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ait été son lieutenant et son second dans la guerre qu'il avait si glorieusement terminée, et qui avait agi contre les ennemis de la république par mer, pendant que lui-même les pressait de son côté par terre. Voilà les raisons qui donnèrent à un indigne sujet, comme il paraîtra par la suite, la préférence sur un compétiteur qui était présenté par Scipion l'Africain, son cousingermain, par toute la famille des Scipions, dans une assemblée tenue par un consul de la maison Cornélia, dont la famille des Scipions était une branche, qui d'ailleurs avait pour lui le préjugé glorieux de tout le sénat, qui, en le chargeant de recevoir la mère des dieux dans la ville, l'avait déclaré le plus homme de bien qu'il y eût dans la république. Scipion l'Africain ne put pas même obtenir la place de consul plébéien pour C. Lélius, qu'il appuyait aussi de sa recommandation. On donna à Quintius pour collègue Cn. Domitius Ahenobarbus.

§ III. Les Étoliens envoient des ambassadeurs à Nabis, à Philippe et à Antiochus, pour les engager à prendre les armes contre les Romains. Nabis commence la guerre. Ambassadeurs ròmains vers Antiochus. Conversation entre Scipion et Annibal. Entrevue de Villius avec le roi, puis avec son ministre. Antiochus tient un grand conseil sur la guerre des Romains. Annibal entre en éclaircissement avec Antiochus, et en est favora blement écouté. Retour des ambassadeurs à Rome. Députés envoyés dans la Grèce. Expédition de Philopémen contre Nabis. Thoas, député par les Étoliens vers Antiochus, le presse de passer passer dans

Les Etoliens

envoient des

deurs à Nabis, à

Philippe et à Antiochus, pour les engager a

armes contre

la Grèce. Quintius détrompe les Magnètes; ils demeurent attachés plus que jamais aux Romains. Assemblée générale des Étoliens, où, malgré les remontrances de Quintius, on appelle Antiochus pour venir délivrer la Grèce. Entreprise perfide des Étoliens contre trois villes. Meurtre du tyran Nabis. Antiochus songe à passer dans la Grèce. Thoas lui inspire de la jalousie contre Annibal. Antiochus passe en Europe. Discours du prince dans l'assemblée des Étoliens. Il est déclaré généralissime. Il fait une tentative inutile sur Chalcis. Assemblée des Achéens. Discours de l'ambassadeur d'Antiochus. Discours de l'ambassadeur des Etoliens. Réponse de Quintius. Les Achéens se déclarent contre Antiochus. Ce prince se rend maitre de Chalcis et de toute l'Eubée.

Rome n'avait point alors de plus grands ennemis que ambassa les Etoliens. Thoas, actuellement leur souverain magistrat, ne cessait de les animer en leur représentant avec chaleur et emportement le mépris où ils étaient chez les Romains depuis la victoire remportée sur Phiprendre les lippe, à laquelle pourtant les Étoliens avaient eu la les Romains. plus grande part. Ses remontrances eurent l'effet qu'il en avait espéré. Dans une assemblée générale qui se tint à Naupacte, on députa Damocrite vers Nabis, Nicandre à Philippe, et Dicéarque, frère de Thoas, à Antiochus, avec des instructions particulières pour chacun de ces princes, mais tendant toutes à un même but, c'est-à-dire à les engager également, quoique par différents motifs, à se déclarer contre les Romains.

Liv. lib. 35, cap. 12.

Le premier représenta au tyran de Sparte « que les «Romains avaient entièrement énervé sa puissance en « lui ôtant les villes maritimes, puisque c'était de là qu'il tirait ses galères, ses troupes, ses matelots ses murs il avait la douleur

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qu'enfermé presque dans

de voir les Achéens dominer dans le Péloponnèse :

« qu'il n'aurait jamais une occasion pareille à celle qui «< se présentait actuellement de recouvrer son ancien pouvoir que les Romains n'avaient point d'armée « dans la Grèce : qu'il pouvait s'emparer facilement de «Gythium, qui était fort à sa bienséance; et que la

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prise d'une ville comme celle-là ne paraîtrait pas aux «Romains un sujet qui méritât de faire passer de nou⚫ veau leurs légions dans la Grèce ».

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Nicandre avait des motifs encore plus forts pour animer Philippe, qui avait été dégradé d'un rang beaucoup plus élevé, et à qui l'on avait ôté beaucoup plus de choses qu'au tyran. «Il faisait valoir, outre cela, l'ancienne réputation des rois de Macédoine, et l'univers conquis par leurs armes. Il ajoutait que le parti qu'il lui proposait n'avait aucun risque pour lui; qu'il «< ne lui demandait point de se déclarer avant qu'An«tiochus fût passé en Grèce avec son armée. Et si vous seul, ajoutait-il, sans être secouru par Antiochus, < avez soutenu si long-temps avec vos seules forces la guerre contre les Romains et les Étoliens unis ensemble, comment les Romains vous résisteraient-ils maintenant que vous aurez pour alliés Antiochus et les Étoliens? Il n'oubliait pas la circonstance d'Annibal, ennemi né des Romains, et qui leur avait tué plus « de généraux et de soldats qu'il ne leur en restait. » Dicéarque prit Antiochus par d'autres endroits.

ex

Nabis

commence

la guerre.

cap. 13.

<< Avant tout il lui fit sentir que, dans la guerre contre

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Philippe, les Romains avaient profité de la défaite de «< ce prince, mais que l'honneur de la victoire apparte<<< nait tout entier aux Étoliens; qu'eux seuls leur avaient << ouvert l'entrée dans la Grèce, et qu'ils les avaient mis « en état de vaincre l'ennemi en leur prêtant leurs forces. Il faisait un long dénombrement des troupes d'infan<< terie et de cavalerie qu'ils fourniraient au roi, aussi<«< bien que des places fortes et des ports de mer dont ils <«< étaient maîtres. A l'égard de Philippe et de Nabis, qui n'étaient pas là le démentir, il avançait, <«< aussi hardiment que s'il en eût été chargé de leur part, qu'ils étaient résolus de se joindre à lui, et.de saisir <«< la première occasion qui se présenterait de recouvrer «< ce qu'ils avaient perdu dans la guerre précédente. >>

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pour

Voilà quels mouvements se donnaient les Étoliens pour susciter à Rome des ennemis de tous côtés. Les deux rois néanmoins ne s'ébranlèrent point alors; et celui même qui prit dans la suite le parti qu'ils souhaitaient ne s'y déterminait que lentement.

Nabis se hâta davantage, et il envoya sur-le-champ dans toutes les places maritimes pour les porter à la réLiv. lib. 35, volte. Il gagna par présents plusieurs des principaux, et il se défit sous main de ceux qu'il trouvait attachés opiniâtrément au parti des Romains. Quintius, en partant de Grèce, avait chargé les Achéens de veiller à la défense des villes maritimes. Ils députèrent aussitôt au tyran pour le faire souvenir du traité qu'il avait fait avec les Romains, et pour l'exhorter à ne pas rompre une paix qu'il avait désirée et demandée avec tant d'ardeur. Ils envoyèrent en même temps du secours à Gythium que le tyran avait déja assiégé, et des am

bassadeurs à Rome pour y donner avis de tout ce qui se passait.

Ambassa

deurs

Liv. lib. 35,

Antiochus ne se déclarait pas encore, mais il prenait des mesures secrètes pour le grand dessein qu'il roulait romains vers dans son esprit. J'ai dit auparavant que les Romains Autocus avaient envoyé Sulpicius, Ælius et Villius en qualité cap. 13. d'ambassadeurs vers ce prince. Ils avaient eu ordre de passer d'abord chez Eumène. Ils se rendirent donc à Pergame, la capitale de son royaume. Ils le trouvèrent dans un grand désir que l'on déclarât la guerre à Antiochus, parce que, comptant sa défaite assurée, il espérait en tirer de grands avantages.

Sulpicius étant demeuré malade à Pergame, Villius, qui avait appris qu'Antiochus était occupé à la guerre de Pisidie, se rendit à Éphèse, où il trouva Annibal. Il eut plusieurs entretiens avec lui, dans lesquels il· tâcha, mais inutilement, de lui persuader qu'il n'avait rien à craindre de la part des Romains. Mais il réussit mieux, supposé qu'il en ait eu le dessein, à le rendre suspect au roi. En faisant au Carthaginois de fréquentes visites, en lui témoignant beaucoup d'amitié, il fit naître dans l'esprit d'Antiochus de la défiance contre lui, comme nous aurons bientôt occasion de le voir.

Tite - Live cite des historiens qui avaient écrit que Scipion l'Africain était de cette ambassade, et que ce fut lui qui eut avec Annibal les conversations dont je viens de parler. Il en rapporte même une, d'après eux, avec un assez grand détail, et marque que, Scipion ayant demandé à Annibal qui il jugeait qu'on dût regarder comme le plus grand des généraux, le Carthaginois lui répondit, que c'était Alexandre-le-Grand; parce qu'avec un petit nombre de Macédoniens il avait

Tome XVIII. Hist. Rom.

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Conversation entre

Scipion et Liv. lib. 35,

Annibal.

cap. 14.

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