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CITRATE DE MANGANESE. Abfolument in

connu.

CITRATE DE MERCURE. Comme toutes les combinaisons falines du mercure font propres à offrir des phénomènes aufli intéreffans pour les progrès de la fcience, qu'utiles à un grand nombre d'autres connoiffances humaines, l'action réciproque de ce métal ou de fon oxide & de l'acide citrique eft une de celles fur lefquelles nous avons fpécialement porté nos recherches dans la férié des expériences qu'il nous a été permis de faire fur ces fels.

L'acide citrique n'a aucune action fur le mercure; il favorife feulement, même dans l'état impur & comme fuc de citron, l'oxidation en noir de ce métal, lorfqu'on le triture fur des furfaces larges & bien expofées à l'air. Ce fuc eft en effet une des matières dans lefquelles s'effectue avec le plus d'énergie ce qu'on nomme l'extinction du mercure.

Mais s'il n'y a que peu d'action entre l'acide citrique & le mercure, il en existe une trèsvéhémente entre cet acide & les oxides du

même métal. Si l'on met en contact de l'oxide rouge ou brun de mercure avec de l'acide citrique concentré, il fe fait une vive effervefcence, l'oxide pálit promptement, & prend une teinte blanchâtre : le tout forme une maffe ex

trêmement solide. Si l'on ajoute de l'eau pour la délayer, elle devient blanche comme du lait; & fi l'on fait chauffer pour achever la combinaifon, on fent, furtout lorfque la liqueur s'épaiffit & fe deffèche, une odeur très-reconnoif fable de vinaigre.

Le citrate de mercure ou la maffe blanche qui réfulte de l'union de l'acide citrique avec l'oxide rouge, n'a point de diffolubilité appréciable dans l'eau ; il a cependant une faveur mercurielle bien prononcée. L'acide citrique le décompofe, & l'on voit par-là pourquoi l'acide citrique n'occaGonne aucun changement ni aucun précipité dans la diffolution du nitrate de mercure.

Le citrate de mercure fec diftillé donne de l'acide acétique très-fenfiblement empyreumatique, enfuite du gaz acide carbonique fans mélange de gaz hydrogène. I refte, après l'opération, un charbon léger, & le mercure fe trouve réduit à l'état métallique.

doive perdre une grande partie de fon âcreté, quoiqu'on puiffe affimiler le citrate de mercure à l'acétate de mercure, je ne confeillerai point d'appliquer cette combinaifon à l'ufage médicinal. On a trop de préparations mercurielles, & on connoît trop peu encore même l'action de celles qu'on emploie le plus fréquemment en médecine, pour que les hommes inftruits puiffent defirer qu'on ajoute un inconnu & un nuage de plus aux obfcurités qui couvrent encore l'administration de ces médicamens.

CITRATE DE MOLYBDENE. Abfolument in

connu.

CITRATE DE NICKEL. Inconnu comme le précédent.

CITRATE D'OR. Inconnu.

CITRATE DE PLATINE. Inconnu.

CITRATE DE PLOMB. On n'a ni décrit ni examiné les propriétés du citrate de plomb: on fait feulement qu'en délayant de l'acétate de plomb ou fucre de faturne avec du jus de citron il fe produit par l'agitation une maffe épaiffe nommée crême de faturne, qu'on regarde comme une véritable combinaifon de l'acide citrique avec l'oxide de plomb qu'il a enlevé au vinaigre. Craignant même qu'on n'attribuât cette précipitation à l'eau du fuc de citron, M. Georgius n'a pas manqué de faire obferver que cet acide concentré avoit la même propriété de troubler l'acétate de plomb. Ainfi deux caractères font déjà connus dans l'acide citrique par rapport à l'oxide de plomb; 1°. il l'enlève à l'acide acétique; 20. il forme avec lui un fel indiffoluble.

On a propofé le citrate de plomb fait par le procédé indiqué, comme cofmétique; il a tous les inconvéniens des préparations de plomb employées fur la peau, & fon adminiftration exige la même prudence, comme le même difcer

nement.

CITRATE DE POTASSE. Quoique les combinaifons des acides avec la potaffe foient en général celles qu'on examine en premier lieu, parce que cette bafe eft la plus généralement employée, on n'a encore aucun fait chimique fur le citrate de potaffe. Voici ceux que nos expériences nous ont permis de recueillir.

136 parties d'acide citrique concentré, c'eft-àdire, dans la proportion de ico parties d'acide crif tallifé & de 75 d le premier tallifé & de 75 d'eau à 15 degrés de température, ont exigé 61 parties de carbonate de potaffe en criftaux pour être faturées. Ainfi les proportions connues du carbonate de potaffe annoncent que 100 parties de citrate de cet alcali contiennent d'acide citrique 55,55, & de potaffe 44,45.

Les expériences que je viens de décrire prouvent que, dans l'action réciproque de l'oxide de mercure rouge & de l'acide citrique, le premier de ces corps perd une portion de fon oxigene, & qu'à l'aide de la chaleur, le fecond paffe en partie à l'état d'acide acétique: ce dernier changement eft dû à la défoxidation du mercure car il n'a pas lieu dans l'acide citrique traité feul

au feu.

Quoique, par la perte d'une portion de fon oxigène, le mercure, dans cette combinaison

Le citrate de potaffe eft extrêmement diffoluble dans l'eau ; il ne criftallife que très-difficilement. La petiteffe des aiguilles qu'on en a obtenues

n'a pas permis de déterminer exactement leur forme; il eft très deliquefcent. Sa diffolution épaiffe eft comme une gelee; fa faveur eft amère & defagréable; il n'eft decompofé que par la baryte & par la chaux.

Ón n'en a encore fait aucun ufage. Il eft vraifemblable que fa diffolution, gardée & altérée par le tems, paffe en partie à l'etat d'acétate de potaffe avant de fe décompofer complétement.

CITRATE DE SOUDE. Il en eft de ce fel comme du précédent. Avant nos expériences faites en fructidos an 5, ou feptembre 1797, on n'en avoit abfolument rien dit. Nous avons obfervé, Vauquelin & moi, les faits fuivans fur cette combinaifon.

36 parties d'acide citrique concentré ont demandé 42 parties de carbonate de foude en criftaux, d'où nous avons conclu, d'après les proportions connues de ce dernier fel, que 100 parties de citrate de foude contiennent d'acide citrique 60,7, de foude 39,3.

Le citrate de foude eft très - diffoluble: une partie fe diffout dans 1,75 d'eau à 12 degrés de température.

Il criftallife bien: fa forme eft celle de prifme à fix pans, fans pyramides.

Sa faveur eft fale & fade. Il s'effleurit légérement à l'air, fans fe réduire tout-à-fait en pouffière.

Expofé au feu, il bouillonne, fe bourfouffle, & fe convertit en charbon.

Sa diffolution dans l'eau n'eft pas précipitée par l'eau de chaux, quoiqu'il foit décompofe, parce que l'eau qui tenoit la chaux en diffolution, fuffit pour diffoudre le citrate de chaux formé ; la baryte le précipite abondamment; le muriate & le nitrate de chaux y produifent un précipité de citrate calcaire.

CITRATE DE STRONTIANE. Entiérement in

connu.

CITRATE DE TITANE. Absolument inconnu. CITRATE DE TUNGSTENE. Inconnu. CITRATE DE ZINC. Voici ce que M. Vauquelin a obfervé fur la combinaison de l'acide citrique & du zinc. 50 parties de ce métal ont été mises en contact avec une diffolution d'acide citrique il s'eft développé promptement une effervefcence affez forte, due au dégagement du gaz hydrogène. Ce mouvement a duré pendant vingt-quatre heures. La liqueur avoit alors déposé fur les parois du vafe & à la furface des morceaux de zinc, des plaques falines formées de petits criftaux brillans & peu folubles dans l'eau.

En effet, l'eau à 10 degrés n'en a diffous que 0,011 de fon poids; l'eau bouillante en s un peu davantage.

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CITRATE DE ZIRCONE. Inconnu.

CITRATE D'URANE. Inconnu.

CITRIQUE (ACIDE). C'eft, comme on l'a vu à l'article Citrates en général, le nom adopté pour l'acide du citron & de tous les fruits où il est contenu. Il a été nommé acide citronien dans le premier volume de cet ouvrage, par M. Guyton, avant que la nouvelle nomenclature eût été adoptée. (Voyez le mot CITRATES.)

CISAILLES, f. f. plur. Ce font des espèces des fils métaliiques, &c. de gros cifeaux qui fervent à couper des lames,

On en diftingue de deux espèces : les cifailles à main, & les cifailles fixes.

Les premières font deftinées à couper des lames ou des fils métalliques minces, & qui n'oppofent pas une grande réfiftance; les fecondes au confils de métal beaucoup plus épais & plus gros. traire fervent à couper des lames, des flaons, des

Cet instrument eft formé de deux mâchoires courtes, épaiffes, dont le tranchant eft d'acier trempé, & qui font réunies l'une contre l'autre avec une vis à écrou, au moyen de laquelle on peut les ferrer à volonté fuivant le befoin, & de deux bras ou leviers plus ou moins longs, & forts felon que l'ufage auquel ils font deltinés le demande.

L'on conçoit en effet que la longueur & la force des bras des cifailles doivent être proportionnées à la refiftance qu'oppofent les matières que l'on

veut couper.

La force de l'homme étant toujours à peu près la même, & la réfiftance des métaux croiffant comme leur maffe & leur dureté, il arriveroit un terme où l'ouvrier ne pourroit plus vaincre la force d'adhéfion des parties métalliques, s'il & plus fort. ne multiplioit la fienne par un levier plus long

Les bras des grandes cifailles font ordinairement courbés à leurs extrémités, fuivant le fens vertical des máchoires; l'une eft enfoncée dans une pièce de bois pour fixer l'outil, & l'autre tombe fur le lieu de la courbure de la branche ou bras inférieur, de manière qu'ils laiffent entre eux un espace capable de contenir la main fans

olque peu foluble, le citrate de zinc a cela preffer.

Quelquefois l'extrémité du bras inférieur eft courbée horizontalement par rapport à la pofition ve ticale des mâchoires, & elle eft retenue par un anneau de fer fur un établi, tandis qu'un bouton carré, foudé à ce même bras à environ cinq ou fix pouces des mâchoires, s'appuie contre le bout de l'établi, & contient l'inftrument en place d'une manière fixe & folide. Cette dernière difpofition a l'avantage de permettre de changer à volonté l'inftrument de place, de l'ôter facilement lorfqu'on n'en a. plus befoin, de rendre l'établi libre pour tout autre ufage; enfin, de ne point occuper une place inutilement.

L'on voit une figure d'une paire de cifailles au no. so, claffe 1.

Les cifailles à main font faites à peu près de la même manière que les cifailles fixes; elles en different feulement en ce que les bras font moins longs & moins forts, relativement aux mâchoires, & qu'au lieu d'être courbés perpen diculairement à leur extrémité, ils font tournés en dedans circulairement, de manière que les doigts placés entr'eux ne puiffent pas être preffés lorfqu'on s'en fert.

L'ufage de ces cifailles demande une certaine habitude dans la main, furtout lorfque le métal à divifer offie un peu de réfiftance.

Pour cela, il faut placer la bafe du pouce fur le bras fupérieur, les trois premiers doigts fous le bras inférieur, & le petit doigt entre chacun d'eux, en forte qu'en preffant par ce moyen les deux branches des cifailles en des fens oppofés, on puiffe rapprocher les mâchoires l'une de l'autre, & les empêcher de s'écarter par la résistance du métal.

Il y a quelques-unes de ces cifailles dont les parties font reunies par un fimple clou rivé aux deux bouts; mais c'est un défaut, parce qu'à la fuite des efforts multipliés qu'elles fubiffent, les mâchoires s'écartent, & on ne peut alors les rapprocher qu'en rivant le clou plus fortement à coup de marteau, dont la force eft difficile à eftimer, & il arrive fouvent qu'étant trop ferrées les deux tranchans fe mordent réciproquement.

La fig. 51, claffe 1, repréfente des cifailles à main.

Il faut avoir foin de ne pas laiffer ces inftrumens à découvert dans des lieux humides, & furtout dans des laboratoires de chimie, où il y a fouvent des vapeurs acides qui les corroderoient & les mettroient bientôt hors de fervice. (V.)

CISEAUX, f. m. plur. C'eft un inftrument qui fert fouvent dans la partie opératoire de la chimie, que tout le monde connoît, & qui pour cette raifon ne mérite pas de defcription particulière ni de figure pour le représenter.

Ils fervent à divifer les corps minces, moyennement durs ou mous, dont l'élasticité & la contexture s'opposent à leur divifion par les moyens

ordinaires: telles font les fubftances animales & quelques matières végétales qui font formées de fibres alongées. Mais une fois coupées très-court, elles peuvent être enfuite facilement réduites en poudre par l'action du pilon.

Il faut qu'ils foient, comme les cifailles, proportionnés à l'effort qu'il faut employer pour vaincre la réfiftance oppofée par la maffe & la dureté des corps à divifer. (V.)

CLAIRE (ETOFFE). C'eft le nom qu'on donne chez les potiers d'étain à un alliage de plomb & d'étain, dans lequel le premier de ces métaux eft extrêmement abondant, & qui doit être rejeté pour tous les ufages économiques & médicinaux. (Voyez les mots ETAIN, ALLIAGE dans ce Dictionnaire, et l'article FOTIER D'ETAIN dans celui des Arts.)

CLARIFICATION. C'eft une opération par laquelle on fépare d'une liqueur quelconque des corps hétérogènes qui en altèrent la pureté & en troublent la transparence.

L'on peut diftinguer deux espèces de clarifica tion, l'une fimplement mécanique, l'autre véritablement chimique.

Toutes les fois que les corps étrangers, qui altèrent la pureté & la tranfparence des liqueurs, n'y font que mélangés, & retenus en fufpenfion par la vifcofité ou la pefanteur spécifique du liquide, l'on peut les féparer par des moyens purement mécaniques, tels que l'intromiffion du calorique, l'addition d'une certaine quantité d'eau qui, en écartant les molécules des liquides, diminuent leur pefanteur fpécifique, & favorisent la précipitation des corps étrangers.

Ceft ainfi que la féparation des corps folides, précipités de leurs diffolutions par les réactifs, étant trop divifés pour pouvoir le réunir & fe dépofer au fein d'une liqueur trop dente, peuvent le faire par le moyen du calorique, qui, en leur donnant un léger mouvement, les met dans le cas de fe rencontrer & de fe réunir en maffes confidérables, & qui, en dilatant les parties du liquide dans une raifon plus grande que celles du folide, ajoute une facilité de plus à fa précipitation. C'eft auffi par la même raison que des corps folides, retenus en fufpenfion par un liquide plus pefant que l'eau, font aidés dans leur précipitation par l'addition d'une certaine quantité de cette fubftance, parce qu'en diminuant la pefanteur fpécifique du liquide, elle agit comme fi elle augmentoit celle des folides.

L'alcool eft quelquefois employé au même but, lofqu'il n'agit pas fur le précipité de maniere à le diffoudre, & qu'il peut être féparé de la liqueur fans lui faire fubir de changement dans fes propriétés. Les filtrations fimples par différens tiffus plus ou moins ferrés, font encore des moyens mécaniques que l'on peut employer avec fuccès pour clarifier les liqueurs ; mais il

faut avoir foin d'assortir la nature des filtres à celle des liquides à clarifier, ainfi que la fineffe de leur tiffu à la groffeur des parties hétérogènes que l'on veut féparer. Ainfi, par exemple, il ne faudroit pas fe fervir de filtres de matières organiques pour clarifier les alcalis & les acides minéraux concentrés ; ils feroient bientôt diffous, & au lieu de purifier ces fubftances ils les altéreroient encore davantage. Au refte, il fera parlé en détail du choix que l'on doit faire des filtres pour chaque espèce de liqueur, au mot filtre.

Lorsque les corps étrangers font retenus dans une liqueur par une affinité chimique, les moyens mécaniques font infuffifans pour les féparer, & donner la pureté & la transparence que doivent avoir les liqueurs. Il faut alors employer des fubftances qui, par une force plus puiffante, enlevent aux liquides les corps étrangers qu'ils contiennent, & fe féparent avec eux fous la forme de précipité ou d'écume. Ces moyens doivent être appropriés à la nature & aux propriétés particulières des fubitances à clarifier, de manière qu'ils ne puiffent changer les qualités qu'on y recherche. Le problême confifte donc à choifir des corps qui, en agiffant fur les parties hétérogènes d'une liqueur, n'aient aucune action fur cette dernière, ou qui, en s'y combinant, n'en modifient pas fenfiblement les propriétés.

Ces moyens font heureufement allez nombreux. Dans les matières minérales, on trouve des terres, des acides, des fels acidulés, quelques oxides métalliques. Parmi les matieres végétales, l'alcool, le charbon, les cendres, quelques acides; enfin, entre les matières animales, on a le fang, le blanc d'oeuf, la colle forte, la colle de poiffon, les peaux, &c.

Parmi ces différentes matières, les unes agiffent en fe combinant fimplement aux corps étrangers, comme l'alumine, le charbon, quelques oxides métalliques, avec les matières colorantes; les autres en faifant changer d'état aux corps hétérogènes, comme les acides, l'alcool envers les fécules végétales, l'albumine, &c.; enfin les autres en changeant elles-mêmes d'état, telles que l'albumine, la colle-forte, la colle de poiffon, qui, en fe coagulant par la chaleur, enveloppent entre leurs parties les molécules étrangères fufpendues dans les liqueurs, & les amènent à la furface des liqueurs fous la forme d'écume. Souvent plufieurs de ces moyens font réunis pour la clarification de la même liqueur: c'eft ainfi qu'on emploie en même tems la cendre, la chaux & le fang de boeuf pour clarifier le jus de la canne à fucre. La cendre & la chaux font deftinées à enlever les acides & la partie colorante qui s'oppofent à la criftallifation du fucre, & qui altèrent fa blancheur. Le fang de boeuf, en fe coagulant, réunit les corps flottans ainfi qu'une partie de la matière féculente colorée, avec laquelle l'albumine a beaucoup d'affinité.

Lorfque les liqueurs à clarifier doivent être blanches, il faut avoir l'attention d'employer des fubftances qui ne puiffent pas leur communiquer de couleur : le blanc d'œuf jouit de cette prérogative, en même tems qu'en fe coagulant par la chaleur, il ne laiffe dans la liqueur aucun corps étranger. Auffi s'en fert-on très-fouvent dans un grand nombre de cas, & particuliérement pour les firops fimples, deftinés aux liqueurs de table; les firops compofés, le petit lait, &c. &c. Quoiqu'on ne connoiffe pas exactement la manière d'agir de la pouffière de charbon dans les clarifications, on fait que c'eft un excellent moyen pour enlever aux corps les parties colorantes & odorantes qui leur font étrangères. (V.)

CLOCHE, f. f. C'est un inftrument de verre qui fert à recueillir & à mefurer en même tems les fluides élaftiques qui fe dégagent dans une opération quelconque, ou que l'on a préparé d'avance pour quelque expérience.

Quoique la matière dont les cloches font formées, foit très-fragile, on ne peut cependant pas lui en fubftituer une autre, car la transparence dans ces fortes d'inftrumens eft une condition abfolument indifpenfable. En effet, on a befoin de voir à chaque inftant la manière dont les fluides élaftiques fortent, le changement qu'ils peuvent éprouver, l'époque à laquelle ils ceffent de paffer, celle où la cloche eft pleine de ce gaz pour lui en fubftituer une autre; enfin, la transparence eft néceffaire dans tous les cas où il faut rétablir l'équilibre entre le niveau extérieur & le niveau intérieur de l'eau, afin de mettre le gaz fous la même preffion que l'air atmosphérique.

Il est toujours avantageux que le verre des cloches foit bien blanc, & tranfparent pour appercevoir facilement les changemens de couleur que peuvent éprouver les gaz par différentes combinaifons, & pour favoir s'ils fe diffolvent dans l'eau, ou s'ils attaquent le mercure lorsqu'on opère fur ce métal.

La forme des cloches eft une chofe extrêmement importante dans un grand nombre de circonftances: la plus avantageufe eft celle d'un cylindre formé à une de fes extrémités par une calotte hemifphérique, portant un bouton arrondi qui fert à prendre & à transporter plus facilement la cloche d'un endroit dans un autre. Les parois des cloches doivent être, autant qu'il eft poffible, perpendiculaires fur la ligne horizontale, & avoir une certaine épaiffeur pour pouvoir fupporter le poids des liquides qu'on y élève au deffus de leur niveau. La forme hémisphérique de la partie fupérieure des cloches n'eft pas moins utile pour remplir cet objet, furtout lorfque ces liquides font très-pefans, comme le mercure par exemple. Cette courbure eft particuliérement néceffaire pour que les cloches puiffent fupporter le poids de l'air lorfqu'on y fait le vide, car fi

les parois fupérieures étoient perpendiculaires aux parois latérales, & qu'elles fuffent minces & d'une grande capacité, il arriveroit fouvent qu'elles feroient brifées par le poids de la colonne atmofphérique.

Ainfi, plus les cloches font grandes, & plus il faut que leurs parois foient épaiffes. En effet, comme le poids des colonnes de liquides, ou l'air que ces vafes ont à foutenir, croit comme leur bafe multipliée par leur hauteur, il eft éviderit qu'il faut que les parois des cloches croiffent auffi fuivant ces raifons pour pouvoir réfifter.

Mais il n'eft pas aife d'etablir des règles certaines & précises relativement à l'épaiffeur à donner aux parois des cloches d'après leur grandeur: beaucoup d'elémens manquent pour la folution de ce problême la qualité du verre plus ou moins tenace, fa fufion plus ou moins parfaite, la diftribution de la matière du verre plus ou moins égale fur toutes les parties de la cloche, font autant d'inconnus qui s'y oppofent.

La grandeur des cloches eft relative aux expériences que l'on veut faire : il y en a depuis la contenance de so décimètres cubes & plus, jufqu'à celle d'un décimètre & moins. Lorsqu'on å de grands volumes de gaz à recueillir dans une opération, ou que l'on veut conferver pour des experiences de recherches fubféquentes, on les renferme communément dans ces vases placés fur l'eau contenue dans des cuves pneumato-chimiques doublées en plomb.

En général, les cloches dont la capacité s'élève au deffus de deux décimètres cubes ne peuvent guère fervir à manoeuvrer dans le bain de mercure, à caufe du poids confidérable de ce métal qu'elles auroient à foutenir, & de la difficulté de les remuer, furtout lorfque leur construction ne permet pas de les remplir autrement qu'à

la main.

Celles qui font destinées aux expériences au mercure doivent être fortes, & beaucoup plus longues que larges.

Il est fouvent néceffaire, pour plufieurs expériences, que la partie fupérieure de la calotte des cloches foit terminée par un tube cylindrique d'environ un pouce de long, 7 à 8 lignes de diamètre, & épais comme le cou d'une bouteille pour pouvoir y adapter un robinet de cuivre, une boîte à cuir, un thermomètre, &c.

Les cloches à robinet font commodes pour élever dans leur intérieur l'eau & le mercure fans être obligé de les changer de place, foit en pom pant l'air qu'elles contiennent par l'effort des lèvres, ou avec une pompe au moyen d'un tuyau qui établit une communication entre la cloche & la machine pneumatique.

Ces robinets ont auffi l'avantage dans les combuftions en vaiffeaux clos, où l'on a befoin d'une grande quantité de gaz oxigène dont on veut déterminer le volume, de laiffer arriver ce gaz

par le moyen d'un tube, du réfervoir général dans l'intérieur de la cloche.

Lorsqu'on veut favoir s'il ne fe produit pas quelque changement dans la température des gaz que l'on combine, on place dans l'orifice fupérieur de la cloche, un thermomètre dont la boule doit defcendre jusqu'à la moitié de la longueur de ce vaiffeau.

Comme les cloches font en même tems deftinées à recueillir le gaz & à en déterminer le volume, il eft néceffaire que leur capacité foit connue; mais il ne fuffit pas de connoitre fimplement la capacité totale, il faut qu'elle foit divifée dans un certain nombre de tranches de la cloche: cette opération s'appelle juger. Pour y parvenir on peut employer indifféremment de l'eau ou de l'air; fi c'est d'eau qu'on fe fert, on colle une petite bande de papier depuis la partie fupérieure de la cloche jufqu'en bas, & on a foin qu'elle foit bien droite: on renverfe l'inftrument, on le met d'à-plomb fur un fupport convenable, & alors on y met des quantités d'eau connues, relatives à la grandeur de la cloche. Par exemple, pour jauger une cloche qui contiendroit (un pied cube d'eau) 34,243 décimètres cubes, & qui auroit environs decimètres de haut, on pourroit prendre pour unité de la première divifion un vafe contenant un decimètre cube ; ce qui répond à environ 50 pouces cubes, & au poids de 2 livres 6 gros 46 grains d'eau diftillée. A chaque décimètre cube que l'on met dans la cloche, on trace une ligne fur la bande de papier, avec une plume fine; l'on ajoute ainfi fucceffivement des méfures d'eau jufqu'à ce que la cloche en foit entiérement remplie; quelquefois il reste une fraction de mefure dans la partie inférieure de la cloche, que l'on peut, fi l'on veut, jauger auffi en fe fervant d'un vafe plus petit. Mais l'on peut fans inconvénient négliger ces fractions de mefures inférieures, parce qu'il eft rare que l'on rempliffe entiérement les cloches de gaz; il eft au contraire utile d'y la:ffer une certaine quantité d'eau, afin que l'on puiffe aifément tranfvafer le gaz fans en perdre; ce qu'il eft affez difficile d'éviter lorfque les cloches qui le contiennent font grandes & entièrement pleines.

On peut faire la même opération en fe fervant d'air au lieu d'eau; mais cette manière eft beaucoup plus délicate, & demande plus de précautions ici l'air changeant continuellement de volume fuivant l'état de la température, le poids de l'atmosphère, la nature & la hauteur des niveaux des liquides dans lefquels on eft obligé d'opérer, il ett évident que toutes ces circonftances doivent être déterminées & appréciées avec beaucoup de foin. Il est bien démontré que plus la temperature eft élevée, moins l'atmof phère eft pefante, & plus les gaz occupent de volume, & vice verfà. Ainfi dans un tems froid. le même poids de gaz n'occupe pas autant d'ef

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