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APRÈS une longue interruption, caufée par des circonstances étrangères à l'auteur, on donne enfin au Public la première partie du quatrième volume du Dictionnaire de Chimie encyclopédique. La publication des autres parties ne souffrira plus de retard.

On a suivi, dans la rédaction, la marche & les principes adoptés dans les trois premiers volumes. Les articles importans font traités avec tous les détails & tous les développemens qui conviennent à un ouvrage complet fur la Chimie; cependant ce Dictionnaire ne formera que les fix volumes annoncés dès la publication du premier.

Deux principaux changemens ont été faits dans ce volume.

1o. On en a féparé les articles de Pharmacie. On a penfé que l'art pharmaceutique étoit affez intéreffant par lui-même pour en faire le fujet d'un Dictionnaire particulier, & qu'il n'y avoit pas aujourd'hui, comme cela étoit autrefois, un rapport affez intime, un rapprochement affez nécessaire entre la préparation des médicamens & les connoiffances chimiques générales, pour rendre ces deux objets inféparables. La Pharmacie méritoit affurément, & par fon importante utilité, & par fes progrès, un Dictionnaire particulier; mais, comme dépendance de la Chimie, elle n'eft véritablement qu'un art chimique, une de fes applications pratiques qui n'en fait pas une partie effentielle, comme on a pu le croire jadis. Cette féparation de la Pharmacie rend à la Chimie, dans les volumes suivans de ce Dictionnaire, une place qu'elle réclame, & dont l'état de la fcience a fait fentir la néceffité.

2o. Quoique les articles de Métallurgie, fournis par M. Duhamel, aient le mérite qu'on devoit attendre d'un artiste auffi favant qu'expérimenté, l'époque déjà éloignée où ils ont été rédigés, les progrès que les arts minéralurgiques ont faits depuis vingt années, exigeoient des détails plus CHIMIE. Tome IV.

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étendus, & un travail dont cet auteur n'auroit pas pu fe charger. Le Confeil des Mines a bien voulu faire communiquer à l'auteur des articles nouveaux, dus aux profeffeurs & aux ingénieurs habiles, dont il emploie · fi utilement & fi fagement les lumières au perfectionnement & à l'enfeignement de ces arts en France.

Ainfi la Métallurgie forme, par ce fecours inattendu, une partie tout-à-fait nouvelle du Dictionnaire de Chimie.

CHLORITE.

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CHLORITE. M. Werner a nommé ainfi la terre verte répandue dans le quartz. On l'a rangée parmi les ftéatites. Suivant M. Hoepfner, les deux variétés de chlorite contenoient, 1o. la verte farineuse, magnésie 43,7, filice 37,0, chaux 6,2, alumine 4,1, fer 12,8; 2°. la verte vulgaire, filice 41, magnéfie 39, chaux 1, alumine 6, fer 10.

Mais l'analyfe faite par Vauquelin, à la fin de 1797, a donné des résultats très-différens. La verte farineufe contient, suivant lui, filice 26, alumine 18,5, magnésie 8, oxide de ter 43, muriate de potalle 2, eau 2. La chlorite blanche argentée lui ayant fourni, filice 56, alumine 18, chaux 2 à 3, fer & manganèse 4, eau 6, potaffe 8, perte 5. a penfe qu'on ne devoit plus comprendre cette dernière dans le genre des chlorites.

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Mais M. Klaproth, qui a fait une analyfe trèsexacte de cette pierre, a obtenu un résultat different. Il a examiné la chryfolithe ordinaire & la chryfolithe des volcans, dont M. Werner avoit cru devoir faire un genre particulier fous le nom d'olivine, à caufe de fa couleur d'olive & de quelques différences dans fes propriétés phyfijuf-logie entre ces deux pierres pour les féparer l'une ques. M. Klaproth a trouvé une trop grande anade l'autre. Comme fon analyfe eft une des plus intéreflantes de la lithologie chimique, on l'inférera ici toute entière, telle qu'elle a été traduite par M. Hecht, & confignée dans le Journal des mines, n°. 22.

CHRYSOBÉRIL. C'eft le nom donné qu'ici à trois pierres gemmes, différentes l'une de l'autre.

La première eft une espèce de béril de couleur jaune d'or, dont parle Pline: on ne connoit pas exactement cette pierre.

La feconde ett la topaze de Saxe, que M. Lametherie a nommée chryfobéril. (Voyez Topaze de Saxe.)

La troisième eft celle de M. Werner, qui a d'abord été regardée comme une variété de chryfolithe, mais qui en differe reellement.

C'eft celle-ci qui porte feule aujourd'hui parmi les lithologistes le nom de chryfobéril. M. Klaproth en a donné l'analyfe fous cette même dénomination; mais M. Haüy ayant diftingué cette pierre par le nom de cymophane, & ce dernier nom étant adopté aujourd'hui par les lithologiftes français, nous renverrons à ce mot l'histoire de fon analyfe. (Voyez CYMOPHANE.) (Voyez auffi le Dictionn. de Minéralogie.)

CHRYSOLITHE. Voici encore un de ces noms qui jettent le plus d'obfcurité dans la lithologie. A le prendre dans fa valeur réelle, il fignifie une pierre couleur d'or, & femble ne convenir qu'à la vraie topaze; aufli étoit-ce par cette dénomination que les Anciens défignoient cette dernière gemme. Ce nom eft au contraire donné par les Modernes à des cristaux gemmes de couleur plus ou moins verte ou verte jaunâtre.

Cette pierre eft d'une dureté que M. Quift

eftime à 10.

Sa pefanteur fpécifique, fuivant M. Briffon, eft de 3,989.

Si forme, un prifme à fix pans, terminé par des pyramides hexaèdres. Celles-ci font plus obtufes que dans le cristal de roche. Souvent les CHIMIE, Tome IV.

Cet article fera connoître les procédés employés par le célèbre profeffeur de Berlin; & comme nous aurons par la fuite occafion de citer quelques analyfes de M. Vauquelin fur plufieurs pierres, on pourra comparer les méthodes des ralogie. deux plus habiles analyftes modernes en miné

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fage de Pline. Cet auteur, en parlant de la pierre à laquelle il donne le nom de topaze, dans le chap. 8, liv. 37 de fon Hiftoire naturelle, s'exprime ainfi Ejus tota fimilitudo ad porri fuccum dirigitur. Eft autem ampliffima gemmarum. Eadem fola nobilium limam fentit ; catera naxiis cotibus poliuntur. Hac ufu atteritur. Ce changement de nom eft d'autant plus fingulier, que celui de chryfolithe (pierre d'or) convient bien mieux à la topaze, qui a effectivement une couleur d'or, qu'à la chryfoliche des Modernes, qui eft verte. La defcription de la chryfolithe a été faite par Werner (1), avec cette exactitude que l'on exige d'un homme auffi célèbre par fes connoiffances; il parle non-feulement de l'hiftoire naturelle & des caractères extérieurs de cette pierre, mais aufli de toutes les autres fubftances avec lesquelles elle a été confondue fi fouvent.

potaffe cauftique, qui contenoit 148 parties de cer alcali à l'état folide. On a introduit ce mélange dans un creufet d'argent, on l'a évaporé à ficcité, & fait rougir enfuite pendant une demi-heure ; il reftoit une matière grumeleufe, qui, après le refroidiffement, étoit d'un vert-sale.

Expérience IV. En délayant cette fubftance dans l'eau, la diffolution prit la même couleur verte, & il. fe dépofa une matière brune & vifqueufe. Après avoir ajouté à cette diffolution de l'acide muriatique en excès, on la fit digérer pendant quelque tems; elle avoit pris une couleur jaune le papier de la filice pure, qui, lavée & rougie, de fafran; étendue d'eau & filtrée, elle laiffa fur confiftoit en 72,5 parties.

Expérience V. La diffolution acide de l'expérience précédente ayant été mêlée bouillante avec Le défaut d'une analyfe précife de cette pierre une diffolution de carbonate de potaffe, il fe forma a empêché jufqu'ici de lui défigner avec exacti- un précipité d'un rouge brunâtre-clair : ce précitude une place convenable dans le fyftème miné- pité étoit entiérement diffoluble dans l'acide muralogique j'espère y avoir fuppléé par les expé-riatique ; & en ayant été féparé par l'ammoniaque, riences fuivantes.

J'obferve encore, pour lever les doutes, que les pièces qui m'ont fervi à cette analyfe, font les méines d'après lefquelles M. Werner a fait la defcription des caractères extérieurs de la chryfolithe, & qu'elles m'ont été envoyées par M. John Hawkins, qui les a lui-même achetées dans le Levant pendant fon voyage minéralogique.

J'ai trouvé la pefanteur fpécifique de la chryfoLithe, conforme à celle qu'en a donnée Werner, c'eft-à-dire, 3,340.

A.

Expérience Ire. Après avoir expofé cette pierre dans un creufet brafqué au feu d'un fourneau à porcelaine, on l'a retirée couverte d'une pelli'cule ferrugineufe & luifante, d'un rouge brunâtre tirant fur le gris de fer: la caffure n'offroit plus la couleur verte que la pierre avoit auparavant fa forme, fon éclat & fa tranfparence n'avoient point été altérés.

Expérience II. L'ayant traitée de la même manière dans un creufet d'argile, on n'a point remarqué non plus de changement dans la forme la transparence & l'éclat de cette pierre ; feulement fa couleur étoit changée, & tiroit fur le vert d'olive.

Expérience III. 200 parties de chryfolithe ont été d'abord concaffées dans un mortier d'acier, & enfuite réduites en poudre dans le mortier de pierre à fufil; elles n'avoient point augmenté de poids par cette opération. On a mêlé les pierres ainfi réduites en poudre, avec une diffolution de

(1) Bergmann. Journal des mines, en allemand, 3e, année, 2e. vol. 1790, pag. 54.

fa couleur étoit brune. Après avoir bien lavé le dépôt obtenu ainfi par l'ammoniaque, on le fit bouillir dans la potaffe cauftique, qui ne parut en diffoudre qu'une petite quantité.

Expérience VI. En ajoutant à cette dernière diffolution alcaline, d'abord de l'acide muriatique en excès, puis du carbonate de potaffe, on obtint un léger dépôt qui n'étoit point diffoluble dans l'acide fulfurique, & qui fut reconnu pour de la filice, laquelle, féchée & rougie, répondoit à 35 parties.

Expérience VII. Le dépôt indiffoluble dans la avoir été féché & expofé au feu avec un peu de potaffe cauftique (Expérience ) pefoit, après cire, 38 parties; c'étoit de l'oxide de fer attirable à l'aimant on le fit enfuite diffoudre dans l'acide muriatique, & on obtint par le mélange du pruffiate de potaffe, 88 parties de pruffiate de fer.

Expérience VIII. La liqueur féparée du dépôt brun obtenu par l'ammoniaque (Expérience V) fut précipitée par du carbonate de potaffe: on fit bouillir le melange pendant quelque tems, & l'on fépara, par le filtre, une poudre blanche qui, lavée & féchée, répondoit à 198 parties, & qui étoit du carbonate de magnésie. On divifa ces 198 parties de terre en deux portions égales; l'une fut calcinée pendant une demi-heure, elle diminua de 59,5: les 39,5 parties reftantes s'enflammèrent fubitement avec l'acide fulfurique concentré ; l'autre moitié de cette terre fut parfaitement diffoute par l'acide fulfurique étendu d'eau, & donna, par l'évaporation, des cristaux de fulfate de magnéfie : ce n'eft que par un pur hafard qu'il s'est trouvé que, dans l'expérience V, l'on n'avoit ajouté que la quantité d'ammoniaque néceffaire pour féparer l'oxide de fer; car on fait

que la magnéfie eft également précipitée par l'ammoniaque (1). Suivant ces expériences, 100 parties de chryfolithe confiftent en

Silice (Expériences IV & V)....
Oxide de fer noir (Expérience VII)
Magnéfie (Expérience VIII).
Perte....

B.

...

38,0.

19,0. 39,5. 3.5.

Expérience IV. La matière ainfi calcinée étoit d'un rouge de brique; elle fut réduite en poudre, & enfuite leffivée avec de l'eau chaude; on fépara par le filtre, de l'oxide de fer rouge, qui, féché & rougi, étoit égal à 39 parties. Comme cependant cet oxide de fer contenoit dans cet état plus d'oxigène qu'il n'en contient véritablement dans la chryfolithe, on y ajouta une petite quantité de 100,0. cire, & on le fit chauffer fortement, pendant quelque tems, dans un vafe couvert : l'oxide de fer avoit pris une couleur noire tirant fur le brun; il étoit attirable au barreau aimanté, & ne pefoit plus que 38 parties.

Pour répéter cette analyfe, l'on choifit des morceaux de chryfolithe taillés, d'une parfaite transparence, & d'une couleur plus claire que ceux qui avoient été employés à la première analyfe, & qui, fe trouvant à leur état naturel, avoient une couleur verte, tirant, dans quelques endroits, fur le brun. On avoit en même tems pour but, dans cette dernière analyfe, d'eflayer i l'on pouvoit décompofer cette pierre par les acides, fans l'avoir traitée préalablement par la potaffe cauftique on fe fervit pour cela de l'acide fulfurique concentré, en fuivant le procédé que Margraf avoit employé pour l'analyie de la ferpentine.

Expérience Ire. 200 parties de chryfolithe réduite en poudre fine furent mêlées avec 600 parties d'acide fulfurique concentré, étendu avec le double de fon poids d'eau pure. On diftilla la liqueur à une chaleur modérée, jufqu'à ce qu'il ne reftât dans le fond de la cornue qu'une matière feche la liqueur obtenue par la diftillation avoit une odeur forte d'acide fultureux; le réfidu

de la cornue fut leffivé avec de l'eau chaude, & enfuite filtré la liqueur avoit une couleur legérement verdâtre.

Expérience II. La matière indiffoluble dans l'eau, obtenue dans l'expérience précédente, fut traitée de la même manière, avec 120 parties d'acide fulfurique concentré, étendu dans neuf fois fon poids d'eau : il reftoit fur le filtre une poudre blanche, qui, après avoir été lavée, féchee & rougie, répondoit à 72 parties. Cette poudre étoit de la filice.

Expérience 111. Les diffolutions dans l'acide fulfurique (Expériences I & II) ont été évaporées à ficcité dans un vafe de porcelaine: la matière faline avoit une couleur verte grifâtre; elle a été légèrement chauffee, & a dégagé beaucoup de vapeurs; enfin on l'a fait fortement rougir pendant une heure.

(1) La magnéfie n'eft cependant précitée qu'en partie par l'ammoniaque, une autre partie refte diffoute dans la liqueur, parce qu'il le trouve un fel triple, foluble, compofé d'ammoniaque, de magnéfie & de l'acide qui a fervi à difloudre cette dernière. (Note du traducteur.)

Expérience V. La diffolution acide ( Exp. V1) donna, par l'évaporation, des criftaux très-purs de fulfate de magnéfie : ce fel, diffous dans de l'eau, & précipité par le carbonate de potaffe pendant quelque tems, 213 parties de carbonate produifit, après qu'on eut fait bouillir la liqueur de magnéfie, qui, après avoir été rougies pendant une heure, fe réduifirent à 87 parties.

D'après cette analyfe, dont le résultat surpasse encore la première en exactitude, 100 parties de cette pierre contiennent :

Silice (Expérience II)....... 39 (38,0) Magnéfie (Expérience V)..... 43,50 ( 39,5 ) Oxide de fer noir. (Exp. IV).. 19 (19,0)

101,5 Exc. 1,5

L'excédent qui fe trouve dans le résultat de cette analyfe, ne tient probablement qu'aux différens degrés de deficcation que ces fubftances font fufceptib.es de prendre par la calcination.

ADDITION.

On trouve près Leutfchau en Hongrie, une ferpentine d'un vert-grifatre, parfemée de petites veines d'asbefte, & dans laquelle on obferve des petits grains d'une fubftance luifante, de couleur verte, qui, dans quelques parties des échantillons que je poffède, affectent la forme d'un rhombe.

MM. Born (2) & Fichtet (3), qui parlent de cette fubftance, la regardent comme étant de la incertain s'il ne faut pas plutôt la ranger avec la nature de la chryfol.the. Ce dernier cependant eft chryfoprafe, opinion trop peu appuyée par les caractères extérieurs. La petite quantité de ce fofile & la difficulté de le féparer de fa matrice ne m'ont point permis d'en faire l'analyse; mais l'analogie qui exifte entre les parties conftituantes de la chryfolithe & celles de la ferpentine, eft en

(2) Catalogue méthodique et raifonné de la collection des fofiles, tom. I, pag. 69.

(3) Mineralog, Bemerkung der Karparten. Obfervations minéralogiques fur les monts Carpathes. Vienne, 1791, tom. I, pag. 60 & 61.

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