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amène les

avis, qui était d'accorder la

paix à Nabis.

cap: 33, 34.

« donné aux Romains aucun sujet de plainte et de re<< proche. >> Ce raisonnement était concluant; et, pour dire le vrai, Quintius n'avait rien de solide à y opposer. Aussi, en lui répondant, ne fit-il que se répandre en plaintes vagues, et que lui reprocher son avarice, sa cruauté, sa tyrannie. Mais lors du traité était-il moins avare, moins cruel, moins tyran? Il ne fut rien conclu dans cette première entrevue.

Le lendemain Nabis convint d'abandonner la ville d'Argos, puisque les Romains l'exigeaient; comme aussi de leur rendre les prisonniers et les transfuges. Il pria Quintius, s'il avait quelques autres demandes à lui faire, de les mettre par écrit, afin qu'il en pût Quintius délibérer avec ses amis. Quintius, en étant convenu, alliés à son tint conseil avec les alliés. «La plupart étaient d'avis « de continuer la guerre contre Nabis, laquelle ne pou<< vait être glorieusement finie qu'en exterminant le Liv. lib. 34, « tyran, ou du moins la tyrannie: qu'autrement on ne pouvait compter que la liberté eût été rendue à la « Grèce : que les Romains ne pouvaient point faire d'ac«< cord avec Nabis sans le reconnaître solennellement, << et sans autoriser son usurpation. » Quintius inclinait pour la paix. «Il craignait que le siége de Sparte ne << traînât en longueur; pendant ce temps-là la guerre « d'Antiochus pouvait éclater tout à coup : et n'aurait<< on pas alors besoin de toutes les forces et des Romains «< et des alliés pour les opposer à un ennemi si puissant?»> Telles étaient les raisons qu'il alléguait pour déterminer à un accommodement. Peut-être que des vues particulières se joignaient à celles du bien public. Il craignait qu'un nouveau consul n'eût pour département la Grèce, et ne vînt lui enlever la gloire de terminer, par une

victoire complète, une entreprise qu'il avait si fort avancée.

Voyant que ses raisons faisaient peu d'impression sur l'esprit des alliés, il feignit de se rendre à leur avis, et par ce détour il les amena tous dans le sien. « A la « bonne heure, dit-il, assiégeons Sparte, puisque vous « le jugez à propos, et n'épargnons rien pour faire « réussir notre entreprise. Comme vous savez que soua vent les siéges traînent plus en longueur qu'on ne « voudrait, arrangeons-nous pour prendre ici nos quar<< tiers d'hiver, s'il le faut; ce parti est digne de votre « courage. J'ai suffisamment de troupes pour venir à « bout du siége; mais plus le nombre en est grand, • plus nous avons besoin de vivres et de convois. L'hiver qui approche ne nous offre qu'une terre toute nue, <«<et nous laisse sans fourrages. Vous voyez de quelle <<< étendue est la ville, et combien par conséquent il « nous faut de béliers, de catapultes, et d'autres ina« chines de toutes sortes. Écrivez chacun à vos villes, afin qu'elles nous fournissent abondamment et promp« tement tout ce qui nous sera nécessaire. Il est de notre «< honneur de pousser vigoureusement ce siége; et il << nous serait honteux, après l'avoir commencé, d'être obligés de le quitter. » Chacun alors, faisant ses réflexions sur le parti que l'on proposait, aperçut bien des difficultés qu'il n'avait pas prévues, et sentit combien la proposition qu'ils allaient faire à leurs villes y serait mal reçue lorsque les particuliers se verraient obligés de contribuer du leur aux frais de la guerre. Ainsi, changeant tout d'un coup de sentiment, ils laissèrent au général romain la liberté de faire ce qu'il ju

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Conditions de paix pro

gerait le plus utile pour le bien de sa république et pour celui des alliés.

posées à pela que

Nabis.

Liv. lib. 34,

Alors Quintius, ayant tenu un conseil auquel il n'appela que les premiers officiers de l'armée, convint avec eux des conditions de paix qu'on pouvait offrir au tyran. cap. 35. Les principales étaient « qu'avant dix jours Nabis éva<«< cuerait Argos, aussi-bien que les autres villes de l'Ar« golide où il avait des garnisons; qu'il restituerait aux << villes maritimes toutes les galères qu'il leur avait prises, <«< et ne conserverait pour lui que deux felouques à seize « rames; qu'il rendrait aux villes alliées du peuple ro« main tous leurs prisonniers, leurs transfuges et leurs <«< esclaves; qu'il rendrait aussi aux Lacédémoniens ban«nis leurs femmes et leurs enfants qui voudraient les suivre, sans pourtant les y contraindre; qu'il donne<<< rait cinq ôtages au gré du général romain, du nombre desquels serait son fils; qu'il paierait actuellement «< cent talents d'argent (cent mille écus), et dans la << suite cinquante chaque année pendant le cours de << huit ans : on lui accordait une trève de six mois pour << envoyer de part et d'autre des ambassadeurs à Rome, « et y faire ratifier le traité ».

«

Aucun de ces articles ne plaisait au tyran; mais il fut surpris et se trouvait heureux qu'on n'eût point parlé de faire revenir les bannis. Ce traité, quand on en sut le détail dans la ville, excita un soulèvement général. Ceux qui avaient épousé les femmes des bannis, les esclaves mis en liberté par le tyran, les soldats même, s'en plaignaient tous hautement. Ainsi il ne fut plus mention de paix, et la guerre recommença tout de nou

veau.

550,000 fr. - L.

Quintius alors songea à pousser vivement le siége, et commença par examiner la situation et l'état de la ville. Sparte avait été long-temps sans murailles, et n'avait point voulu avoir d'autre fortification que le courage de ses citoyens. Ce n'était que depuis que les tyrans y dominaient qu'on y avait bâti des murs, et cela seulement dans les endroits qui étaient ouverts et d'un facile accès; tout le reste n'était défendu que par sa situation naturelle, et par des corps de troupes qu'on y plaçait. Comme l'armée de Quintius était fort nombreuse (elle montait à plus de cinquante mille hommes, parce qu'il avait fait venir toutes les troupes de terre et de mer), il résolut de s'étendre tout autour de la ville, et de l'attaquer en même temps de tous côtés pour y jeter la terreur, et pour mettre les assiégés hors d'état de se reconnaître. En effet, tout étant attaqué dans le même moment, et le danger étant égal de toutes parts, le tyran ne savait quel parti prendre, ni quels ordres donner, ni où il fallait envoyer du secours; et il était tout hors de lui.

Les Lacédémoniens soutinrent quelque temps l'attaque des assiégeants qui étaient entrés dans la ville, tant que l'on combattit dans des défilés et dans des lieux étroits. Leurs traits cependant et leurs javelots avaient peu d'effet, parce qu'étant fort serrés ils n'avaient pas les bras libres pour les lancer fortement. Les Romains, gagnant toujours du terrain, se sentirent tout d'un coup accablés de pierres et de tuiles qu'on jetait sur

Il y avait un peu plus de cent ans que Sparte avait commencé à se fortifier de murs, premièrement lorsque Cassandre, l'un des successeurs d'Alexandre, attaqua plusieurs

villes dans la Grèce; ensuite lors-
qu'elle fut attaquée par Démétrius,
puis par Pyrrhus. Enfin Nabis y
ajouta de nouvelles fortifications.
(JUSTIN. Pausan.)

L'entrevue eu d'effet,

n'ayant pas

Quintius

pousse vivement le siége de Sparte. Liv. lib. 34,

cap. 36-39.

eux du haut des toits. Mais, ayant mis leurs boucliers sur leurs têtes, ils s'avancèrent ainsi en tortue, sans que ni les traits, ni les tuiles, pussent leur nuire en aucune façon. Quand ils furent arrivés dans des rues plus larges, alors les Lacédémoniens, ne pouvant plus soutenir leur effort, ni tenir devant eux, prirent la fuite, et se retirèrent dans les lieux les plus élevés et les plus escarpés. Nabis, croyant la ville prise, cherchait avec grande inquiétude comment et de quel côté il pourrait s'échapper. Pythagore, son gendre et son beau-frère en même temps, sauva la ville. Il fit mettre le feu aux édifices qui étaient proche du mur. Les maisons furent bientôt enflammées; l'incendie gagna en peu de temps, et la fumée seule était capable d'arrêter les ennemis en les aveuglant et les mettant hors d'état d'agir. Les Romains étaient accablés non seulement d'une grêle de tuiles et de pierres, mais encore de la chute des solives et des poutres brûlantes qui se détachaient de moment à autre. C'est pourquoi ceux qui étaient encore hors de la ville, et qui se préparaient à y entrer, s'éloignèrent promptement des murailles; et ceux qui y étaient entrés les premiers, craignant que les flammes qu'ils apercevaient derrière eux ne leur fermassent toute issue, en sortirent au plus vite. Quintius, dans ce désordre inopiné, fit sonner la retraite, et, après s'être vu presque maître de la place, il fut contraint de remener ses troupes dans le camp.

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Les trois jours suivants il profita de la terreur qu'il avait jetée dans la ville, tantôt en entreprenant de nouvelles attaques, tantôt en faisant fermer différents endroits, pour ôter aux assiégés toute issue et toute espérance de se sauver. Nabis, se voyant sans ressource,

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