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PRONONCÉ

A L'OUVERTURE DE LA SÉANCE PUBLIQUE

Du 26 Juillet 1857,

PAR M. DE SAINT-MARSAULT,

Président d'honneur,

MESSIEURS,

Nous nous faisons toujours un devoir d'assister chaque année à votre séance solennelle, et ce devoir nous est autant dicté par la position que nous occupons, que par l'intérêt très-vif que nous prenons à vos efforts pour assurer le développement de la richesse agricole de notre Dépar

tement.

C'est à la persistance éclairée de votre dévouement pour l'Agriculture, c'est à vos lumières, c'est aux progrès agricoles que vous avez obtenus, chacun autour de vous, soit par vos propres expérimentations, soit par vos encouragements, soit par vos conseils ou par des études, dont vous vous êtes toujours empressés de livrer à la publicité les intéressants résultats, c'est à cet ensemble de travaux que votre Société doit la place élevée qu'elle occupe parmi les institutions de cette nature; c'est cet ensemble d'efforts, de travaux et de succès qui devaient lui mériter d'être reconnue comme établissement d'utilité publique, et de

pouvoir ainsi, à l'avenir, recevoir les libéralités des amis de l'Agriculture.

Le décret du 5 juin dernier est un hommage aux longs et utiles services rendus par votre Société à l'Agriculture, et une mesure qui lui ouvre une nouvelle voie de durée et de prospérité il lui permet de se créer de nouvelles ressources. Tous ceux qui savent, comme nous, l'intelligent emploi que vous avez fait jusqu'à ce jour de celles qui ont été mises à votre disposition, doivent se réjouir hautement d'une circonstance qui donne l'espérance de les voir s'augmenter encore.

Une grande solennité agricole aura lieu l'année prochaine, Messieurs, à Versailles; il s'y tiendra un concours d'animaux reproducteurs, d'instruments et de produits agricoles de plusieurs départements.

Cette lutte glorieuse, entre toutes, car elle a pour objet d'honorer et de récompenser les travaux qui procurent l'alimentation du pays et assurent le plus sa richesse, son bien être et sa prospérité; cette lutte mettra en relief, nous en avons la conviction, les produits agricoles de notre cher Département, l'intelligence et les lumières de ses cultivateurs, en même temps qu'elle sera pour vous, Messieurs, une nouvelle preuve de l'utilité des efforts que vous avez poursuivis et de l'efficacité des conseils et des encouragements que vous avez donnés.

Ces concours régionaux ont une grande importance, Messieurs, ils établissent entre tous les producteurs, entre tous les agriculteurs une émulation utile. Ils signalent à la reconnaissance publique les hommes qui la méritent le mieux; il aident puissamment au développement du progrès agricoles par la comparaison qu'ils facilitent entre des produits de même nature, obtenus par des moyens di

vers dans des circonstances différentes, par les rapports qu'ils établissent entre les cultivateurs. Ils sont pour eux une occasion de se communiquer leurs observations pratiques, les plus essentielles de toutes, les conditions dans lesquelles ils ont opéré et dont il faut toujours tenir compte, et le prix de revient de leurs produits, qu'il faut aussi prendre en grande considération : car en Agriculture ce n'est pas tout que de produire, il faut aussi le faire au prix le moins élevé possible.

Le Gouvernement de l'Empereur, en organisant ces concours, en les soutenant de ses encouragements, a donc donné une preuve éclairée de sa sollicitude pour les intérêts de l'Agriculture.

Chaque jour, Messieurs, sa haute sollicitude pour cette industrie vraiement nationale se manifeste d'une manière évidente.

Ainsi, il vient récemment de soumettre au Conseild'Etat une mesure qui sera accueillie avec reconnaissance par tous les amis de l'Agriculture, par tous les hommes qui se préoccupent avec sympathie du sort des cultivateurs, dont les récoltes sont quelques fois détruites par des intempéries, par des sinistres, dont les bestiaux sont souvent atteints par des épizooties: il a voulu que ces pertes puissent être réparées ou soulagées.

Dans ce but, il a envoyé au Conseil-d'Etat le projet d'une caisse générale d'assurances agricoles, qui serait destinée à indemniser, au moyen d'une cotisation annuelle fixe et volontaire, les cultivateurs des pertes causées dans leurs récoltes et leurs bestiaux, par la grêle, l'inondation et la mortalité.

Cette institution était réclamée depuis longtemps par les Conseils-Généraux, les Conseils d'arrondissement, les

Comices et les Sociétés d'Agriculture, par tous les organes, en un mot, des besoins et des vœux de l'Agriculture.

:

Un mal dont nous nous plaignons tous, Messieurs, et qui est aussi regrettable au point de vue des intérêts matériels que des intérêts moraux du pays, c'est le dépeuplement des campagnes au profit des villes. Bien des opinions diverses sur les causes de cette émigration sont émises nous n'avons n'y à les faire connaître ni à les apprécier ici; mais soyez assurés que toutes les mesures qui tendront, comme celle sur laquelle le Conseil-d'Etat est appelé à délibérer, à améliorer le sort des habitants des campagnes, à leur garantir, autant que possible, le produit de leurs travaux, seront de nature à les attacher davantage à leurs occupations et aux lieux où ils sont si éminemment utiles à la société.

Tout ce qui peut contribuer à sauvegarder les intérêts de l'Agriculture, à augmenter la valeur des terres, cette mine inépuisable et toujours généreuse de notre richesse, à retenir dans nos campagnes ces énergiques travailleurs qui sont les véritables forces viriles de la France, qui conservent dans les champs les principes qui en font des citoyens honnêtes, laborieux, économes et dignes de l'estime et de la sympathie de tous : — toutes les mesures qui honorent et protègent l'Agriculture, contribuent au développement de la richesse du pays, à l'affermissement des conditions d'ordre et de moralité qui savent garantir la sécurité à ses institutions et sa prépondérance dans le monde!

Soyez certains, Messieurs, que l'Empereur qui vient de rendre notre Patrie si glorieuse par le nouvel éclat qu'il a donné à ses armes, poursuivra avec résolution et persistance, les améliorations qui doivent augmenter les éléments

de bien être et de prospérité que renferme notre belle France, et dont l'Agriculture contient les sources les plus certaines et les plus abondantes.

Les intéressants rapports que vous allez entendre vous diront vos travaux de l'année, l'utile concours que vous avez donné à l'Administration et dont elle vous remercie, les progrès qui se font remarquer dans plusieurs des branches de notre industrie agricole.

Les améliorations notables obtenues dans la propagation et l'amélioration de l'espèce bovine et de la race chevaline, signalées déjà dans plusieurs de vos séances solennelles, ont pris un développement qui appelle sur les cultivateurs du Département et sur vous, Messieurs, qui les avez si utilement encouragés, la reconnaissance publique.

Tous les amis de l'Agriculture se réjouiront avec nous de ces progrès; tous se joindront à nous pour demander la continuation des effort auxquels ils sont dus.

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