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LISE à Rondon.

Ouvrez les yeux, et connaiffez qui j'aime...

RONDO N.

C'eft lui.

FIER EN FA T.

Qui donc ?

LISE.

Votre frère.

EUPHEM ON père.

Lui-même.

FIEREN FAT.

Vous vous moquez, ce fripon, mon frère?

LIS E.

Oui.

Mme

CROUPILLA C.

J'en ai le cœur tout-à-fait réjoui.

RONDO N.

Quel changement! quoi? c'eft donc là mon drôle ?

FIEREN FA T.

Oh, oh! je joue un fort fingulier rôle :

Tudieu, quel frère !

EUPHEM ON père.
Oui, je l'avais perdu;

Le repentir, le ciel me l'a rendu.

Mme

CROU PILLA C.

Bien à propos pour moi.

FIEREN FAT.

La vilaine ame!

Il ne revient que pour m'ôter ma femme!
EUPHEMON fils à Fierenfat.

Il faut enfin que vous me connaissiez ;

C'eft vous, Monfieur, qui me la raviffiez.

Dans

Dans d'autres temps j'avais eu fa tendresse.
L'emportement d'une folle jeunesse

M'ôta ce bien, dont on doit être épris,
Et dont j'avais trop mal connu le prix.
J'ai retrouvé, dans ce jour salutaire,
Ma probité, ma maîtreffe, mon père.
M'envîrez-vous l'inopiné retour

Des droits du fang et des droits de l'amour?
Gardez mes biens, je vous les abandonne,
Vous les aimez... moi j'aime fa perfonne;
Chacun de nous aura fon vrai bonheur,
Vous dans mes biens, moi, Monfieur, dans fon cœur.
EUPHEM ON père.

Non, fa bonté fi défintéreffée

Ne fera pas fi mal récompensée :

Non, Euphémon, ton père ne veut pas
T'offrir fans bien, fans dot, à fes appas.

RONDON.

Oh! bon cela.

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CROUPILLA C.

Je fuis émerveillée,

Tout ébaubie, et toute confolée.

Ce gentilhomme eft venu tout exprès,
En vérité, pour venger mes attraits.
(à Euphémon fils.)

Vîte, époufez: le ciel vous favorife;
Car tout exprès pour vous il a fait Life;
Et je pourrais, par ce bel accident,
Si l'on voulait, ravoir mon président.

LIS E. (à Rondon.)

De tout mon cœur. Et vous, fouffrez, mon père,
Souffrez qu'une ame et fidelle et fincère,

Théâtre. Tome VII,

K

Qui ne pouvait fe donner qu'une fois,
Soit ramenée à fes premières lois.

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RONDO N.

Si furtout Euphémon

D'une ample dot lui fait un large don,

J'en fuis d'accord.

FIEREN FA T.

Je gagne en cette affaire

Beaucoup, fans doute, en trouvant un mien frère : Mais cependant je perds en moins de rien

Mes frais de noce, une femme et du bien.

Mme

CROU PILLA C.

Eh! fi vilain! quel cœur fordide et chiche!
Faut-il toujours courtifer la plus riche ?
N'ai-je donc pas en contrats, en châteaux,
Affez pour vivre, et plus que tu ne vaux ?
Ne fuis-je pas en date la première?
N'as-tu pas fait, dans l'ardeur de me plaire,
De longs fermens, tous couchés par écrit,
Des madrigaux, des chansons sans esprit ?
Entre les mains j'ai toutes tes promeffes;
Nous plaiderons; je montrerai les pièces.
Le parlement doit en femblable cas
Rendre un arrêt contre tous les ingrats.

ROND O N.

Ma foi, l'ami, crains fa jufte colère;
Epouse-la, crois-moi, pour t'en défaire.

EUPHEM ON père, à Mme Croupillac.

Je fuis confus du vif empressement
Dont vous flattez mon fils le président;
Votre procès lui devrait plaire encore ;
C'est un dépit dont la cause l'honore :
Mais permettez que mes foins réunis
Soient pour l'objet qui m'a rendu mon fils.

Vous, mes enfans, dans ces momens profpères,
Soyez unis, embraffez-vous en frères.

Vous, mon ami, rendons grâces aux cieux,
Dont les bontés ont tout fait pour le mieux.

Non, il ne faut, et mon cœur le confesse,
Défefpérer jamais de la jeuneffe.

Fin du cinquième et dernier acte.

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LISE, EUPHEMON père, FIERENFAT, RONDON, EUPHEMON fils, l'épée à la main, Mme CROUPILLAC, EXEMPTS.

FIEREN FAT.

Vîte, qu'on l'environne;

Point de quartier: faififfez fa perfonne.

RONDON aux Exempts.

Montrez un cœur au-deffus du commun;
Soyez hardis, vous êtes fix contre un.

LISE.

Ah, malheureux! arrêtez.

MARTHE.

Comment faire?

EUPHEM ON fils.

Lâches, fuyez... . où fuis-je? c'est mon père !

(il jette fon épée.)

EUPHEM ON père.

Que vois-je ? hélas !

EUPHEMON fils, aux pieds de fon père.

Un trop malheureux fils,

Qu'on pourfuivait, et qui vous eft foumis.

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