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Il était avocat à l'époque de la révolution, fut élu député du tiers état de la sénéchaussée d'Arles aux états généraux, où il se montra peu exagéré; et ayant été nommé en 1792 membre de la convention nationale par le département des Bouches du Rhône, il fut le seul de son département avec Duperret qui ne vota pas la mort de Louis XVI. Opposé aux jacobins, il fut dénoncé comme fédéraliste après les journées des 31 mai, 1er et 2 juin 1793, resta néanmoins dans la convention, proposa le 21 août 1794 une loi contre tous ceux qui voudraient gêner la liberté des suffrages, et demanda que l'on mit un terme aux divisions qui avaient agité jusqu'alors l'assemblée. On le vit pourtant le io septembre suivant faire une vive sortie contre les jacobins, et presser la convention de dissoudre leur société. Il se prononça aussi contre les révoltés de prairial, fit arrêter plusieurs députés, et fut ensuite envoyé dans le Midi, d'où il fut rappelé peu de temps après pour n'avoir pas empèché le massacre des terroristes. Réélu au

conseil des anciens, il s'opposa le 7 janvier 1796 à l'exclusion de Job Aymé, parla en faveur des parens d'émigrés, et contre le serment républicain prescrit anx électeurs, sortit du conseil en 1797 à la suite du 18 fructidor, fut mis au Temple comme ayant favorisé la rentrée des émigrés, obtint sa mise en liberté le 25 février 1798 par jugement du tribunal criminel de la Seine, devint après la révolution du 18 brumaire an 8 juge en la cour d'appel d'Aix, et en était encore juge honoraire en 1811. Une déclaration de lui et des documens trouvés dans ses papiers, ont servi depuis de base à des accusations odieuses contre des personnages éminens en dignité. Il mourut dans le lieu de sa naissance à la fin de 1814. On lui doit un ouvrage estimé intitulé Histoire du comité ecclésiastique de l'assemblée constituante.

DURANDE (le chevalier), maire de Dijon, membre de la législature, etc. Né à Dijon et fils d'un célèbre médecin de cette ville, il y professa le même art avec quelque succès, et devint maire de Dijon sous Bonaparte, qu'il complimenta plusieurs fois en cette qualité. Il disait à la fin d'octobre 1813 à l'imperatrice régente: « Aucun Français n'a pu lire sans émo>tion les paroles memorables adres

»sées

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par Votre Majesté au sénat. L'expression de votre bienveillante » sollicitude pour le grand peuple que » vous avez adopté, vous garantit à jamais le dévouement sans bornes qu'il porte à son auguste souve» rain. En janvier 1813, il offrit au nom du corps municipal dix cavaliers armés et équipés, et dit à Napoléon : « Des événemens imprévus ont » contrarié vos grandes vues politi» ques; mais, sire, nos cœurs et nos » fortunes sont à vous. Notre jeunesse » est prête à se réunir sous vos dra» peaux toujours victorieux, et nous » nous plaisons à croire que les enne» mis de ce vaste empire créé par » votre génie sublime et affermi par » vos hautes conceptions, ne tarderont » pas à connaître que des accidens im» prévus ne font que développer avec » plus de force l'énergie nationale lors» qu'elle est dirigée et conduite par >> un héros. » Admis le 19 avril 1814 à l'audience de MONSIEUR, frère du roi, il lui dit : « Il y a long-temps » que les Dijonnais rappellent de tous. » leurs voeux le doux empire des lis. >> Quel bonheur, après vingt-cinq » années de tourmens, de souffrances, » de retrouver enfin le repos sous l'auto» rité paternelle de cette antique et » auguste dynastie à qui la France a » dû tant de siècles de gloire et de

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prospérité!» Privé de sa place de maire lors de l'invasion de Bonaparte en 1815, il ne vint pas de nouveau le féliciter sur son génie et ses vertus; mais en revanche il eut l'honneur, après le retour du roi, d'adresser à Sa Majesté de nouvelles actions de grâces sur sa rentrée dans la capitale.

DURANTON (N.), ministre de la justice sous Louis XVI, né à Massidon en 1736.

Il exerçait la profession d'avocat à Bordeaux lorsque la révolution éclata, et devint bientôt après procureur syndie du département de la Gironde. Lié avec les chefs du parti de ce nom à l'assemblée législative, il fut désigné par eux à Louis XVI qui l'appela au ministère de la justice en mai 1792. Représenté généralement comme lourd, paresseux, vain, timide, et borné, il fit peu de sensation. Il dénonça pourtant Marat comme prêchant l'anarchie dans son journal, et fit saisir ses presses; mais persécuté presqu'aussitôt par les

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jacobins, il donna sa démission le 3
juillet et retourna dans le sein de sa
famille, où l'obscurité même ne put
le dérober au ressentiment des terro-
ristes. Arrêté d'abord comme suspect,
il fut ensuite condamné à mort le 20
décembre 1795,
« comme convaincu
» d'avoir partagé les principes contre-
» révolutionnaires de Louis XVI pen-
» dant son ministère.

DURBACH (François-Jean-Frédéric),
législateur, né à Longueville-les-Saint-
Avold, le 15 avril 1763.

le

s'était retiré à Toeplitz en Bohême. DUREAU-DE-LA-MALLE ( JeanBaptiste-Joseph-René ), membre de l'institut et du corps législatif, etc.

Né le 21 novembre 1742 à Saint-Domingue, dont son grand père avait été nommé gouverneur en récompense de ses services militaires pendant la guerre de la succession, il y resta orphelin dès la plus tendre jeunesse, fut envoyé en France à peine âgé de cinq ans, et entra aussitôt au collége du Plessis où il fit ses études qu'il perfectionna depuis par un travail assidu. Savant sans pédanterie, riche sans orgueil, il reçut bientôt chez lui tout ce que Paris comptait alors d'hommes célèbres dans les sciences et dans les lettres. D'Alembert, La Harpe, Marmontel, Champfort, Suart et surtout Delille, un des premiers et des plus honorables amis de Dureau-de-la-Malle, s'y rencontraient presque tous les jours et exercèrent une influence salutaire sur le futur traducteur des deux premiers historiens latins. Son premier ouvrage fut une tra duction du Traité des bienfaits de Séneque qu'il publia en 1776, et qui fut suivie, après seize années d'une lutte continuelle avec un modèle aussi désespérant, de sa célèbre Traduction de Tacite qui parut en 1790. Il n'y eut qu'une voix sur le mérite de cet ouvrage, et cet accueil distingué engagea l'auteur à donner quelques années après sa Traduction de Salluste, qui sans pouvoir être placée à côté de celle de Tacite fut pourtant jugée d'un mérite supérieur. Après être successivement devenu membre du conseil général de son département, député au corps législatif en 1802 et membre de l'iustitut en 1804, il s'occupait de la traduction de Tite Live lorsque la mort le précipita au tombeau le 19 septembre 1807.

Il fut peu de temps après la révolution du 18 brumaire nommé au corps législatif, et continua d'y siéger jusqu'à la déchéance de Bonaparte, à laquelle il adhéra le 3 avril 1814. La restauration lui permit de manifester publiquement ses sentimens à la tribune; il y parut plusieurs fois, parla avec chaleur en faveur de la liberté de la presse, et s'éleva ensuite contre les dispositions du budjet concernant la création des bons royaux et l'aliénation des forêts nationales. Le projet de loi sur l'importation des fers étrangers, la dénonciation portée contre le ministre de la guerre au sujet du marché des vivres, le projet de loi sur la restitution des biens non vendus aux émigrés, et plu sieurs autres matières, furent aussi l'objet de ses observations souvent pleines de véhémence. Nommé par département de la Moselle à la chambre des représentans en mai 1815, il fit le 22 juin, à l'occasion de la seconde abdication de Bonaparte et des négociations à entamer avec les alliés, une sortie contre l'Angleterre qu'il qualifia d'éternelle ennemie de la France, et fut interrompu par de violens murmures. « Nous verrons, dit-il » en quittant la tribune, si enfin ces » monarques étrangers sont de bonne » foi!» Le 30 juin il prononça une sorte de philippique contre les princes de la maison de Bourbon, et proposa de déclarer aux puissances que ces princes étaient ennemis du peuple français, et qu'ils étaient proscrits à jamais de son territoire. C'est aussi lui qui demanda vainement le 5 juillet que des commissaires de la chambre suivissent l'armée pour y maintenir l'esprit d'ordre, de discipline et d'amour de la patrie. Compris dans la seconde liste de l'ordonnance du roi du 24 juillet, il fut d'abord exilé chez lui, puis obligé de quitter la France. En janvier 1816 il

DURET (Antoine), adjudant géné ral de l'armée révolutionnaire en 1793, dans le Beaujolais.

Jeune et ardent, il embrassa la cause de la révolution avec fureur, se fit recevoir membre du club des cordeliers, volutionnaire, fut comme tel envoyé devint adjudant général de l'armée réen 1793 dans le Beaujolais, où il exerça des cruautés inouies sous la direction de la Pallu, et se vanta publiquement d'avoir fait périr alors plus de quatre ordre de Robespierre comme hébertiste, cents personnes. Arrêté lui-même par

il fut ensuite mis au Luxembourg, puis traduit en jugement et condamné à mort comme complice de Chaumette, le 13 avril 1794.

DUROC, duc de Frioul, grand maréchal du palais et grand officier de la légion d'honneur, etc.

Né à Pont-à-Mousson en 1772 d'un père ancien officier, gentilhomme sans fortune qui avait épousé la fille d'un notaire estimé de cette ville, il y fit d'excellentes études à l'école militaire, fut admis comme élève à celle d'artillerie de Chalons, devint lieutenant en 1792, émigra ensuite avec Bonaparte, dit-on, rentra bientôt avec lui en France où

il faillit d'être arrêté comme royaliste, s'attacha au général d'Espinasse en qualité d'aide de camp, fut protege par Marmont auprés de Bonaparte qui l'attacha à sa personne, se distingua particulièrement le 19 mars 1797 au passage du Lisonzo, suivit ce general en Egypte, fut blessé d'un éclat de bombe au siége de Saint-Jean-d'Acre, revint en 1799, et fut envoyé à la fin de novembre près de la cour de Berlin pour une mission diplomatique extraordinaire. Il remplit depuis différentes missions du même genre, accompagna Bonaparte dans toutes ses campagnes, fut chargé spécialement de veiller à sa sûreté, et fut pendant quinze ans le confident de ses projets et de ses intrigues. Il fut tué d'un boulet le 22 mai 1813 dans les champs de Bautzen.

DUROSNEL (le comte), lieutenant général, commandant de la garde de Paris, écuyer, grand officier de la légion d'honneur, chevalier de Saint-Louis, etc.

Il naquit à Paris d'un chef de bureau du ministère de la guerre. Son goût pour les armes et une éducation soignée le firent avancer rapidement dans la carrière militaire. Il successivement passa par tous les grades jusqu'à celui de général de brigade, qu'il obtint le 24 décembre 1805 pour sa conduite à la bataille d'Austerlitz. Il ne se distingua pas moins à celle d'Iéna et fit alors une charge hardie qui produisit le plus grand effet. Détaché sur l'Oder après cette journée pour intercepter les convois, il réussit dans son operation, se signala également dans les campagnes de 1807, 1808 et 1809; fut fait général de division pendant cette dernière campagne, dans faquelle on le crut tué, mais où il ne fut que blessé et fait prisonnier; et enfin nommé gouverneur de Dresde après la

prise de cette ville en 1813. Il y resta jus-
qu'à la capitulation, obtint du roi en 1814
la croix de chevalier de Saint-Louis, et
de Bonaparte en 1815 le commandement
en second de la garde nationale de Pa-
ris, et la dignité de pair de France : il
se trouve sans activité depuis le retour
de Sa Majesté.

DUROSOY (Barnabé Farmaing de
né à
Rosoy, dit), homme de lettres,
Paris en 1745.

Il s'adonna à la littérature et adopta
successivement tous les genres sans se
faire remarquer dans aucun. Mis à la
Bastille en 1770 pour des ouvrages dont
il n'était pas l'auteur, il en sortit avec
aussi peu de célébrité qu'il y était entré,
et resta confondu dans les rangs de la
basse littérature jusqu'à l'époque de
la révolution. Il donna alors la Bataille
d'lory, devint rédacteur du Journal de
Paris, et c'est à lui qu'on dut la gé-
néreuse idée de présenter des otages
pour la sûreté de Louis XVI qui venait
d'ètre ramené de Varennes. Depuis ce
moment il ne cessa de donner les preu-
ves du plus vif intérêt aux princes de
la maison de Bourbon, fut arrêté lui-
même après la fatalejournée du 10 août
1792, puis traduit bientôt après au tri-
bunal criminel, condamné a mort et
exécuté aux flambeaux le 25 du même
mois. Il laissa une lettre dans laquelle
il disait : «< qu'un royaliste comme lui
» était digne de mourir pour son roi
» et sa religion le jour de Saint Louis. »
Il montra le plus grand sang froid,
monta sur l'échafaud d'un pas rapide
et demanda que sa mort fut utile au
genre humain, en faisant sur lui l'expé-
rience de la transfusion du sang.

DUROURE ( Louis-Henri-Scipion Grimoard-Beauvoir), littérateur.

la

Issu d'une famille noble, il embrassa la cause de la révolution avec ardeur et vint demeurer à Paris. Il s'y fit recevoir aux jacobins, fut charge par commune en 1792 d'examiner la conduite ministérielle de Roland, contribua à la journée du 31 mai 1793, comme officier municipal, et fut prie d'en écrire l'histoire. Echappé aux diverses proscriptions qui peserent également sur les ennemis et les partisans de la révolution, il perdit une fortune considérable qu'il possédait du côté d'Arles, et dont il avait abandonné le soin s'adonna pour se livrer à la politique, a la littérature étrangère, et publia

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une nouvelle grammaire anglaise. Il re-
parut en 1799 dans le club du manege,
écrivit dans le journal des Hommes Li-
bres, et fut porté après le 18 brumaire
sur une liste de déportation qui resta
sans effet. Depuis il abandonna entière-
ment les affaires publiques et végétait
encore obscurément dans la capitale
à la fin de 1816.

DUROY, législateur et membre de
la convention.

Il exerçait la profession d'avocat avant
la révolution et avait été élu juge au tri-
bunal de Bernai dont il remplissait les
fonctions lorsqu'il fut nommé en 1791
suppléant du département de l'Eure à
l'assemblée législative, et ensuite dé-
puté à la convention nationale où il vota
la mort de Louis XVI. Il se prononça
aussi contre les girondins au 31 mai 1793,
et provoqua la mise en accusation de
Buzot. Envoyé ensuite à l'armée chargée
deréprimer les fédéralistes du Calvados,
il se plaignit à son retour du luxe de
plusieurs députés, entre autres de celui
de Merlin (de Thionville). « J'estime
» plus, dit-il à cette occasion, ceux qui
» n'ont pas voté la mort du tyran, que
» ceux qui l'ont condamné pour en met-
>tre un autre à sa place. » Cette sortie
était dirigée contre la faction d'Orléans
qui avait alors perdu toute son influen-
ce, mais aux dépens de laquelle beau-
coup de députés s'étaient enrichis. On
le vit aussi déclamer contre les desti-
tutions d'au grand nombre d'officiers,
» qui pour avoir, dit-il, le malheur
» d'être nés nobles, n'en étaient pas
» moins sans-culottes. » Resté attaché
au parti montagnard, même après le
thermidor, il devint un des chefs des
jacobins; fut un des moteurs de l'in-
surrection du er prairial an 3, puis

nommé membre du comité de sûreté
générale par les factieux, pendant leur
court triomphe. Décrété enfin d'accu-
sation et condamné à mort le 28 prai-
rial par un conseil militaire, il se poi-
guarda après avoir entendu la lecture de
son jugement; mais n'étant pas mort
sur le champ, on l'exécuta avec ses
collègues. Il conserva un grand calme en
allant au supplice, et témoigna seule-
ment le regret de s'être manqué.

DURUTTE (le comte), lieutenant général, grand officier de la légion d'honneur, chevalier de Saint-Louis, etc.

Il fit les premières campagnes de la révolution et se distingua dans toutes

les occasions par son courage et ses talens. Le grade de général de division auquel il fut promu le 27 août 1803 fut la juste récompense de ses services. Il obtint ensuite le commandement de la 10" division militaire à Toulouse, et alla commander peu de temps après une division active à l'armée d'Italie où il se signala en différentes rencontres. Employé sous les ordres du maréchal Victor dans la campagne de Russie, il vint en mars 1813 couvrir Dresde jusqu'à ce que des forces supérieures l'obligeassent à se retirer sur la Saale, et prit ensuite le commandement d'une division saxonne qui faisait partie du corps commandé par le général Reynier : tout le monde connaît sa belle conduite dans cette campagne, et surtout à Leipsick, où les Saxons l'abandonnèrent après avoir tourné leurs canons contre ses

troupes. Après la restauration, le roi lui confia le 23 mai 1814, le commandement de la 3e division à Metz, puis le nomma chevalier de Saint-Louis et grand officier de la légion d'honneur: on le comptait encore en 1816 parmi les lieutenans-généraux en activité.

DUSAULX (Jean), député à la convention nationale, membre de l'acadé mie des belles lettres et de l'institut de France, etc.

Il naquit à Chartres le 28 décembre 1728 d'une famille de robe. Il commença ses études au college de la Flèche, et les acheva dans celui de Louis-le-Grand où il remporta tous les prix. Il obtint alors une charge de commissaire de la gendarmerie, fit la campagne d'Hanovre sous le maréchal de Richelieu, et acquit l'estime du roi Stanislas. Revenu à Paris, il fit paraitre sa belle traduction de Juvenal, et il fut admis en 1776 au nom

bre des membres de l'académie des ins

criptions et belles lettres. Rempli d'une
philosophie douce, il embrassa la cause
de la révolution avec transport et crut
les institutions sociales. Nommé député
voir en elle les moyens de perfectionner
suppléant de Paris à l'assemblée législa-
tive, il y fut admis le 6 juin 1792,
se pro-
nonça contre les fureurs populaires, et
fut pourtant élu membre de la conven-
tion nationale où il vota la détention de
Louis XVI, et son bannissement à la

paix. Après le 31 mai 1793, Billaud-Va-
rennes demanda, mais sans succès, sa
mise en accusation comme girondin, et
le fit ensuite comprendre au nombre des
soixante-treize députés décrétés d'ar-

restation le 3 octobre comme opposans à cette journée. Rentré à la convention après la mort de Robespierre, il protesta au nom de ses collègues qu'ils avaient tous laissé le souvenir du passé dans leur prison, et demanda qu'il fut élevé un autel expiatoire du sang français injustement répandu depuis 1789. Devenu membre du conseil des anciens, il le présida en juillet 1796, sortit du conseil en mai 1798, et mourut le 16 mars 1799 après une maladie longue et douloureuse. On connait son ouvrage sur la passion du jeu, publié en 1787.

DUSSAULT (Jean-Joseph), homme de lettres, né à Paris en 1769.

Il mit à profit les vingt années de calme qui précédèrent la tourmente révolutionnaire en faisant de bonnes études au collége de Sainte-Barbe, se distingua dans ses classes, et remporta des prix au concours général de l'uni versité. Les événemens de 1789 développerent ses talens, mais ne le firent point sortir de la ligne de l'honneur. Loin de se mettre en avant comme tous les ambitieux d'alors, il sut conserver la noble indépendance de l'homme de lettres, et s'isolant de tout emploi, il se borna à défendre avec sa plume les bons principes si souvent outragés à cette malheureuse époque. Depuis le 9 thermidor jusqu'au 13 vendémiaire, il rédigea l'Orateur du peuple, journal qui ne renfermait rien alors que le goût et la saine politique ne pussent avouer, et qu'il ne faut pas confondre avec l'Orateur du peuple connu précédemment. Dans cet intervalle, Dussault publia un Fragment pour servir à l'histoire de la convention, morceau écrit d'un style rapide et nerveux, dans lequel on remarqua plusieurs portraits pleins de force et de vérité, et qui annonçait un historien de plus à la France. On doit aussi à Dussault quelques lettres polemiques à Roederer, à Louvet, à Real, à Fréron, etc. Attaché dans la suite au Journal de l'Empire aujourd'hui Journal des Débats dont il est le plus ancien rédacteur, il se voua entièrement à la critique littéraire. C'est lui qui fut toujours chargé de rendre compte des ouvrages de littérature les plus importaus dans cette feuille il a paru de lui, jusqu'à présent, plus de sept cents articles, qui sont tous autant de preuves de ses vastes connaissances, de son goût sûr et de la pureté de ses prin

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cipes en littérature, en morale et en politique. Son style est clair et orné; ses idées sont liées et suivies. Quoiqu'en général il soit sérieux, ce qui convient à l'importance des ouvrages soumis à son examen cela n'empêche pas qu'il ne sache employer à propos l'arme de la raillerie. L'école dite romantique, n'a pas d'adversaire plus redoutable que cet écrivain. On connaît son système, erroné peut-être, mais bien soutenu, contre les traductions des ouvrages de l'antiquité. Sa réputation comme critique est aujourd'hui solidement établie on peut dire qu'il a rendu et qu'il rend tous les jours de véritables services aux lettres et aux moeurs par la solidité de ses jugemens, et par son attachement invariable aux saines doctrines.

DUSSEK (Jean-Louis), compositeur de musique instrumentale et ̊pianiste célèbre.

Il naquit à Czaslau en Bohême en 1760, d'une famille qui a donné d'excellens organistes à l'Allemagne. Il composa dès l'age de treize ans, une messe solennelle, et il en avait à peine vingt lorsqu'il se fit entendre à là Haie, où les bienfaits du stathouder le retinrent pendant quelques années. Il partit ensuite pour le nord de l'Europe, profita durant son séjour à Hambourg des conseils du célèbre Emmanuel Bach et se fixa pendant deux ans près du prince Charles Radzivil en Lithuanie. Il vint ensuite à Paris qu'il habita jusqu'au commencement de la révolution, et d'où il partit pour aller en Angleterre. Il revint en France en 1800 auprès du prince de Bénévent auquel il a été constamment attaché et publia successivement des oeuvres de musique connues des amateurs. Dussek ne jouissait pas d'une moindre réputation comme virtuose sur le piano; mais comme on ne le connaissait guère que dans quelques sociétés, ou le détermina enfin se faire entendre en public : il eut un très grand succès dans les concerts qu'il donna à l'Odéon quelque temps avant sa mort, arrivée dans le courant de 1812.

DUSSIEUX (Louis), homme de lettres, membre du conseil des anciens, etc.

Il naquit à Angoulême en 1744, d'une famille noble. Il s'adonna à la littérature, consacra une partie de sa fortune à des spéculations purement littéraires et fut un des fondateurs pro

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