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physique relativiste, et dans le cadre de cette introduction la cinématique de la relativité restreinte trouverait place facilement. C'est une nécessité, à l'heure actuelle, de prendre beaucoup de recul dans ces questions pour ne pas perdre pied dans le mouvement d'idées que la révolution de la physique théorique vient d'occasionner et que d'autres progrès susciteront peut-être encore.

En bon pédagogue, il a cherché à ménager le débutant en même temps qu'à satisfaire la curiosité du lecteur averti. Il n'est pas nécessaire d'étudier les chapitres les plus ardus pour comprendre les autres, et certains sont d'une limpidité et d'une clarté remarquables.

Quelques nombreux que soient les traités de mécanique qui voient le jour en France, en Italie, en Allemagne à l'heure actuelle, celui-ci par l'originalité des méthodes et la largeur de son horizon, est digne du plus haut intérêt.

Il constitue une introduction géométrique très riche en aperçus originaux à l'étude de la statistique et de la cinématique.

COSMOGRAPHIE ET NAVIGATION par C. Cornet. Première partie: un volume de 350 pages avec 180 figures; 1925. 40 fr. Deuxième partie: Leçons de Mathématiques (Sous presse).

Cet Ouvrage est, sous forme de précis, la rédaction d'un cours professé: il vise à être didactique en gardant une concision nécessaire à la clarté. L'auteur, en développant les programmes actuels des examens de la Marine marchande, a exposé ce que doit savoir un capitaine de navire au point de vue des connaissances théoriques de Cosmographie et de Navigation, avec le secours des mathématiques élémentaires. L'Ouvrage est divisé en trois Parties:

La première Partie contient les matières fondamentales qu'il a paru intéressant de dégager des théories d'une utilité moins évidente et d'une application moins courante. Cette première Partie est développée pour satisfaire aux exigences d'élèves-officiers. Les capitaines de la Marine marchande (cabotage) y trouveront la totalité des matières de leur programme; ils pourront négliger certaines démonstrations et ne retenir que l'exposé du principe toujours soigneusement mis en évidence.

La deuxième Partie contient les compléments exigés pour le Long cours. La troisième Partie est la mise en pratique des principes exposés dans les deux premières; on s'est efforcé de donner aux Calculs nautiques une forme qui mette le lecteur autant que possible en contact avec la réalité de la navigation.

Chacune des trois Parties contient un index spécial indiquant exactement la correspondance des programmes officiels et des paragraphes de l'Ouvrage. NOTATIONS ET FORMULES VECTORIELLES par A. Lafay. Un vol. de 36 pages avec fig. dans le texte, 1925. 6 fr.

L'auteur a réuni sous une forme condensée les formules relatives à ce genre de calcul en utilisant les notations qui lui paraissent les plus avantageuses.

L'auteur publie aujourd'hui le résultat de ce travail qui rendra des services réels à tous ceux qui, sans pouvoir consacrer beaucoup de temps au calcul vectoriel désirent cependant en acquérir une connaissance suffisante pour ne pas être embarrassés par son emploi.

Il a donné toutes les indications nécessaires pour que ses lecteurs puissent passer sans difficultés des notations employées dans le présent ouvrage à celles des mémoires scientifiques les plus importants.

ΓΑ

Revue Trimestrielle
Canadienne

MONTRÉAL

SEPTEMBRE 1925

L'UNIVERSITÉ EN VOYAGE

Nous partons quatre-vingt-treize voyageurs, distribués dans six wagons de luxe. Notre convoi comporte en outre un wagonrestaurant, placé le quatrième à partir de l'arrière, d'un wagon pour le service et d'un wagon pour le bagage. Nous changerons en route de locomotive, aux points dits "divisionals". Nos nègres parlent le français, et j'ai l'honneur de vous présenter celui du wagon-observatoire, natif de la Guyane anglaise et que les dames ont surnommé Snowball à cause de son teint...

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A la gare, M. Beatty, le président, et d'autres officiers du Pacifique Canadien, sont venus saluer Mgr le Recteur et ses compagnons. Après une première photographie, nous démarrons à quatre heures, pour une course qui couvrira au moins 6,600 milles. Pendant que les ecclésiastiques ils sont douze - récitent les prières de l'Itinéraire, chacun feuillette les documents: programmes, livrets réclames, remis à chaque voyageur par la Compagnie. Les banlieues, mille fois parcourues, s'effacent; voici Ste-Anne, l'île Perrot, Vaudreuil, le lac des Deux-Montagnes; puis nous nous enfonçons dans la campagne assez quelconque qui précède Ottawa. Pendant ce temps, se font les présentations et déjà se nouent de bonnes amitiés. Il y a, dans notre wagon, des chanoines, des curés, des supérieurs de séminaire, des hommes d'affaires, des photographes, des professeurs, des étudiants d'un âge encore tendre...

Nous prenions le premier succulent repas du voyage quand nous entrâmes dans la capitale. Le train décrivit alors un demi

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(1) M. R. G. Amiot, M. Raoul Clouthier, M. F. Berger, tous trois de la Compagnie, viennent avec nous.

(2) Disons une fois pour toutes que le menu du bord fut toujours excellent.

cercle dont Hull occupait l'autre extrémité, ce qui nous permit d'admirer dans la belle lumière du soir les nouveaux bâtiments du Parlement Fédéral. La masse en est imposante, mais les tours, même celle du centre dont les dimensions sont si belles, paraissent raides et grêles. De Hull le spectacle est beau, mais quel malheur, que du haut de la colline parlementaire la vue tombe sur un premier plan d'usines et d'entrepôts de bois! Pour que Ottawa fût parfaitement belle, il faudrait modifier Hull!...

Pendant la nuit suivante, Pembrooke, North-Bay, Sudbury passèrent inaperçus, bien que le sommeil fût léger. Au matin, nous descendions nous dégourdir en gare de Chapleau. L'arrêt fut trop court pour nous permettre d'aller prier sur la tombe de ce pauvre Louis Hémon, tué à quelques pas d'ici par une locomotive. Pendant une demi-journée nous traversons un pays, peut-être monotone mais admirable, où nous faisons soixante lacs à l'heure. Vers le milieu de l'après-midi, nous commençons à longer la rivière Pic qui nous conduira à la baie Heron, sur le grand lac Supérieur. Dès lors, jusqu'au soir le spectacle sera magnifique de cette mer intérieure, semée d'îles, bordée de baies profondes et de promontoires formidables. Si ce sont là les portes de l'Ouest, elles sont prometteuses.

Le jour prochain éclairera pour nous la campagne manitobaine. Le premier contact avec les fameuses plaines fut excellent, et il devait le demeurer, malgré la longueur des jours, jusqu'à la fin. D'ailleurs le steppe du Manitoba diffère de celui de la Saskatchewan, et les deux ne sont pas semblables au plateau de l'Alberta. Ici, il y a encore des arbres, mais la ligne horizontale des terres rejoint le ciel, et les habitations sont bien éloignées les unes des autres. Les cultivateurs qui remuent leurs champs attellent six chevaux à la fois. D'autre part des automobiles sillonnent les chemins. Les villages et les petites villes n'ont encore rien de saillant; il faudra attendre le centre de la plaine pour trouver le type très spécial des agglomérations de l'Ouest.

Winnipeg surgit soudain au bord de la Rivière Rouge. Trois silhouettes émergent: le dôme du Parlement, l'hôtel Fort Garry, et, dans St-Boniface, la cathédrale. Grande ville certes (282,900h.), parfaitement aménagée, mais encore trop jeune pour créer l'impression du permanent. Elle a les défauts des villes américaines: construction hâtive et absence de perspective. Ce sont encore les quartiers domiciliaires qui sont les plus attrayants. D'aimables

Canadiens français nous cueillirent à la gare pour nous conduire à l'Hôtel-de-Ville. Celui-ci est déjà ancien: il doit être trop petit pour la ville. Nous y sommes reçus par le Maire sur le grand escalier. Un drapeau anglais et un drapeau américain ornent la porte d'entrée (on avait reçu la veille une délégation des ÉtatsUnis)... De l'hôtel de ville nous nous rendons au Palais du Gouvernement. Disons tout de suite que c'est un magnifique édifice; un des plus beaux du Canada, et certainement le plus beau de l'Ouest. Le grand escalier d'honneur, le vestibule de la Chambre sous la coupole au 1er étage, la Chambre elle-même avec ses décorations, et à l'extérieur, le galbe du dôme, la simplicité et les belles dimensions des façades, en font vraiment un monument à part. Il se dresse au milieu d'un vaste espace libre, qui lui donne toute sa valeur. On dit qu'il a coûté trop cher...

Chacun prit place dans le fauteuil d'un député. M. le Premier Ministre Bracken nous souhaita la bienvenue et attaqua le thème qui devait être le refrain de tous nos hôtes jusqu'à la mer: nous vous félicitons de venir nous visiter, car mieux nous nous connaîtrons, mieux nous nous comprendrons. Mgr le Recteur répondit que tel était en effet notre désir. Le Président de l'Université du Manitoba prit ensuite la parole, pour présenter ses hommages à l'Université de Montréal. Ce Président, qui est un charmant homme, n'a pas à nous montrer de somptueux bâtiments. Son Université, vassale du Gouvernement, a souffert des dépenses exigées par la construction du Parlement. Mais on songe à la transporter en dehors de la ville dans les édifices trop grands et trop nombreux du Collège d'Agriculture. Nous nous rendîmes compte, dans l'après-midi, que l'Université trouverait, sur cet admirable domaine, un cadre parfaitement adapté. Si la translation s'effectue le Gouvernement fera à l'Université, d'un seul coup, un don de plusieurs millions.

Nous eûmes l'honneur de dîner, ce midi-là, en compagnie de Mgr Béliveau, archevêque de S. Boniface, dans son modeste palais. Modeste, avons-nous dit, mais rempli du souvenir des grands évêques Taché et Langevin: vieille maison de pierre au milieu des arbres. De l'autre côté de la rue, se dresse la superbe façade romane de la cathédrale. Les plans de l'architecte J.-O. Marchand comportaient un dôme et des transepts; mais la création de l'archevêché de Winnipeg, en partageant les ressources, amena la suppression et de ce dôme et de ces transepts. Telle qu'elle est cependant la cathédrale a grand air. Elle domine le Petit Séminaire des Jésui

tes, l'Hôpital des Sœurs Grises, le Couvent de Jésus-Marie qui l'avoisinent.

Une réception eut lieu après dîner à l'Hôtel de Ville de S.Boniface. L'arcehvêque, le recteur, le maire de Montréal y prirent la parole en réponse aux allocutions des représentants de la ville. Une randonnée d'automobile suivit la cérémonie, dans la direction de S.-Norbert. On nous fit passer à travers champs pour nous montrer la maison natale de ce pauvre Riel, dont nous avions vu la tombe en face de la cathédrale. La visite de l'école d'Agriculture termina l'après-midi.

Après avoir adressé quelques cartes postales dans le salon jaune de l'hôtel Royal-Alexandra, après le très beau souper servi pour nous dans une délicieuse salle normande, nos voitures nous ramenèrent à S.-Boniface, où une réunion patriotique devait avoir lieu. La salle du Petit Séminaire entendit pendant cette heure des chants canadiens, exécutés par la chorale de la cathédrale, et de vibrants discours par le représentant des Pères, par M. Lacerte, avocat, par Mgr Cherrier, grand vicaire de Winnipeg, par Mgr Piette, l'hon. Patenaude et Mgr Béliveau. Au sortir de cette séance, un goûter nous attendait dans le jardin de l'archevêché. Et nous pûmes à notre aise sympathiser avec nos vaillants et intrépides compatriotes du Manitoba, réunis très nombreux pour nous faire fête. Au retour, Winnipeg nous apparut splendide, ses grandes rues tendues de courants électriques faisant voûte, pour le passage du Maréchal Haig.

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La réception de Régina (40,000 h.-1,896 p.) ne fut pas moins généreuse; un seul regret: Mgr Mathieu n'était pas rentré de sa visite ad limina... Par une température de 95 degrés, nous descendons du train, après neuf ou dix heures de chemin de fer. Le maire et le grand-vicaire nous accueillent et nous transportent sans tarder au Palais du Gouvernement. Où l'on ne voyait, il y a quinze ans, qu'une savane, sans arbre et sans maison, s'élève maintenant une magnifique construction surmontée d'un dôme, (dont les architectes sont les Maxwell de Montréal), en face d'un vaste lac artificiel et au milieu des buissons d'arbustes et de fleurs Ici encore l'escalier de marbre, la rotonde et la Chambre offrent un

((Nous donnons, dans ces parenthèses, la population et l'altitude en pieds.

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