifque vous m'apprenez qu'en pareille rencontre,
Je n'infpire que du respect.

MADRIGAL.

Amant malheureux.

IRis a vingt Amans qui l'obsedent sans ceffe,

Dont elle fait vingt malheureux,

Je fuis le feul parmi la preffe,

De qui fa cruauté daigne écouter les vœux:
Mais d'une avanture fi belle,
Rivaux infortunez, ne foïez point jaloux;
Puifque vous m'empêchez d'être feul avec elle,
Je fuis plus à plaindré que vous.

SONNE T.

A une aimable Commere.

Et enfant qu'aujourd'hui, nous portons au bap

CEt

tême,

A fait de fon bonheur un autre enfant jaloux
Ce n'eft pas, belle Iris, qu'il foit jaloux du crême,
Il cede à fon rival un tel bien fans couroux.

Quand

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