155 20 La pitance du cerf en déchut de beaucoup. D'un mal il tomba dans un pire, A jeûner et mourir de faim. Il en coûte à qui vous réclame, ΙΟ 49. L'Amour et la Folie Tout est mystère dans l'Amour, Ses flèches, son carquois, son flambeau, son enfance : Que d'épuiser cette science. Je ne prétends donc point tout expliquer ici: Comment l'aveugle que voici (C'est un dieu), comment, dis-je, il perdit la lumière ; La Folie et l'Amour jouaient un jour ensemble: Une dispute vint: l'Amour veut qu'on assemble 15 frire: used colloquially in the sense of manger.- 20 de l'âme. may refer to priests, or simply to the friends and relatives of a sick person. -21 O temps! ô mœurs! imitated from Cicero: O tempora, o mores. L'Amour et la Folie, livre XII, fable 14. From the Débat de Folie et d'Amour, by Louise Labé, published in 1555.-7 l'aveugle, i.e., Amour personified as a blind boy. 15 20 25 30 Là-dessus le conseil des dieux; Qu'il en perd la clarté des cieux. Femme et mère, il suffit pour juger de ses cris: Et Jupiter, et Némésis, Et les juges d'enfer, enfin toute la bande. « Son fils, sans un bâton, ne pouvait faire un pas: Quand on eut bien considéré A servir de guide à l'Amour. 50. Le Renard, le Loup, et le Cheval UN renard, jeune encor, quoique des plus madrés, Beau, grand; j'en ai la vue encor toute ravie. – Est-il plus fort que nous? dit le loup en riant: 18 Vénus was the mother of Amour; cf. fable 42, line 76.— 19 il suffit: it is sufficient to know that she was femme et mère, pour iuger, in order to, etc. Le Renard, le Loup, et le Cheval, livre XII, fable 17. There is another fable very similar to this, namely Le Loup et le Cheval, V, 8, which is derived from Aesop (Halm 334); there is nothing in it, ΙΟ 15 20 25 30 Fais-moi son portrait, je te prie. - Si j'étais quelque peintre ou quelque étudiant, Repartit le renard, j'avancerais la joie Que vous aurez en le voyant. Mais venez. Que sait-on? peut-être est-ce une proie Ils vont ; et le cheval, qu'à l'herbe on avait mis, Fut presque sur le point d'enfiler la venelle. Seigneur, dit le renard, vos humbles serviteurs Leur dit : «< Lisez mon nom, vous le pouvez, messieurs; Le renard s'excusa sur son peu de savoir. << Mes parents, reprit-il, ne m'ont point fait instruire; Lui coûta quatre dents: le cheval lui desserre « Frère, dit le renard, ceci nous justifie Cet animal vous a sur la mâchoire écrit This however, about the fox or about reading the horse's name. version is medieval in origin; it is in J. Machault's French translation of Steinhöwel's Aesop (Extrav. 1), with the mule, the fox and the wolf; while in the third satire of Mathurin Regnier (early 17th century) it occurs with the mule, a lioness as victim, and the wolf taking the place of the fox. La Fontaine probably followed Machault, taking several features, however, from Regnier. APPENDIX L'INDULGENCE que l'on a eue pour quelques-unes de mes fables me donne lieu d'espérer la même grâce pour ce recueil... On ne trouvera pas ici l'élégance ni l'extrême brièveté qui rendent Phèdre recommandable; ce sont qualités au-dessus de ma portée. Comme il m'était impossible de l'imiter en cela, j'ai cru qu'il fallait en récompense égayer l'ouvrage plus qu'il n'a fait... J'ai considéré que ces fables étant sues de tout le monde, je ne ferais rien si je ne les rendais nouvelles par quelques traits qui en relevassent le goût. C'est ce qu'on demande aujourd'hui: on veut de la nouveauté et de la gaieté. Je n'appelle pas gaieté ce qui excite le rire; mais un certain charme, un air agréable qu'on peut donner à toutes sortes de sujets, même les plus sérieux... L'apologue est composé de deux parties, dont on peut appeler l'une le corps, l'autre l'âme. Le corps est la fable; l'âme, la moralité. [De la Préface du premier recueil de fables, 1668.] Entre les villes où Esope s'arrêta, Delphes fut une des principales. Les Delphiens l'écoutèrent fort volontiers; mais ils ne lui rendirent point d'honneurs. Esope, piqué de ce mépris, les compara aux bâtons qui flottent sur l'onde: on s'imagine de loin que c'est quelque chose de considérable; de près, on trouve que ce n'est rien. La comparaison lui coûta cher. Les Delphiens en concurent une telle haine et un si violent désir de vengeance (outre qu'ils craignaient d'être décriés par lui), qu'ils résolurent de l'ôter du monde. Pour y parvenir, ils cachèrent parmi ses hardes un de leurs vases sacrés, prétendant que par ce moyen ils convaincraient Ésope de vol et de sacrilège, et qu'ils le condamneraient à la mort. Comme il fut sorti de Delphes, et qu'il eut pris le chemin de la Phocide, les Delphiens accoururent comme gens qui étaient en peine. Ils l'accusèrent d'avoir dérobé leur vase. Ésope le nia avec des serments; on chercha dans son équipage, et il fut trouvé. Tout ce qu'Esope put dire n'empêcha point qu'on ne le traitât comme un criminel infâme. Il fut ramené à Delphes chargé de fers, mis dans les cachots, puis condamné à être précipité. Rien ne lui servit de se défendre avec ses armes ordinaires, et de raconter des apologues: les Delphiens s'en moquèrent. «La grenouille, leur dit-il, avait invité le rat à la venir voir. Afin de lui faire traverser l'onde, elle l'attacha à son pied. Dès qu'il fut sur l'eau, elle voulut le tirer au fond, dans le dessein de le noyer, et d'en faire ensuite un repas. Le malheureux rat résista quelque peu de temps. Pendant qu'il se débattait sur l'eau, un oiseau de proie l'aperçut, fondit sur lui, et l'ayant enlevé, avec la grenouille, qui ne se put détacher, il se reput de l'un et de l'autre. C'est ainsi, Delphiens abominables, qu'un plus puissant que nous me vengera: je périrai; mais vous périrez aussi.>> Les Delphiens, peu touchés de ces exemples, le précipitèrent. [De la Vie d'Esope le Phrygien.] Voici un second recueil de fables que je présente au public. J'ai jugé à propos de donner à la plupart de celles-ci un air et un tour un peu différent de celui que j'ai donné aux premières, tant à cause de la différence des |