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revêtu de boiseries sculptées et dorées, de style Louis XV; les verroux des portes sont également du temps de Louis XV et en cuivre ciselé doré.

Le cabinet renferme une cheminée en marbre et plusieurs armoires. Les boiseries des lambris, des portes, des armoires et de l'ébrasement de la fenêtre sont de style Robert de Cotte.

Chambre à coucher de Louis XV (126).

La chambre à coucher de Louis XV a été formée du cabinet du Billard ou cabinet des chiens du Roi1 et de quelques petits cabinets éclairés sur la cour des Cerfs. Louis XV avait d'abord couché dans la chambre de Louis XIV; il se servit de sa nouvelle chambre à partir de 1738 et y mourut le 10 mai 1774. Elle fut dès lors la chambre de Louis XVI.

La décoration est de même style que la salle du Conseil; c'est le style Louis XV commençant et se dégageant avec grâce du goût plus sévère de Louis XIV. Les bronzes dorés, les serrures, les espagnolettes, les verroux, les boutons des portes, les ornements de la cheminée sont ici, comme partout, d'une rare perfection de travail.

Dans le fond, qui est opposé aux croisées, dit La Martinière ', il y a une alcôve renfoncée, dans laquelle est le lit. Cette alcôve est ouverte entre deux pilastres, aux angles du flanc desquels on remarque des palmiers qui s'élèvent et se recourbent en cintre, en s'étendant le long de la traverse d'en haut; cette traverse est chantournée, et les armes du Roi sont sculptées dans son milieu *. Cette alcôve est fermée par une balustrade richement ornée. Les tapisseries qu'on y tend sont de superbes étoffes, pareilles à celles du lit.

Le reste de la chambre est décoré de lambris, qui montent jusque sous la corniche. En entrant par le cabinet du Conseil, on a pratiqué au milieu du lambris la cheminée, qui est d'un beau marbre de brèche d'Alep; sa forme est nouvelle et gracieuse, taillée d'ornemens pris dans le marbre même. Au-dessus on y a placé un

1 Du roi Louis XIV.

2 LUYNES, IX, 294.

Article Versailles, p. 100, 1re colonne.

Cette décoration n'existe plus ; elle a été changée sous Louis XV.

trémeau de glace, renfermé dans un bâtis, d'une sculpture singulière. De l'autre côté opposé, il y a un trémeau semblable. La face des croisées est pareillement ornée de glaces. Les pilastres et les panneaux varient plusieurs parties par des ornemens de grand goût. La corniche sous le plafond se contourne en cintre et s'unit à un cadre, qui forme des milieux et des angles, avec des chantournemens, dans lesquels sont placés des manières de cartouches, qui renferment des chiffres et de petits bas-reliefs assortis aux autres décorations. Sur les quatre portes, dont deux à chaque côté de la cheminée, deux à côté du trémeau opposé, sont des tableaux renfermés dans de riches cadres dans l'un, c'est le portrait de François Ier par le Titien; le second est Catherine de Médicis par Rubens; un autre, Marie de Médicis par Van Dyck; le dernier est le portrait de Don Juan d'Autriche par Antoine More.

Le Roi couche ordinairement dans cette chambre; et lorsqu'il se lève le matin, il passe en robe par le cabinet du Conseil, dans la première1 où se fait son lever avec les cérémonies accoutumées.

Les anciens dessus de porte ont été remplacés par les portraits de Mesdames Adélaïde, Victoire, Elisabeth et Henriette. Dans l'alcôve on a placé le sacre de Louis XV par Signol, deux portraits de Louis XV par J.-B. Vanloo et Rigaud, et les portraits de Mesdames Sophie et Louise. Cette fois les organisateurs du Musée ont fait ce qu'ils auraient dû faire toujours conserver la chambre intacte et sa décoration, et y placer quelques peintures appropriées à la pièce et à son histoire.

Les balcons des fenêtres sont encore ceux du temps de Louis XIV; ils sont en fer forgé, autrefois doré; au milieu est le chiffre du Roi avec la couronne; à droite et à gauche, le sceptre de France croisé des carreaux de la foudre.

On remarque dans cette pièce, ainsi que dans beaucoup d'autres, un certain mélange de choses anciennes et nouvelles. Ici, les volets sont Louis XIV; le verrou de la porte qui va au salon des Pendules est Louis XVI; les panneaux de cette porte sont Louis XV, mais on les a entourés de cadres Louis XIV.

Terminons en disant qu'on voit aujourd'hui dans la cham

1 Celle de Louis XIV.

2 Le portrait de Madame Henriette est de Nattier; ceux des cinq autres filles de Louis XV ont été peints par des artistes de son école. Des anciens dessus de porte, le Titien est au Louvre.

bre de Louis XV deux petites statues équestres. L'une représente Louis XIV; l'autre, placée au milieu de la chambre, est le modèle de la statue de Louis XV par Bouchardon. On remarque encore deux consoles en bois doré de style Louis XIV.

Au fond de l'alcôve, une porte ouvre sur un petit cabinet (d) tout couvert de boiseries décorées de fines sculptures dorées, dont les motifs sont empruntés aux sciences et aux arts: sphères, boussoles, etc. C'est le plus joli spécimen du style Louis XVI qu'il y ait au château. La cheminée, en griotte rouge, est ornée de cuivres dorés, dont la ciselure est d'une finesse et d'une exécution remarquables. Les serrures et le bouton de porte ne sont pas moins élégants. Le verrou est Louis XV. Une porte-fenêtre, fermée par une grille de fer, ouvre sur le balcon de la cour des Cerfs et permettait au Roi d'arriver librement à l'escalier des petits appartements et de monter aux étages supérieurs du palais. C'est par là que passait Louis XV pour se rendre à l'appartement des petites maîtresses dans les combles, à sa bibliothèque, ou pour aller faire ses promenades sur les toits. C'est par là que Louis XVI passera plus tard pour aller chez la Reine par le Passage du Roi.

Salon des Pendules (127).

Le vestibule du petit escalier de Louis XIV et divers cabinets furent aussi, à cette époque, transformés et devinrent un nouveau cabinet de Conseil, qui prit" quelques années après le nom de cabinet de la Pendule.

Le duc de Lynes' nous apprend que Louis XV fit refaire, en 1748, le cabinet du Conseil. On baissa de trois pieds le plafond; on gratta et on blanchit tout ce qu'il y avait de dorure, et on le refit à neuf pendant le voyage de Fontainebleau de cette année.

Le cabinet du Conseil prit le nom de cabinet de la Pendule, en 1749, après qu'on y eût placé la pendule de Passemant et

' IX, 76.

Dauthiau, chef-d'œuvre d'horlogerie et de mécanique. On l'appelle aujourd'hui le salon des Pendules, et en effet il en renferme trois celle de Passemant, une autre pendule astronomique de Passemant et une horloge prise à Alger en 1830. C'est l'une des plus belles pièces des petits appartements. Elle est toute décorée de glaces et de boiseries sculptées. Le style de cette ornementation (gorge du plafond, bordures des glaces, sculptures des lambris) est d'un goût excellent, d'une légèreté et d'une élégance parfaites. La cheminée est en brèche violette.

On remarque dans la salle un petit réduit (e), éclairé par une barbacane, entre les deux pilastres accouplés de la cour de Marbre. Cette cachette est fermée par une porte aux vitres de glaces. Etait-ce une des écoutes de Louis XV? On voit aussi, incrusté dans le parquet, un méridien tracé par une bande de cuivre jaune. Ce méridien a été posé par le roi Louis XVI, en décembre 1778, et a été payé 192 livres1.

Le salon des Pendules est meublé aujourd'hui de cinq tables, dont les dessus en stuc représentent les plans du parc de Versailles, des forêts de Marly et de Saint-Germain, par Andrieux de Benson, et ceux des forêts de Compiègne et de Fontainebleau, par Ducy. La cheminée supporte une pendule Louis XIV et deux vases de porphyre rouge du temps de Mazarin.

Cabinet des Chasses (128).

Une antichambre et les salles des garçons du château devinrent le cabinet des Chasses. La décoration de ce cabinet, généralement assez simple, est surtout remarquable à la gorge du plafond, où des bas-reliefs en stuc représentent des chasses au cerf et au sanglier. Le cadre chantourné de la glace de la cheminée est d'une grande richesse, et les portraits au-dessus des portes sont entourés de guirlandes, dont les extrémités sont tenues par des aigles. Ce cabinet, dit Blondel, renfermait plusieurs loges et banquettes pour les chiens du Roi.

Journal de Louis XVI, publié par NICOLARDOT, 1873, in-12, p. 208.

Escalier particulier de Louis XV1.

Il a été établi sur l'emplacement du cabinet des Livres de Louis XIV. Il conduit à l'appartement de Louis XV, au premier étage, et à l'appartement des maîtresses, au second. On y remarque une rampe en fer forgé, au chiffre du Roi.

Salle à manger (129).

Le petit escalier de Louis XIV, par lequel on arrivait aux cabinets du Roi par les derrières, la salle de bains et la chambre des bains de Louis XIV, furent transformés et devinrent la salle à manger de Louis XV. Sa décoration est assez simple et les motifs principaux sont des instruments de musique. Cette salle à manger a deux portes-fenêtres ouvrant sur le balcon de la cour des Cerfs, et communique par un long corridor avec les cuisines établies autour de la dite cour des Cerfs.

La salle à manger de Louis XV fut aussi celle de Louis XVI. On y avait placé, sous des vitrines, toute la vaisselle d'or du Roi. On y voyait aussi un baromètre de Torelli et un secrétaire dont chaque tiroir ne s'ouvrait qu'en faisant jouer l'air d'un orgue. Le comte d'Hézecques nous apprend encore que c'est par cette pièce (et l'escalier à vis (i) aujourd'hui détruit) que l'on gagnait les petits cabinets qui régnaient à tous les étages de la cour des Cerfs.

Cabinet du Roi (130).

L'ancien cabinet des Agates devint le cabinet de Louis XV.

1

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Cet escalier est marqué f sur le plan.

Les bains de Louis XIV furent refaits en 1728 par Louis XV (PIGANIOL, éd. de 1764, I, 316). En 1755, nous trouvons un nouvel appartement des bains, au second étage du château, sur l'emplacement où Louis XV établit, en 1764, sa bibliothèque, qui est aujourd'hui la bibliothèque du château. En 1764, les bains furent reportés au premier étage, au cabinet a. - L'étude des documents originaux n'offre qu'une suite ininterrompue de cabinets, d'antichambres, de bains, d'escaliers surtout, sans cesse faits, défaits et refaits.

3 D'HÉZECQUES, Souvenirs d'un page de la Cour de Louis XVI, p. 158.

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