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minée. Je la place ici pour achever tout de suite ce qui regarde Quintius.

port que les

saires

Sur le rapdix commis revenus de Grece font au sujet de

dans le sénat

Nabis, on laisse Quintius maitre de

Les dix commissaires qui avaient été envoyés dans la Grèce, étant de retour à Rome, rendirent compte au sénat de ce qui concernait la paix conclue avec Philippe. Après quoi ils avertirent les sénateurs « qu'on était « à la veille d'avoir à soutenir une autre guerre non « moins importante contre Antiochus, roi de Syrie; et que les Étoliens, nation inquiète et pleine de mauvaise volonté contre les Romains, étaient dans la parti qu'il disposition de prendre les armes contre eux, et de joindre à Antiochus ». Je diffère à parler des mou- cap. 44, 45. vements qui amenèrent cette guerre, pour réunir ensemble tous les événements qui la regardent, ct les montrer sous un même point de vue. Les commissaires ajoutèrent « que la Grèce nourrissait elle-même dans

«

son sein un dangereux ennemi dans la personne de «Nabis, actuellement tyran de Sparte, et qui le de<< viendrait bientôt de toute la Grèce, s'il le pouvait; « tyran infame par son avarice et par sa cruauté, qui « égalaient tout ce que l'antiquité avait vu de plus « affreux en ce genre ». Après que l'on eut long-temps discuté s'il y avait assez de fondement pour lui déclarer sur-le-champ la guerre, ou si l'on se contenterait de laisser à Quintius la liberté de faire sur cet article ce qu'il jugerait le plus convenable à la république, on s'en tint à ce dernier parti, et l'on abandonna le tout à sa prudence.

prendre tel

jugera à propos. Liv. lib. 33,

contre Nabis

est résolue dans

Tous les peuples de la Grèce goûtaient dans un tran- La guerre quille repos les douceurs de la paix et de la liberté, et ils n'admiraient pas moins alors la tempérance, la justice et la modération du vainqueur romain, qu'ils avaient

l'assemblée convoquée à

des alliés

Quintius.

Liv. lib. 34, cap. 22-24.

Corinthe par admiré auparavant son courage et son intrépidité dans la guerre. Les choses étaient dans cette situation lorsque Quintius reçut de Rome le décret qui lui permettait de déclarer la guerre à Nabis. Sur cela, il convoque l'assemblée des alliés à Corinthe; et après leur avoir expliqué de quoi il s'agissait : Vous voyez, leur dit-il, que le sujet de la présente délibération vous regarde uniquement. Il s'agit de décider si Argos, ville également ancienne et illustre, située au milieu de la Grèce, jouira de la liberté comme les autres villes, ou si nous la laisserons entre les mains du tyran de Sparte, qui s'en est emparé. Cette affaire n'intéresse en rien les Romains, si ce n'est que l'esclavage d'une seule ville ne leur laisserait pas la gloire pleine et entière d'avoir délivré toute la Grèce. Délibérez donc sur ce qu'il y a à faire vos résolutions décideront de ma conduite.

Les sentiments n'étaient pas douteux. Il n'y eut que les Étoliens qui ne purent s'empêcher de faire éclater leur mécontentement contre les Romains, et qui allèrent jusqu'à les accuser de mauvaise foi, parce qu'ils retenaient Chalcis et Démétriade dans le temps même qu'ils se vantaient d'avoir rendu la liberté à toute la Grèce. Ils ne s'emportèrent pas moins contre tous les autres alliés, surtout contre les Athéniens, à qui ils reprochaient d'être devenus, de zélés défenseurs de la liberté qu'ils avaient été autrefois, de lâches adulateurs de la puissance romaine. Les alliés, indignés d'entendre de tels discours, demandaient qu'on les délivrât aussi du brigandage des Étoliens, qui n'étaient Grecs que par le langage, mais qui, par les mœurs et par le caractère, étaient de vrais barbares. Comme la dispute s'échauf

fait, Quintius les réduisit à ne parler que sur l'affaire proposée. Il fut résolu d'un consentement unanime qu'on déclarerait la guerre à Nabis, tyran de Sparte, s'il refusait de laisser Argos dans son ancienne liberté; et chacun proposa d'envoyer de prompts secours, ce qui s'exécuta fidèlement.

Aristène, général des Achéens, joignit Quintius près de Cléones avec dix mille hommes de pied et mille chevaux. Philippe envoya de son côté quinze cents hommes, et les Thessaliens quatre cents chevaux. Le frère de Quintius arriva aussi avec une flotte de quarante galères, à laquelle les Rhodiens et le roi Eumène joignirent les leurs. Un grand nombre de Lacédémoniens exilés se rendirent au camp des Romains dans l'espérance de recouvrer leur patrie. Ils avaient à leur tête Agésipolis, à qui le royaume de Sparte appartenait de droit. Encore enfant, il en avait été chassé par le tyran Lycurgue après la mort de Cléomène.

Quintius de Sparte

s'approche

pour en former le

siege. Liv. lib. 34,

On avait songé d'abord à commencer la campagne par le siége d'Argos; mais Quintius jugea plus à propos de marcher droit au tyran. Celui-ci avait eu soin de bien fortifier Sparte, entourant la ville d'un fossé, d'une palissade et d'un rempart, et il avait fait venir de Crète cap. 26-29. mille soldats d'élite qu'il joignit aux mille autres qui étaient déja dans ses troupes. Il avait encore à sa solde trois mille étrangers, et outre cela dix mille hommes du pays, sans compter les Ilotes.

Nabis prit en même temps des mesures pour se précautionner contre les mouvements intérieurs et domestiques. Ayant fait venir le peuple sans armes à l'assein

Ville de l'Argolide dans le Péloponnèse.

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blée, et ayant posté à l'entour ses satellites armés, il déclara « que la conjoncture présente l'obligeant de prendre des précautions extraordinaires pour sa pro« pre sûreté, il allait faire arrêter et enfermer un cer<«<tain nombre de citoyens qu'il aimait mieux empê«< cher ceux qui lui étaient suspects de le trahir que de <«< punir leur trahison: que, dès qu'on aurait repoussé <<< les ennemis du dehors, de la part desquels il n'y avait << pas beaucoup à craindre si le dedans était tranquille, <«< il relâcherait ses prisonniers ». Il en nomma environ quatre-vingts, qui étaient les principaux de la jeunesse, les enferma en lieu sûr, et la nuit suivante les fit tous égorger. Il fit aussi mourir dans les villages plusieurs Ilotes soupçonnés d'avoir voulu passer chez les ennemis. Ayant ainsi jeté la terreur dans les esprits, il songeait à se défendre courageusement, bien résolu de ne point sortir de la ville dans le mouvement où elle était, et de ne point hasarder une bataille contre des troupes beaucoup supérieures en nombre.

Quintius s'étant avancé jusqu'à l'Eurotas, qui coule presque sous les murs de la ville, et travaillant à y établir son camp, Nabis détacha contre les ennemis ses troupes étrangères. Comme les Romains ne s'attendaient pas à cette sortie, parce que jusque-là personne ne les avait inquiétés dans leur marche, ils furent mis d'abord un peu en désordre : mais, soutenus par le secours qui survint dans le moment, ils se rétablirent bientôt et repoussèrent l'ennemi jusque dans la ville.

Le lendemain, Quintius ayant conduit ses troupes en ordre de bataille le long de la rivière et de la ville, quand l'arrière-garde fut passée Nabis la fit attaquer par ses étrangers. Alors les Romains, ayant fait volte

:

face, le choc fut très-rude de part et d'autre mais enfin les étrangers furent enfoncés et mis en fuite. Les Achéens, qui connaissaient le pays, les poursuivirent vivement dans la campagne, et en firent un grand carnage. Quintius se campa près d'Amycles, et, après avoir ravagé toutes les belles campagnes qui étaient aux environs de la ville, il retourna camper sur les bords de l'Eurotas, et de là fit le dégât dans les vallons situés au pied du mont Taygète et dans les terres voisines de la mer. Dans le même temps, le frère du proconsul, qui commandait la flotte romaine, forma le siége de Gythium, place alors très-forte et très-importante. Les flottes d'Eumène et des Rhodiens survinrent fort à propos, car les assiégés se défendaient avec un grand courage. Le proconsul amena aussi quatre mille hommes d'élite. Enfin, après une longue et vive résistance, la ville se rendit.

La prise de Gythium alarma le tyran. Il envoya un héraut à Quintius pour lui demander une entrevue, qui lui fut accordée. «Outre plusieurs autres raisons que « Nabis faisait valoir en sa faveur, il insista fortement << sur l'alliance presque encore toute récente que les « Romains, et Quintius lui-même, avaient faite avec <«<lui dans la guerre contre Philippe; alliance sur la

quelle il devait d'autant plus compter, que les Romains << se faisaient passer pour de fidèles et religieux obser-. << vateurs des traités, auxquels ils se vantaient de ne « donner jamais atteinte; que de sa part il n'y avait « rien de changé depuis le traité; qu'il était le même «< qu'il avait toujours été auparavant, et qu'il n'avait

1 Cette ville était le port des Lacédémoniens.

Prise de Gythium par

le frère de Liv. lib. 34,

Quintius.

cap.29.

Entrevue de Quintius. cap. 30-32.

Nabis et de

Liv. lib. 34,

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