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à l'époque même où la force des armes a pris partout un prodigieux accroissement. Dans l'état présent des choses, l'Europe n'aura jamais que des gouvernemens constitutionnels ou des gouvernemens militaires; et comme l'usurpation ne pourroit s'élever que par la force des armes, elle est essentiellement ennemie de toute constitution et de toute liberté. Ce sont les souverains héréditaires, les souverains légitimes, qui seuls peuvent établir la liberté, surtout dans les grands états où toute révolution ne sauroit arriver que par l'emploi de la force militaire, qui n'enfantera jamais qu'un pouvoir violent comme elle : ainsi les maximes de la liberté se confondent avec les intérêts des rois. Ces maximes ne sont plus, aujourd'hui, la suite de la révolution; elles sont nées de nouveau, pour ainsi dire, de l'horreur du despotisme impérial, elles ont en leur faveur l'exemple de dix ans de tyrannie; aussi sont-elles chères à des hommes qui n'ont jamais connu les premières théories de la révolution.

(7) PAGE 93.

En célébrant la loyauté chevaleresque de nos vienx temps, M. de Châteaubriand a marqué mieux que personne cette puissance des idées nouvelles, cette ruine irréparable des anciennes mœurs, des anciens priviléges. « L'esprit du siècle, dit-il, a pénétré de toutes parts; il est entré « dans les têtes, et jusque dans les cœurs de ceux qui s'en croient le « moins entachés. » M. de Châteaubriand expose partout cette vérité avec une justesse, une force, et quelquefois une expression de regret qui en augmente encore l'évidence; de cette vérité résulte le bienfait de l'ordre constitutionnel, établi par un monarque dont la modération est à la fois une grande vertu de cœur, et une rare supériorité de sagesse.

Il falloit à la France une loi de liberté qui pût satisfaire les idées et les espérances du siècle; il falloit une transaction solennelle qui garantit les intérêts nouveaux le Roi a donné cette Charte, désormais inséparable de la monarchie légitime; plus elle sera puissante, plus la monarchie elle-même s'affermira. L'inviolabilité de la loi ajoute encore à celle du trône'; et tel est l'avantage de la stabilité, que même, appliquée à des institutions de liberté, elle est utile au pouvoir.

FIN DES NOTES.

CONSIDÉRATIONS

SUR

LES CAUSES DE LA GRANDEUR

DES ROMAINS

ET DE LEUR DÉCADENCE.

SUR

LES CAUSES DE LA GRANDEUR

DES ROMAINS

ET DE LEUR DÉCADENCE.

CHAPITRE I.

1. Commencemens de Rome. 2. Ses guerres.

Il ne faut pas prendre de la ville de Rome, dans ses commencemens, l'idée que nous donnent les villes que nous voyons aujourd'hui, à moins que ce ne soient celles de la Crimée, faites pour renfermer le butin, les bestiaux, et les fruits de la campagne. Les noms anciens des principaux lieux de Rome ont tous du rapport à cet usage.

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La ville n'avoit pas même de rues, si l'on appelle de ce nom la continuation des chemins qui y aboutissoient. Les maisons étoient placées sans ordre, et très-petites; car les hommes, toujours au travail, ou dans la place publique, ne se tenoient guère dans les maisons.

Mais la grandeur de Rome parut bientôt dans

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