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Sur quelque point du Département que vous portiez vos regards, partout vous trouverez l'élevage du cheval associé à l'exploitation agricole. La proximité des grands centres de population, la facilité avec laquelle l'Agriculteur de ce pays échange ses fourrages contre de l'argent comptant, nous firent autrefois présumer bien peu en faveur de la production chevaline; contre toutes les prévisions, l'industrie hippique ne cesse de progresser; et, comme si elle eût pris à tâche de démentir toutes les raisons économiques de ce pays, elle devient une nécessité publique, un but de satisfaction pour les uns, de spéculation et de bénifice pour les autres.

Oui, Messieurs, nous pouvons le dire avec orgueil, le Département a répondu à votre appel, et il entre franchement dans cette nouvelle voie qui nous promet d'impor tants succès dans un avenir peu éloigné.

En constatant cet état de choses satisfaisant pour le pays, votre Commission n'a pas oublié qu'il ne suffit pas de produire beaucoup; qu'il faut encore envisager la qua. lité, le cachet, le type de cette nouvelle génération chevaline qui nous éloigne du point de départ, et qui nous laisse à peine le souvenir des premiers éléments qui ont servi de base à la régénération. Le cheval débardeur, cet habitant aborigène de nos forêts, a disparu : c'est en vain qu'on le chercherait dans les formes élégantes et la construction solide des produits actuels qui sont recherchés à· des prix inespérés.

La transformation marche rapidement, grâce à l'influence du cheval pur sang et aux soins plus attentifs que les éleveurs plus aisés prodiguent aux jeunes animaux. L'envie de bien faire, stimulée par les encouragements du

Comice et de la Société, a opéré des changements dans les idées des éleveurs.

Ces derniers ont compris que, pour obtenir des résultats satisfaisants, il fallait commencer par la réforme des mauvaises poulinières. Peu-à-peu, les races abatardies, ruinées par un travail excessif ou par la misère, se sont effacées du sol. On a appelé à la production des juments mieux conformées, réunissant à l'harmonie des membres une taille plus élevée.

Aujourd'hui, à quelques exceptions près, les poulinières présentées aux étalons offrent toutes les conditions d'amélioration et justifient l'espoir légitime que l'éleveur fonde sur sa production.

La variété d'origine et de conformation des poulinières ne permet pas encore de créer une race uniforme dans le Département. Mais cette variété même, à peine appréciable au premier croisement, disparaît dans les croisements successifs sous l'action du pur sang, et tout porte à croire, qu'à une époque donnée, nos races mélangées et refondues seront ramenées à la conformation uniforme et recevront un cachet particulier.

La Société d'Agriculture et les éleveurs ont à regretter, cette année, la perte de Bertram. Ce vétéran de vos écuries, ce cheval remarquable, dont dix-sept années de service ont justifié la réputation, laisse derrière lui une nombreuse postérité, estimée et recherchée.

Par suite de nouvelles acquisitions que la Société vient de faire, le service de la monte a été organisé et complété de manière à répondre à tous les besoins.

Deux étalons pur sang ont remplacé Bertram, et leurs produits se font déjà remarquer par l'élégance et l'ampleur de leurs formes A côté de ces chevaux de choix, un

étalon de demi-sang et un de gros trait fonctionnent pour le service de l'Agriculture, qui veut renouveler ses écuries sans être obligée de recourir à l'industrie des départements voisins.

Pour se renseigner sur l'état réel de l'élevage dans le Département, votre Commission ne néglige aucune cir. constance, aucun détail, aucun fait relatif à cette importante matière; à plus forte raison se croit-elle obligée de vous rendre un compte sommaire des opérations du Comice agricole en ce qui concerne les races chevalines.

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Le Comice de 1855 vient de célébrer sa fête annuelle dans les vastes plaines d'Etampes. Un heureux choix des lieux, joint à une ordonnance intelligente des différents services, a ajouté aux charmes de cette réunion agricole. 26 poulains figuraient dans la lice.

Les échantillons des plus célèbres reproducteurs sont venus disputer les prix aux produits de vos étalons.

Hadjar, Wilofire, Rubens, Stings, fournirent leur contingent pour lutter avec celui de Bertram, Dom-Guichotte et Adolpho.

Dans les chevaux de luxe, le 2. prix a été remporté par un produit de Bertram. Parmi les chevaux de débardeur, le 1. et le 3. prix ont été décernés aux produits de Bertram, le 2.o à celui d'Adolpho.

Enfin, parmi les chevaux d'espèces diverses, sur vingt concurrents, le 1. et le 3. prix ont été accordés aux produits de Dom-Guichotte, le 2. à un produit de Bertram.

Depuis trois ans, un nouveau genre d'encouragement, dû à la généreuse initiative de M. le Président du Comice, prête un vif intérêt et augmente l'animation de cette fête départementale.

Les luttes au pas, les courses au trot et même au galop

attirent un certain nombre d'amateurs et mettent en évidence la force musculaire et la liberté des mouvements du cheval de trait. Cette année, sur six chevaux inscrits, trois produits de Dom-Guichotte ont paru dans la lice.

Dans la lutte au pas, le 1er et le 2.o prix ont été décernés aux produits de Dom Guichotte, après avoir parcouru 1,300 mètres en dix minutes.

Dans la course au trot, un produit de Dom-Guichotte, une jument livrée à la reproduction, montée par un agent de l'Agriculture, après avoir parcouru 2,600 mètres en huit minutes, a remporté le 2.o prix, luttant contre un produit de Cedar, monté par un amateur.

Pour compléter ce mode d'encouragement, M. le Président du Comice a annoncé pour l'année prochaine à la suite de la lutte au pas et de la course au trot, une course au galop. Le vainqueur emportera une cravache d'honneur.

Ainsi, aux encouragements effectifs viendra se joindre l'intérêt de l'amour-propre, et l'amateur du cheval recherchera avec empressement ce prix d'honneur, le plus puissant mobile dans notre pays pour arriver à des résultats utiles.

En terminant ce rapport nous avons l'honneur de vous soumettre les résultats de la monte de 1854.

109 juments ont été présentées aux quatre étalons que vous mettez à la disposition des éleveurs et sont réparties

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Sur ces 109 juments, 76 ont été fécondées, et sur ce nombre nous n'avons eu à constater que huit avortements; nous avons donc obtenu 68 naissances: 33 juments sont demeurées stériles.

Ce relevé des opérations de la monte de 1854 est une preuve palpable des progrès que l'on fait chaque jour dans le choix des poulinières et dans les soins dont elles sont entourées, car pour l'année 1853, 108 juments ne nous ont donné que 59 naissances. Nous espérons d'ailleurs avoir pour l'année prochaine une amélioration encore plus sensible à vous signaler, car déjà 130 juments ont été présentées à la monte, et la tournée annuelle n'est pas terminée.

Cet empressement des éleveurs, cet accroissement de la production, ce changement utile dans les idées et les habitudes, sont dus, nous sommes heureux de le constater, au concours bienveillant de l'Administration supérieure, du Conseil-Général, des associations agricoles et même des particuliers, pour avancer le développemen de l'industrie précieuse qui a pris racine dans notre sol pour ajouter prochainement à la masse de ses richesses.

Nous avons l'honneur de proposer aux encouragements de la Société les éleveurs dont les noms suivent : Primes aux meilleures juments améliorées par les étalons de la Société et suitées des produits issus de ces mêmes étalons.

1. Une prime de 200 fr. à M. MORIN (François), à Milon-la-Chapelle, pour une superbe jument suitée d'un produit de Adolpho.

2. Une prime de 100 fr. à M. FOURCAULT (Fortunat), à Senlisse, pour une jument issue de Bertram et suitée d'un produit de berbery.

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