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Georges, cette chapelle ayant été abattue pour faire place à l'escalier de la Reine, ce projet ne put recevoir d'exécution.

On commença alors la construction d'une nouvelle chapelle sur l'emplacement actuel du vestibule de la cour de la Chapelle et du salon d'Hercule. Elle fut inaugurée en 1682. Mais dès 1669, on avait établi une chapelle provisoire. La Gazette de 1670 dit qu'elle était près de la vieille chapelle, ce qui implique, à cette date, l'existence de deux chapelles la vieille, qui ne servait plus et qui fut démolie en 1671 ou 1672, et la nouvelle, c'est-à-dire la chapelle provisoire. La nouvelle chapelle occupait au rez-de-chaussée un vestibule conduisant à l'escalier de la Reine, le vestibule n° 41 et la salle des Amiraux no 42; au premier étage, elle occupait tout l'emplacement de la grande salle des Gardes (no 140). C'est à la hauteur du premier étage que se trouvait la tribune des musiciens, au nord. L'autel était à l'est et au rez-de-chaussée'. Cette chapelle fut bénite le 30 octobre 4672.

La décoration de l'escalier de la Reine est toute de marbre de Dinant et de campan-vert. De nombreuses sculptures dorées ornent, au premier étage, la niche qui se trouve entre les deux portes, et l'entablement du haut de l'escalier.

Le vestibule est aussi tout lambrissé de marbre. Il est ouvert sur l'escalier par une grande arcade, en face de laquelle on a feint, dans le haut de l'escalier, une ouverture de même grandeur et remplie d'un tableau représentant une galerie en perspective. On voit sur le devant un jeune homme tenant une corbeille de fleurs. L'architecture a été peinte par Meusnier, les figures par Poerson, les fleurs par Blain de Fontenay. Au temps de Louis XIV les trois arcades du vestibule du rez-de-chaussée étaient fermées par des grilles de fer exécutées par Delobel 5.

1 Mémoires inédits sur la vie et les ouvrages des membres de l'Académie. publiés par L. DUSSIEUX, SOULIÉ, etc., I, 49.

2 Voir page 68 de ce volume.

Voir, à la fin du volume, le plan de Levau, 1669, no 3.

Gazette de France, 1672, p. 1110.

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8 Comptes des Bâtiments, 1682. Si l'on veut se faire une idée de l'habileté et du goût de nos anciens serruriers, on n'a qu'à voir les deux grilles du château de Maisons placées actuellement au Louvre.

VII

GRANDE SALLE DES GARDES

SALLES SERVANT DE PASSAGE POUR ALLER DANS L'AILE DES PRINCES APPARTEMENT DE LA GOUVERNANTE DES ENFANTS DE FRANCE

Pour finir la description du premier étage de ce côté, nous avons encore à parler de la grande salle des Gardes, des deux salles qui servaient de passage pour aller dans l'aile des Princes et de l'appartement de la gouvernante des Enfants de France.

Grande salle des Gardes (140).

La grande salle des Gardes, appelée aujourd'hui la salle du Sacre, fut de 1670 à 1682 une chapelle, puis devint la grande salle des Gardes.

L'ancienne décoration a été complétement détruite; les peintures du plafond datent du Consulat. Les dessus de porte ont été peints par Gérard.

C'est dans la grande salle des Gardes que le Roi faisait chaque année la cérémonie de la Cène, le Jeudi saint 1.

Un écrivain du xvII° siècle décrit ainsi cette cérémonie :

La cérémonie aujourd'hui observée à la Cour le Jeudi saint est telle.

Le mercredi auparavant, pendant les Ténèbres, auxquelles Sa Majesté assiste, l'un des aumôniers servans et le premier médecin du Roi, suivi des chirurgiens et barbiers, se rendent en un lieu où est assemblé un grand nombre de pauvres jeunes enfans, parmi lesquels on en choisit treize petits, les plus agréables, qui sont visités

1 Cet usage remonte au roi Robert; le nombre des pauvres était alors illimité; il fut fixé à treize sous Louis XIII. Le Roi servait treize plats à chaque pauvre et lui donnait une bourse contenant treize écus. C'est de la cour des empereurs grecs que cette coutume s'était répandue dans le reste de l'Europe.

par le premier médecin et par les chirurgiens et barbiers du Roi, pour voir s'ils sont nets et n'ont point aucunes fistules ou gales sur le corps, et notamment aux pieds, et ces treize petits enfans étant trouvés tels qu'il est nécessaire pour être présentés le lendemain, qui est le Jeudi saint, devant le Roi, à la cérémonie du lavement des pieds, ils sont mis par M. le grand aumônier sur un rôle signé de lui, lequel est mis entre les mains du trésorier des aumônes et offrandes du Roi, afin qu'il donne ordre à ce qui est nécessaire pour la cérémonie, en ce qui dépend de sa charge.

Le Jeudi saint, dès six heures du matin, ces treize petits pauvres sont menés à la fourrière, où le barbier du commun de la maison du Roi leur rase les cheveux et coupe les ongles du pied à chacun; puis on les fait chauffer, et on leur baille à déjeuner, et les officiers de la fourrière leur lavent après les jambes et les pieds avec de l'eau tiède et des herbes odoriférantes, afin que Sa Majesté n'en reçoive aucune mauvaise odeur. Cela fait, ils sont habillés d'une petite robe de drap rouge, ayant un chaperon à hache, attaché derrière, avec deux aunes de toile qui leur pendent depuis le col jusques en bas, où sont enveloppés leurs pieds, et sont conduits par leurs pères et mères, ou quelqu'un de leurs parens, en la salle où se doit faire la cérémonie et assis le long d'un banc, le dos tourné contre la table où le Roi les doit servir, et le visage vers la chaire, où le grand aumônier, ou autre prélat choisi pour faire ce jour le service divin devant Sa Majesté, doit faire l'exhortation sur le sujet de cette cérémonie.

L'exhortation faite, on chante le Miserere, à l'issue duquel le grand aumônier, ou autre prélat qui a fait l'exhortation, donne l'absolution, puis le Roi s'avance vers les enfans, et prosterné à deux genoux commence à laver le pied droit au premier, et le baise, et ainsi continue aux autres. Le grand aumônier de France tient le bassin d'argent doré, et l'un des aumôniers servans tient le pied de l'enfant que le Roi lave, essuie et baise après.

Ce lavement étant fait, les enfans sont passés de l'autre côté de la table, où ils sont servis par le Roi, chacun de treize plats de bois, les uns pleins de légumes, les autres de poisson, et d'une petite cruche pleine de vin, sur laquelle on met trois pains ou échaudés, et puis le Roi passe au col à chacun d'eux une bourse de cuir rouge, dans laquelle il y a treize écus, laquelle est présentée à Sa Majesté par le trésorier des aumônes. Tous ces mets sont présentés au Roi par les princes du sang royal et autres princes et grands seigneurs qui se trouvent lors auprès de Sa Majesté 1; le premier maître d'hôtel, en l'absence du grand maître de France, marchant devant eux avec son bâton de premier maître d'hôtel en grande cérémonie; et derrière les enfans il y a un aumônier servant qui

1 En cas d'empêchement du Roi, Sa Majesté est remplacée par le Dauphin ou un prince de sang royal.

prend tous les plats sitôt que le Roi les a mis sur la table, et les remet dans des paniers ou corbeilles qui sont tenues par les pères et mères, ou parens des enfans, auxquels le tout appartient.

Cette cérémonie ainsi parachevée, le Roi vient à la messe avec une grande suite de princes, seigneurs et officiers de la Cour, et à l'issue, avec un cierge blanc en main, suivi des mêmes princes et seigneurs, il accompagne le saint Sacrement depuis l'autel où la messe a été dite, jusques dans un oratoire qu'on a préparé, où il est posé en grand dévotion'.

Louis XV et Louis XVI tinrent plusieurs lits de justice dans cette salle, l'une des plus grandes du palais.

On appelait lit de justice une séance solennelle du Parlement, dans laquelle le Roi siégeait, placé sous un dais et assis sur une pile de coussins, entouré des ducs et pairs, et assisté du chancelier. Le Roi tenait un lit de justice pour forcer le Parlement à se soumettre à son autorité et à enregistrer un édit auquel il refusait la sanction de l'enregistrement. Quatre lits de justice furent tenus à Versailles : en 4732, 1756, 1771, sous Louis XV, et 1787, sous Louis XVI.

Le 6 octobre 1789, Louis XVI, accompagné de M. de la Fayette, reçut dans cette salle le serment de fidélité des gardes nationales parisiennes.

Salles servant de passage pour aller dans l'aile des Princes

(144-145).

La salle 144 se composait de deux parties: à droite, la décharge de la toilette de la Reine; à gauche, un passage établissant la communication entre la grande salle des Gardes et l'aile du Midi.

La salle 145 servait de vestibule d'entrée du côté de l'escalier des Princes. Sous Louis XV on l'appelait le salon des Marchands; sous Louis XVI on en fit la salle des CentSuisses.

Des marchands étaient établis dans ce salon, dans les

' DU PEYRAT, Histoire ecclésiastique de la Cour, 1645, in-folio, p. 774. - La Reine célébrait aussi une cérémonie de la Cène, assistée par les princesses de la famille royale et du sang, et par les duchesses, qui portaient les plats (Luynes, XI, 99).

par le premier médecin et par les chirurgiens et barbiers du Roi, pour voir s'ils sont nets et n'ont point aucunes fistules ou gales sur le corps, et notamment aux pieds, et ces treize petits enfans étant trouvés tels qu'il est nécessaire pour être présentés le lendemain, qui est le Jeudi saint, devant le Roi, à la cérémonie du lavement des pieds, ils sont mis par M. le grand aumônier sur un rôle signé de lui, lequel est mis entre les mains du trésorier des aumônes et offrandes du Roi, afin qu'il donne ordre à ce qui est nécessaire pour la cérémonie, en ce qui dépend de sa charge.

Le Jeudi saint, dès six heures du matin, ces treize petits pauvres sont menés à la fourrière, où le barbier du commun de la maison du Roi leur rase les cheveux et coupe les ongles du pied à chacun; puis on les fait chauffer, et on leur baille à déjeuner, et les officiers de la fourrière leur lavent après les jambes et les pieds avec de l'eau tiède et des herbes odoriférantes, afin que Sa Majesté n'en reçoive aucune mauvaise odeur. Cela fait, ils sont habillés d'une petite robe de drap rouge, ayant un chaperon à hache, attaché derrière, avec deux aunes de toile qui leur pendent depuis le col jusques en bas, où sont enveloppés leurs pieds, et sont conduits par leurs pères et mères, ou quelqu'un de leurs parens, en la salle où se doit faire la cérémonie et assis le long d'un banc, le dos tourné contre la table où le Roi les doit servir, et le visage vers la chaire, où le grand aumônier, ou autre prélat choisi pour faire ce jour le service divin devant Sa Majesté, doit faire l'exhortation sur le sujet de cette cérémonie.

L'exhortation faite, on chante le Miserere, à l'issue duquel le grand aumônier, ou autre prélat qui a fait l'exhortation, donne l'absolution, puis le Roi s'avance vers les enfans, et prosterné à deux genoux commence à laver le pied droit au premier, et le baise, et ainsi continue aux autres. Le grand aumônier de France tient le bassin d'argent doré, et l'un des aumôniers servans tient le pied de l'enfant que le Roi lave, essuie et baise après.

Ce lavement étant fait, les enfans sont passés de l'autre côté de la table, où ils sont servis par le Roi, chacun de treize plats de bois, les uns pleins de légumes, les autres de poisson, et d'une petite cruche pleine de vin, sur laquelle on met trois pains ou échaudés, et puis le Roi passe au col à chacun d'eux une bourse de cuir rouge, dans laquelle il y a treize écus, laquelle est présentée à Sa Majesté par le trésorier des aumônes. Tous ces mets sont présentés au Roi par les princes du sang royal et autres princes et grands seigneurs qui se trouvent lors auprès de Sa Majesté 1; le premier maître d'hôtel, en l'absence du grand maître de France, marchant devant eux avec son bâton de premier maître d'hôtel en grande cérémonie; et derrière les enfans il y a un aumônier servant qui

1 En cas d'empêchement du Roi, Sa Majesté est remplacée par le Dauphin ou un prince de sang royal.

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