LA BRETAGNE, esquisses pittoresques et archéologiques, origines celtiques et nouvelle interprétation des monuments, vues ethnographiques, druidisme et traditions primitives.

La Bretagne a ce singulier privilége, de ne pas plus lasser la curiosité des étrangers qu'elle n'épuise le zèle et l'amour de ses enfants..... M. Jéban (de Saint-Clavien), connu par de beaux et sérieux travaux dans les sciences, dans la Philosophie et l'Apologétique chrétienne, a voulu payer à sa terre natale un nouveau tribut d'hommages par la publication d'un livre plein de descriptions et de récits animés, de savantes et curieuses recherches. Il dépeint et ses landes et ses mers, et les ruines étranges dont ses champs et ses bruyères sont semés; il remoute à ses origines, rappelle ses plus antiques souvenirs, fait revivre ses anciens cultes et soulève le voile qui enveJoppe les secrets du passé, parfois aussi mystérieux que ceux de l'avenir!...

L'auteur sait habilement mêler l'éclat de l'imagination au sérieux de la science, le coloris brillant aux lignes sévères de ses tableaux, le style imagé des descriptions de la nature à la gravité des discussions scientifiques. Toutes les fois que l'occasion s'en présente, on voit M. Jéhan aborder avec courage et compétence les questions les plus élevées, les problèmes les plus ardus, faisant preuve sur tous les points d'un talent aussi étendu, aussi varié, aussi sympathique que son sujet. C'est ainsi que, guidé par la science, dont il est un des plus infatigables poursuivants, et par son dévouement filial à la Bretagne, M. Jéhan a apporté sa pierre au monument que tant d'écrivains distingués élèvent à ce noble pays, comme il a contribué pour sa large part à l'édifice scientifique qui se construit de nos jours à la gloire et à la vérité du Christianisme. >

BAGUENAULT De Puchesse, Président de l'Académie de Sainte Croix d'Orléans. (Extrait d'un rapport lu à l'Académie.)

Ce n'est pas certes la matière érudite qui fait défaut au volume parfaitement édité et illustré que M. Jéhan (de Saint-Clavien) vient de publier. M. Jéhan touche à tous les problèmes d'histoire, d'ethnographie et d'archéologie dont la Bretagne a été la cause ou l'objet. Il fouille les origines, il interroge les monuments, il creuse le sol avec une patience et une ardeur singulières. Il a, pour aimer et pour comprendre la Bretagne, le cœur d'un fils et l'âme d'un Clirétien. Son érudition, étendue aulant que profonde, lui permet d'étudier la Bretagne celto-kymrique, la Bretague celto-gaëlique avec autant de facilité que la Bretagne chrétienne et catholique. Nous devons ajouter qu'il a le sentiment de l'art et du pittoresque, comme il a celui de la science, etc., etc. › Georges DE CADOUDAL. (Journal de Rennes, 1er mai 1863, et le Collectionneur breton, tome III, page 34.)

L'auteur dédie son livre à la Bretagne. C'est un hommage à son pays et l'expression chaleureuse de son amour pour cette terre de foi vive et d'héroïques souvenirs. Il nous retrace le tableau animé des aspects et des sites si variés de cette belle province, et nous transporte des bords riants de l'Ellé et de l'izôle aux rives de la Rance, dont il nous fait la plus ravissante description. Il nous promène des âpres montagnes du Menez aux déli'ieux paysages du Léonais, des côtes orageuses du Finistère aux grèves poétiques où circule l'Arguenon, chantées par Hippolyte de la Morvonnais et Maurice de Guérin; il redit Broceliande et ses prestiges; les origines de la chevalerie et le château de Joyeuse-Garde, qui en ful le berceau. Il dépeint, dans un chapitre du plus víf intérêt, les monuments celtiques et leurs aspects étranges, et signale les découvertes si curieuses qui ont été faites dans les dolmens et les tumulus, se réservant de revenir plus loin sur leur origine et sur toutes les questions qui s'y rattachent. Ce tableau de la Bretagne, plein de couleur et de mouvement, se termine par plusieurs chapitres sur le Christianisme en Bretagne et par la peinture des pardons ou pèlerinages et autres pieuses pratiques de la foi chrétienne, cette première vertu des peuples bretons, cette conviction sublime qui porte en hant tous les instincts de l'âme et lui communique la force, la dignité, un calme heureux, la douce sérénité des ⚫ plus saintes espérances. › (Page 102.)

Nous arrivons à la partie savante de l'ouvrage, à cette science lumineuse et féconde qui ne procède qu'en se basant sur les fails, les textes et les plus l'gitimes inductions. Après avoir remonté au berceau de la race celtique, en combinant les données de l'histoire, de la linguistique et de l'archéologie, l'auteur retrace les itt néraires ou lignes d'émigration que cette race antique a suivis depuis son point de départ, et qu'elle a comme jalonnés de ses monuments. Cette topographie, fruit de recherches nouvelles, est fort remarquable et appartient en propre à M. Jéhan. Au milieu de recherches si inté ressantes, il n'oublie pas de nous faire part de ses impressions. C'est ainsi qu'après avoir exploré, pendant on jour d'été, les fameux tnonuments situés entre le mont Saint-Michel et Erdeven (Morbihan), les plus grandioses qu'il ait rencontrés dans ses longues excursions archéologiques, il nous décrit Un soir sur la bruyère de Carnac, et se livre à des considérations que nous reproduirions si les limites où nous devons nous renfermer le perinettaient. Le propre du livre de M. Jéhan, c'est de nous ouvrir des horizons inattendus sur des origines et des questions depuis longtemps débattues. Ne pouvant tout signaler dans ces vastes recherches, disons un mot des Cairns, nom que portent les tumulus dans les d'alectes celtiques des pays de Galles et d'Irlande. M. Jéhan a établi, au moyen de la linguistique et du caractère architectural des Cairns, que la région de Carnac avait emprunté cette dénomination au mot cairn ou carn, et que les interprétations données à ce nom par la plupart des archéologues étaient erronées. Carnac signifierait donc la contrée des Cairns ou des tumulus construits de pierres et de terre, et non point amas de pierres seulement ou contrée des sépultures, comme on l'a traduit, en y comprenant à tort les menhirs, que la véritable étymologie doit en faire exclure. L'auteur a de même combattu, avec un complet succès, l'opinion qui veut que les dolmens soient des autels. C'est ainsi qu'il remue toutes ces vielles thèses et qu'il déblaye le terrain de la science, encombré de tant de théories surannées. Le chapitre sur les Celta est un des plus remarquables de l'ouvrage : c'était certainement aussi l'un de cenx qui présentaient le plus de difficultés. La hache, dit M. de Troyon, a joué le plus grand rôle dans l'industrie primitive. Nous ne pouvons entrer ici dans aucune discussion à cet égard à la suite de notre auteur; cet examen nous mènerait trop loin. Il faut lire dans l'ouvrage lui-même les développements sur ces monuments singuliers et sur les questions qui s'y rapportent. Elles constituent ce qu'on appelle l'archéo-géologie.

Maintenant, nous aurions à examiner la troisième partie du livre de M. Jéhan, intitulée La Bretagne cello-kymrique. Il y a là quatre chapitres qui ne sont pas moins féconds en études sur les traditions antiques que ceux que nous venons d'apprécier rapidement. Nous regrettons que les limites dans lesquelles nous devons nous renfermer ne nous permettent pas de faire ressortir tout le vif intérêt que présentent ces savantes recherches. On y remarquera une bonne réfutation du naturalisme ou fétichisme attribué aux peuples primitifs, ainsi que la réfutation des opinions insoutenables de quelques historiens et philosophés sur les druides et le druidisme, dont les pratiques et les symboles sont ici l'objet d'une étude approfondie. C'est aussi dans cette partie que l'auteur porte le dernier coup à l'opinion qui, des monuments que nous venons de passer en revue, a longtemps fait des monuments druidiques. L'ouvrage est terminé par un appendice composé d'une trentaine de notes non moins curieuses et savantes que les autres parties de l'ouvrage que nous avons brièvement analysées. Une science du meilleur aloi abonde dans ce livre, où règnent un sens élevé, une grande portée de vues, un esprit de saine et judicieuse critique qui redresse bien des erreurs et met dans un jour éclatant ce bel ensemble de traditions qui font la dignité des peuples antiques et seront toujours l'honneur de l'espèce hu maine. Ces traditions sont, en effet, le glorieux héritage que les générations se transmettent plus ou moins inté gralement, plus ou moins pur d'alliage, depuis l'origine des sociétés, et qui constitue leur force et toute leur vitalité. On sent partout courir comme un soufile inspirateur dans ces pages écrites avec une élégance soutenue et une beauté de forme peu commune. L'auteur a surtout fait son livre avec sa foi et son cur, et l'on en reconnaît particulièrement l'accent attendri dans ces (Voir la suite au verso de la page suivante.)

Président de la Société polymathique du Morbihan. (Le Monde, 12 février 1864.)

Nous regrettons de ne pouvoir reproduire ici tout entier l'article publié par le P. Toulemont dans les Etudes religieuses, historiques et littéraires (septembre 1863); nous nous bornerons à quelques extraits."

M. Jéhan (de Saint-Clavien) est une de ces âmes privilégiées en qui l'érudition n'a pas éteint les ardeurs d'une imagination toujours jeune et enthousiaste. Il écrit en prose, mais il est poëte, à la façon de son compatriote Chateaubriand; et, en effet, la description qu'il a faite de la Bretagne est une des plus pittoresques qui se puissent imaginer... Un sentiment que personne à coup sûr ne blâmera, le patriotisme breton, a inspiré à l'estimable auteur la pensée de venger la Bretagne des outrages de ses contempteurs. Il repousse donc avec indignation ces accusations banales de routine, de tendances rétrogrades, etc. Comme Brizeux, ce poëte qu'il aime à citer, M. Jéhan a comparé sa chère province à beaucoup d'autres plus avancées, et il s'est écrié :

Non, ne me vantez plus vos campagnes de France!
J'ai vu, par l'avarice ennuyés et vieillis,
Des barbares sans foi, sans cœur, sans espérance,
Et, l'amour m'inspirant, j'ai chanté mon pays... >

OUVRAGES DU DU LANGAGE et de son rôle dans la constitution de la raison, ou Vues philosophiques sur l'origine des connaissances humaines. 1 vol. in-18 jésus, chez Lecoffre, rue du Vieux-Colombier, 29, à Paris. Prix: 2 fr. 60 c.

Cet ouvrage, dont les journaux et les revues catholiques françaises et étrangères ont rendu le compte le plus favorable, présente, sur l'origine de nos connaissances, la seule théorie qui, ainsi que l'a montré le célèbre auteur des deux articles publiés sur ce livre dans l'Université catholique (Juin et Juillet 1853), porte le dernier coup à tous les faux systèmes et à toutes les hypothèses auxquelles le rationalisme a eu recours pour résoudre cette question capitale. EPITOME HISTORIE SACRÆ ANALYTICO-SYNTHETIQUE à l'usage des commençants, méthode nouvelle pour la version, l'analyse, l'étude des règles, elc., sans les inconvénients du dictionnaire et de la grammaire. Avec cette méthode il n'est pas nécessaire de savoir le latin pour l'enseigner, il suffit de savoir lire. 1 vol. in-12. chez Lecoffre, à Paris. Prix: 1 fr. 25 c. NOUVEAU TRAITE DES SCIENCES GÉOLOGIQUES considérées dans leurs rapports avec la religion et dans leur application générale à l'industrie et aux arts, avec un tableau figuratif des terrains et la représentation des fossiles les plus caractéristiques et les plus curieux. Ouvrage adopté dans les petits et les grands séminaires pour l'enseignement de la géologie, et dé

Parlant des chances d'un avenir qui menace d'absorber la vieille Armorique dans l'uniformité d'une civilisation plate et monotone, M. Toulemont ajoute: Après tout, la noble race bretonne, plus encore peut-être que toute autre, est de taille à braver les chances du combat. On dit que le courage breton, presque négatif dans les détails insignifiants de la vie vulgaire, grandit devant les obstacles dignes de lui, et s'élève jusqu'à des proportions surhumaines quand il est surexcité par l'enthousiasme de la lutte solennelle et décisive. Eh bien! pourquoi, en face des dangers d'une situation nouvelle, ce courage ne se déploierait-il pas par les effets les plus énergiques et les plus inattendus? Pourquoi l'influence religieuse avec tout ce qui la représente, pourquoi toutes ces forces vives et conservatrices ne s'élèveraient-elles pas à la hauteur des circonstances même les plus exceptionnelles, pour les dominer et pour en faire sortir une Bretagne de l'avenir, digne en tout de l'ancienne? Espérons donc, sans trop d'optimisme, qu'on pourra dire avec l'excellent auteur du livre qui nous a suggéré ces réflexions Ce que les Bretons ont été, ils le seront loujours. Du moins, tous les fidèles enfants de l'Armorique s'uniront à M. Jéhan pour dire à leur auguste patronne : Glorieuse sainte Anne, ne cessez de bénir cette belle province, qui vous a toujours bonorée d'un culte si <fervent! Obtenez-lui de conserver la foi, la piété, l'attachement aux bonnes et saintes traditions, la gravité des mœurs chrétiennes, qui font la force, la dignité <des peuples et leur plus solide bonheur !>

MEME AUTEUR.

dié à son Eminence Mgr le cardinal Morlot, archevêque de Paris. Nouvelle édition considérablement augmentée. 1 vol. in-12, avec pl., chez Lecoffre, à Paris. Prix 2 fr. 80 c.

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