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les peuples les plus industrieux, les plus policés, pourrait encore être étendue et considérablement perfectionnée. Il est encore de vastes contrées incultes, inhabitées, qui pourraient être utilement mises en rapport et fertilisées (1), si la guerre elle-même n'arrachait pas à leur culture une foule d'hommes laborieux et naturellement paisibles; si une fausse politique, des intérêts mal entendus, des discussions sans objet, des querelles puériles, une

nourrir le nombre d'hommes qui se consacrent à sa culture, et encore autant au-delà.

M. Say ajoute: «Quelques exemples portent à croire que des travaux mieux entendus, un meilleur choix de culture et moins de terrains perdus, permettraient, même sur un sol médiocrement fertile, d'en nourrir beaucoup davantage. Mais en prenant, dit-il, leur évaluation pour bonne, une moitié des habitans d'un pays peut sans inconvénient occuper les bourgs et les villes; et quand les villes fournissent quelques produits à la consommation des contrées étrangères, étant dès-lors en état de recevoir des subsistances en échange, elles peuvent contenir une population proportionnellement plus forte: c'est ce que l'on voit dans plusieurs petits États dont le territoire seul, comme celui de Hambourg, ne suffirait pas à nourrir un des faubourgs de leur capitale. » (Économie politique, tom. I, liv. 1, chap. XLVII.)

folle ambition, un faux sentiment de gloire, des préjugés d'orgueil et de pure vanité, n'enlevaient pas, contre leur gré et leur inclination, contre le vœu et la destination de la providence, cette multitude d'hommes industrieux aux soins du labourage, à la culture de leurs champs, pour les faire eux-mêmes moissonner, sans nécessité, dès le printemps de leur vie, par la faux rapide d'un fléau plus destructeur que le temps (a).

(a) Selon Plutarque (tome 11, pag. 356 A), et Diodore (liv. 1, pag. 17), Osyris abolit l'usage où étaient les Égyptiens de se nourrir de chair humaine, en leur enseignant à cultiver la terre. Perfectionnez encore l'agriculture, les manufactures, l'industrie, les arts, vous apprendrez aux hommes à vivre en paix.

A la Chine, on plante le blé, au lieu de le semer à la volée; il y a, par ce moyen, beaucoup de semences épargnées, et l'on assure que le produit est le même. Un des Anglais attachés à l'ambassade de lord Macartney compara la quantité de grains employés chaque année comme semence dans tout l'empire chinois, avec la quantité qu'exigerait la méthode européenne, et son calcul démontra que ce que les Chinois épargnent de grains par ce procédé, suffirait pour nourrir tous les habitans de la Grande-Bretagne.

<«Le talent de tout mettre à profit dans les arts indus

Un assez grand nombre de maux ne contribue que trop puissamment à diminuer la population, à désoler le genre humain (a); mais, lorsqu'il n'en serait pas ainsi, lorsqu'il serait vrai que les épidémies, les maladies et autres accidens qui atteignent l'homme, malgré sa prévoyance et tous ses efforts pour y échapper, que les tremblemens de terre, les inondations subites, les bouleversemens du globe, ne suffiraient pas pour enlever au monde une grande partie de ses habitans; lorsqu'il serait vrai qu'en effet la multiplication de l'espèce pût dépasser celle de toutes les productions propres à la nourriture de l'homme (ce

triels, dit M. Say, fait une partie essentielle de leurs progrès. Il y avait autrefois dans les arts, bien plus de temps et de matières perdues, qu'il n'y en a de nos jours. De là, beaucoup de produits, autrefois rares et chers, sont devenus plus communs et ont baissé de prix...» (Écon. polit., tom. II, liv. v, pag. 343.)

(a) « Les hommes, dit Fénélon, ne sont-ils pas assez mortels, sans se donner encore les uns aux autres une mort précipitée? La vie est courte, et il semble qu'elle leur paraisse trop longue! Sont-ils sur la terre pour se déchirer les uns les autres, et pour se rendre mutuellement malheureux?...» (Télémaque, liv. vIII.)

Laguerre promente la di

duit ou ang

sette, bien loin d'y remédier.

qu'il est réellement impossible de supposer); lorsqu'il serait vrai que l'on ne pût, après une longue suite de siècles, se soustraire aux désastres d'une disette universelle; lors même qu'il serait certain que cette famine dût se faire sentir avant peu, la guerre, dans cette hypothèse, serait encore bien plus un moyen d'augmenter, d'aggraver le mal, que de le réparer ou de le prévenir. En effet, depuis que les peuples se livrent aux travaux de l'agriculture, la guerre a plus d'une fois produit la famine (a), tandis qu'il n'existe peut-être pas un seul exemple d'une guerre dont la famine

(a) << En 1349, dit John Adams, les guerres tant intestines qu'extérieures avaient pris tant de temps à tous les hommes du peuple, laboureurs, artisans et autres habitans de la petite république de Pistoie en Italie, et les campagnes étaient si dévastées, qu'il fut impossible de recueillir une moisson suffisante à la subsistance des habitans. Il s'en suivit la peste et la famine... Ce qui se renouvela par les mêmes causes en 1498.» (Défense des Constit. améric., tom. II, lett. vI.) ...........

Les exemples sont nombreux, et l'on pourrait ici sans peine multiplier les citations, indiquer même des faits peu éloignés de nous; mais à quoi bon, lorsque la vérité parle si intelligiblement?

ait été l'unique cause. Les frontières de la Chine sont bornées par la mer, par la grande muraille, par des déserts; les Chinois n'envoient point de colonies au-dehors, la population y est prodigieuse (a), mais les récoltes aussi y sont prodigieuses et proportionnées à la population: les peuples de la Chine n'ont point été détruits par la faim (b).

Loin donc d'être une chose inévitable, nécessaire, la guerre des nations est au contraire

La guerre est fléaux, et sans

le plus grand de tous les

(a) Quelques voyageurs pensent que, s'il y a dans la Chine un très-grand nombre de familles qui habitent sur les eaux des fleuves dans des édifices, faits en forme de petits navires, c'est pour ne point dérober à la culture cette portion de terre qu'occuperaient les maisons.

(b) M. de Montesquieu dit, il est vrai, «que la Chine, de même que tous les pays où croît le riz, est sujette à des disettes assez fréquentes »; mais il est plus que probable que cela tient essentiellement, uniquement peut-être, à l'absence de commerce, à l'imprévoyance, au défaut de certaine industrie, vices qui tiennent eux-mêmes à l'imperfection de l'administration, à la nature des institutions, à la forme du gouvernement. C'est ce dont on sera facilement convaincu par la lecture du livre suivant et par celle de la seconde partie de cet ouvrage. Voy. aussi l'Esprit des lois, liv. XXIII, chap. xiv.

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