A French reader

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Charles Scribner's Sons, 1915 - French language - 192 pages

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Popular passages

Page 95 - Quand une lecture vous élève l'esprit, et qu'elle vous inspire des sentiments nobles et courageux, ne cherchez pas une autre règle pour juger de l'ouvrage; il est bon, et fait de main d'ouvrier.
Page 88 - Alors, comme je traversais la place en courant, le forgeron Wachter, qui était là avec son apprenti en train de lire l'affiche, me cria: "Ne te dépêche pas tant, petit; tu y arriveras toujours assez tôt à ton école!" Je crus qu'il se moquait de moi, et j'entrai tout essoufflé dans la petite cour de M. Hamel. D'ordinaire, au commencement de la classe, il se faisait...
Page 88 - J'enjambai le banc et je m'assis tout de suite à mon pupitre. Alors seulement, un peu remis de ma frayeur, je remarquai que notre maître avait sa belle redingote verte, son jabot plissé fin et la calotte de soie noire brodée qu'il ne mettait que les jours d'inspection ou de distribution de prix. Du reste toute la classe avait quelque chose d'extraordinaire et de solennel. Mais ce qui me surprit le plus, ce fut de voir au fond de la salle, sur les bancs qui restaient vides d'habitude...
Page 81 - O temps, suspends ton vol ! et vous, heures propices, Suspendez votre cours ! Laissez-nous savourer les rapides délices Des plus beaux de nos jours. 'Assez de malheureux ici-bas vous implorent: Coulez, coulez pour eux; Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent; Oubliez les heureux.
Page 88 - Par la fenêtre ouverte, je voyais mes camarades déjà rangés à leurs places, et M. Hamel, qui passait et repassait avec la terrible règle en fer sous le bras. Il fallut ouvrir la porte et entrer au milieu de ce grand calme. Vous pensez si j'étais rouge et si j'avais peur! Eh bien, non. M. Hamel me regarda sans colère et me dit très doucement: Va vite à ta place, mon petit Frantz; nous allions commencer sans toi.
Page 93 - Au même moment, les trompettes des Prussiens qui revenaient de l'exercice éclatèrent sous nos fenêtres... M. Hamel se leva, tout pâle, dans sa chaire. Jamais il ne m'avait paru si grand. «Mes amis, dit-il, mes amis, je...
Page 92 - Quel crèvecœur ça devait être pour ce pauvre homme de quitter toutes ces choses et d'entendre sa sœur qui allait, venait dans la chambre au-dessus, en train de fermer leurs malles, car ils devaient partir le lendemain, s'en aller du pays pour toujours. Tout de même il eut le courage de nous faire la classe jusqu'au bout. Après l'écriture, nous eûmes la leçon d'histoire. Ensuite les petits chantèrent tous ensemble le BA BE BI BO BU.
Page 92 - De temps en temps quand je levais les yeux de dessus ma page, je voyais M. Hamel immobile dans sa chaire et fixant les objets autour de lui, comme s'il avait voulu emporter dans son regard toute sa petite maison d'école . . . Pensez! depuis quarante ans, il était là à la même place, avec sa cour en face de lui et sa classe toute pareille. Seulement les bancs, les pupitres s'étaient polis, frottés par l'usage; les noyers de la cour avaient grandi, et le houblon qu'il avait planté lui-même...
Page 92 - BO BU. Là-bas au fond de la salle, le vieux Hauser avait mis ses lunettes, et, tenant son abécédaire à deux mains, il épelait les lettres avec eux. On voyait qu'il s'appliquait lui aussi; sa voix tremblait d'émotion, et c'était si drôle de l'entendre, que nous avions tous envie de rire et de pleurer. Ah! je m'en souviendrai de cette dernière classe. Tout à coup l'horloge de l'église sonna midi, puis l'Angélus.
Page 86 - J'ai faim, dit-il, et bien vite Je sers piquette et pain bis. Puis il sèche ses habits ; Même à dormir le feu l'invite, Au réveil, voyant mes pleurs, II me dit : Bonne espérance ! Je cours de tous ses malheurs Sous Paris venger la France.

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