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préférées. On ne parle point des robes de mousseline, percale ou autres de ce genre; l'usage en était récent, mais ces robes n'entraient pas dans le nombre de celles fournies à chaque saison; on les conservait plusieurs années. Les premières femmes étaient chargées de la garde, du soin et de la révision des diamants. Ce détail important avait été anciennement confié à la dame d'atours, mais depuis bien des années il était du nombre des fonctions des premières femmes de chambre.

VI

L'ESCALIER DE LA REINE ET LES PREMIÈRES CHAPELLES

L'escalier de la Reine ou petit escalier de marbre, le plus fréquenté autrefois, était situé vis-à-vis de l'escalier des Ambassadeurs. Les deux furent construits à la même époque (4671). « L'escalier de la Reine n'est pas aussi grand que celui du Roi, dit Félibien, parce que la chapelle qui est tout proche occupe une partie de la place 1. »

De quelle chapelle est-il question ici? Sans nul doute de la chapelle de Louis XIII.

L'histoire des premières chapelles du château de Versailles est assez obscure. Nous croyons cependant, après une étude attentive des textes, pouvoir dire avec certitude que la chapelle de Louis XIII occupait l'emplacement du vestibule de l'escalier de la Reine, et qu'après avoir voulu conserver cette première chapelle, au risque de n'avoir qu'un escalier plus petit que celui du Roi, comme le dit Félibien, on fut obligé de la démolir pour éclairer l'escalier de la Reine, à l'aide d'une grande arcade ouverte dans le mur du vestibule. Ce qui prouve qu'on voulait d'abord la conserver, c'est que Lebrun devait peindre, au plafond de cette chapelle, un tableau représentant la Chute des anges. Il en avait fait l'esquisse, qui est au Louvre 2; mais, dit Guillet de Saint

1 Page 50.

N° 67 du catalogue Villot.

service présentait, tous les matins à la première femme de chambre, un livre sur lequel étaient attachés les échantillons des robes, grands habits, robes déshabillées 1, etc. Une petite portion de la garniture indiquait de quel genre elle était; la première femme de chambre présentait ce livre, au réveil de la Reine, avec une pelotte; Sa Majesté plaçait des épingles sur tout ce qu'elle désirait pour la journée: une sur le grand habit qu'elle voulait, une sur la robe déshabillée de l'après-midi, une sur la robe parée, pour l'heure du jeu ou le souper des petits appartemens. On reportait ce livre à la garde-robe, et bientôt on voyait arriver dans de grands taffetas, tout ce qui était nécessaire pour la journée 2.

La femme de garde-robe, pour la partie du linge, apportait de son côté une corbeille couverte contenant deux ou trois chemises, des mouchoirs, des frottoirs. La corbeille du matin s'appelait le prêt du jour; le soir elle en apportait une contenant la camisole, le bonnet de nuit et les bas pour le lendemain matin : cette corbeille s'appelait le prêt de nuit. Ces deux objets étaient du ressort de la dame d'honneur, le linge ne concernant point la dame d'atours. Rien n'était rangé, rien n'était soigné par les femmes de la Reine. Aussitôt la toilette terminée, on faisait entrer les valets et garçons de garde-robe qui emportaient le tout pêle-mêle dans les mêmes toilettes de taffetas, à la garde-robe des atours, où tout était reployé, suspendu, revu, nettoyé avec un ordre et un soin si étonnants, que les robes mêmes réformées avaient tout l'éclat de la fraîcheur.

La garde-robe des atours consistait en trois grandes pièces environnées d'armoires, les unes à coulisses, les autres à porte-manteau; de grandes tables, dans chacune de ces pièces, servaient à étendre les robes, les habits, et à les reployer.

La Reine avait ordinairement pour l'hiver, douze grands habits, douze petites robes dites de fantaisie, douze robes riches sur panier, servant pour son jeu ou pour les soupers des petits appartemens.

Autant pour l'été; celles du printemps servaient en automne. Toutes ces robes étaient réformées à la fin de chaque saison, à moins que Sa Majesté n'en fit conserver quelques-unes qu'elle avait

:

1 Voir aux Archives nationales le volume intitulé: Madame la comtesse d'Ossun. Garde-robe des atours de la Reine. Gazette pour l'année 1782. Les échantillons des robes de la Reine y sont collés avec des pains à cacheter sur les feuilles du registre, et classés sous les titres de robes sur le grand panier, robes sur le petit panier, robes turques, levites, robes anglaises, grands habits de taffetas. MM. de Goncourt ont donné un fac-simile de trois de ces échantillons dans leur histoire illustrée de Marie-Antoinette (1878, in-4°).

2 La dame d'honneur apportait aussi la sale, c'est-à-dire un plateau de vermeil, sur lequel étaient les boîtes, étuis, montres et éventails de la Reine, couverts d'un taffetas brodé qu'on levait en présentant le plateau (SAINT-SIMON, IV, 196).

préférées. On ne parle point des robes de mousseline, percale ou autres de ce genre; l'usage en était récent, mais ces robes n'entraient pas dans le nombre de celles fournies à chaque saison; on les conservait plusieurs années. Les premières femmes étaient chargées de la garde, du soin et de la révision des diamants. Ce détail important avait été anciennement confié à la dame d'atours, mais depuis bien des années il était du nombre des fonctions des premières femmes de chambre.

VI

L'ESCALIER DE LA REINE ET LES PREMIÈRES CHAPELLES

L'escalier de la Reine ou petit escalier de marbre, le plus fréquenté autrefois, était situé vis-à-vis de l'escalier des Ambassadeurs. Les deux furent construits à la même époque (4671). « L'escalier de la Reine n'est pas aussi grand que celui du Roi, dit Félibien, parce que la chapelle qui est tout proche occupe une partie de la place 1. »

De quelle chapelle est-il question ici? Sans nul doute de la. chapelle de Louis XIII.

L'histoire des premières chapelles du château de Versailles est assez obscure. Nous croyons cependant, après une étude attentive des textes, pouvoir dire avec certitude que la chapelle de Louis XIII occupait l'emplacement du vestibule de l'escalier de la Reine, et qu'après avoir voulu conserver cette première chapelle, au risque de n'avoir qu'un escalier plus petit que celui du Roi, comme le dit Félibien, on fut obligé de la démolir pour éclairer l'escalier de la Reine, à l'aide d'une grande arcade ouverte dans le mur du vestibule. Ce qui prouve qu'on voulait d'abord la conserver, c'est que Lebrun devait peindre, au plafond de cette chapelle, un tableau représentant la Chute des anges. Il en avait fait l'esquisse, qui est au Louvre 2; mais, dit Guillet de Saint

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* No 67 du catalogue Villot.

service présentait, tous les matins à la première femme de chambre, un livre sur lequel étaient attachés les échantillons des robes, grands habits, robes déshabillées, etc. Une petite portion de la garniture indiquait de quel genre elle était; la première femme de chambre présentait ce livre, au réveil de la Reine, avec une pelotte; Sa Majesté plaçait des épingles sur tout ce qu'elle désirait pour la journée: une sur le grand habit qu'elle voulait, une sur la robe déshabillée de l'après-midi, une sur la robe parée, pour l'heure du jeu ou le souper des petits appartemens. On reportait ce livre à la garde-robe, et bientôt on voyait arriver dans de grands taffetas, tout ce qui était nécessaire pour la journée 2.

La femme de garde-robe, pour la partie du linge, apportait de son côté une corbeille couverte contenant deux ou trois chemises, des mouchoirs, des frottoirs. La corbeille du matin s'appelait le prêt du jour, le soir elle en apportait une contenant la camisole, le bonnet de nuit et les bas pour le lendemain matin : cette corbeille s'appelait le prêt de nuit. Ces deux objets étaient du ressort de la dame d'honneur, le linge ne concernant point la dame d'atours. Rien n'était rangé, rien n'était soigné par les femmes de la Reine. Aussitôt la toilette terminée, on faisait entrer les valets et garçons de garde-robe qui emportaient le tout pêle-mêle dans les mêmes toilettes de taffetas, à la garde-robe des atoùrs, où tout était reployé, suspendu, revu, nettoyé avec un ordre et un soin si étonnants, que les robes mêmes réformées avaient tout l'éclat de la fraîcheur.

La garde-robe des atours consistait en trois grandes pièces environnées d'armoires, les unes à coulisses, les autres à porte-manteau; de grandes tables, dans chacune de ces pièces, servaient à étendre les robes, les habits, et à les reployer.

La Reine avait ordinairement pour l'hiver, douze grands habits, douze petites robes dites de fantaisie, douze robes riches sur panier, servant pour son jeu ou pour les soupers des petits appartemens.

Autant pour l'été ; celles du printemps servaient en automne. Toutes ces robes étaient réformées à la fin de chaque saison, à moins que Sa Majesté n'en fit conserver quelques-unes qu'elle avait

:

1 Voir aux Archives nationales le volume intitulé : Madame la comtesse d'Ossun. Garde-robe des atours de la Reine. Gazette pour l'année 1782. Les échantillons des robes de la Reine y sont collés avec des pains à cacheter sur les feuilles du registre, et classés sous les titres de robes sur le grand panier, robes sur le petit panier, robes turques, lévites, robes anglaises, grands habits de taffetas. MM. de Goncourt ont donné un fac-simile de trois de ces échantillons dans leur histoire illustrée de Marie-Antoinette (1878, in-40).

2 La dame d'honneur apportait aussi la sale, c'est-à-dire un plateau de vermeil, sur lequel étaient les boîtes, étuis, montres et éventails de la Reine, couverts d'un taffetas brodé qu'on levait en présentant le plateau (SAINT-SIMON, IV, 196).

préférées. On ne parle point des robes de mousseline, percale ou autres de ce genre; l'usage en était récent, mais ces robes n'entraient pas dans le nombre de celles fournies à chaque saison; on les conservait plusieurs années. Les premières femmes étaient chargées de la garde, du soin et de la révision des diamants. Ce détail important avait été anciennement confié à la dame d'atours, mais depuis bien des années il était du nombre des fonctions des premières femmes de chambre.

VI

L'ESCALIER DE LA REINE ET LES PREMIÈRES CHAPELLES

L'escalier de la Reine ou petit escalier de marbre, le plus fréquenté autrefois, était situé vis-à-vis de l'escalier des Ambassadeurs. Les deux furent construits à la même époque (4671). « L'escalier de la Reine n'est pas aussi grand que celui du Roi, dit Félibien, parce que la chapelle qui est tout proche occupe une partie de la place 1. »

De quelle chapelle est-il question ici? Sans nul doute de la chapelle de Louis XIII.

L'histoire des premières chapelles du château de Versailles est assez obscure. Nous croyons cependant, après une étude attentive des textes, pouvoir dire avec certitude que la chapelle de Louis XIII occupait l'emplacement du vestibule de l'escalier de la Reine, et qu'après avoir voulu conserver cette première chapelle, au risque de n'avoir qu'un escalier plus petit que celui du Roi, comme le dit Félibien, on fut obligé de la démolir pour éclairer l'escalier de la Reine, à l'aide d'une grande arcade ouverte dans le mur du vestibule. Ce qui prouve qu'on voulait d'abord la conserver, c'est que Lebrun devait peindre, au plafond de cette chapelle, un tableau représentant la Chute des anges. Il en avait fait l'esquisse, qui est au Louvre 2; mais, dit Guillet de Saint

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No 67 du catalogue Villot.

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