Page images
PDF
EPUB

cédés plus fimples & plus exacts pour arriver à ce but, qu'on a dû renoncer à ces détonations en grand appareil, qui ne faifoient qu'offrir un fpectacle de ballons ajuftés les uns dans les autres, & de vapeurs qui les parcouroient, fans fournir de résultat vraiment utile. Quand on veut connoître aujourd'hui le produit aériforme d'une détonation, au lieu de l'appareil faftueux & inexact des clyffus, on fe contente de mettre le mélange de nitrate de potafle & de corps combuflible dans un tube de fer, de terre ou de cuivre, communément un canon de fufil, & d'adapter à fon extrémité ure ou plufieurs vef

fies liées les unes aux autres: on chauffe le ca-
non dans un fourneau. A la température rouge
commençante, la détonation a lieu, & les gaz
raffembles dans les veffies font examinés par le
procedés ordinaires. C'eft ainfi qu'on allume la
podre à canon pour en connoître les produits
aériformes. On peut encore au
lieu de veffies,
terminer le tuyau de fer par un tube de verre
qui plonge fous des cloches pleines d'eau, dans
lefquelles les gaz le raffembient.

CLYSSUS D'ANTIMOINE.
CLYSSUS DE NITRE.

CLYSSUS DE SOUFRE.

Voyez CLYSSUS.

[blocks in formation]

Aujourd'hui ce n'eft plus dans un fens fi étendu qu'on prend le mot coagulation ; il ne s'applique plus qu'à ce phénomène chimique, par lequel un liquide prend l'état folide dans toute fa maffe à la fois ou dans la plus grande partie de fa maffe, & lorfque cette efpèce de folidification n'eft pas formée par le rapprochement de molécules po yèdres, régulières & criftallines. Ainfi ce mot rappelle feulement ce qui a lieu dans toute liqueur dont les nolécules fe rapprocbent, fe condenfent, tendent à faire un folide homogène, non criftallin, comme cela a lieu dans quelques fucs végétaux exposés au feu, dans des liqueurs albumineufes animales, chauffées ou traitées par les acides, par des oxides qui leur abandonnent promptement & facilement l'oxigène, caufe la plus fréquente de cette coagulation.

Si quelquefois le mot coagulation eft employé pour indiquer un phénomène de précipitation qui a lieu dans quelques liqueurs minéral s me lées enfemble, comme quelques diffolutions de fels calcaires avec des carbonates alcalins, ou de fels mercuriels avec des fels muriatiques, on

ne s'en fert que d'après l'apparence ou la reffemblance qu'affecte alors ce phénomène avec ce qui a lieu dans les liquides animaux. (Voyez les mots ANALYSE ANIMALE, ALBUMINE, BILE, LYMIHE, SANG.)

COAGULĖ. C'est le mot français qu'on peut fubftituer au fuivant, emprunté du latin.

COAGULUM. On fe fert de ce mot latin, reçu depuis long-tems dans le langage chimique français pour exprimer la forme caillée que prennent certains précipités lourds & peu diffolubles, qui fe feparent en flocons épais ou en maffe lourde, dépofée promptement en une fule piece. On peut y fubftituer le mot gulé. Il eft auffi fynonyme des mots caillebot caillebotage, que quelques écrivains, peu í vères dans le langage, ont employes pour rendre la même apparence des précipités.

coa

COBALT. Le cobalt ou cobolt eft une matière métallique, qui n'eft affez bien connue que depuis quelques années. On peut juger par le court &infignifiant article que le favant Macquer a confacré à ce metal dans fon Dictionnaire de chimie, deuxième édition, 1778, il y a plus de vingt-cinq ans, combien les connoiffances acqu fes fur le cobalt étoient encore foibles, vagues & incertaines.

L'origine & l'étymologie de fon nom font prefque couvertes de ténèbres. Les ouvriers des inines en ont tellement redouté les effets dangereux lorfqu'ils étoient obligés de le triter, qu'ils l'ont d'abord defigné fous des noms propres à exprimer toutes leurs craintes. Il étoit appelé démon métallique, lémur des mines.

On l'a long-tems confondu avec les pyrites. Les Latins l'ont nommé cadmée fofile metallique cadmée atramente:fe, cobalt pyriteux, zaffera, marceffite. C'eft de l'une de ces dénominations qu'eft venu le nom de fafre, dont il fera parlé plus bas.

Comme les mines de cobalt font affez multipliées, & furtout très-variées dans le nombre ainfi que dans la proportion des diverses subftances qui leur font unies, ou avec lesquelles elles font mêlées, comme on y trouve prefque conftamment, avec le foufre, de l'arfenic, du fer, du bifmuth, de l'argent & du cuivre; comme enfin toutes les analyfes qu'on a déjà essayées, ainfi que les travaux des mineurs, prouvent que peu de mines font aufli compliquées dans leur compofition, & conféquemment plus difficiles à connoître que celles de cobalt, il n'eft pas étonnant qu'on ait été fi long-tems fans diftinguer ce métal de tous les autres, fans lui affigner un rang particulier dans le genre des métaux, & fans en déterminer furtout les propriétés caractéristiques.

Le cobalt étoit abfolument inconnu aux An

ciens leurs verres & leurs éniaux bleus n'étoient point teints par l'oxide de ce métal, mais par le fer & le cuivre. Ce n'eft que dans le feizième siècle que l'on a commencé à traiter quelques-unes de ces mines pour en retirer l'oxide propre à colorer les verres en bleu. Bergman, dans fa favante differtation fur le moyen-âge de la chimie, rapporte les premiers établiffèmens de ces ateliers de bleu de cobalt à Séb. Reufsler en Bohême, dans l'année 1571, & en Saxe; en 1575, à Jenitz & J. Harren. Dav. Heidler ne les avoit employés auparavant en Saxe, & Jér. Zurch en Mifnie, vers l'année 1564, qu'à l'ex- | traction de l'arfenic. Avant cette époque, ces mines avoient été négligées, & confondues avec les fcories ou les déblais des fourneaux & des exploitations.

C'eft Brandt qui, prefqu'au commencement du dix-huitième fiecle, fit connoître le premier le métal particulier qu'on peut retirer des mines de cobalt. Depuis fui, tous les minéralogiftes & les chimiftes allemands en ont reconnu & admis lexistence particulière. Lehmann a enfuite fait beaucoup d'expériences fur diverfes efpèces de cobalts minéralisés; & dans la foule de fes effis docimaftiques on reconnoît toujours les propriétés particulières & caractéristiques du cobalt, quoiqu'il ait opéré fur des mélanges métalliques. Bergman eft de tous les chimiftes modernes celui qui a le mieux & le plus clairement énoncé fes propriétés, foit dans fes differtations fur les affinités, fur la docimafie humide, fur les précipités métalliques, foit dans celle où il a eu pour objet de comparer les propriétés du nickel, du manganèfe, du platine & du cobalt. Il a mis hors de doute que ce métal avoit réellement une exittence diftinéte, & qu'il n'étoit ni un alliage, ni une modification particulière de l'arfenic, comme quelques chimistes l'avoient penfé.

Le cobalt pur, obtenu par le procédé qui fera indiqué plus bas, eft un métal d'une couleur blanche, tirant un peu fur le rouge, peu brillante, d'un grain fin & ferré, d'une dureté confidérable, qui eft très-caffant, & qui fe réduit facilement en poudre par l'action du pilon.

1°. Cobalt natif uni à l'arfenic. Cette mine eft folide, grife, pefante, peu brillante & grenue dans fa caffure; elle fait feu avec le briquet, & noircit au feu. L'acide nitrique la diffout avec effervefcence; elle donne une encre de fympathie par l'acide muriatique.

2°. Cobalt en oxide. Cette mine, qui paroît être du cobalt oxidé par les acides, eft ordinairement grife, noirâtre, & quelquefois femblable à du n ir de fumée, fouvent friable, & pulvérulente. Elle falit les doigts: celle qui eft compacte préfente des taches rofées dans fa caffure; elle reffemble quelquefois à des fcories de verre; ce qui l'a fait appeler mine de cobalt vitreufe par quelques naturaliftes. Cette mine ne contient point d'arfenic lorfqu'elle eft pure, mais elle eft souvent mêiée d'oxide de fer.

3°. Cobalt uni à l'acide arfénique; fleurs de cobalt, rouges, rofes, couleur de fleurs de pêcher. L'acide arfenique que Bergman & Mongez y ont découvert, lui donne fa couleur. Cette mine eft. ou en m ffe, ou en poudre, ou en efflorescence ftriée, ou en prifmes à quitre pans, avec des fommes à deux faces. Sa couleur fe detruit au feu, à mesure que l'acide arfenique fe dégage.

4°. Cobalt uni au fer & à l'acide fulfurique ; mine de cobalt fpéculaire. On l'a appelée fort improprement cobalt fulfureux • parce qu'elle ne contient point de foufre, mais un peu d'acide fulfurique. Cette mine eit blanche ou grife, & très brillante: c'eft la plus riche de toutes; elle fait fouvent feu avec le briquet.

59. Cobalt uni au foufre, à l'arfenic & au fer. Cé minéral porte le nom de mine de cobalt blanche ou grife; elle eft d'un gris-blanchâtre, criftallifée en cubes entiers ou comme tronqués, de manière à former des folides à 14, 18 ou 26 facettes fa caffure eft lamelleufe & fpathique. Quelquefois elle offre à fa furface des dendrites en feuilles de fougères dans cet état on la nomme mine de cobalt tricotée. Souvent les mines de cobalt blanches n'ont aucune criftallifation régulière, mais elles font toujours reconnoiff.bles à leur couleur grife blanchâtre, à leur pefanteur moindre que celle des précédentes, & à l'efflorefcence rouge qu'elles ont prefque toutes à le ur

Pefé à la balance hydroftatique, il perd environ un huitième de fon poids. Sa pefanteur spécifi-furface. que eft d'environ 7,7co, fuivant Bergman. Il eft fufceptible de fe criftallifer en faisceaux d'aiguilles couchées les unes fur les autres, qui imitent affez bien à la ioupe des prifmes de bafaltes écroulés.

Il n'a ni faveur ni odeur fenfibles.

Le cobalt n'a jamais été trouvé pur & natif dans la nature; il eft pr. fque toujours oxide & uni avec l'arfenic ou fon acide, le foufre, le fer, &c.

Voici les principales fortes de mines de cobalt, diftinguées d'après leurs combinaifons, par Bergman & par Mongez.

Pour faire l'effai d'une mine de cobalt par la voie fèche, on commence par la piler & la laver, enfuite on la grille pour en féparer l'arfenic. Le cobalt rette dans l'état d'un oxide noir, plus ou moins foncé. On mêle cet oxide avec trois parties de flux noir & un peu de fel marin décrépité: on le fond dans un creufet brasqué & couvert, au feu de forge; on attend que la fonte foit faite complétement, & que la matière foit parfaitement liquide pour laiffer refroidir le creufet; on l'agite légérement pour faire précipiter le métal qui fe raffemble en culot au fond du vaiffeau. Ce culor eft quelquefois

formé de deux matières métalliques; le cobalt eft placé fupérieurement, & le bifmuth fe trouve au deffous; on les fépare facilement d'un coup de marteaus on obtient par le même procédé le cobalt de toutes les matières où il eft contenu, même en oxide vitreux, comme des verres & des émaux bleus, des porcelaines, &c.

bleues, chargées de cuivre, ma's contenant un peu de cobalt, Bergman a toujours ifolé & reconnu facilement celui-ci, en précipitant de leurs diffolutions le cuivre à l'aide du fer, en évaporant enfuite à ficcité, & en diffolvant le réfidu par le vinaigre. L'acétite de cobalt dépofe l'oxide de fer qu'il peut contenir par l'ébullition.

L'oxide de cobalt noir, ou la maffe dure qu'on nomme mine de cobalt vitreufe, mife en pouffière, fe diffout dans l'acide nitro-muriatique, & dans ce dernier feul. On traite ces diffolutions comme les precédentes.

Les minéralogiftes modernes, & furtout Bergman & M. Kirwan • propofent de faire l'eflai des mines de cobalt par l'acide nitrique. Cet acide diffout le cobalt & le fer: on les précipite par le carbonate de foude, & on diffout enfuite le précipité cobaltique par l'acide acéteux. Scheffer confeille de reconnoître la puifle fance colorante des mines de cobalt, en les fordant avec trois parties de potafle & cinq de verre en poudre.

Les détails que Bergman a donnés fur la docimafie humide des mines de cabalt, étant pleins de faits intéreffans, il eft indifpenfable d'en configner ici le résultat.

Le cobalt fe trouve fouvent, suivant lui, à l'érat métallique, fans foufre & fans acide, mais allié à d'autres métaux. On le trouve auffi fali par le foufre, & minéralisé par les acides fulfurique & arfenique. La nature le préfente encore en oxide noir, peut-être chargé d'acide carbonique.

Le cobalt natif étant allié d'arfenic, de fer & fouvent de nickel, c'eft là ce qui a trompé les auteurs qui ont dit que le fulfate de cobalt & fes autres fels étoient verts, quoiqu'ils doivent être rouges lorfqu'ils ne font pas mélangés de trop de nickel. Pour féparer ces métaux étrangers, la diffolution faite par l'acide nitro-muriatique doit être évaporée à ficcité, puis traitée par le vinaigre, qui ne prend que le cobalt qu'on précipite par le carbonate de potaffe.

Le fulfure de cobalt natif peut être traité par le même procédé qui en fépare le foufre.

Le cobalt fali d'acide fulfurique eft chargé de fer & d'oxide d'arfenic, comme Brandt l'a trouvé en 1742. Sa diffolution dans l'acide hitro-muriatique étoit jaune à caufe du fer; elle verdi!loit par la chaleur le muriate de baryte en précipitoit l'acide fulfurique. Cet acide y eft fi peu abondant, que la mine eft prefqu'à l'état d'une maffe métallique.

Les efflorescences ou les criftaux rouges, gris de lin, rofes de cobalt, annoncent la préfence de l'acide arfénique, car l'arfenic ne peut amener le cobalt à cet état rouge. Ce foupçon eft confirmé par l'identité parfaite de l'arfeniate de cobalt artificiel avec les fleurs de cobalt natives. L'arfeniate de cobalt n'eft pas diffoluble dans l'eau, plus que les fleurs. On fépare de celles-ci l'acide arfénique par le fulfurique, & en lavant la maffe avec de l'alcool, qui ditiout l'acide arfenique fans toucher au fulfate de cobalt.

En examinint les terres minérales vertes ou

Dans les travaux en grand, on ne retire point cobalt fous la forme métallique. Après avoir pilé & lavé la mine de cobalt, on la grille dans le fourneau à manche. Ce fourneau fe termine par une longue galerie horizont le qui fert de cheminée; c'est dans cette galerie que l'oxide d'arfenic fublimé, ou l'acide arfenieux, fe condenfe & fe fond en verre, que l'on vend dans le commerce fous le nom impropre d'arfenic blanc. Si la mine contenoit un peu de bifimuth, comme ce métal elt très-fufible, il fe raffemble au fond du fourneau, le cobalt refle dans l'état d'un oxide gris obfcur, nommé fafre.

Le fafre du commerce n'eft jainais pur: on 'e mêle à trois fois fon poids de cailloux pulvérifés. Le fafre, ainfi mêlé & expofé au grand feu, fe fond en un verre d'un bleu obfcur, nommé fmalt. On réduit ce malt en poudre dans des moulins, & on le délaie dans l'eau. La première portion de verre qui fe précipite eft la plus groffière: on la nomme azur groffier; on décante l'eau, elle donne un fecond précipité; on la décante ainfi jufqu'à quatre fois, & le dépôt qu'elle forme alors eft plus fin que tous les autres: on la nomme improprement azur des quatre feux. Cet azur eft employé dans plufieurs arts pour colorer en bleu les métaux, les verres, &c.

Le fafre du commerce, fondu avec trois fois fon poids de flux noir & un peu de fuif & de fel mirin, donne le métal caffant connu fous le nom impropre de régule de cobalt. La réduction du fafre eft très-difficile. Il faut employer une grande quantité de fondans, & avoir foin de tenir toujours le creufet rouge-blanc pendant un tems affez long pour que la matière foit bien fluide, tranquille, & que les fcories foient fondues en un verre bieu: alors le cobalt le précipite, fe raffemble en un culot au deffous des fcories.

Le cobalt expofé au feu ne fe fond que lorf qu'il est bien rouge. Ce métal eft de très-difficile fufion, & paroît très-fixe au feu: on ignore même s'il peut fe volatilifer dans des vaiffeaux fermés; mais on fait que fi on le laiffe refroidir lentement, il fe criftallife en prifmes aiguillés, réunis en faisceaux, ou placés très-obliquement les uns par rapport aux autres. Pour

réuffir dans cette criftallisation, il fuffit de faire fondre du cobalt dans un creufet jufqu'à ce qu'il éprouve une espèce d'ébullition, & d'incliner & d'incliner ce vaiffeau lorfqu'après l'avoir rétiré du feu, la furface de ce demi-métal fe fige. Par cette inclinaifon la portion encore fondue s'écoule & celle qui adhère aux parois de l'efpèce de géode formée par le refroidiffement des furfaces du cobalt, fe trouve tapiffée de criftaux prifmatiques entaffés.

Le cobalt fondu, expofé à l'air, fe couvre d'une pellicule fombre & terne, qui n'est qu'un oxide de ce métal, formé par fa combinaison avec l'oxigène. On fait plus facilement une plus grande quantité d'oxide de cobalt en expofant ce métal réduit en poudre dans un têt à rôtir fous la moufle d'un fourneau de coupelle, & en l'agitant pour renouveler les furfaces. Cette poudre, tenue rouge pendant quelque tems, perd fon brillant, augmente de poids & devient noire. Cet oxide noir de cobalt demande un feu de la derrière violence pour le fondre feul en un verre bleu très-foncé, mais il entre facilement en fufion avec des fondans vitreux qu'il colore forte.ment.

Le cobalt le ternit un peu à l'air, & il n'eft point attaqué par l'eau.

Ce métal ne s'unit point aux terres, mais fon oxide s'y combine par la fufion, & il forme avec elles un beau verre bleu de la plus grande fixité au feu. C'est à caufe de cette propriété de l'oxide de cobalt que cette fubftance eft d'un grand ufage dans la peinture des émaux, de la porcelaine & de la faience, ainfi que dans la fabrication des verres bleus, des pierres précieuses artificielles.

On ne connoit point exactement l'action de la baryte, de la chaux, de la ftrontiane & de la magnéfie fur le coba't. Les alcalis diffous dans l'eau l'altèrent manifeftement, mais on n'a point encore déterminé ces altérations.

Ce métal fe diffout dans tous les acides, mais avec des phénomènes différens, suivant son état & celui de l'acide.

Le cobalt ne fe diffout que dans l'acide fulfu rique concentré & bouillant. On fait cette diffolution dans une fiole de verre ou dans une cornue. Lorfque l'acide eft presque tout évapo ̈é en gaz fulfureux, on lave le réfitu: une portion fe diffout dans l'eau, & lui communique une couleur rofée ou verdâtre : c'cft le fulfate de cobalt ; l'autre eft du cobalt oxidé par l'acide dont l'oxigène s'eft combiné avec ce métal, & mélangé d'oxide de fer, formé par l'action de l'acide fulfurique; car il ne faut pas ignorer que le cobalt, tel qu'on l'obtient par les expériences indiquées plus haut, & mifes en pratique dans les laboratoires, eft un véritable alliage de nic. kel, de fer, & quelquefois d'arfenic avec le cobalt proprement dit; qu'aucun chimifte n'a

encore obtenu ce dernier métal parfaitement pur, & que telle eft la caufe pour laquelle il | regne tant de variétés dans les phénomènes decrits fur le cobalt, ainfi que dans les résultats indiqués par les chimittes.

M Baumé dit qu'on obtient de la diffolution fulfurique de cobalt fuffisamment évaporée, & par le refroidiffement, deux fortes de cristaux, les uns blancs, petits & cubiques; les autres verdâtres, carrés, de fix lignes de long, & larges de quatre. Ce font ces derniers qu il regarde comme le fulfate de cobalt. Les premiers depeRdent de quelques autres matières métalliques, étrangères, unies au cobalt. Il est évident que les criftaux verdâtres étoient, ou du fulfate de nickel, ou un mélange de ce fel avec du fulfate de cobalt, puifque celui-ci pur eft comme tous les autres fels cobaltiques, d'une couleur rouge plus ou moins prononcée.

[ocr errors]

Les criftaux de fulfate de cobalt, que l'on obtient le plus fouvent fous la forme de petites aiguilles rofées, & que M. Sage défigne par celles de prifmes tétraèdres rhomboidaux terminés par un fommet dièdre à plans rhombodaux, fe décomposent au feu il ne refte qu'un oxide de cobalt, qui ne peut le réduire feul; traité au chalumeau fuivant Bergman, il fe bourfouffle avec bruit , il bouillonne, & refte enfuite fans mouvement. La baryte, la magnéfie, la chaux, la ftrontiane & les trois alcalis décompofent auffi ce fel, & en précipitent le cobalt en un oxide gris de lin, qui brunit à l'air. 100 parties de cobalt diffous dans l'acide fulfurique donnent par la foude pure environ 140 parties de précipité, & par le carbonate de foude 160 parties. Cette augmentation de poids dépend de l'oxigène de l'acide fulfurique qui s'eft uni au cobalt; dans la feconde précipitation, l'acide carbonique, qui fe combine à l'oxide de cobalt, augmente encore fa pefanteur.

L'acide fulfurique étendu d'eau agit fur le fafre & en diffout une portion, avec laquelle il forme du fulfate de cobalt. On faifoit autrefois cette expérience plutôt que de prendre le cobalt à l'état métallique pour avoir le fulfate de cobalt.

L'acide nitrique diffout le cobalt avec effervefcence, à l'aide d'une douce chaleur; il fe dégage du gaz nitreux à mesure que le principe oxigène de cet acide s'unit au cobalt. Lorfque la diffolution eft au point de faturation, elle eft d'un brun rofée, & quelquefois verte lorfque le cobalt eft chargé de nickel. Elle donne, par une forte évaporation, un nitrate de cobalt en petites aiguilles réunies ou groupées. Ce fel eft très-déliquefcent; il bouillonne fur les charbons fans détonner, & il laiffe un oxide rouge foncé. Il eft décomposé par les mêmes intermèdes falins que le fulfate de cobalt. Si dans ces décompofitions on ajoute plus d'alcali qu'il n'en

faut

faut pour précipiter l'oxide de cobalt, cette fubftance fe diffout dans l'excédent du fel, & le précipité difparoît.

L'acide muriatique ne diffout pas le cobalt à froid, mais à l'aide de la chaleur il en diffout une portion. Cet acide agit mieux fur l'oxide de ce nétal; il forme une diffolution d'un beau rouge, qui devient verte dès qu'on la chauffe. Cette diffolution, évaporée & bien concentrée, fournit du muriate de cobalt, qui fe crittallife en petites aiguilles, & qui eft fort déliquefcent: la chaleur lui donne d'abord une couleur verte, & le décompofe.

L'acide nitro- muriatique diffout le cobalt un peu plus aifément que ne fait l'acide muriatique feu, mais avec moins d'énergie que ne fait l'acide nitrique. Cette diffolution eft connue depuis long-temps comme une forte d'encre de Lympathie, qui ne devient apparente que lorfqu'on la chauffe. L'écriture, qui n'étoit pas vifible à froid, prend une belle couleur de vertceladon par la chaleur, & difparoît à mesure que le papier fe refroidit. Cette propriété appartient à la diffolution de l'oxide de cobalt dans l'acide muriatique, & l'acide nitrique qu'on a ajouté pour faire l'acide mixte, n'y contribue qu'en facilitant fon oxidation & sa suspension. On avoit cru que la couleur verte que poduit l'encre de cobalt chauffée, & qu'elle perd en refroidiffant, étoit due au fel métallique que la chaleur faifoit crillallifer, & qui, étant expofé à l'air froid, attiroit affez d'humidité pour le diffoudre & difparoître entiérement; mais il eft prouvé que le muriate de cobalt, diflous dans l'eau, prend la même couleur dès qu'on lui fait éprouver un certain degré de chaleur.

L'acide boracique ne diffout point immédiatement le cobalt; mais lorsqu'on mêle une diffolution de borate de foude avec une diffolution de cobalt dans un des acides précédens, il s'opère une double décompofition. La foude s'unit avec l'acide qui tenoit l'oxide métallique en diffolution; & l'acide boracique, combiné avec cet oxide, forme un fel peu foluble qui fe précipite. On peut recueillir ce borate de cobalt en fépa rant par le filtre, la liqueur qui le furnage. On ne connoit point du tout l'action de l'acide phofphorique & des acides végétaux fur le cobalt: on fait feulement que l'acide acéteux diffout bien fon oxide, & que l'oxalique l'enlève à tous les autres, comme on le fera obferver plus bas.

Ajoutons à ces détails ceux que Bergman a donnés dans fa Differtation fur les propriétés com. parées du platine, du nickel, du manganèfe & du cobalt. 100 parties de cobalt, diffoutes dans l'acide nitrique, donnent par le carbonate de fonde 160 parties d'un précipité d'un bleu pourpie foncé, & 140 parties feulement d'un précipité p'us foncé par la foude cauftique. Le pruffiate de potaffe en précipite 142 parties. Le preCHIMITE. Tom. IV.

mier précipité fe diffout avec effervefcence, le fecond fans effervefcence, & le troifième ne se diffout point du tout dans les acides.

L'acide nitrique, faturé de 100 parties de cobalt, dans lequel on plonge une quantité de zinc, égale à celle du métal diffous, ne donne qu'un léger enduit jaune fur le zinc, fans fe précipiter. La chaleur n'en fépare pas plus de cobalt; le zinc ne perd pas de fon poids. La liqueur décantée donne 135 parties d'oxide trèsfoncé, le léger dépôt limoneux du zinc eft devenu noir, & attirable par la calcination. Ainfi le zinc n'a féparé que l'oxide de fer fans toucher à celui de cobalt, & il peut fervir pour purifier en partie celui-ci du fer qui le fouille.

Le cobalt n'a point d'action fur la plupart des fels communs ou neutres; il s'oxide lorsqu'on le traite au feu par le nitre. Si on projette dans un creuset rouge un melange d'une partie de cobalt en poudre, & de deux ou trois parties de nitre bien fec, il ne fe produit point une détonation de nitre bien vive mais il s'excite de petites fcintillations affez marquées on trouve enfuite une portion de cobalt changée en un oxide d'un rouge plus ou moins foncé ou plus ou moins verdâtre. Cette expérience, ainfi que toutes celles fur l'action réciproque du nitre & des matières métalliques, demande à être fuivie.

[ocr errors]

Le muriate furoxigéné de potaffe oxide plus promptement & plus vivement le cobalt ; il produit avec lui une véritable inflammation.

Le cobalt ne décompofe point le muriate am moniacal. Bucquet, qui a fait cette expérience avec beaucoup de foin, n'a pas obtenu un atome d'ammoniaque cela dépend du peu d'action qu'exerce l'acide muriatique fur ce métal.

On ne connoît pas l'action du gaz hydrogène, ni de l'hydrogène fulfuré, phofphoré, carboné fur le cobalt & fes oxides.

On n'a point examiné fa combinaison avec la phofphore.

On fait que le foufre ne s'unit que très-difficilement au cobalt, mais que les fulfures alcalins favorifent cette combinaifon : il en résulte une forte de mine artificielle, à facettes plus ou moins larges, ou d'un grain plus ou moins fin, d'une couleur blanche ou jaunâtre, fuivant la quantité du foufre combiné. Suivant M. Baumé, qui a donné d'excellens détails fur cette combinaifon dans fa Chimie expérimentale & raifonnée, elle ne peut être décompofée que par les acides, & le feu feul n'eft pas capable d'en féparer le foufre.

On connoît peu encore l'union du cobalt avec les fubftances métalliques. Voici ce que Gilert a dit de cette union dans fa Chimie métallurgique, publiée, traduite en français en 1758

Le cobalt diffout tous les métaux & demimétaux, à l'exception du plonb & de l'argent, fur lefquels il n'agit que très-peu. En effet, quand

E

« PreviousContinue »