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Pour dissiper ses inquiétudes, il ne fallait rien moins que le consentement de tous les peuples (907) et le témoignage de l'antiquité, qui, plus près de l'origine et de Dieu même, savait mieux ce qui était vrai (908). Aristote, cité par Plutarque, parle du bonheur de l'autre vie comme d'une croyance si ancienne, que l'on n'en peut assigner ni le commencement, ni l'auteur, et qui s'est perpétuée sans interruption depuis les âges les plus reculés (909).

Plutarque insiste sur cette tradition et s'en sert pour prouver qu'il existe un séjour où les hommes vertueux seront récompensés après la mort (910).

La punition des méchants formait un autre point de la doctrine primitive, et voici ce qu'en dit Platon : « On doit certainement toujours croire à l'ANTIQUE ET SACRÉE TRADITION qui nous enseigne que l'âme est immortelle, et qu'après sa séparation d'avec le corps, un juge inexorable lui intlige les supplices qu'elle a mérités (911). »

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l'autel en entrant dans Athènes, était le vrai Dieu, le Dieu ineffable, selon saint Augustin (914). Dieu, disait Thalès, est le plus ancien des étres, car il n'a point eu de commencement (915). Hermotime de Clazomène et Anaxagore (916) enseignaient qu'une intelligence divine avait ordonné avec sagesse toutes les parties du monde (917). Héraclite (918) et Archélaüs professaient la même doctrine (919).

« Dieu donne un heureux succès à celui

qui fait le bien: roi et seigneur de toutes choses, et des immortels mêmes, nul ne l'égale en puissance. » Ce sont les paroles

de Solon.

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Sachez, dit-il, que votre esprit, tant qu'il est uni à votre corps, le gouverne à son gré. Il faut donc croire que la sagesse qui vit dans tout ce qui existe gouverne ce grand tout comme il lui plaît. Quoi! votre vue peut s'étendre jusqu'à plusieurs stades, et l'œil de Dieu ne pourra pas tout embrasser! Votre esprit peut en même temps s'occuper des événements d'Athènes, de l'Egypte et de la Sicile, et l'esprit de Dieu ne pourra songer à tout en même temps (922) ? »

qua degant regionem. (Ibid. p. 120.)

(911) PLATON. Epist. vu, Oper., i. XI, p. 115.

λόγοις, οἱ δὴ μηνύουσιν ἡμῖν ἀθάνατον ψυχὴν εἶναι δικαστάς τε ἴσχειν, καὶ τίνειν τὰς μεγίστας τιμωρίας, ὅταν τὶς ἀπαλλαχθῇ τοῦ σώματος. J'ai profité pour cette question des rech rches contenues dans le tome IV de l'Essai sur l'indifference. J'ai choisi avec soin les textes les plus significatifs.

et mecum ipse de immortalitate animorum cœpi cogitare, assensio omnis illa elabitur. (Ibid., c. 11, n. 25.) Ce que d sait Cicéron, les philosophes moder-Пsitecour de cutws aisi xpn rois nadacoïs tè xai ispoïz nes l'ont répété, et rien n'est plus curieux et plus instructif que ces rapprochements, qui prouvent les embarras de la raison humaine abandonnée à elle-même. Suivent Gibbon, les plus sublimes efforts de la philosophie ne peuvent nous donner qu'un faible désir, une faible espérance, et tout au plus une faible probabilité d'un état futur, dont l'existen e ne peut être certaine que par une révélation divine: Since therefore the most sublime efforts et philosophy can extend no farther than feebly to point out the des re, the hope, or, at most, the probability of a future s are, there is nothing, except a divine revelation, that ean ascertain the existence and describe the condition of the invisible country which is destined to receive the souls of men, after their separ tion from the body. (The ist of the decline and fall, etc., to n. II, chap. 15, p. 144. Ed. de Bâle.)

(907) Permanere auimos arbitramur consensu nationum omnium. (CICERO, Tuscul., c. 16, n. 36.)

(908) Auctor bus quidem ad istam sententiam... uti optimis possumus; quod in omnibus causis et debet es let valere plurimum: et primum quidem omni anquitate; quæ quo propius aberat ab ortu et divina progenie, hoc melius ea for asse qæ erant ve a cernebat. (Ibid., c. 12, n. 29.)

(909) καὶ ταῦθ' οὕτως ἀρχαια καὶ παλαιά, κ. τ. λ. Atque hæc nostra sententia ita v. tusta est, ut ejus et initium et auctor prorsus ignorentur, sed ab infinito usque ævo continenter ea sic est propagata. (I'LUTARQ., De consolat. ad Apollon., Oper., L. II, p. 115.)

(910) Εἰ δ ̓ ὁ τῶν παλαιῶν, κ. τ. λ.

Jam si, ut par est arbitrari, vera sunt quæ veteres poetae ac philosophi perhibuerunt, piis postquam vitam hanc cum morte com utaverunt es c Suos quosdam honores, dignioremque in consessus tribui locum, destinatamque pi's animis certam in

(912) Boivin a prouvé que dans les premiers temps, les Grecs ont connu et adoré un seul dieu éternel, maî re de l'univers (Mémoire de l'Académie des Ins criptions, t. III).

(913) Præteriens enim, et videns simulacra ve stra, inveni aram, in qua scriptum erat: IGNOTO DEO. Quod ergo ignorantes colitis, hoc ego annuntio vobis (Act. xvii, 23)..

(914) Contra Crescon., lib. 1, C. 29. On voit que les Athéniens avaient tant de vénération pour ce ci u inconnu, que c'était par lui qu'ils jura ent dans les occasions importantes, etc. (ANSELME, dans les Mémoires de l'Académie des Inscriptions, t. VI.) (915) Πρεσβύτατον τῶν ὄντων... ἀγέννητον. (ΒιοGENE LAERCE, Thalès.)

(916) DIOGENE LAERCE, Anaxagore.
(917) ARISTOTE, De generat., lib. t.
(918) PLUTARQUE, De placitis phi'osoph.
(919) CLEMENT D'ALEX., Adm. ad gentes.
(920) OCELLUS Luc., De natur. univ. c. 4.
(921) TIMÉE DE Loc., De anim. mund. c. i

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2.

(922) κατάμαθε, ὅτι καὶ ὁ σὸς τοῖς ἐνὼν τὸ σὸν σῶμα όπως βούλεται, μεταχειρίζεται. Οἴεσθαι οὖν χρὴ καὶ τὴν ἐν παντὶ φρόνησιν τὰ πάντα ὅπως ἂν αὐτὴ ἡδὺ τ οὕτω τίθεσθαι. Καὶ μὴ τὸ σὸν μὲν ὄμμα δύνασθαι ἐπὶ πολλὰ στάδια ἐξικνεσθαι, τὸν δὲ τοῦ Θεοῦ ὀφθαλμὸν ἀδύνατον εἶναι ἅμα παντα ὁρᾶν; μηδὲ τὴν σὴν μὲν ψυχὴ καὶ περὶ τῶν ἐνθάδε καὶ περὶ τῶν ἐν Αἰγύπτῳ, καὶ ἐν Σικελία δύνασθαι φροντίζειν, τὴν δὲ τοῦ Θεοῦ φρόνησιν μὴ ἱκανὴν εἶναι ἅμα πάντων ἐπιμελεῖσθαι ; (ΧENOPH. Memorab. Socratis, lib. 1, cap. 9.)

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Ecoutons les stoïciens : « Dieu gouverne tout par sa providence. Père de l'homme de bien, qui est son image, il l'aime et le prépare pour lui, en le perfectionnant sans cesse (929). » Malgré leur panthéisme et par une heureuse inconséquence, les stoïciens conservaient plusieurs doctrines traditionnelles.

« La première chose qu'il faut apprendre, c'est qu'il y a un Dieu, qu'il gouverne tout par sa providence, et que non-seulement nos actions, mais nos pensées et nos mouvements ne sauraient lui être cachés. Ensuite il faut examiner quelle est sa nature. Sa nature étant bien connue, il faut nécessairement que ceux qui veulent lui plaire et lui obéir fassent tous leurs efforts pour lui ressembler. Qu'ils soient libres, fidèles, bienfaisants, miséricordieux, magnanimes. Que toutes tes pensées donc, que toutes tes paroles, que toutes tes actions soient les actions d'un homme qui imite Dieu, qui veut lui ressembler (930).

« Quelle est la nature de la Divinité ? C'est intelligence, science, ordre, raison. Par là, tu peux connaître quelle est la nature de ton véritable bien, qui ne se trouve qu'en elle. » .

Porphyre, Proclus, Simplicius, Jamblique, ont également reconnu un Dieu unique (931), cause et fin de tous les êtres, existant par lui-même, infini, essentiellement bon (932). Celse l'appelle le grand Dieu (933)..

(925) Τῷ δ ̓ αὖ γενομένῳ φαμέν ὑπ' αἰτίου τινὸς ἀνάγκην εἶναι γενέσθαι. (PLAT., Timée.)

(424) Ποιητὴν καὶ πατέρα τοῦδε τοῦ παντός. (PLAT., Timée.)

(925) Λέγωμεν δὴ δι' ἣν αἰτίαν καὶ τὸ πᾶν τόδε ὁ ξυνιστάς ξυνέστησεν. Αγαθός ἦν βουληθεὶς γὰρ ὁ Θεὸς

ἀγαθὰ μὲν πάντα. κ. τ. λ. (PLAT., Timée.) (926) Οὗτος, δὴ πᾶς ὄντως ἀεί (Ibid.) (927) Θεὸς μὲν τὰ πολλὰ εἰς ἓν ξυγκεραννῦναι, καὶ πάλιν ἐξ ἑνὸς εἰς πολλὰ διαλύειν ἱκανὸς, ὡς ἐπιστάμενος άua xai Suvatós. (PLAT., Timée.)

(923) Θ ητὰ γὰρ καὶ ἀθάνατα ζῶα λαβὼν, καὶ ξυμ πληρωθεὶς ὁδε ὁ κόσμος, οὕτω εἰκὼν τοῦ νοητοῦ Θεου.... γέγονεν (PLATON, Timée.)

(929) SENEQUE, De Providentia, c. 1 et 2. (930) Manuel d'EPICTETE, liv. 1, pag. 113, 114. Paris 1798.

(931) Malheureusement ils ont gâté cette idée par leurs théories panthéistiques.

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(932) PORPHYRE, De Occas., c. 21.- PROCLUS, Theol. Plat. SIMPLICIUS, Arian. Epict. JAMBLIQUE. Myst., cap. 1. Ils furent pourtant panthéistes. (933) ORIGENE, contre Celse, liɔ. vin, no 66. (934) MAXIM. TYR., Dissert. 1, p. 5 et 6. (935) DION CHRYSOST. Orat. 12.

(936) Ces épithetes rappel ent le Dentéronome,

Frappé de cet accord, Maxime de Tyr observe que, si l'on interrogeait tous les hommes sur le sentiment qu'ils ont de la Divinité, on ne trouverait pas deux opinions différentes entre eux; que le Scythe ne contredirait point ce que dirait le Grec, ni le Grec ce qu'avancerait l'hyperboréen... Dans les autres choses, les hommes pensent fort différemment les uns des autres... Mais, au milieu de cette différence générale de sentiments sur tout le reste, vous trouverez par tout le monde une unanimité de suffrages en faveur de la Divinité. Partout les hommes confessent qu'il y a un Dieu, le Père et le Roi de toutes choses, et plusieurs dieux, qui sont les fils du Dieu suprême, et qui partagent avec lui le gouvernement de l'univers. Voilà ce que pensent et affirment unanimement les Grecs et les barbares, les habitants du continent et ceux des côtes maritimes, les sages et ceux qui ne le sont pas (934). »

« La créance des dieux, et principalement de celui qui préside à toutes choses, est commune à tout le genre humain, tant aux Grecs qu'aux barbares (935). » Ainsi parle Dion Chrysostome.

Traditions sur le Dieu suprême, conservées par les poëtes grecs.

Au milieu des fictions dont Homère a rempli ses poëmes, on découvre aisément ce fond de doctrine: un Dieu très-grand, trèsglorieux, très-sage, très - redoutable (936), Père et roi des hommes et des dieux (937), qui le reconnaissent pour leur souverain (938) et lui adressent leurs prières (939). Assis audessus d'eux, il habite le plus haut sommet de l'Olympe (940). Ses décrets sont irrévocables (941), et il les cache, quand il lui plaît, aux dieux mêmes (942). Il a créé la terre, le ciel, la mer et tous les astres qui couronnent le ciel (943).

Au commencement du quatrième livre de l'Iliade, le poëte représente les dieux assemVIII, 21.

(937) Ζευ πάτερ Ιδηθεν μεδέων, κύδιστε, μέγιστο.
(HOMERE, Iliade, m, vers 276.)

Mntista Zeus... (Ibid., vers 175.)
*Δινότατε κρονίδη.... (Ibid., vers 552.)
Zɛu va.... (Ibid., vers 351.)

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Πατὴρ ἀνδρῶντε θεῶντε (Ibid., vers 544.) (938) Τόσσον ἐγὼ περὶ τ ̓ εἰμὶ θεῶν, περὶ τ ̓ εἰμὶ [ ἀνθρώπων.....

Ο πάτερ ἡμέτερε, Κρονίδη, ὕπατε κρειόντων, Εὖ νυ καὶ ἡμεῖς ἴδμεν, ὅ τοι σθένος οὐκ ἐπιεκτίν. (Iliade, vi, ers 27-31 et 32.) (959) Ζεῦ πάτερ... τόδε μοι κρήηνον ἐέλδωρ, di Thétis... (Ibid.,, vers 503 et 504.) (940) Εὗρεν δ' ευρύοπα κρονίδην ἅτερ ἤμενον ἄλλων Ακροτάτη κορυφή πολυδειράδος Ουλύμποιο. (Ibid., vers 498 el 499. (441) Οὐ γὰρ ἐμὸν κυλιγράνετον οὐδ ̓ ἀπατηλόν, Οὐδ ̓ ἀτελεύτη ἐν γ', ό, τι κεν κεφαλῇ κατανεύσω. (942) Ὃν δ' ἂν ἐμῶν ἀπάνευθε θεῶν ἐθέλοιμι νοῆσαι Μήτι σὺ ταῦτα ἔκαστα διείρεο, μηδέ μετάλλα. (Ibid., vers 549 et 550.) (945) Εν μέν γαιαν ἔτευξ', ἐν δ ̓ οὐρανὸν, ἐν δὲ θάλασσαν, Ἐν δὲ τὰ τείρεα πάντα, τὰ δ ̓ οὐρανὸς ἐστεφάνωνται. (HOMÈRE, dans EUSEBE, Prép évang., lib. xni, c. 13.)

nous

blés autour de Jupiter (944) pour entendre l'arrêt de sa volonté sur Troie. Cette fiction peut encore avoir son fondement dans une tradition véritable, puisque voyons aussi dans Job les fils de Dieu (945), c'est-à-dire les anges chargés du gouvernement du monde, s'assembler devant le Seigneur, et former comme un saint conseil, où Satan lui-même paraît, pour recevoir les ordres de Dieu.

Après avoir parlé de dieux célestes et terrestres, nés des le commencement, et qui engendrèrent ensuite d'autres dieux, Hésiode célèbre le Dieu suprême, Père des dieux et des hommes, le plus puissant, dit-il, et le plus grand des dieux (946). Roi des immorteis, qui le reconnaissent pour leur maitre (947); honoré principalement, selon Théognis, à cause de son pouvoir souverain, tout lui est soumis, il règne sur l'univers, et il connaît les pensées et le fond du cœur de chaque homime (948). .

Rien ne lui est caché, dit Epicharme, il voil tout et peut tout (949). C'est ce dieu qu'Aratus invoque au commencement de son poëme, et qui doit être toujours présent à notre pensée. Η remplit et soutient l'univers qu'il a créé; sa bonté envers les hommes se manifeste dans les œuvres de sa main. Il a placé des signes dans le ciel, il a distribué avec sagesse et affermi les astres, pour présider à l'ordre des saisons et féconder la terre. Etre merveilleux dans votre grandeur, source de tous les biens pour Thomme, ο Père, je vous salue, vous le premier et le dernier à qui s'adressent les prières (950) 1

« Honore premièrement Dieu et ensuite (944) οἱ δὲ θεοὶ πὰρ Ζηνὶ καθήμενοι ἠγορόωντο

Χρυσέῳ ἐν δαπέδῳ. (Hiade, IV, vers 1 et 2.) (945) Παίδων Διός. (PINDARE, Pyth. m, Antist. 1.) (946) Θεῶν γένος αἰδοῖον πρῶτον κλείουσιν ἀοιδῇ Ἐξ ἀρχῆς οὓς γαῖα καὶ οὐρανὸς εὐρὺς ἔτικτεν, Οἵ τ ̓ ἐκ τῶν ἐγένοντο θεοὶ, δωτήρες εάων Δεύτερον αύτε Ζήνα, θεῶν πατέρ' ἠδὲ καὶ ἀνδρῶν.... Οσσον φέρτατος ἐστι θεῶν, κρατεί τε μέγιστος. (HESIODE, Théogon.e.) (947) Αὐτὸς γὰρ πάντων βασιλεὺς καὶ κοίρανος ἐσσί ̓Αθανάτων, σέο δ' οὗ ἐφήρισται κράτος άλλος. (HESIODE, dans EUSEBE, Prép. évang., lib. xi, cb. i.) (968) Ζεῦ πάτερ... ἀθανάτων βασιλεῦ.

Ζεῦ φίλε, θαυμάζω σε. Σὺ γὰρ πάντεσσιν ἀνάσσεις
Τιμὴν αὐτὸς ἔχων καὶ μεγάλην δύναμιν
Ανθρώπων δ' εν οἶσθα νέον καὶ θυμὸν ὁ ἀστου
Σὸν δὲ κράτος πάντων, ἔσθ' ὅπατον, βασιλεύ....
Θνητοῖσι καὶ ἀθανάτοισιν ἀνάσσει

τοὺς χρονίδης. (ToGNIS, Sent., vers 700, 721, 365-568 et 781, poet. Gnom. gr., édit. de Brunck) (949) οὐδὲν ἐ εφεύγει τὸ θεῖον, τοῦτο γινώσκειν σε δεῖ Αὐτὸς ἐστὶ ἡμῶν ἐπόπτης, ἀδυνατεῖ δ' οὐδὲν θεός. (LRICHARME, Gnom. poet. gr., p. 674, éd. Brunc.) (950) Ἐκ Διός ἀρχώμεθα τὸν οὐδέ ποτ' ἄνδρες ἐῶμεν ̓Αρήτιν. Μέσται δὲ Διὸς πᾶσαι μὲν ἀγυιαί, Πάται δ' ἀνθρώπων αγοραί, μεστή δὲ θάλασσα, Καὶ λιμένες πάντη δε Δ ός κε χρήμεθα πάντες. Τοῦ γὰρ γένος ἐσμέν, οἴτε δημιουργία.

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Où trouvera-t-on un témoignage plus formel, plus clair que celui-ci, sur l'immortalité de l'âme, faite à l'image de Dieu ? « Les parties qui composent le corps humain forment une harmonie qu'il n'est pas permis de détruire. Nous espérons que ceux qui ont abandonné leurs dépouilles à la terre, en sortiront bientôt pour venir dans la lumière ils seront un jour des dieux, car les âmes des morts sont incorruptibles. L'esprit est l'image de Dieu. Pour le corps, il vient de la terre et s'en retourne en terre; nous ne sommes que cendre, mais l'esprit remonte au ciel (952). »

Voilà bien expressément un Dieu unique, et des dieux qui sont les âmes des justes. Le même Phocylide recommande de ne pas excéder dans les honneurs qu'on rend à ces dieux, et qui doivent avoir des bornes (953).

Simonide, Linus, Archiloque, Callimaque et plusieurs autres poëtes célèbrent un Dieu, roi de tous les dieux, qui obéissent à ses lois, et Dieu par lui-même (954). 11 est la fin de toutes choses, et tout est soumis à sa volonté. La vie de l'homme est en sa puissance, il en fixe la durée (955). Rien ne lui est impossible (956), et tout est facile à ceJui qu'il aide (957). Le roi est son image vivante (958) ; il règne dans les cieux (959). C'est lui qui distribue les richesses (960), les maux. Ami de l'équité (961), il est bon envers les bons (962), et c'est pourquoi le fruit de ses œuvres ne périt point, et sa fin est heureuse (963). Soyez donc juste, et Dieu combattra pour vous (904). Souvenez-vous de lui dans la prospérité (965). C'est lui qui vous nourrit (966). Il est partout, il voit

Αστέρας, οἱ κε μάλιστα τετυγμένα σημαίνοιεν ̓Ανδράσιν ὡράων, ὄφρ' ἔμπεδα πάντα γύηται Και μιν ἀεὶ πρῶτόν τε καὶ ὕστατον ἱλάσκονται Χαῖρε, πάτερ, μέγα θαῦμα, μέγ' ἀνθρώποισιν ὄνειαρ. (ARATUS, Phénom., dans EUSEBE, Prépar. évang., liv. xii, ch. 15.)

(954) Πρῶτα θεὸν τίμα, μετέπειτα δὲ σεῖο γονέας. (PHOCYLIDE, Poem. admon. - Gnom. poet. gr., edit. Brunck.)

(452) οὐ καλὸν ἁρμονίην ἀναλύεμεν ἀνθρώποιο, Καὶ τάχα δ' ἐκ γαίης ἐλπίζομεν ἐς φάος ἐλθεῖν Δείπσον ἀποιχομένων. Οπίσω δὲ θεοὶ τελέθονται. Ψυχαὶ γὰρ μίμνουσιν ἀκήριοι ἐν φθιμένοισι. Πνεῦμα δ' ἄρ ἐκ γαίης ἔχομεν, καὶ πᾶνόδ ̓ ἐς αὐτὴν Λυόμενον κόνις ἐστίν. Δήρ δ ̓ ἀνὰ πνεῦμα δέδεκται. (PHOCYLIDE, Ibid. -EURIPIDE, Suppliantes, vers 552.) (953) PHOCYLIDE, Poem. admonitor. (954) CALLIMAQUE, Hymne 1, p. 3. (955) SIMONIDE, Frag. IV, inter Gnom. (956) Liu, Frag. inter Gnom. (957) Divers. sent. inter Gnom. (958) Ibid.

(959) ARCHILOQUE, dans EUSÈRE, Prépar. évang., liv. x, ch. 13.

(960) ΚΙΑΝ. Frag. itter Gnom.

(761) Ib.

(992) ID.

Ο δ' ήτιος κ θρωποῖσι

(965) ID.

Δεξιά σημαίνει.

(954) ID.

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(966) ID.

(956) lb.

tout (967); rien n'échappe à sa vue (968). Ne croyez pas que le parjure puisse se cacher; il conduit le méchant au supplice (969). Ne cherchez point à lui résister (970); c'est en vain qu'on lutte contre lui (971). Mortel, abaisse tes pensées devant Dieu, adore-le, apprends à le servir; c'est ton premier devoir : occupe-toi sans cesse de son culte, et Dieu lui-même sera l'âme de toutes tes actions (972).

La tribune et le théâtre même retentissaient de ces maximes, tant elles étaient conformes aux croyances communes. Demosthènes distingue le Dieu suprême de tous les autres dieux (973). Eschyle, Sophocle, Euripide, rappellent sans cesse un Dieu infiniment élevé au-dessus des dieux, et qui n'est assujetti à aucunes lois que celles qu'il s'impose à lui-même (974). Père tres-parfait (975), tout-puissant (976), seul libre (977), son jugement est toute vérité (978). Il hait la violence (979), il envoie le chatiment à l'heure marquée (980). La prospérité est un don de ce Dieu (981), très-grand (982) et très-sage, protecteur des suppliants, maître des trônes, de cette puissance éternelle (983) qui dispose de notre sort (984), et de qui nous dépendons entièrement (985). Inaccessible à notre esprit (986), Dieu voit tout el gouverne tout (987). Son règne est éternel (988). Roi

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(970) Χρὴ δὲ πρὸς θεὸν οὐκ ἐρίζειν.

(PINDARE, Pyth. 11.)

(971) Θεῷ μάχεσθαι δειλόν ἐστί.

(Gnom., pag. 229, édit. Brunck.) (972) Θνητός πεφυκώς· μὴ φρονῆς ὑπέρθεα· Θεὸν σέβου, καὶ πάντα πράξεις ἐνθέως. Ὑπὲρ εὐσεβείας καὶ λάλει, καὶ μάνθανε. (Gnom., pag. 213.)

(973) Πρὸς Διὸς καὶ θεῶν. (Pro corona.) (974) Ζεύς

Ιδίοις νόμοις κρατύνων

Ὑπερήφανον θεοῖσι

Τοῖσι πάρος δείκνυσιν αἰχμάν.

(ESCHYLE, Prométhée, vers 402-403.)

(975) 'Ω Ζευ πάτερ παντελές.

(ESCHYLE, Les sept devant Thèbes.) (976) "Ω πανκρατές Ζεῦ. (Ibid., vers 240.) (977) Ελεύθερος γὰρ οὔτις ἐστὶ πλὴν Διός.

(ESCHYLE, Prométhée, vers 50.) (978) Ευθύνη Διός εὖ παναληθής.

(ESCHYLE, Suppliantes, vers 85.)

(979) Μισεῖ γὰρ ὁ θεὸς τὴν βίαν.

(EURIPIDE, Hélène, act. m.) (980) Νέμει τοι δίκαν θεός, ὅταν τύχῃ. (ESCHYLE, Electre, act. v.) (981) Θεοῦ δὲ δωρόν ἐστιν εὐτυχεῖν βροτους. (ESCHYLE, les sept devant Thèbes, vers 610.) (482) Μεγίστῳ Ζηνί (EURIPIDE, Ion.)

(485) 'Ω Διὸς ἀγένναον κράτος.

(EURIPIDE, Oreste, act. Iv.)

(584) Πρὸς ἄλλας δ ̓ ἐλαύνει θεὸς συμφορὰς τὰς δὲ [κρείσσω

Τὸ κακὸν δ ̓ ἀγατόν. (Eune., Hélène, act. 1.)
(985) ΤΩ Ζεύ, τί δῆτα τοὺς ταλαιπώρους βροτούς
Φρονεῖν λέγουσι; σοῦ γὰρ ἐξηρτήμεθα,
ὁρῶμέν τε τοιαῦθ ̓ ἂν σύ τυγχαίης θέλων.

(EURIPIDE, Suppliantes, act. u.)
(986) "Ω θύγατερ, ὁ θεὸς, ὡς ἔφη, τι ποικίλου,
καὶ δυστέκμαρτον, εὖ δέ πως ἀναστρέψει,

DICTIONN. DE PHILOSOPHIE. Ill.

des rois, il surpasse en felicite, en puissance, en perfection tous les etres (989). Adorez donc ce Dieu suprême, qui dirige les destins par une loi antique; qui multiplie les troupeaux, qui fait naître dans leur saison les fruits de la terre, que nous recevons par le ministère des dieux (990); des dieux à qui le roi (991) dont le royaume est inmortel (992), a tout donné excepté l'empire (993).

« Dans la vérité il n'y a qu'un Dieu, qui a fait le ciel et la terre, et la mer azurée, et les vents impétueux. La plupart des mortels, dans l'égarement de leur cœur, dressent des statues des dieux, comme pour trouver dans ces images de bois, d'airain, d'or, d'ivoire, une consolation de leurs maux. Ils leur offrent des sacrifices, ils leur consacrent des fêtes, s'imaginant qu'en cela consiste la piété (994). »

Ce n'est pas Sophocle seul qui reprochait ainsi aux Grecs leurs vaines superstitions. Des poëtes comiques tiennent le même langage. « Si quelqu'un, dit Menandre, croit, par de nombreux sacrifices et de riches présents, se rendre Dieu favorable, il s'abuse, son esprit est aveuglé. Le devoir de l'homme c'est d'être bon, de respecter la pudeur des vierges et des épouses, de s'abstenir du meurtre et du vol, de ne pas même

Εκεῖσε κἀκεῖσ ̓ ἀναφέρων. (EURIPIDE, Hélène, act. It. (987) Ο πάντα νέμων... Ζεύς.

(ESCHYLE, Prométhée, vers 526.)
Ἔστι μέγας ἐν οὐρανῷ

Ζεύς, ὃς ἐφορᾷ πάντα, καὶ κρατύνει.
(SOPHOCLE, Electre, vers 174 et 175.)

(988) Τί γὰρ πέπρωται Ζηνί, πλὴν ἀεὶ κρατεῖν.
(ESCHYLE, Prométhée, vers 519.)

(989) "Αναξ ἀνάκτων, μακάρων

Μακάρτατε, καὶ τελέων

Τελειότατον κράτος, ὄλβιε Ζεῦ.

(ESCHYLE, Suppliantes, vers 525-528.)

(990) Ζῆνα μέγαν σεβόντων

Τὸν ξένιον, πανυπέρτατον,

*Ος πολιῷ νόμῳ αἶσαν ὀρθοῖ

Καρποτελῆ δέ τοι
Ζεὺς ἐπικραινέτῳ
Φέρματι γᾶν πανώρῳ.
Πρόνομα δὲ βοτὰ

Τὼς πολύγονα τελέθοι·

Τὸ πᾶν δ ̓ ἐκ δαιμόνων λάβοιεν

(ESCHYLE, Suppl., v. 671-73, 688-93, 281-82.)

(991) 'Ω 'ναξ. (SOPHOCLE, Trachiniennes, vers 1087.) (992) 'Αλλ' ὦ κρατύνων, εἴπερ ὄρθ ̓ ἀκούεις,

Ζεῦ, πάντ' ἀνάσσων, μὴ λάθη

Σέ, τάν τε σὰν ἀθάνατον αἰὲν ἀρχάν.

(SOPHOCLE, Oedipe roi, vers 95, 96.) (95) Απαντ' ἐπράχθη πλὴν θεοῖσι κοιμανεῖν. (ESCHYLE, Prométhée, vers 49.) (994) Εἷς ταῖς ἀληθείασιν, εἷς ἐστιν θεὸς Ος οὐρανὸν τέτευχε, καὶ γαῖαν μακρήν, Πόντιν τε χαριπόν, οἶδμα, καὶ ἀνέμων βίας. Θνητοὶ δὲ πολλοὶ καρδίαν πλανώμενοι, 'Ιδρυσάμεθα πημάτων παραψυχήν, Θεῶν ἀγάλματ' ἐκ λίθων, ἢ χαλκέων, Η χρυσοτεύκτων, ἢ ἐλεφαντίνων τύπους. Θυσίας τε τούτοις, καὶ καλὰς πανηγύρεις. Στέφοντες, οὕτως εὐσεβεῖν νομίζομεν.

(SOPHOCLE, dans EUSEBE, Prépar. évung., liv. ΧΠΙ, c. 13 1

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désirer la plus petite partie du bien d'autrui; car Dieu est près de vous; il vous voit. O mes amis ! Dieu aime les œuvres justes, il déteste l'iniquité; soyez donc justes jusqu'à la fin, et sacrifiez à Dieu avec un cœur pur (995). »

« Pensez-vous que ceux qui ont passé leur vie dans les festins et dans les plaisirs puissent échapper après leur mort à la justice divine? Il y a un œil qui voit tout; et nous savons qu'il existe deux chemins à l'entrée des enfers, l'un qui conduit au séjour des justes, et l'autre à la demeure des impies. Allez donc, dérobez, ravissez, ne respectez rien; mais ne vous y trompez pas, il y a un jugement dans l'enfer, un jugement qu'exercera Dieu, le maître souverain de l'univers, dont je n'oserais prononcer le nom formidable. Il prolonge quelquefois la vie du méchant que le méchant ne pense pas pour cela que ses crimes lui soient cachés ou qu'il les regarde avec indifférence; car cette pensée serait un nouveau crime. Vous qui croyez que Dieu n'est pas, prenez garde il existe, oui, il existe un Dieu! Si quelqu'un, néanmoins, a fait le mal, qu'il profite du temps qui lui est laissé; car plus tard il subira des châtiments terribles (996).»

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Qu'est-il besoin d'ajouter de nouveaux témoignages? Et qui pourrait douter que la tradition n'eût conservé dans la Grèce païenne une tradition tantôt plus claire et tantôt plus confuse du vrai Dieu (997)? On le priait, on l'invoquait, on chantait des hymnes à sa louange, et il nous en reste encore des fragments. « Roi glorieux des immortels, adoré sous des noms divers, éternellement tout-puissant, auteur de la nature, qui gouvernes le monde par tes lois, je te salue! Il est permis à tous les mortels de t'invoquer; car nous sommes tes enfants, ton image est comme un faible

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écho de ta voix, nous qui vivons un moment et rampons sur la terre. Je te célébrerai toujours, toujours je chanterai ta puissance. L'univers entier t'obéit comme un sujet docile. Tes mains invincibles sont ar mées de la foudre; elle part, et la nature frémit de terreur. Tu diriges la raison commune, tu pénètres et fécondes tout ce qui est. Roi suprême, rien ne se fait sans toi, ni sur la terre, ni dans le ciel, ni dans la mer profonde, excepté le mal que commettent les mortels insensés. En accordant les principes contraires, en fixant à chacun ses bornes, en mélangeant les biens et les maux, tu maintiens l'harmonie de l'ensemble; de tant de parties diverses, tu formes un seul tout, soumis à un ordre constant, que les infortunés et coupables humains troublent par leurs désirs aveugles. Ils détournent leurs regards et leurs pensées de la loi de Dieu, loi universelle, qui rend beureuse et conforme à la raison la vie de ceux qui lui obéissent. Mais, se précipitant au gré de leurs passions dans des routes opposées, les uns cherchent la gloire, les autres les richesses ou les plaisirs. Auteur de tous les biens, toi qui lances le tonnerre du sein des nues (998), Père des hommes, délivreles de cette triste ignorance, dissipe les ténèbres de leur âme, fais-leur connaître la sagesse par laquelle tu gouvernes le monde, afin que nous t'honorions dignement et que sans cesse nous chantions tes œuvres, comme il convient aux mortels; car il n'est rien de plus grand, pour l'homme et pour les dieux, que de célébrer dans la justice la loi universelle (999). »

Traditions sur le Dieu suprême conservées chez les Latins et chez les Etrusques.

On voit dans les poëtes latins comme dans les poëtes grecs, un Dieu unique, père des dieux et des hommes, éternel, tout-puis

Μηδὲν πλανηθῆς, ἔσται κὰν ᾅδου κρίσις,
Ηνπερ ποιήσει ὁ θεὸς ὁ πάντων Δεσπότης.
Οὗ τοὔνομα φόβερον, οὐδ ̓ ἂν ὀνομάσαιμ' ἐγώ,
*Ος τοῖς ἀμαρτάνουσι πρὸς μῆκος βίον
Δίδωσιν. Ει τίς δε θνητῶν οἴεται, τοὐφημέραν
Κακόν τι πράσσων, τοὺς θεοὺς λεληθέναι,
Δοκεῖ πονηρὰ, καὶ δοκῶν ἁλίσκεται,
Οταν σκολην ἄγουσα τυγχάνῃ δίκη,
Ορᾷθ ̓ ὅσοι δοκεῖτε οὐκ εἶναι θεόν.

Εστιν γὰρ, ἔστιν· εἰ δέ τις πράττει κακῶς,
Κακὸς πεφυκώς, τὸν χρόνον κερδαινέτω,
Χρόνῳ γὰρ οὗτος ὕστερον δώσει δίκην.

(DIPHILE, dans EUSEBE, Prépar. évang.,
liv. x, ch. 13.)

(997) Voy. HUET, Questiones aluetanæ, lib. 11, cap. 2. CUDWORTH, Syst. intellect., ch. 4. — LaJe me MENNAIS, Essai sur l'Indifférence, t. III. suis borné à choisir parmi la multitude de textes cités par ces écrivains les plus remarquables.

(998) Les anciens, persuadés qu'on ne peut pas voir Dieu, le représentent presque toujours environ né de nuages. De là ces épithètes qu'Homère jaint si fréquemment au nom du Dieu suprême, qui rassemble des nuages, ou enveloppé de nuages.

(999) Κυδιστ' ἀθανάτων, κ. T. λ. On connall trop l'hymne de Cléanthe por qu'il soit néces saire de citer le texte. (Voy. Analecta vel. poct. græc., t. III, édit. de Bru: ck.)

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