Page images
PDF
EPUB

1.

de toutes parts? L'étude plus complète des substances radioactives et des rayonnements divers a achevé la conviction que la partie matérielle dans la matière est presque insignifiante comparée au volume de ce que l'on appellera champ matériel, faute d'un meilleur terme, et qui est tout simplement le volume apparent de la matière. D'après les calculs les plus sûrs, cette partie matérielle concentrée dans les électrons positifs ne serait guère que la (1800x50,000)3 partie du volume apparent de la matière, et les électrons qui girouettent tous ensemble auraient un volume du même ordre. De plus, la matière doit être infiniment discontinue; les particules, quelles qu'elles soient, gravitant loin les unes des autres, et les chocs d'une particule avec une autre doivent être aussi espacés que le sont les chocs des astres entre eux.

Là ne s'arrête pas l'étonnement au sujet de la matière. Que dire de la théorie des quanta? L'énergie est distribuée par grains et de même que le liquide ne s'écoule d'un tube étroit que lorsque la goutte est parfaitement formée, de même l'électron ne change d'orbite que lorsqu'il reçoit une quantité d'énergie bien proportionnée à la radiation qu'il peut émettre. Vraiment, l'esprit reste confondu devant ce mystère du fractionnement et du dénombrement de l'énergie. "Nous sommes en face de la théorie des quanta, disait Bauer, comme l'enfant en face du distributeur automatique de dragées; l'enfant sait qu'il lui faut mettre telle pièce d'argent pour obtenir la dragée, de même nous savons qu'il faut telle quantité d'énergie pour la production de telle radiation, mais quant au mécanisme nous l'ignorons absolument". Le quantum d'énergie se laissait quelque peu concevoir, mais, nous l'avons vu, il a fallu lui substituer le quantum d'action, une énergie multipliée par un temps, qui est une abstraction pure et simple. La nature a de ces insolences envers les plus belles conceptions; elle montre des mystères plus profonds dont les ténèbres rendent plus beau le rayon projeté sur la réalité. Que dire des trajectoires stationnaires? de cet éther complaisant que l'on accable de propriétés contradictoires? Les audaces de la relativité sont presque timides auprès de la réalité aperçue; plutôt, il fallait la relativité pour découvrir ces mystèLa relativité sort de son contact avec les atomes mieux vérifiée qu'auparavant et sans qu'elle s'impose comme un dogme, il est de plus en plus difficile de négliger ses directions et ses lois. Le docteur Gendreau, dans sa conférence mémorable sur la Relativité, disait que la théorie d'Einstein était, au point de vue philoso

res.

phique, l'essai de synthèse le plus sublime tenté par l'esprit humain, et ce modeste travail confirme l'opinion du savant professeur, car la relativité régit le monde des infiniment petits comme celui des infiniment grands, et, en somme, rien n'échappe à son action puissante.

Une incertitude très grande plane encore sur le mystère de la matière et, avant que tout voile soit levé, nous aurons bien des fois changé de systèmes d'interprétation. Un nouveau calcul sera-t-il quelque jour découvert qui permette d'étudier plus à l'aise les complications de la physique? La nature s'arithmétise et la loi des grands nombres règne partout. Au sein de l'atome doit exister un désordre harmonieux semblable à celui que nous admirons au firmament; un instinct nous dit pourtant que l'ordre divin préside à l'organisation de l'atome comme à celle de la molécule: tout doit y être simple, mais d'une simplicité qui ne se laisserait voir qu'après beaucoup de complexité apparente.

BIBLIOGRAPHIE...

"La théorie de Bohr et la classification périodique", Edmond Bauer. (J. Hermann, Paris).

"Les atomes", Jean Perrin. (Félix Alcan, Paris).

"La matière et l'énergie", Louis Rougier.

"Within the atom" by John Mills.

"La constitution des atomes", A Berthoud (Collection Payot).

"Les édifices physico-chimiques" T. I. L'atome, Dr Achalme (Payot).

"Le Radium" interprétation, et enseignement de la radioactivité. Fr Soddy (Alcan).

"The practical applications of X Rays", G. W. C. Kaye.

"Les progrès de la physique moléculaire". Conférences faites en 1913-1914

à la Société Française de physique.

"Idées modernes sur la constitution de la matière".

"La vie des atomes". A. Boutaric (Ernest Flammarion).

"La théorie des quanta et l'atome de Bohr”. Librairie Scientifique Albert Blanchard.

"The Quantum Theory" Fritz Reiche. (Methuen & Co. London).

"La constitution de l'atome et les raies spectrales”. A. Sommerfel Lib. Sci. Albert Blanchard.

"The Structure of Atoms" (Alfred Stock (Methuen & Co.)

"La structure des cristaux", Ch. Mauguin. Édité par la Société “Journal de Physique".

"Recent developement in atomic theory". Leo Greatz (Methuen & Co.) "The New Physics" Arthur Haas (Methuen & Co.)

"La Radioactivité et les transformations des éléments". Jean Becquerel (Payot).

FR. ROBERT, des E. C.

LES POSTES

Je n'entends pas faire l'histoire complète de la Poste ni une étude approfondie de son organisation et de son fonctionnement. Ce qui peut se dire à ce sujet remplirait des volumes. Je me contenterai d'effleurer les étapes principales de son développement, afin de donner une idée de ce qui s'est accompli dans cette sphère depuis le premier moment où les hommes tentèrent d'échanger entre eux des correspondances.

De tous les services d'utilité publique présentement connus, la Poste est l'un des plus anciens. En ceci comme en beaucoup d'autres choses, nous sommes redevables aux Orientaux, qui ont imaginé ce que nous n'avons fait que perfectionner. Dans l'antiquité la plus reculée, la transmission des messages se faisait par des hérauts à la voix sonore qui, montés sur des tréteaux, communiquaient les nouvelles à ceux qui venaient les entendre. C'est le moyen qu'employa Agamemnon, le roi des Grecs, lors de la guerre de Troyes, pour rassembler ses guerriers et les lancer à l'assaut des Troyens. Les Perses furent plus ingénieux. Le célèbre historien Hérodote raconte qu'en temps de guerre, alors que les chemins étaient gardés par l'ennemi, Harpagus qui voulait adresser un message dangereux à Cyrus, fait ouvrir le corps d'un lièvre, y met le message, fait recoudre la peau du lièvre et l'envoie à Cyrus. Voici un autre procédé tout aussi habile. Un maître fait couper les cheveux à son esclave, écrit sur la peau de son crâne, laisse repousser les cheveux et envoie l'esclave au destinataire du message, qui peut se servir du même moyen pour répondre. C'est une excellente espèce de correspondance secrète, mais moins rapide que le télégraphe...

"Rien, dit Hérodote, n'est plus expéditif que le mode de transmission des messages, imaginé et employé par les Perses. Sur chaque route, à intervalles égaux, sont placés des relais d'hommes et de chevaux. Ni la neige, ni la pluie, ni la chaleur, ni les ténèbres ne doivent empêcher les courriers d'accomplir leur tâche. Le premier qui arrive remet son message au second, le second au troisième et ainsi de suite jusqu'à ce que le message soit arrivé à destination". Un autre historien grec, Xénophon, attribue dans son ouvrage “La Cyropédie" l'établissement du service des courriers à Cyrus. Bien

plus, avant l'expédition de Cambyse, fils de Cyrus, en Egypte, l'on trouve dans ce pays des traces de relais au moyen desquels lui parvenaient les messages des Ethiopiens. Nous lisons dans la Bible, au livre d'Esther, que sous Assuérus, roi des Perses, Mardoché, sur les ordres du roi, envoie des messages dans toutes les provinces du royaume, au moyen de courriers montés sur des chameaux et des dromadaires. Justus, Lipsius un lettré belge qui vécut au seizième siècle, raconte le fait suivant, qui indique que les Perses avaient déjà l'idée des oiseaux voyageurs. On enlevait des hirondelles de leur nid et on les transportait ailleurs. On écrivait sur leurs ailes, au moyen d'ocre ou d'autre teinture, des signes graphiques. On rendait aux oiseaux leur liberté et ils retournaient immédiatement à leur point de départ transportant ainsi des messages. Ce mode de transmission était encore en vogue au moyen âge, avec cette différence que l'on se servait de pigeons au lieu d'hirondelles.

Les Grecs qui furent pourtant célèbres dans l'antiquité pour leur culture des lettres et des arts, ne paraissent pas avoir eu une forte idée de la poste. Cela était probablement dû au fait que la Grèce était une agglomération de petites villes et de petites républiques presque toujours en guerre les unes avec les autres et chez qui l'idée d'un système postal ne présentait pas le même intérêt que dans les grands empires orientaux.

L'on trouve chez les Gaulois des indices du service de courriers organisé par les Perses. Dans ses commentaires sur la guerre des Gaules, César raconte que la transmission des messages à destination est si rapide que l'on peut connaître le soir en Auvergne ce qui se passe le matin à Orléans. Durant son séjour en Bretagne, César écrivait deux lettres à Cicéron, qui était à Rome. Elles furent reçues par le grand orateur, l'une vingt-six jours et l'autre vingt-huit jours après leur départ, ce qui à l'époque était considéré comme un service rapide. Mais ce fut la civilisation grecque, plutôt que les mœurs orientales, qui pénétra chez les Romains au temps de la république. Voilà pourquoi, sans doute, il faut attendre à l'époque d'Auguste, pour trouver dans le grand empire occidental un service postal de quelque efficacité.

Le siècle d'Auguste est resté célèbre dans l'histoire. Le grand empereur dota Rome et l'empire d'institutions de toutes sortes. Sa politique s'appliqua particulièrement à la création de bonnes routes. La création de ces bonnes routes permit l'organisation d'un service de courriers, soit à pied, soit à cheval, soit en voi

ture, non-seulement pour la transmission des messages mais aussi pour celle des voyageurs. Auguste établit un service de relais d'hommes et de chevaux à des intervalles égaux de façon à assurer la prompte arrivée des courriers. Cependant, même sous l'empire romain, le service postal n'existe que pour l'usage de l'empereur, de sa cour et de son administration. Il faudra laisser s'écouler encore des centaines d'années avant que les particuliers puissent en avoir le bénéfice. Le service postal inauguré par Auguste, de même qu'une foule d'autres créations de ce grand empereur, furent pratiquement anéantis dans la période de l'invasion de l'empire romain par les barbares. Et malgré les efforts faits subséquemment par Théodoric, roi des Goths, et Clovis, roi des Francs, pour l'établissement d'un mode de transport des courriers, nous ne trouvons une réorganisation réelle du service postal que sous le grand empereur Charlemagne. Charlemagne rétablit en France et dans tout l'empire carlovingien, un service de courriers à peu près semblable à celui qu'avait inauguré Auguste, mais ce service ne fut comme l'autre que pour l'usage de l'empereur et de son administration.

Le moyen âge connut le règne de la féodalité, les territoires des divers états divisés et sub divisés, des grands seigneurs aspirant à être des petits rois et qui quelquefois même faisaient trembler le roi véritable. Un état de guerre presque continuel existait entre ces grands, ce qui rendait absolument impossible l'établissement d'un service postal dans les différents Etats. L'échange des correspondances se faisait alors surtout par l'intermédiaire des ordres monastiques, des universités et des corporations d'ouvriers et de commerçants, chacun de ces corps ayant à son service un certain nombre de messagers privés.

Cependant, divers Etats européens tentent d'organiser un service postal, sans résultat appréciable. Au 13ème siècle, l'Espagne et l'Allemagne l'essaient. Mais ce n'est qu'à la fin du 14ème siècle que l'Allemagne aura des courriers à cheval, et l'Espagne n'aura pas de service postal réel avant le 16ème siècle. En Angleterre, les lettres étaient transportées par des messagers privés et vers le milieu du 17ème siècle le revenu total de la Poste en ce pays était d'environ 5000 livres par année. En Italie, où Théodoric, roi des Goth, avait tenté d'établir certains moyens de correspondance, il n'y eut de service postal qu'en 1561. Le Danemark en fit une ébauche en 1624 et la Russie vers 1630.

Durant ces époques troublées, c'est à Louis XI, roi de France,

« PreviousContinue »