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ni d'images, qui, soulevant le voile des expressions cherchent au creux des syllabes la réalité des choses, ont soumis à la critique les faits avancés par Wegener. Les continents sont-ils fixes? Ont-ils toujours été fixés? Quelles forces les poussent? Avec quelle vitesse errent-ils à la dérive? Dans quel sens? Vers quel but? D'où proviennent les premiers radeaux continentaux? La dérive a-t-elle lieu dans un sens déterminé ou bien est-elle sujette à des mouvements de retour? Mystères. Il faudrait pouvoir vérifier ce qui est vérifiable. Le reste ne compte pas, car entre le possible et le réel il y a captives ou déchaînées toutes les puissances formidables et désordonnées de l'imagination.

Pouvons-nous assister de nos jours à de nouvelles dérives? Il n'y a aucune raison pour qu'il ne s'en produise pas. Sommes-nous en état de les constater, de les mesurer? Comme il est entendu que ces mouvements se font avec une extrême lenteur on ne pourra les mettre en évidence qu'en comparant à d'assez longs intervalles de temps, les positions géographiques des points connus, établis avec la plus extrême précision. Les postes de télégraphie sans fil permettent maintenant de déterminer les longitudes au centième et même au milième de secondes de temps, ce qui les situerait à quinze millièmes d'arc de secondes près. Mais si la lenteur des déplacements est plus faible encore, la science sera impuissante malgré la perfection de ses méthodes et la précision de ses mesures à conclure avec Wegener et comme lui.

La face de la terre change, c'est certain, nous la voyons se modifier sous nos yeux, mais ses grands traits restent les mêmes. Sur ce visage vieilli, malgré la flétrissure des rides, les contours ont peu varié depuis les premiers âges. Depuis la lointaine période silurienne la fosse du Pacifique est restée à peu près la même. Au cours des centaines de millions d'années la vaste Thétys a pu se réduire en une étroite Méditerranée, mais le fossé transversal est toujours à la même place. Même aux cours des siècles écoulés la constance nous frappe plus encore que le changement.

Wegener a déplacé les vieilles énigmes du monde, il n'a pu les résoudre. En exaltant les enthousiasmes, son hypothèse a satisfait des esprits inquiets, provoqué de nouvelles recherches, empêché de s'endormir ceux qui reposaient déjà sur des certitudes.

La croûte est-elle mobile? Peut-être! A condition qu'on veuille bien lui accorder l'immensité du temps et de l'espace, que l'on considère les vicissitudes des formes sur des durées séculaires et sur de vastes surfaces ayant l'ampleur des continents, on peut conclure qu'il n'y a pas de terre ferme. D'ailleurs qu'ils soient stables ou en dérive, si solides qu'ils nous semblent, si immuables qu'ils nous paraissent, les continents s'en vont lentement, plus lentement que nous, certes, vers les grands cimetières où s'accomplissent les métamorphoses, où se préparent en secret de nouvelles surrections.

L.-J. DALBIS,

Professeur à l'Université de Montréal.

REVUE DES LIVRES

Depuis onze ans que paraît la Revue Trimestrielle Canadienne, beaucoup de maisons d'édition nous ont adressé des livres, susceptibles d'intéresser les professeurs et les étudiants, de l'Ecole Polytechnique et de l'Université en général. Notre rubrique de Revue de Livres n'a pas pu publier une recension de chaque ouvrage, et même pas un accusé de réception. Pour combler cette lacune, nous profitons de notre anniversaire. On trouvera ici une liste des éditeurs qui nous sont le plus fidèles, ainsi que des livres qu'ils nous ont envoyés récemment. Nous prions la Direction de ces diverses librairies d'agréer l'expression de notre vive reconnaissance.

O.M.

BIBLIOTHÈQUE D'ACTION FRANCAISE 1735 rue Saint-Denis,

Montréal.

LA PROPRIÉTÉ PRIVÉE ET LES SYSTEMES OPPOSÉS, DE PLATON A LENINE, par Damien Jasmin, professeur à la Faculté de philosophie à l'Université de Montréal. Un volume in-12 (51⁄2 x 71⁄2), 340 pages, $1.25. Dans ce volume Monsieur Damien Jasmin, docteur en droit et docteur en philosophie, traite avec une maîtrise remarquable, comme le déclare le préfacier, Monsieur Léonidas Perrin, p.s.s., doyen de la Faculté de philosophie de l'Université de Montréal, le sujet important et difficile du droit de propriété privée. Tout en suivant dans son plan la structure des thèses scolastiques, ce livre développe la doctrine classique d'une manière agréable, et le style en rend la lecture facile et entraînante.

Après un exposé de la question et des systèmes opposés, cet ouvrage de morale sociale se divise en trois parties.

La première partie, ou preuve directe du droit de propriété privée, comprend cinq démonstrations tirées de la nature de l'homme et des choses, de sa perfectibilité morale et matérielle, du droit aux fruits et à la conservation des fruits de son travail, des exigences de la famille et de la fonction publique et sociale de la propriété. Comme couronnement à cette preuve, l'auteur donne la corroboration de l'histoire ou le consentement universel des peuples civilisés, et cite avec érudition le témoignage des Livres saints, les opinions de la plupart des docteurs, des philosophes et des économistes, des législateurs et des jurisconsultes.

La deuxième partie, ou preuve indirecte du droit de propriété, est un examen critique des systèmes opposés, une réfutation des formes types du socialisme, tels que le communisme absolu avec Platon et Jean-Jacques Rousseau, le socialisme agraire de Henry George ou la nationalisation du sol, le collectivisme ou le socialisme scientifique de Louis Blanc et de Karl Marx, et le socialisme d'Etat. C'est

une magnifique synthèse démontrant, par l'élimination des principales doctrines qui nient le droit d'appropriation personnelle, la nécessité pour l'individu de posséder des choses en propre, et d'en disposer d'une manière absolue et exclusive pour la légitime satisfaction de ses besoins et des besoins de ceux qui sont à sa charge.

La dernière partie est une preuve de faits tirée du régime communiste des Soviets. Par sa récente révolution la Russie vient de présenter au monde le plus vaste laboratoire de sciences sociales de tous les temps. S'il ne nous est pas permis en morale de faire volontairement et cyniquement de l'expérimentation sur notre prochain, il nous est bien loísible, et il est même de notre devoir de profiter de l'expérience faite par d'autres malgré nous et à notre insu. Il est par trop évident que l'on ne peut négliger une entreprise socialiste d'aussi grande envergure, et l'auteur s'est particulièrement complu à bon droit dans la réfutation du bolchevisme par ses pernicieux effets à l'armée, dans l'industrie, le commerce et la finance, ainsi que par ses funestes conséquences sur la religion et la morale. Remarquable de précision cette partie ajoute certainement une valeur inestimable à l'ensemble du travail parce que cette preuve expérimentale apporte un complément à tout ce qui a pu être dit jusqu'à nos jours au sujet du droit de propriété, ainsi qu'une démonstration même accessible au vulgaire.

Notons en outre que ce volume contient une bibliographie considérable à date, et une table analytique de référence facile à chaque paragraphe numéroté. C'est chez nous un des premiers travaux du genre qui indique toute ses sources et que consulteront volontiers et toujours avec profit philosophes, moralistes, praticiens sociaux, membres de cercles d'études, etc. Il s'agit d'un sujet d'actualité par excellence qui mérite en tout point d'être approfondi puisque le Souverain Pontife, Pie XI, vient de signaler les dangers dont les vagues du communisme menacent le monde. Tous ceux qui ont à cœur la conservation de l'ordre et de la paix de la société se feront un devoir d'avoir à leur disposition ce livre qui répond à un besoin de l'heure, et qui offre la solution d'un problème des plus intéressants et des plus pratiques.

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Marie Beaudry vit à la campagne, chez son père. Un de ses voisins, Ephrem Brunet, lui fait les yeux doux. Elle ne le prend pas au sérieux. Sur les entrefaites le Père Beaudry, malade, doit quitter sa terre, qu'il loue à un fermier, et va s'établir avec sa famille au village d'Upton, où il languit. Marie Beaudry y est courtisée par un jeune interne de Montréal, le Dr Fernand Bellerose. Ephrem Brunet l'apprend et vient s'informer auprès de Marie. Il voit que son amie est conquise... par un autre. Il refoule courageusement son chagrin, mais la vie dans la campagne natale lui devient pénible. Pour faire diversion, il se rend dans la Saskatchewan, au temps des moissons. Quant à Marie, en plein rêve de bonheur, elle aperçoit un soir dans les journaux, un avis de mariage: le Dr Bellerose va bientôt épouser Mlle St-George... Sa pensée revient alors vers Ephrem. Mais lui est au loin. Heureusement, le curé d'Upton rencontre son paroissien à Monttréal et lui apprend le mariage du Docteur. Ephrem retourne sur la terre. Bientôt il rencontre Marie. Leur amitié d'enfance devient un amour sérieux.

Ni l'un ni l'autre ne se déracinera: ils vivront au contraire sur la terre, la terre vivante.

L'intrigue n'est pas compliquée et la thèse ni trop audacieuse ni trop marquée. On s'intéresse vraiment aux deux personnages principaux, Marie et Ephrem. Ce ne sont pas des êtres exceptionnels, des malades; ce sont deux bons Canadiens de la campagne, droits et sains. Le Père Beaudry, le type du vieux cultivateur, et le Curé Beaurivage, qui donne tout ce qu'il gagne, sont l'un et l'autre bien dessinés. Le petit Docteur Bellerose est, de propos délibéré, un peu fade. Les autres personnages sont esquissés. Peut-être aurions-nous aimé faire plus ample connaissance avec Mme Beaudry la mère; avec Marguerite, sœur de Marie, qui entrera bientôt au couvent; avec ses deux autres sœurs qui s'en vont travailler dans une manufacture de la ville; avec la ménagère du curé et le père d'Ephrem. Mais toutes ces silhouettes, plus appuyées, auraient sans doute nui à la simplicité et à la clarté du récit. Et l'on finit par se dire, que l'auteur a bien fait de les laisser dans l'ombre: l'intérêt se concentre mieux ainsi sur les principaux rôles.

Le titre du roman est heureux. La terre vivante, c'est d'abord cette terre qui nourrit ses enfants et qui se les attache, dont les habitants connaissent tous les aspects, de chaque jour et de chaque saison; c'est aussi celle qui nourrit les oiseaux, les insectes, les arbres, les plantes et les fleurs. Et M. Harry Bernard sait par cœur cette faune et cette flore; il les a observées et il les décrit avec amour. Au milieu de son récit, comme René Bazin, il jette quelques lignes, un paragraphe de description, une courte leçon de botanique, et cela repose et cela donne aux événements de son livre le temps de se passer.

L'auteur parle de l'amour avec délicatesse et émotion. Il a su finement marquer la différence entre la manière de fréquenter d'un jeune homme de la ville, un peu romanesque et indépendante, et celle du campagnard, plus profonde et muette. La peine des deux amoureux nous est sympathique et la dernière entrevue avant les fiançailles est une page vraiment touchante.

M. Harry Bernard a trouvé une heureuse formule du roman canadien et son style s'est ressenti de sa bonne inspiration.

LES LYCOPODINÉES DU QUÉBEC, par le R. Frère Marie-Victorin. — Contribution (No 3) du Laboratoire de Botanique de l'Université de Montréal.

Livre de 121 pages, qui contient "ce que vingt années d'herborisation et d'exploration, ajoutées aux travaux bibliographiques publiés sur ce continent et à l'étranger, ont apporté de renseignements touchant la flore lycopodinée du Québec". Figures et graphiques.

ECOLE SOCIALE POPULAIRE - 1075 rue Rachel.

POUR ET CONTRE LE TABAC, par le R. P. Pierre Fontanel, S.J.-25c. I Le tabac: a) La plante; b) Le poison. II Pour le tabac: a) Valeur antiseptique; b) Valeur médicinale; c) Anti-mélancolique; d) Aide-digestion; c) Sédatif et stimulant; f) Approbation des médecins. III Contre le tabac: a) La nutrition; b) Les nerfs; c) la psychologie, la morale, la société. Conclusion. LE LOGEMENT ET LA SANTÉ, par le R. P. Pierre Fontanel, S.J.

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