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Diverses expéditions.

cap. 10 - 13.

et quand il aurait pu venir à bout d'arrêter pour quelque temps les plaintes de ses sujets sur une action aussi noire, espérait-il pouvoir aussi en étouffer le souvenir?

Il se fit de part et d'autre plusieurs expéditions tant Liv. lib. 44, par mer que par terre, qui n'eurent pas beaucoup de suites, et ne furent pas fort importantes. Le préteur C. Marcius forma quelques siéges, qu'il fut obligé de lever.

Retour de

Polybe dans

Quand Polybe revint dans le Péloponnèse après son l'Achaie. ambassade, la lettre d'Appius, par laquelle il demandait pag. 78. cinq mille hommes, y avait déja été portée. Peu de

Polyb. Leg.

Prusias et

les Rhodiens

temps après, le conseil assemblé à Sicyone pour délibérer sur cette affaire, jeta Polybe dans un grand embarras. Ne point exécuter l'ordre qu'il avait reçu dụ consul Q. Marcius, c'eût été une faute inexcusable: d'un autre côté, il était dangereux de refuser des troupes qui pouvaient être utiles aux Romains, et dont les Achéens n'avaient pas besoin. Pour se tirer d'une conjoncture si délicate, il eut recours à un décret du sénat romain, qui défendait qu'on eût égard aux lettres des généraux, à moins qu'elles ne fussent accompagnées d'un ordre du sénat, et Appius n'en avait pas joint aux siennes. Il dit donc qu'avant de rien envoyer à Appius, il fallait informer le consul de sa demande et attendre ce qu'il en déciderait. Par là Polybe épargna aux Achéens une dépense qui serait montée à plus de six-vingt mille écus.

Cependant il arriva à Rome des ambassadeurs de la envoient des part de Prusias, roi de Bithynie, et de celle des Rhoambassa- diens en faveur de Persée. Le discours des premiers Rome en n'avait rien que de modeste par rapport aux Romains,

deurs à

faveur

de Persée mais marquait peu de droiture à l'égard de celui pour

lequel Prusias feignait de s'intéresser. Ils déclarèrent Liv. lib. 44. <«< que leur maître avait toujours été attaché au parti des cap. 14, 15. << Romains, et ne cesserait point de l'être tant que dure« rait la guerre : mais qu'ayant promis à Persée d'em

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ployer pour lui ses bons offices auprès des Romains << pour en obtenir la paix, il les priait, s'ils pouvaient « se résoudre à mettre bas leur ressentiment, de donner « à entendre qu'ils le faisaient à sa considération, en « sorte qu'il pût s'en faire un mérite auprès du roi de « Macédoine ». Les Rhodiens tinrent un langage bien différent. « Après avoir étalé d'un style fastueux les ser<«< vices qu'ils avaient rendus au peuple romain, et s'être <«< attribué la plus grande part dans les victoires remportées avec leur secours sur les ennemis de Rome, « et particulièrement sur Antiochus, ils ajoutèrent que, pendant que la paix subsistait entre les Macédoniens « et les Romains, ils avaient commencé à entrer en <<< alliance avec Persée; qu'ils avaient interrompu cette « alliance malgré eux, et sans aucun sujet de plainte «< contre le roi, parce qu'il avait plu aux Romains de «< les engager dans la guerre : que depuis trois ans que « cette guerre durait ils en souffraient beaucoup d'in«< commodités que, le commerce de la mer étant inter<«< rompu, l'île sentait une grande disette par le retran«chement des revenus et des émoluments qu'ils en <«< retiraient que, ne pouvant plus supporter des pertes « si considérables, ils avaient envoyé des ambassadeurs <«<en Macédoine au roi Persée, pour lui déclarer que les <«< Rhodiens jugeaient nécessaire qu'il fit la paix avec « les Romains qu'on les avait aussi envoyés à Rome « pour y faire la même déclaration que, si l'une ou <«<l'autre des deux puissances refusait de se rendre à une

Réponse du sénat au dis

lent des

Rhodiens.

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proposition si raisonnable et de mettre fin à la guerre, << les Rhodiens verraient ce qu'ils auraient à faire. »>

On juge aisément de quelle manière fut reçu un discours inso- cours si follement vain et si présomptueux. Il y a des historiens qui ont dit que, pour toute réponse, on fit lire en leur présence une ordonnance du sénat, qui déclarait les Cariens et les Lyciens libres. C'était les piquer au vif et les mortifier par l'endroit le plus sensible; car ils regardaient comme leurs sujets ces deux peuples, qui leur avaient été soumis par un décret du sénat après la guerre contre Antiochus. Selon d'autres, le sénat répondit, en peu de mots, «qu'on connaissait depuis long-temps à Rome la disposition des Rhodiens et <<< leurs intelligences secrètes avec Persée: que, quand <«< Rome l'aurait vaincu, ce que l'on espérait qui arrive<«< rait au premier jour, elle verrait à son tour ce qu'elle << aurait à faire, et traiterait alors chaque peuple selon « la conduite qu'il aurait tenue dans cette guerre ». On offrit pourtant à leurs ambassadeurs les présents ordinaires; mais ils ne les acceptèrent point.

Lettres du consul Mar

On fit ensuite lecture de la lettre du consul Q. Marcius au sénat. cius, dans laquelle il rendait compte de la manière Liv. lib. 44, dont il était entré dans la Macédoine, après avoir essuyé

cap. 16.

des peines incroyables dans le passage d'un défilé fort étroit. Il ajoutait que le préteur lui avait ramassé de tous les pays voisins des vivres pour l'hiver, et qu'en particulier il avait reçu des Épirotes vingt mille mesures de froment et dix mille d'orge, dont le prix devait

1 Il a été dit plus haut que les
Épirotes étaient entrés dans le parti

de Persée. De deux choses l'une, ou
il y a faute ici dans le texte de Tite-

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Live, ou une partie de la nation des
Épirotes était demeurée fidèle aux

Romains.

être payé à leurs ambassadeurs, qui étaient à Rome : mais qu'il fallait lui envoyer d'Italie des habits pour les soldats, et qu'il avait besoin de deux cents chevaux numides, s'il se pouvait que le pays où il était ne lui fournissait rien de ce qui est nécessaire à une armée. Tous ces articles furent exécutés promptement et exac

tement.

On donna après cela audience à un seigneur de Macédoine, appelé Onésime. Il avait toujours porté le roi à la paix; et, le faisant souvenir que Philippe, son père, jusqu'au dernier jour de sa vie s'était toujours fait lire, régulièrement deux fois chaque jour, le traité qu'il avait conclu avec les Romains, il l'avait exhorté d'en faire autant, sinon avec la même régularité, du moins de temps en temps. Ne pouvant le détourner de la guerre, il avait commencé par se retirer des conseils sous différents prétextes, pour ne point être témoin des résolutions que l'on y prenait, et qu'il ne pouvait point approuver. Enfin, voyant qu'il était devenu suspect, et regardé tacitement comme un traître, il se réfugia chez les Romains, et fut d'un grand secours au consul. Ayant exposé au sénat tout ce que je viens de dire, il en fut très-bien reçu, et le sénat lui donna un établissement honnête à Tarente; savoir, une belle maison dans la ville, et deux cents arpents de terre à la campagne.

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SIII. Inquiétude générale à Rome sur le choix prochain des consuls. Paul Émile est nommé consul avec Licinius Crassus. Sages précautions de Paul Émile. Ambassade d'Égypte à Rome. Les commissaires revenus de Macédoine rendent compte des armées de terre et de mer. On hâte le départ des généraux. Dénombrement de leurs troupes. Attention sur le choix des tribuns légionaires. Discours de Paul Émile au peuple avant son départ. Préparatifs de Persée contre les Romains. Différentes ambassades de ce prince vers Gentius, les Rhodiens, Eumène et Antiochus. Persée se prive, par son avarice, du puissant secours des Bastarnes. Avarice et perfidie de Persée à l'égard de Gentius. Conquête rapide de l'Illyrie par le préteur Anicius. Persée se campe avantageusement. Paul Émile rétablit la discipline dans son armée. Il découvre des eaux dans un lieu qui en manquait. On apprend la nouvelle de la victoire remportée en Illyrie. Les ambassadeurs des Rhodiens arrivent dans le camp. Paul Émile délibère sur la manière d'attaquer Persée. Il envoie Scipion Nasica avec un gros détachement pour s'emparer de Pythium. Il amuse Persée par de légères escarmouches sur les bords de l'Enipée. Scipion s'empare de Pythium, et demeure maître du passage. Persée quitte l'Énipée, et s'avance vers Pydna, résolu d'y hasarder le combat. Paul Émile differe sagement de le donner. Sulpicius Gallus prédit aux Romains une éclipse de lune. Paul Émile expose les raisons qu'il a eues de

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