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Quintius fait

sortir

les garnisons

pour chacun desquels on payait cinq cents deniers, c'est-à-dire deux cent cinquante livres. Le nombre, par conséquent, montait ici à douze cents. Qu'on juge par proportion de tout le reste.

L'assemblée n'était pas encore finie qu'on vit la garnison descendre de la citadelle, puis sortir de la ville. romaines de Quintius la suivit de près, et se retira au milieu des de Corinthe, acclamations des peuples, qui l'appelaient leur sauveur et leur libérateur, et faisaient mille vœux au ciel pour

de Chalcis, et de

Démétriade.

Liv. lib. 34, lui.

cap. 48-50.

affaires

de Thessalie. Liv. ibid.

Il tira pareillement les garnisons de Chalcis et de Démétriade, et y fut reçu avec les mêmes applaudisIl règle les sements. De là il passa en Thessalie, dans le dessein non-seulement de rendre la liberté aux villes de cette contrée, mais d'y rétablir une forme de gouvernement supportable, après la confusion et le désordre qui y avaient régné jusque-là: car ce n'étaient pas seulement les malheurs des temps, ou la tyrannie des rois, qui avaient causé parmi eux ces troubles, mais encore leur caractère naturellement inquiet et remuant, n'y ayant jamais eu parmi eux, depuis leur origine jusqu'au temps dont nous parlons, et même jusqu'à celui où écrivait Tite - Live, ni assemblée particulière dans chaque ville, ni états-généraux de toute la nation, qui n'eussent été troublés par le tumulte des partis et des séditions. Il se régla principalement sur le revenu des' citoyens pour choisir des juges et pour former un sénat, persuadé qu'un des moyens les plus efficaces pour rétablir le bon ordre parmi ce peuple était de mettre le crédit et la puissance entre les mains de ceux qui, par la situation de leur fortune, avaient le plus d'intérêt à maintenir la paix et la tranquillité dans la nation.

Quintius, ayant réglé les affaires de la Thessalie, passa par l'Épire, vint à Orique, s'embarqua pour l'Italie, et arriva à Rome, où toutes ses troupes se rendirent aussi. Le sénat lui donna audience hors de la ville, comme c'était la coutume; et après qu'il eut rendu un compte exact de tout ce qu'il avait fait, les sénateurs lui décernèrent d'un consentement unanime l'honneur du triomphe, qu'il avait si bien mérité. La cérémonie dura trois jours, pendant lesquels il fit passer en revue devant le peuple les précieuses dépouilles qu'il avait amassées dans la guerre contre le roi de Macédoine. Démétrius, fils de Philippe, et Armène, fils de Nabis, étaient parmi les ôtages, et ornaient le triomphe du vainqueur : mais ce qui en faisait le plus bel ornement, étaient les citoyens romains délivrés d'esclavage, qui suivaient le char la tête rase en signe de la liberté qui venait de leur être rendue. Il fit distribuer à chacun de ses soldats vingt-cinq deniers (douze livres dix sous), le double aux centurions, le triple aux cavaliers.

J'ai déja averti que je me donnais la liberté de différer ou d'anticiper certains faits sans m'astreindre à raconter année par année ce qui s'est passé, pour ne point trop couper la suite d'une même histoire, et pour en exposer les divers événements sous un même point de vue. Les dates, qui sont à la marge pour chaque consulat, facilitent le moyen de rapprocher les uns des autres, quand on le voudra, les faits qui ont concouru pour le temps. Je reviens donc sur mes pas.

120 fr. 45 cent. L.

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AN. R. 555.

Av. J.C. 197.

Heureux succès des

dans la

Gaule,

cap. 29-31.

C. CORNELIUS CÉTHÉGUS.

Q. MINUCIUS RUFUS.

Ces deux consuls avaient eu pour département la deux consuls Gaule. Après avoir rempli les devoirs ordinaires de religion, ils partirent tous deux pour leur province. Liv. lib. 32, Cornélius marcha par le plus droit chemin contre les Insubriens, qui étaient actuellement sous les armes avec les Cénomans leurs alliés. Bresse (Brixia) était la capitale de ceux-ci, et Milan des Insubriens. Q. Minucius, prenant sur la gauche, tourna vers la mer, et, s'avançant du côté de Gênes, attaqua d'abord les Liguriens. Tout lui réussit parfaitement. Déja il avait réduit sous la puissance romaine toutes les nations qui sont en-deçà du Pô, excepté les Boïens et les Ilvates, dont les premiers étaient Gaulois, et les autres Liguriens. On faisait monter à quinze le nombre des bourgades qui s'étaient rendues, et à vingt mille celui de leurs habitants. De là le consul mena ses légions sur les terres des Boïens 1.

Peu avant son arrivée, les Boïens avaient passé le Pô avec leur armée, et s'étaient joints aux Cénomans et aux Insubriens pour opposer toutes leurs forces réunies aux ennemis, qu'ils croyaient aussi devoir se joindre pour les attaquer. Mais, quand ils apprirent que l'un des deux consuls ravageait leurs terres, ils y retournèrent pour les défendre. Cependant les Insubriens et les Cénomans se campèrent sur les rives du fleuve Mincio, et le consul Cornélius environ à cinq mille pas au-dessous d'eux. Celui-ci, ayant gagné les Cénomans, les engagea à demeurer dans l'inaction

Leur capitale était Bononia ( Bologne ).

!

pendant que l'on en serait aux mains. Le combat se donna. Les Insubriens furent pleinement défaits. On prétend qu'ils laissèrent sur la place trente-cinq mille hommes; et qu'il y en eut près de six mille de pris avec cent trente drapeaux et plus de deux cents chariots. Les villes des Cénomans qui s'étaient engagées dans la révolte des Insubriens se soumirent aux vainqueurs.

Les Boïens, qui étaient retournés chez eux, ayant appris la pleine défaite des Insubriens, n'osèrent point hasarder un combat contre Minucius, et se répandirent dans les places de leur pays. Sur ces nouvelles, les Ilvates, peuple de Ligurie, se rendirent sans tenter une inutile résistance. Les consuls informèrent le sénat de ces heureux succès. On ordonna que les temples seraient ouverts pendant quatre jours, et que, pendant ce tempslà, on rendrait aux dieux des actions de graces pour tous ces avantages, qu'ils regardaient comme un effet sensible de leur protection.

est accordé à l'un des

consuls, et

refusé à l'autre. Liv. lib. 33,

Quand les deux consuls furent de retour à Rome, le Le triomphe sénat leur donna audience dans le temple de Bellone. Ils-demandèrent tous deux ensemble que le senat leur accordât le triomphe pour les avantages qu'ils avaient remportés sur les ennemis de la république. Pour-lors cap. 22, 23. deux tribuns du peuple déclarèrent qu'ils ne permettraient pas qu'ils fissent leur demande en commun, n'étant pas raisonnable que la même récompense fût accordée à des services qui ne la méritaient pas également. Quelque bon témoignage que Cornélius rendît à Minucius, ne craignant point de diminuer sa gloire en la partageant avec son collègue, il fallut, après de longues contestations, faire la demande séparément. Le triomphe fut accordé à Cornélius pour avoir vaincu les

AN. R. 556.

Av. J. C. 196.

Nouvelles défaites des Gaulois.

Liv. lib. 33, cap. 36, 37.

Insubriens et les Cénomans. Quant à Minucius, il ne put obtenir du sénat le même honneur. Mais il s'en dédommagea en triomphant de son autorité privée sur le mont Albain, à l'exemple de quelques autres généraux qui s'étaient trouvés dans le même cas que lui.

L. FURIUS PURPUREO.

M. CLAUDIUS MARCELLUS.

Il s'en fallait bien que les Gaulois, si l'on en excepte les Cénomans, fussent pleinement soumis, et se regardassent comme entièrement vaincus. Ils donnèrent encore de l'exercice aux nouveaux consuls. Dans un premier combat, Marcellus, attaqué par les Boïens, perdit trois mille hommes. Il répara bientôt cette perte. Ayant passé le Pô, il mena ses troupes dans le territoire de ceux de Come, qui, soulevés par les Insubriens, s'étaient joints à eux avec toutes leurs forces. Il se donna un combat dans lequel, si l'on en croit un historien (Valérius Antias), Marcellus tua aux ennemis plus de quarante mille hommes, leur prit cinq cents drapeaux, quatre cent trente-deux chariots, et un grand nombre de colliers d'or, dont il en offrit un d'une pesanteur extraordinaire à Jupiter Capitolin. Ce jour même, le camp des vaincus fut forcé et pillé. Quelques jours après, la ville de Come fut prise, et vingt-huit châteaux se rendirent tout de suite.

Les deux consuls, ayant réuni leurs troupes, passèrent dans le pays des Liguriens, où les Boïens les suivirent. Il s'y livra un second combat, où il parut bien, dit Tite-Live, que la colère peut beaucoup pour animer la valeur; car les Romains, indignés que les Gaulois ne cessassent point de les fatiguer par leurs

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