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SUPPLÉMENT ET CAPITATION

Chacun sait, en fait, ce que c'est que le supplément. Comme le mot le dit, c'est une charge supplémentaire que l'évêque impose aux paroissiens, en plus de la dîme ordinaire, quand celle-ci ne suffit pas à l'entretien raisonnable, qui à ce titre doit être suffisant, du curé de la paroisse. L'obligation pour l'autorité épiscopale d'imposer ainsi un supplément se rencontre surtout lorsque la paroisse n'est pas, à proprement parler, une paroisse agricole, ou lorsque la nature des terres comprises dans les limites de son territoire ne permet pas de faucher une récolte de grains qui scit suffisante. D'une manière générale, le supplément est imposé par l'évêque lorsque la dîme est insuffisante pour le "soutien honnête" du curé de la paroisse, comme dit le Code de Droit canonique. 53. Il doit se payer à même le foin, le fourrage vert, les fruits et les légumes, toutes choses qui, comme nous l'avons vu, sont exempts de la dîme. 54

Le supplément n'est pas dû au curé d'une paroisse où il est établi, par des personnes qui, bien qu'elles y cultivent des terrains ne sont pas des paroissiens de ce curé. Le supplément est une obligation personnelle entre le paroissien et son curé. Par conséquent, un cultivateur qui exploite une terre dans sa paroisse et une autre terre dans une paroisse étrangère, ne doit pas le supplément au curé de la paroisse étrangère à même la récolte de la terre qui y est située Mais si le supplément est imposé dans sa propre paroisse, il devra, alors, payer à son curé le supplément de la récolte faite sur ses deux terres, c'est-à-dire tant sur celle qui fait partie du territoire de la propre paroisse que sur celle qui est située dans une paroisse étrangère.

Il est à peine nécessaire d'ajouter que le droit au supplément, quand il existe en faveur du curé d'une paroisse, établit une obligation naturelle pour les catholiques de le payer à leur pasteur. Le curé pourrait donc poursuivre au civil un paroissien qui se serait engagé à le payer. Quant à celui qui aurait payé volontairement le supplément, il ne pourrait en demander le remboursement aux tribunaux. Remarquons que l'obligation qui existe pour le catholique de payer le supplément n'est pas sanctionné par la loi civile. Pour qu'il y ait droit d'action devant les tribunaux civils, il faut qu'il 53 Cf. GIGNAC, op. cit., p. 364, art. 550: Parochus jus habet ad honestam sustentationem.

Voir, pour l'historique du Supplément au Canada, MIGNAULT, op. cit., pp. 184-185.

y ait eu entente préalable entre le curé et son paroissien. Ce que la loi civile sanctionne alors, c'est le contrat spécial qui existe entre les parties. Une personne qui refuserait purement et simplemert de payer le supplément ne pourrait pas être poursuivie devant les tribunaux civils. Elle demeure cependant sous le coup des sanctions du Droit canonique et son cas relève alors de l'évêque. C'est dire suffisamment que l'obligation de payer le supplément est, pour tout catholique, une obligation de conscience.

Quant à la question de savoir si un cultivateur a le choix de payer le supplément au lieu de la dîme, il est évident qu'il n'a pas ce droit. L'obligation du cultivateur consiste, purement et uniquement, à payer la d'me prédiale, c'est-à-dire la dîme prise à même la récolte des grains. La question de droit sur ce sujet est donc nettement établie. Il va sans dire que les paroissiens peuvent faire des arrangements particuliers avec leurs curés qui sont entièrement libres d'accepter ou de refuser toute proposition à ce sujet. C'est là une question de fait, et non de droit, à être réglée par les parties intéressées. Le Code de droit canonique ne contient pas de dispositions expresses sur ce sujet. L'évêque, dans son diocèse, a une entière latitude en ces matières et décide d'après les circonstances propres à chaque cas particulier. 55

Il faut faire la même remarque pour ce qui concerne la capitation. Chacun sait que la capitation, qui est bien différente du supplément, est une redevance en argent imposée par l'évêque, dans certaines paroisses, à tout communiant qui a fait sa communion solennelle. Cette redevance varie suivant les temps, les lieux et les circonstances. Le père de famille doit payer la somme fixée pour chacun des membres de sa famille qui a fait sa communion solennelle. Le mot famille signifie, ici, le père et la mère, au moins, ou le père. la mère et les enfants; c'est la société domestique ou familiale. Toute personne majeure doit payer la capitation à son curé. Un père de famille ne serait donc pas responsable en conscience du non paiement de la capitation de son fils qui aurait 21 ans ou plus et qui serait indépendant de lui pour gagner sa vie.

Notons bien la différence qu'il y a entre le supplément et la capitation. Le supplément est dû ordinairement sur le foin, le fourrage vert, les légumes, les fruits, tandis que la capitation est

55 Cf. Codex iuris canonici Pii X Pontificiis maximi iussu digestus... etc, Canon 1502, p. 281. Cf. Acta et Decreta Concilii Plenarii Quebecensis Primi, Anno Domini MCMIX, etc, art. 626-628, pp. 445-447.

toujours une redevance en argent; supplément et capitation se distinguent, à leur tour, de la dîme, d'abord en ce qu'ils constituent des obligations personnelles entre les paroissiens et leur curé, et, ensuite, en ce que le droit civil n'en sanctionne pas le paiement, comme dans le cas de la dîme.

CONCLUSION

Disons, en terminant, que toute notre législation concernant la dîme, est fondée, sur la plus élémentaire justice, sur le bon sens tout court. Il est, en effet, évident que nos curés, qui sont nos pasteurs spirituels, doivent avoir ce qui est nécessaire à leur subsistance. Comment pourraient-ils pourvoir à leur entretien si ceux pour qui ils vivent, en définitive, ne leur fournissaient pas le nécessaire, au moins d'une façon indirecte? Nos prêtres, en se donnant tout entiers au soin des âmes, ne peuvent pas, comme l'on dit d'ordinaire, "gagner leur vie" en se livrant à des travaux manuels. Il est donc juste que les paroissiens au profit desquels ils ont renoncé à toutes les joies légitimes de la vie de famille et à tous les avantages de la fortune honnêtement acquise, fournissent, chaque année, à même l'excédent de leurs revenus, ce qui est nécessaire à la vie matérielle de leur curé.

C'est donc faire preuve d'une grande tiédeur religieuse et d'une profonde ignorance de la loi elle-même, c'est se montrer indigne, à tous égards, d'être considéré comme un bon catholique et un bon citoyen que de méconnaître ou de refuser le paiement de la dîme à nos curés.

Paul LAVOIE,

avocat.

L'ATLANTIDE

...Mais dans un jour et une nuit fatale l'Atlantide disparut dans la mer...

Telles sont les paroles par lesquelles Platon dans son Timée parle de ce continent mystérieux écroulé un soir de tempête et de cataclysme au plus profond des océans. Texte fort mystérieux que l'on considéra longtemps comme un mythe, mais que la Science actuelle éclaire aujourd'hui d'un jour singulier.

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Même avant Platon, Hérodote, Euripide, Strabon, Diodore de Sicile, Pline et plusieurs autres écrivains nous parlent de l'existence de l'Atlantide, mais c'est surtout Platon dans son Critias et son Timée qui donne le plus de détails sur le continent disparu.

De tout temps l'Atlantide a occupé la pensée humaine, mais presque toujours on exploita cette idée au profit de la littérature, témoin encore, le dernier roman sur le sujet par Pierre Benoit, néanmoins il faut être reconnaissant aux lettres d'avoir sauvé de l'oubli, l'Atlantide. Tous les auteurs qui ont écrit sur l'histoire, les sciences géologiques et astronomiques n'ont pas été sans mentionnés l'Atlantide dans leurs ouvrages, mention plus ou moins exacte, souvent guidée par la fantaisie la plus extravagante, tous en ont parlé. L'ouvrage le plus scientifiquement exact sur le sujet est celui du jésuite Kircher publié vers 1660. Il émet l'idée que les Açores, Madère et les Canaries pouvaient bien être les derniers débris de l'Atlantide disparue. Les idées de Kircher furent reprises plus tard par Voltaire, Buffon et surtout par Saint-Vincent qui publia un véritable travail scientifique en 1880 sur les Iles Fortunées. Ce sont ces hypothèses que la Science moderne a entrepris de vérifier actuellement.

Depuis Saint-Vincent, beaucoup d'auteurs tant en Europe qu'en Amérique ont écrit sur l'Atlantide, tous ces ouvrages renferment des opinions plus ou moins vagues ou extravagantes sur l'emplacement de l'Atlantide, mais la majorité s'accordent pour la situer entre l'Europe et l'Amérique, au milieu de l'Océan Atlantique. Nous examinerons donc les unes après les autres les preuves histo

riques et scientifiques de l'existence dans le passé de ce continent fameux.

Si on jette un coup d'œil sur une carte bathymétrique de l'Océan Atlantique, on y aperçoit au milieu, un long plateau central qui se dirige du nord au sud. De chaque côté de cette crête, s'étendent presque symétriquement deux immenses vallées, la vallée du côté américain étant plus profonde que celle du côté européen qui est plus étroite et plus irrégulière le long des côtes de l'Afrique et de l'Europe. Cette crête centrale des grands fonds est très irrégulière, elle renferme des sommets qui viennent mourir à fleur d'eau ainsi que l'Archipel des Açores. Entre ce haut plateau et la côte européenne, c'est-à-dire dans cette fosse, se trouvent les Iles de Madère, des Canaries et du Cap Vert, on les a souvent appelées "Iles Atlantiques".

Le groupe des Açores est celui qui est le plus au nord, il se divise en 3 groupes quí comprennent en tout une dizaine d'îles et d'écueils. Ces îles sont montagneuses, au rivage tourmenté et ont de hautes falaises. Elles sont à 860 milles environ du Portugal et à environ 800 du Maroc.

Le groupe des Madère est à 525 milles au sud-est des Açores, Madère est l'île principale, elle est très montagneuse, le pic Ruivo a près de 5000 pieds de hauteur, il en est le point le plus élevé, elle est séparée du continent par le haut-fond de Gettysburg qui n'est qu'à 190 pieds plus bas que le niveau de la mer en certains endroits. Madère se prolonge vers l'est par des écueils et trois petites îles étroites qu'on appelle Désertas.

Le groupe des Canaries est le plus rapproché des côtes, il est à 60 milles seulement du continent africain. Il comprend deux groupes d'îles, l'un en contenant deux principales et quelques écueils et l'autre cinq grandes. Le relief de ces îles est très accentué et elles renferment le plus haut sommet des îles Atlantiques, le Pic de Teyde ou de Ténériffe dont la hauteur est de près de 12000 pieds. L'Archipel des îles du Cap Vert, encore plus au sud, est formé d'un grand nombre de petites îles, il est situé à environ 430 milles de la côte d'Afrique, sur une vaste courbe de près de 375 milles de développement. Elles se divisent en deux groupes, les îles du vent ou groupe nord et les îles sous le vent ou groupe sud.

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