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Bientôt divisant l'onde et brisant les roseaux,
Elle apporte à pas lents l'enfant sauvé des eaux
Sur le bord de l'arène humide;

Et ses sœurs tour à tour au front du nouveau-né,
Offrant leur doux sourire à son œil étonné,

Déposaient un baiser timide.

Accours, toi qui, de loin, dans un doute cruel,

Suivais des

yeux ton fils *

sur qui veillait le ciel;

Viens ici comme une étrangère;

Ne crains rien: en pressant Moïse entre tes bras,
Tes pleurs et tes transports ne te trahiront pas,
Car Iphis n'est pas encor mère.

Alors, tandis qu'heureuse et d'un pas triomphant
La vierge au roi farouche amenait l'humble enfant
Baigné des larmes maternelles,

On entendait en chœur, dans les cieux étoilés,

Les

anges, devant Dieu de leur ailes voilés,
Monter les lyres éternelles.

« Ne gémis plus, Jacob, sur la terre d'exil;
»Ne mêle plus tes pleurs aux flots impurs du Nil :

* La Bible dit que la mère de Moïse laissa sa fille au bord du fleuve pour veiller sur le berceau ; l'auteur a cru pouvoir supposer, pour rendre l'action plus rapide, que la mère était restée elle-même pour remplir ce triste devoir.

152001

» Le Jourdain va t'ouvrir ses rives ;

» Le jour enfin approche où vers les champs promis » Gessen verra s'enfuir, malgré leurs ennemis, » Les tribus si long-temps captives.

Sous les traits d'un enfant délaissé sur les flots, C'est l'élu du Sina; c'est le roi des fléaux,

>>

Qu'une vierge sauve de l'onde.

Mortels, vous dont l'orgueil méconnait l'Éternel >> Fléchissez un berceau va sauver Israël;

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BATHILDE ET LORÉDAN.

ÉLÉGIE.

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Il est nuit; de la douzième heure

» Le signal a frappé les airs,

» Isolé désormais dans l'immense univers,

» Je veille, je souffre et je pleure.

» Le sceau de l'infortune a marqué tous mes jours; » Sur ces degrés qu'en vain assiége ma prière,

» O mort! j'invoque ton secours.

» Puisse enfin cette nuit être ma nuit dernière !

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Quand Bathilde à mes doigts confiait cet anneau,

» Bathilde me disait : S'il faut que l'hyménée

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Aux lois d'un autre époux me soumette enchainée,

Cet époux sera le tombeau.

» Un an s'est écoulé... ma parjure maîtresse

»

Laisse aux autels du crime entraîner sa faiblesse...

>> Hélas! elle a donc oublié

» De quels nœuds à son cœur mon cœur était lié,

» Ces doux sermens d'amour, plus doux par le mystère,

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Ces combats indécis et de crainte et d'espoir,

Son adresse à tromper l'œil vigilant d'un père,

Ét nos chants du matin et nos adieux du soir

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Je t'atteindrai, je te frapperai de mon épée, et ton crâne me servira dans les festins, dit le Danois.

Mes chiens ont faim, répondit le Saxon; ils demandent du sang, et ce ne sera pas la première fois que mes chiens auront été servis avant le fils de tes aïeux.

Il dit, et il ricane comme un corbeau qui croasse à l'aspect d'un cadavre. Attends-moi seulement, dit le Danois; et il parcourt le bord de l'abîme, cherchant un passage. La place où je t'attends, tu y attendras les vautours, répond le Saxon, toujours immobile et debout dans ses

armes.

Mais l'abîme qui les sépare est large et pro-1

*Ce morceau est traduit d'un ouvrage peu connu en France, publié à Stockholm en 1805 par le savant professeur M. Merner, et intitulé: Esquisitiones philisophica.

fond; il est semé de rochers, et un torrent roule au fond comme un tonnerre. C'est en vain que le Danois cherche un passage: il rugit de fureur. Cependant, à l'aspect du combat des deux barbares, les armées s'arrêtent, les trompettes font silence; les coursiers frappaient du pied la terre, et le sang ruisselait le long des piques.

Un sapin était là, un vieux sapin qui avait été abattu par les tempêtes. Les esprits de la nuit l'avaient roulé du haut de la montagne, afin qu'il descendît vers les mers, et qu'il conduisît dans les contrées lointaines les héros, leurs enfans; mais le sapin s'était arrêté sur le bord de l'abîme, sachant qu'il ne verrait jamais de combat plus terrible que celui dont il allait être té

moin.

Le Danois s'avance rapidement, plié sous l'horrible fardeau ; le Saxon,' son glaive nu à la main, se tient prêt à s'élancer sur le pont que son ennemi lui prépare. Tout à coup le Danois s'arrête, et le sapin tombe en retentissant sur les deux bords.

Ils se sont rencontrés au milieu du pont fragile; ils se sont saisis; ils se tiennent, ils se pressent, pied contre pied, poitrine contre poitrine;

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