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l'éclat, la perfection et l'utilité de ses productions, n'occupe en France que le second rang: nous sommes avant tout agriculteurs. C'est dans nos champs que la Providence a placé nos ressources les plus certaines et les plus abondantes; c'est du travail laborieux de nos courageuses et loyales populations rurales que nous devons attendre la richesse de notre pays.

Plus la terre produira, plus les races de nos bestiaux se perfectionneront et plus leur nombre augmentera, plus nous verrons aussi s'accroître le bien être de tous.

Les efforts que la Société d'Agriculture de Seine-etOise poursuit n'ont pas été infructueux : chaque année, les Amis de l'Agriculture peuvent constater les améliorations que reçoit notre race chevaline. Au dernier Comice de Rambouillet, nos jeunes chevaux se faisaient remarquer par l'élégance et la perfection de leurs formes; on voyait aussi avec plaisir, par le nombre de ceux qui avaient été présentés à ce Concours, que l'élevage semblait prendre plus de développement.

Vous devez aussi vous féliciter, Messieurs, du zèle que déploient nos éleveurs de bestiaux pour répondre à vos encouragements éclairés : vous avez également à constater dans cette partie de notre industrie agricole, des progrès qui doivent d'autant plus exciter votre reconnaissance, qu'ils donnent non seulement satisfaction aux intérêts de l'Agriculture, mais qu'encore ils concourent à augmenter des ressources alimentaires qui devraient être accessibles à tous.

Dans cette énumération des succès que vous obtenez, je n'omettrai pas non plus, Messieurs, de signaler à la reconnaissance publique les services que vous rendez à l'industrie par les distinctions que vous accordez à ceux

des élèves qui se font le plus remarquer dans le Cours de Géométrie appliquée aux Arts et à l'Industrie. Votre honorable collègue, M. Lacroix, sait trouver dans le sentiment de l'utilité et de l'importance du but qu'il poursuit, dans les témoignages de la gratitude de ses concitoyens, une précieuse récompense de son dévouement.

Tous les amis de l'Agriculture suivent avec le plus grand intérêt vos travaux, Messieurs; les fonds que je demande chaque année pour votre Société au ConseilGénéral, me sont toujours accordés avec empressement par cette assemblée.

L'allocation que vous recevez du Ministre de l'Agriculture, réduite déjà l'année dernière, l'a été encore plus cette année. M. le Ministre, qui connaît et apprécie les services que vous rendez à l'Agriculture, m'a exprimé les regrets qu'il éprouvait de ne pouvoir mettre à votre disposition une somme plus élevée. Le crédit qui est ordinairement inscrit au budget de l'Etat pour les encouragements aux associations agricoles, a été, en 1853, diminué dans une très-forte proportion. M. le Ministre m'a fait connaître qu'il espérait pouvoir, en 1855, relever le taux de la subvention qui vous est annuellement accordée.

Depuis votre dernière séance annuelle, l'Agriculture a eu à subir de cruelles épreuves; le gouvernement de l'Empereur, avec cette sûreté de jugement, cette énergie et cette promptitude de résolution qui lui sont habituelles, a pris toutes les mesures propres à en adoucir les effets vis-à-vis des populations.

Il a assuré l'alimentation du pays en chargeant le commerce de combler le déficit qui s'était produit dans la dernière récolte.

Il a garanti au commerce toutes les conditions de sé

curité, de liberté et de facilité dans les transactions dont il avait besoin.

Il a défendu l'exportation du blé français et de tout ce qui pouvait servir à l'alimentation de la population. Par les décrets des 3, 18 août et 18 octobre 1853, il a suspendu tous les droits, levé toutes les barrières qui s'opposaient à l'introduction des blés en France. Le commerce étranger a été ainsi appelé, concurremment au nôtre, à faciliter l'approvisionnement du pays.

L'action du Gouvernement ne s'est pas bornée seuleinent, Messieurs, à appeler en France les blés étrangers; elle en a aussi facilité l'arrivage sur les divers points du pays, en obtenant l'abaissement du prix de transport sur les canaux et sur les chemins de fer. Par la publication mensuelle des mercuriales, le commerce a connu les divers points de l'Empire où les transports de blé devaient être effectués.

Enfin le Gouvernement a voulu, par l'abaissement du droit d'entrée des bestiaux, faciliter la consommation de la viande.

Telles sont les principales mesures par lesquelles le Gouvernement s'est efforcé de combler le déficit de la dernière récolte.

Mais les manifestations de son dévouement au pays ne se sont pas bornées à ces seuls efforts: sa sollicitude la plus activement prévoyante s'est aussi portée d'une manière plus spéciale sur les classes laborieuses qui sont les forces viriles du pays, sur ces populations laborieuses qui ont sauvé l'ordre social au moment où il menaçait de s'abimer dans l'anarchie; sur ces populations laborieuses toujours nobles et inspirées dans leur dévouement à la France; il a voulu pour elles du travail sans lequel le prix

modéré du pain n'empêche pas la misère; il le leur a donné au moyen des ressources dont pouvait disposer l'Etat; il le leur a encore assuré en faisant appel aux communes, au patriotisme et à la bienfaisance fraternelle des particuliers.

Je le dis avec bonheur et orgueil, Messieurs, cet appel a été entendu dans notre beau Département, sans aucun effort et à la seule prière que j'ai adressée au nom du Gouvernement. Les ressources obtenues dans Seine-et-Oise pour atténuer les effets de la cherté du pain se sont élevées à cinq cents mille francs! Dans cette somme, 302,689 fr. ont été votés par les conseils municipaux, et 197,311 fr. ont été recueillis de souscriptions particulières.

Ainsi, Messieurs, les sentiments de dévouement au peuple qui sont si profondément empreints dans le cœur de notre Empereur, ont eu dans cette circonstance un écho éclatant dans notre Département, et nous ne pouvions lui donner une preuve plus précieuse pour lui de l'attachement loyal que nous lui portons.

Cette année la Providence a été plus généreuse dans ses bienfaits pour nous : les renseignements que j'ai recueillis sur la moisson sont très - favorables: une assez forte baisse s'est déclarée sur beaucoup de marchés.

Tout nous promet donc, après une époque de gêne qui n'a été attristée par aucune scène de désordre, et où la France s'est montrée confiante dans le Gouvernement qu'elle s'est donnée, tout nous fait espérer une situation rassurante et heureuse.

La France peut maintenant poursuivre avec confiance et résolution une guerre qu'elle n'a entreprise qu'avec la seule ambition de faire respecter par le fort le droit sacré

du faible. Grande et respectée à l'extérieur, elle sera calme et prospère à l'intérieur.

Pendant que nos vaillants soldats ajouteront un nouveau reflet à la vieille gloire de notre pays, vous, Messieurs, vous augmenterez sa richesse et sa force en poursuivant le développement des améliorations que son Agriculture réclame encore.

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