Tous trois membres sacrés de ce corps invincible, Dangereux à lui-même, à ses voisins terrible. Heureux lorsque le peuple instruit dans son devoir Respecte autant qu'il doit le souverain pouvoir! Plus heureux lorsqu'un roi, doux, juste et politique Respecte autant qu'il doit la liberté publique! Voltaire, Henriade.
REPROCHES DE ZOPIRE, ET PROJETS DE
Mahomet.--Approche, et puisqu'enfin le ciel veut nous unir,
Vois Mahomet sans crainte, et parle sans rougir. Zopire. Je rougis pour toi seul, pour toi dont A traîné ta patrie au bord du précipice; [l'artifice Pour toi de qui la main sème ici les forfaits, Et fait naître la guerre au milieu de la paix. Ton nom seul parmi nous divise les familles, Les époux, les parens, les mères et les filles; Et la trève pour toi n'est qu'un moyen nouveau Pour venir dans nos cœurs enfoncer le couteau. La discorde civile est par-tout sur ta trace; Assemblage inouï de mensonge et d'audace, Tyran de ton pays, est-ce ainsi qu'en ce lieu, Tu viens donner la paix, et m'annoncer un Dieu ? Mahomet.-Si j'avais à répondre à d'autres qu' à Zopire,
Je ne ferais parler que le Dieu qui m'inspire; Le glaive et l'Alcoran, dans mes sanglantes mains, Imposeraient bientôt au reste des humains. Ma voix ferait sur eux les effets du tonnerre, Et je verrais leurs fronts attachés à la terre; Mais je te parle en homme, et sans rien déguiser: Je me sens assez grand pour ne pas t'abuser.
Thrice happy times, when grateful subjects shew That loyal warm affection which is due!
But happier still, when freedom's blessings spring From the wise conduct of a prudent king. O when, cried Bourbon, ravish'd at the sight, In France, shall peace and glory thus unite? A female hand has clos'd the gates of war; Look on, ye monarchs, and adopt her care. Your nations Discord's horrid tide o'erwhelms,— She lives, the blessing of adoring realms.
The Henriade, transl. by Smollett and Franklin.
Zopir's RePROACHES, AND MAHOMET'S PROJECTS. Mahomet. Since 'tis the will of Heav'n, that MahuAnd Zopir should at length unite, approach [met Without a blush, and fearless tell thy tale.
Zopir.-I blush for thee alone, whose baneful arts Have drawn thy country to the brink of ruin; Who in the bosom of fair peace wou'dst wage Intestine war, loosen the sacred bonds Of friendship, and destroy our happiness; Beneath the veil of proffer'd terms, thou mean'st But to betray, whilst Discord stalks before thee: Thou vile assemblage of hypocrisy
And insolence, abhorred tyrant! thus― Do the chos'n ministers of heaven dispense Its sacred blessings, and announce their God? Mahomet.-Wert thou not Zopir, I wou'd answer
As thou deserv'st, in thunder, by the voice Of that offended being thou derid'st:
Arm'd with the hallow'd Koran, I would teach thee
To tremble and obey, in humble silence,
And with the subject world to kneel before me; But I will talk to thee without disguise,
As man to man shou'd speak, and friend to friend, I have ambition, Zopir: where's the man Who has it not? but never citizen.
Vois quel est Mahomet; nous sommes seuls, écoute: Je suis ambitieux; tout homme l'est sans doute; Mais jamais roi, pontife, ou chef, ou citoyen, Ne conçut un projet aussi grand que le mien. Chaque peuple à son tour a brillé sur la terre, Par les lois, par les arts, et sur-tout par la guerre : Le temps de l'Arabie est à la fin venu. Ce peuple généreux, trop long temps inconnu, Laissait dans les déserts ensevelir sa gloire; Voici les jours nouveaux marqués pour la victorie. Vois, du Nord au Midi, l'univers désolé, La Perse encor sanglante, et son trône ébranlé; L'Inde esclave et timide, et l'Egypte abaissee, Des murs de Constantin la grandeur éclipsée, Vois l'empire Romain tombant de toutes parts, Ce grand corps déchiré dont les membres épars Languissent dispersés sans honneur et sans vie: Sur ces débris du monde, élevons l'Arabie.
Il faut un nouveau culte, il faut de nouveaux fers; Il faut un nouveau Dieu pour l'aveugle univers. Ne me reproche point de tromper ma patrie; Je détruis sa faiblesse, et son idolâtrie : Sous un roi, sous un Dieu, je viens la réunir Et pour la rendre illustre, il la faut asservir.
Or chief, or priest, or king, projected aught So noble as the plan of Mahomet;
In acts or arms hath ev'ry nation shone Superior in its turn; Arabia now
Steps forth; that gen'rous people, long unknown And unrespected, saw her glories sunk, Her honours lost; but, lo! the hour is come When she shall rise to vict'ry and renown; The world lies desolate from pole to pole; India's slave, and bleeding Persia mourns Her slaughter'd sons; whilst Egypt hangs the head Dejected; from the walls of Constantine Splendour is fled; the Roman empire, torn By discord, sees its scatter'd members spread On ev'ry side inglorious; let us raise Arabia on the ruins of mankind :
The blind and tott'ring universe demands Another worship, and another God; Crete had her Minos, Egypt her Osiris, To Asia, Zoroaster gave his laws, And Numa was in Italy ador'd:
O'er savage nations, where no monarchs rul'd Nor manners soften'd, nor religion taught
Hath many a sage his fruitless maxims spread ;- Beneath a nobler yoke I mean to bend
The prostrate world, and change their feeble laws. Abolish their false worship, to pull down Their pow'rless gods, and on my purer faith Found universal empire: say not, Zopir, That Mahomet betrays his country.
I mean but to destroy its weak supports,
And, banishing idolatry, unite it
Beneath one king, one prophet, and one God;
I shall subdue it but to make it glorious.
Franklin's transl. of Voltaire's Mahomet.
ESPOIR QU'A ZOPIRE DE RETROUVER SES ENFANS,
HERCIDE! qu'ai je lu? Grands dieux, votre clé
Répare-t-elle enfin soixante ans de souffrance? Hercide veut me voir! lui, dont le bras cruel Arracha mes enfans à ce sein paternel !
Ils vivent! Mahomet les tient sous sa puissance, Et Séïde et Palmire ignorent leur naissance! Mes enfans! tendre espoir que je n'ose écouter; Je suis trop malheureux, je crains de me flatter. Pressentiment confus, faut-il que je vous croie? O mon sang! où porter mes larmes et ma joie ? Mon cœur ne peut suffire à tant de mouvemens; Je cours, et je suit prêt d'embrasser mes enfans. Je m'arrête, j'hésite, et ma douleur craintive Prête à la voix du sang une oreille attentive. Allons. Voyons Hercide au milieu de la nuit; Qu'il soit sous cette voûte en secret introduit, Au pied de cet autel, où les pleurs de ton maître Ont fatigué les dieux qui s'appaisent peut-être. Dieux! rendez-moi mes fils; Dieux! rendez aux
Deux cœurs nés généreux, qu'un traître a cor
S'ils ne sont pas à moi, si telle est ma misére, Je veux les adopter, je veux être leur père. Voltaire, Mahomet.
DESCRIPTION D'UNE BATAILLE.
COMPARAISON SUBLIME.
Traduction.
MUSE! conduis mes pas au milieu du carnage Des peuples furieux je dois peindre la rage; Je crois ouïr encor le bruit des combattans, Le cri de la victoire, et celui des mourans,
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