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appartements du premier étage. Deux rangs de bustes de marbre, représentant des empereurs romains, ornaient les façades de la cour, dont le premier étage se terminait par une balustrade en pierre surmontée de vases et de groupes. Les pièces du second étage étaient éclairées par des œils-debœuf ouverts dans le toit, tels qu'on les voit encore aux façades nord et sud de la cour de Marbre. Les toits et les cheminées, d'un beau modèle, étaient décorés de vases et de divers ornements de couleur bleue, qui, avec le blanc de la pierre et le rouge des briques reproduisaient les couleurs de la maison de Bourbon. Les toits, presque tout couverts d'or, resplendissaient au loin.

Aux deux angles de la cour, il y avait, à la hauteur du premier étage, deux élégantes tourelles ou lanternes en maçonnerie, reposant chacune sur une trompe, au bas de laquelle se trouvait un petit bassin de marbre, en forme de coquille, où un triton de bronze doré jetait par son cornet des eaux abondantes3.

Les appartements étaient très-beaux ; Mlle de Scudéry en vante la riche décoration et le bon goût. En 1664, l'auteur de la Relation des Plaisirs de l'Ile enchantée disait en parlant du château de Versailles : « Il charme en toutes manières; tout y rit dehors et dedans, l'or et le marbre y disputent de beauté et d'éclat; et quoiqu'il n'ait pas cette grande étendue qui se remarque en quelques autres palais de S. M., toutes choses y sont si polies, si bien entendues et si achevées, que rien ne le peut égaler. »

Les escaliers, établis dans la partie centrale de chaque aile, étaient de marbre; le « rampant », en bronze doré, d'un fort beau travail; les côtés peints « en bassetailles dorées ». Le vestibule, au fond de la cour, servait de passage pour aller aux jardins; il était à jour et permettait de jouir de

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On remarque sur les deux pilastres d'angle, à l'entrée de la cour de Marbre, des pierres carrées incrustées dans lesdits pilastres, qui indiquent la place des scellements des corbeaux du balcon.

Voir Recherches sur les drapeaux français..., par Gustave DESJARDINS, Paris, 1874, gr. in-8° avec planches en couleur. Le château actuel présente plusieurs décorations tricolores : le pavage de la chapelle, etc. DENIS, Poëme descriptif de Versailles, mss. de la bibl. de Versailles. La disposition des appartements se trouve sur les plans nos 3, 4 et 5.

la vue qui s'étend au loin. Il était orné de peintures et de dorures, et pouvait être, « à l'aide de lambris qui se mettoient et s'ôtoient facilement », transformé en salle de bal ou de comédie.

En avant du château, des deux côtés de l'avant-cour, s'élevaient deux bâtiments, longs de 42 mètres et destinés au service. Celui du sud renfermait les écuries du Roi. Il en reste à peu près tout le rez-de-chaussée, construit en pierre, et dont on voit les arcades sur la cour Royale et sur la cour des Princes. Du bâtiment du nord, il ne subsiste encore que la partie la plus rapprochée de la cour de Marbre; ici la construction est en pierre et en briques.

Au nord et au sud, chacun de ces deux bâtiments était flanqué parallèlement d'un second bâtiment plus petit'. Des angles de ces deux petits bâtiments de service partait un mur d'enceinte, en briques avec chaînes de pierre, surmonté d'une balustrade en pierre. Ce mur se terminait des deux côtés en quart de cercle et allait rejoindre deux élégants pavillons, qui formaient l'entrée de l'avant-cour, fermée par une grille. Enfin, une place en demi-lune, précédant l'avant-cour, était formée des deux côtés par une rampe semi-circulaire, avec balustrade en pierre, qui commençait aux deux pavillons de l'entrée de l'avant-cour et venait finir à deux obélisques marquant le commencement de la place. Les obélisques, en briques avec chaînes de pierre, reposaient chacun sur de grosses boules en pierre, et se terminaient aussi par une boule en pierre. Au delà, enfin, était une grande place, qui devint sous Louis XIV l'avant-cour et la place d'Armes actuelles Les trois avenues de Saint-Cloud, de Paris et de Sceaux ne datent que du règne de Louis XIV 2.

Séparés du château de Louis XIII, les deux grands bâtiments de service y ont été réunis par l'architecte Levau, en 1669, lorsque Louis XIV commença à agrandir le château de son père.

Quant à la façade orientale, celle qui est au fond de la cour

En 1662, on bâtit, à l'extrémité occidentale du bâtiment du nord, la fameuse grotte de Thétis, au-dessus de laquelle était un réservoir. Elle est représentée sur le tableau no 765.

L'avenue de Paris est de 1664 (Comptes des Bâtiments).

de Marbre, elle a été entièrement remaniée sous Louis XIV', qui en a changé le style et y a mis les colonnes qu'on y voit actuellement.

A l'ouest du château se développaient le jardin et le parc. Trois documents nous permettent de reconstituer la topographie du jardin et du parc de Louis XIII. L'un est le tableau no 765, qui nous donne une vue très-fidèle du jardin en 1667 ou 1668, c'est-à-dire du parc de Louis XIII, mais avec les premiers changements opérés par Louis XIV, de 1662 à 1667. On y voit en effet la grotte de Thétis, construite en 1662, le petit palais de la Ménagerie, élevé en 1663 et 1664; le parterre du Nord et l'allée d'Eau, établis en 1664 et 1665, la transformation du Fer-à-cheval, le commencement du grand canal, déjà en forme de croix, etc. Le second document est le plan no 2973 de la Chalcographie, qui confirme tous les renseignements fournis par le tableau dont nous venons de parler et en atteste la scrupuleuse exactitude. Le troisième document, le plus ancien, est une gravure de Pérelle, qui représente la façade du château de Louis XIII sur le jardin, avec une partie du parc jusqu'au bassin de Latone actuel.

De l'examen de ces trois documents il résulte que le parc de Louis XIII, entouré de murs, a la même étendue qu'aujourd'hui, et que le tracé actuel, dans ses grandes lignes, est déjà fait. Le parc est encore traversé par le ru qui sort de l'étang Puant pour aller se jeter dans le ru de Galie. La gravure de Pérelle et de N. de Poilly nous montre le château précédé comme aujourd'hui d'une terrasse, d'où l'on descend, par un escalier central, sur un parterre formé de carrés de broderies. Une allée en pente conduit au Fer-à-cheval; il est bordé de chaque côté d'une double balustrade décorée de vases de fleurs, et entoure un bassin ovale avec jet d'eau. Au delà, est l'Allée-Royale, ou Tapis-Vert, percée en 1638, et à l'entrée de laquelle sont les deux bosquets appelés celui du nord, le bosquet du Dauphin, celui du sud,

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Dans les dernières années de l'empire, cette façade a été restaurée par M. Questel, l'intelligent architecte du palais de Versailles, qui a apporté à cette restauration le goût et le respect de l'œuvre d'autrefois qui lui sont habituels.

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