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La faim, l'occasion, l'herbe tendre, et, je pense,
Quelque diable aussi me poussant,

Je tondis de ce pré la largeur de ma langue.
Je n'en avois nul droit, puisqu'il faut parler net.
A ces mots on cria haro sur le baudet.

Un loup, quelque peu clerc, prouva par sa harangue
Qu'il falloit dévouer ce maudit animal,

Ce pelé, ce galeux, d'où venoit tout leur mal.
Sa peccadille fut jugée un cas pendable.
Manger l'herbe d'autrui ! quel crime abominable!
Rien que la mort n'étoit capable

D'expier son forfait. On le lui fit bien voir.

Selon que vous serez puissant ou misérable,

Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir.

GRECS. ES.-Camer., 467.

LATINS. Flacc. Illyr., Test. verit., Asini pœnitent. ; R. Holk., lect. 187 ; Morlin., 10; J. Raul., serm. de pœnit., 14; de satisf., 31; Phil., 18; G. Barl., hebd. 1, fer. 4; Beb., 1. 3, fac. 5; Serm. conv.; Juven.,

sat. 2:

Dat veniam corvis, vexat censura columbas.

FRANÇAIS. Le Castoiement, 23; R. Gob., c. 5; Guill. Haud., 266; Guill. Guerr., 15; Larriv., trad. de Strapar., x111° nuit, nouv. 1. ALLEMANDS. Hugues de Trimberg, der Renner, etc. ORIENTAUX. Bidpai, t. 2, p. 87.

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Que le bon soit toujours camarade du beau,
Dès demain je chercherai femme :

Mais, comme le divorce entre eux n'est pas nouveau,
Et que peu de beaux corps, hôtes d'une belle âme,
Assemblent l'un et l'autre point,

Ne trouvez pas mauvais que je ne cherche point.
J'ai vu beaucoup d'hymens,aucuns d'eux ne me tentent:
Cependant des humains presque les quatre parts
S'exposent hardiment au plus grand des hasards;
Les quatre parts aussi des humains se repentent.
J'en vais alléguer un, qui, s'étant repenti,
Ne put trouver d'autre parti

Que de renvoyer son épouse,
Querelleuse, avare, et jalouse.

Rien ne la contentoit, rien n'étoit comme il faut;
On se levoit trop tard, on se couchoit trop tôt;
Puis du blanc, puis du noir, puis encore autre chose;
Les valets enrageoient; l'époux étoit à bout;
Monsieur ne songe à rien, monsieur dépense tout,
Monsieur court, monsieur se repose.

Elle en dit tant, que monsieur à la fin,
Lassé d'entendre un tel lutin,

Vous la renvoie à la campagne

Chez ses parents. La voilà donc compagne

De certaines Philis qui gardent les dindons,

Avec les gardeurs de cochons.

Au bout de quelque temps qu'on la crut adoucie,
Le mari la reprend. Eh bien ! qu'avez-vous fait?
'Comment passiez-vous votre vie?
L'innocence des champs est-elle votre fait?
Assez, dit-elle mais ma peine

Étoit de voir les gens plus paresseux qu'ici;
Ils n'ont des troupeaux nul souci.

Je leur savois bien dire, et m'attirois la haine
De tous ces gens si peu soigneux.

Eh! madame, reprit son époux tout à l'heure,
Si votre esprit est si hargneux,

Que le monde qui ne demeure

Qu'un moment avec vous, et ne revient qu'au soir,

Est déjà lassé de vous voir,

1

Que feront des valets qui, toute la journée,

Vous verront contre eux déchaînée ?

Et que pourra faire un époux

Que vous voulez qui soit jour et nuit avec vous?
Retournez au village: adieu. Si de ma vie

Je vous rappelle, et qu'il m'en prenne envie, Puissé-je chez les morts avoir, pour mes péchés, Deux femmes comme vous sans cesse à mes côtés!

GRECS. ES.-Cor., 9.

LATINS. J. Posth., 79.

FRANCAIS. Guill. Haud., 75; Bens., 201.

FABLE III.—(127.)

Le Rat qui s'est retiré du monde.

Les Levantins en leur légende

Disent qu'un certain rat, las des soins d'ici-bas, Dans un fromage de Hollande

Se retira loin du tracas.

La solitude étoit profonde,

S'étendant partout à la ronde.

Notre ermite nouveau subsistoit là-dedans.
Il fit tant, de pieds et de dents,

Qu'en peu de jours il eut au fond de l'ermitage
Le vivre et le couvert : que faut-il davantage?
Il devint gros et gras: Dieu prodigue ses biens
A ceux qui font vœu d'être siens.
Un jour, au dévot personnage
Des députés du peuple rat

S'en vinrent demander quelque aumône légère :
Ils alloient en terre étrangère

Chercher quelque secours contre le peuple chat;
Ratopolis étoit bloquée:

On les avoit contraints de partir sans argent,
Attendu l'état indigent

De la république attaquée.

Ils demandoient fort

peu, certains que le secours

Seroit prêt dans quatre ou cinq jours.
Mes amis, dit le solitaire,

Les choses d'ici-bas ne me regardent plus :
En quoi peut un pauvre reclus

Vous assister? que peut-il faire,

Que de prier le ciel qu'il vous aide en ceci?
J'espère qu'il aura de vous quelque souci.
Ayant parlé de cette sorte,

Le nouveau saint ferma sa porte.

Qui désigné-je, à votre avis,
Par ce rat si peu secourable?

Un moine? Non, mais un dervis :

Je suppose qu'un moine est toujours charitable.

LATINS. Nic. Perg., 75.

DE CARDUELLO IN CAVEA.

Carduellus quidam, in caveá cujusdam divitis, splendidè epulabatur, propter quod dives ipsum diligenter audiebat, dùm cantabat; et ipse, de famelicis parum curabat.

Tempore quodam inedia et necessitatis, aves alites multæ, pauperes et famelicæ de bruma et frigore, ad carduellum præcedebant, eleemosinam petentes ; sed carduellus illis non porrigebat, nisi de corticibus, etc.

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