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de son origine, et qui s'est joué de tous les efforts qu'on a fait pour le saisir et le dompter.

Mais ne désespérons point de la sagacité humaine. Les résultats que le présent nous refuse, l'avenir peut nous les accorder; et puis nous connaissons le proverbe qui conseille de tourner la difficulté quand on ne peut la surmonter. Si la nature s'obstine à frapper la pomme de terre d'une maladie incurable, la science, de son côté, s'efforce avec non moins d'obstination de suppléer à ce précieux tubercule par des végétaux d'une égale importance. C'est là une voie qui doit conduire à des résultats inespérés.

J'arrive au dernier fléau que vous avez eu à combattre. Depuis quelques années, l'irrégularité des saisons vient jeter la perturbation dans vos travaux et compromettre les récoltes. La science, impuissante jusqu'ici à déterminer les causes du mal et à les conjurer, a fait un effort gigantesque. La Société Météorologique de France, recemment fondée à Paris, a organisé sur une grande partie de la surface du globe, une vaste réseau d'établissements de météorologie, où se font simultanément d'innombrables observations, propres à laisser entrevoir quelques lois, quelqu'ordre dans les phénomènes si mobiles et si capricieux de l'atmosphère. Sans espérer avoir plus tard quelque prise sur un élément qui nous échappe par son immensité, du moins pourra-t-on se flatter de connaître l'intensité, la durée et les causes de ces désordres atmosphériques. Ces précieuses connaissances, une fois obtenues, il serait facile d'en tirer des règles applicables à l'Agriculture. Par exemple, on déterminerait les changements que doit subir l'ordre habituel de travaux agricoles, ou les cultures nouvelles qu'il faudrait substituer

aux anciennes, pour échapper aux influences désastreuses de ces perturbations dans les climats.

Messieurs, je n'ai rappelé qu'une partie de ce que vous avez fait et de tous ce qui vous reste à faire, pour remplir entièrement votre mission.

Tant d'efforts, tant d'entreprises nouvelles, tant de bonnes intentions méritaient une approbation éclatante. Elle vous est venue de haut. Dans une circonstance solennelle, en présence des grands corps de l'Etat réunis, l'Empereur faisait un appel à votre concours pour soutenir les progrès de l'Agriculture, source de la prospérité et de la force du pays. Par vos travaux vous avez dignement répondu à l'attente du Souverain et mérité sa confiance. Bientôt il vous en a donné une preuve éclatante, en rendant, sur la demande de M. le Préfet, un décret qui classe notre Société au rang des établissements d'utilité publique; cette haute faveur nous permettra de recevoir les dons que pourront nous faire les hommes dévoués à l'Agriculture.

Ma tâche est terminée : je laisse à une parole plus éloquente que la mienne, à une voix que nous aimons toujours à entendre, à celle de notre honorable et si vénéré Secrétaire perpétuel, le soin d'analyser vos travaux de l'année, et d'en apprécier toute la valeur.

Maintenant, Messieurs, précédés par la science, appuyés sur l'expérience et sur une pratique éclairée, continuons à marcher d'un pas assuré vers notre unique but, celui de rendre la France la plus florissante des nations par son Agriculture et son industrie, comme elle en est la plus puis sante par la force de ses armes et la valeur de ses soldats.

DE LA

SOCIÉTÉ D'AGRICULTURE

ET DES ARTS

DE SEINE-ET-OISE,

Depuis sa Séance publique du 27 Juillet 1856, jusqu'à celle du 26 Juillet 1857,

PAR M. FREMY, SECRÉTAIRE-PERPETUEL.

MESSIEURS,

Si, comme toutes les sociétés qui consacrent leurs soins, leur sollicitude à des objets d'utilité publique, vous avez besoin, à des époques déterminées, de vous rendre compte du résultat de vos travaux pour méditer les moyens de continuer leur bonne direction et de les rendre plus fructueux encore s'il est possible, vous voulez aussi, en consacrant une séance publique à la reddition de ce compte, intéresser à vos efforts pour la prospérité de l'Agriculture, le public éclairé qui assiste à cette solennité; vous voulez même justifier la haute protection que le Gouvernement accorde à votre association, en faisant prononcer les détails de cette analyse en présence de son digue représentant parmi nous, qui, par une étude intelligente et de tous les instants, sait si bien apprécier des besoins dont il se rend volontiers l'interprète, en réclamant avec instance de qui de droit, tout ce qui peut contribuer aux progrès de notre

Récoltes.

Culture en lignes.

Agriculture, dont personne plus que lui, ne cherche à encourager les développements.

De ce sommaire du but du compte-rendu que j'ai à vous présenter, je dois maintenant pénétrer dans les détails, et je vous demanderai d'abord de vous entretenir de l'état de nos récoltes auxquelles les tristes circonstances de ces dernières années font porter un si haut et si puissant intérêt.

La sollicitude de l'administration pour connaître les différentes phases de la végétation, s'est manifestée, en réclamant de vous, en temps opportun, des rapports détaillés et précis sur les circonstances qui la précèdent et sur le développement qui en est la suite. Les semailles d'automne, celles du printemps, la floraison des céréales et leur fructification, ont été la matière de ces rapports: vous avez été assez heureux pour avoir à consigner, dans chacun d'eux, que le dépôt des semences en terre et leur premier développement faisaient présager ce que nous avons vu se réaliser plus tard par l'apparence d'une belle et abondante récolte. Tout porte à espérer que les besoins de la consommation recevront une complète satisfaction, et l'Agriculture, dont les efforts, depuis quelques années, ont été si tristement déçus, pourra donc se glorifier d'avoir, par ses travaux, secondé les bienveillantes dispositions de la providence et concouru à l'obtention des heureux résultats qu'elle a déversés sur les populations, cette année.

Quelque soit l'intérêt que vous inspirent les grandes et belles exploitations agricoles de notre Département, dont la culture se fait sur une échelle d'une si grande proportion, cet intérêt n'est pas tellement absolu qu'il vous fasse

négliger des communications relatives à des essais dont les heureux résultats semblent ne devoir profiter qu'à la petite culture; il suffirait de compulser l'histoire des sciences qui honorent le plus l'esprit humain, pour y trouver que ces grands développements industriels et agricoles qui sont aujourd'hui l'objet d'une générale admiration, ont eu pour origine des expériences de laboratoire ou de jardin.

Vous avez donc accueilli la communication qui vous a été transmise par M. Recappé, membre du Conseil-Général; elle a eu pour objet l'historique d'un grain de blé qui, tombé à peu de distance d'un tas de boue destiné à l'engrais, y a pris une force et un développement vraiment extraordinaires. En le voyant, M. Recappé s'est demandé s'il ne faudrait pas déduire de cette observation, les avantages de la culture du blé en lignes, sur des terres convenablement fumées, et la préférence qu'il faudrait lui donner sur l'ensemencement à la volée; du reste ce géant, comme l'appelle M. Recappé, a été remis, suivant son désir, à la Société d'horticulture bien compétente pour donner suite à cette observation.

Si le hasard en a fourni les éléments, il n'en est pas ainsi de la relation d'une expérience de semis de blé en poquets et en lignes exécuté par M. Victor Bellet, cultivateur à Saint-Germain-lès-Magny, dont il vous a transmis les détails. M. Bellet, dans sa notice, tient compte de l'espace de terre ensemencée (plus d'un hectare), de la quantité de semences, de celle de la récolte et de sa qualité appréciée comme belle et très-propre à la semence.

M. Bellet ne se pose pas comme l'inventeur de la culture qu'il a faite; il ne la recommande pas à la grande culture, mais il pense que dans un pays aussi divisé que le nôtre, le petit cultivateur trouverait avantage à adopter cette cul

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