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I Il paroît que le mot sanglier n'étoit que de deux syllabes. lança un rire, un ris. - 2 Par gabois, par raillerie, moquerie. 4 Mandre, moindre.

sens.

7 Asegrisié, assuré, de securus.

5 Flabe, fable.

Un ris ruà,

3 Sans,

6 Toust, bientôt.

FABLE XVI.—(158.)

L'Horoscope.

On rencontre sa destinée

Souvent par des chemins qu'on prend pour l'éviter.

Un père eut pour toute lignée
Un fils qu'il aima trop, jusques à consulter
Sur le sort de sa géniture

Les diseurs de bonne aventure.

Un de ces gens lui dit que des lions surtout
Il éloignât l'enfant jusques à certain âge,
Jusqu'à vingt ans, point davantage.
Le père, pour venir à bout

D'une précaution sur qui rouloit la vie
De celui qu'il aimoit, défendit que jamais
On lui laissât passer le seuil de son palais.
Il pouvoit, sans sortir, contenter son envie,
Avec ses compagnons tout le jour badiner,
Sauter, courir, se promener.

Quand il fut en l'âge où la chasse
Plaît le plus aux jeunes esprits,
Cet exercice avec mépris

Lui fut dépeint. Mais, quoi qu'on fasse,

Propos, conseil, enseignement,

Rien ne change un tempérament.

Le jeune homme inquiet, ardent, plein de courage,

A peine se sentit des bouillons d'un tel âge,

Qu'il soupira pour ce plaisir.

Plus l'obstacle étoit grand, plus fort fut le désir.
Il savoit le sujet des fatales défenses;

Et comme ce logis, plein de magnificences,
Abondoit partout en tableaux,

Et que la laine et les pinceaux
Traçoient de tous côtés chasses et paysages,
En cet endroit des animaux,

En cet autre des personnages,

Le jeune homme s'émeut, voyant peint un lion:
Ah! monstre! cria-t-il; c'est toi qui me fais vivre
Dans l'ombre et dans les fers! A ces mots il se livre
Aux transports violents de l'indignation,

Porte le poing sur l'innocente bête.
Sous la tapisserie un clou se rencontra :
Ce clou le blesse, il pénétra

Jusqu'aux ressorts de l'âme; et cette chère tête, Pour qui l'art d'Esculape en vain fit ce qu'il put, Dut sa perte à ces soins qu'on prit pour son salut.

Même précaution nuisit au poëte Eschyle.
Quelque devin le menaça, dit-on,

De la chute d'une maison.

Aussitôt il quitta la ville,

Mit son liten plein champ, loin des toits, sous les cieux.
Un aigle, qui portoit en l'air une tortue,

Passa par-là, vit l'homme, et sur sa tête nue,
Qui parut un morceau de rocher à ses yeux,
Étant de cheveux dépourvue,

Laissa tomber sa proie, afin de la casser:
Le pauvre Eschyle ainsi sut ses jours avancer.

De ces exemples il résulte

Que cet art, s'il est vrai, fait tomber dans les maux
Que craint celui qui le consulte :

Mais je l'en justifie, et maintiens qu'il est faux.
Je ne crois point que la Nature

Se soit lié les mains et nous les lie encor

Jusqu'au point de marquer dans les cieux notre sort: Il dépend d'une conjoncture

De lieux, de

de personnes, temps;

Non des conjonctions de tous ces charlatans.
Ce berger et ce roi sont sous même planète;
L'un d'eux porte le sceptre, et l'autre la houlette :
Jupiter le vouloit ainsi.

Qu'est-ce que Jupiter? un corps sans connoissance.
D'où vient donc que son influence

Agit différemment sur ces deux hommes-ci?
Puis comment pénétrer jusques à notre monde?
Comment percer des airs la campagne profonde?
Percer Mars, le Soleil, et des vuides sans fin!
Un atome la peut détourner en chemin :
Où l'iront retrouver les faiseurs d'horoscope?
L'état où nous voyons l'Europe

Mérite que du moins quelqu'un d'eux l'ait prévu :
Que ne l'a-t-il donc dit? Mais nul d'eux ne l'a su.
L'immense éloignement, le point et sa vitesse,
Celle aussi de nos passions,
Permettent-ils à leur foiblesse

De suivre

pas à pas toutes nos actions?

Notre sort en dépend; sa course entresuivie

Ne va, non plus que nous, jamais d'un même pas :
Et ces gens veulent au compas
Tracer le cours de notre vie!

Il ne se faut point arrêter

Aux deux faits ambigus que je viens de conter.
Ce fils par trop chéri, ni le bonhomme Eschyle,
N'y font rien : tout aveugle et menteur qu'est cet art,
Il peut frapper au but une fois entre mille;
Ce sont des effets du hasard.

GRECS. Es.-Cor., 215; II 215; Hérodot.
LATINS. G. Cogn. (Gilb. Cous.), 82; Jongh., 9.
FRANÇAIS. Guill. Tard., 31; Guill. Haud., 32.

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