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de fon châtean de Kerallier que fe tiennent les af femblées. On y voit une tribune portant cette infcription: ici on fert fon Dieu fan's hypocrifie, fon roi fans intérêt, sa patrie fans ambition. On a donné au lieu des affemblées le nom faftueux de Temple de la patrie. Les patriotes bretons, pour augmenter l'éclat de leurs folemnités, fe font affocié plufieurs femmes célebres, telles que madame la comteffe de Nantais, Mad. la comtesse de Genlis, Mad. la baronne de Bourdic & Mad. la comteffe de Beauharnois, qui vient tout récemment d'être proclamée citoyenne; c'est le terme mystique.

20 Juin. Il court dans le monde la copie d'une lettre de M. le maréchal de Caftries, miniftre de la marine, à M. le comte de Graffe, au fujet du confeil de guerre de l'Orient, qui ne laiffe plus lieu de douter du mécontentement du roi à l'égard de ce général, qu'on traite bien doucement.

21 Juin M. le baron de Breteuil a donné famedi dans fa délicieufe maifon de Saint-Cloud une fête à M. le comte de Haga, où tous les miniftres, la famille royale & la reine ont affifté. Ce qui la rend fpécialement remarquable, c'eft l'honneur qu'a ce miniftre de recevoir l'illuftre étranger, tandis qu'on n'annonce pas qu'il eût reçu de fête d'aucun prince du fang, ou de la famille royale.

21 Juin. M. Boutin, le confeiller d'état, a été envoyé en Guyenne par le roi, pour vérifier les faits avancés par le parlement contre l'intendant de Bordeaux, M. Dupré de Saint-Maur & les fuppôts.

M. Boutin eft accompagné de M. de Boisgibault, maître des requêtes & d'un ingénieur des ponts & chauffées,

Pendant les travaux de cette efpece de commif fion du confeil, M. Dupré de Saint-Maur refte comme fufpendu de fes fonctions, & c'cft monfieur Boutin qui les exerce.

On croit que cette affaire fe civilifera, ainfi que celle des alluvions, & que la cour n'ofera foutenir des vexations dont le parlement a fait un tableau fi révoltant.

21 Juin. Copie de la lettre du maréchal de Caftries à M. le comte de Graffe.

Le roi a lu, Monfieur, la lettre par laquelle vous récufez d'avance les membres du confeil de guerre, & vous fuppliez fa majefté de vous juger elle-même. Sa majesté n'a point approuvé les motifs de la réclamation anticipée que vous formiez contre le jugement définitif qui devoit être rendu par le confeil de guerre affemblé à l'Orient, & elle n'a pas pu les approuver davantage depuis que le jugement eft connu,

» Sa majesté a fait examiner & a examiné ellemême avec la plus grande attention tous les chefs d'accufation qui fe trouvent confondus dans les -lettres & mémoires que vous avez repandus en Europe, & que vous avez portés contre l'armée navale dont vous aviez le commandement. Elle a vu que toutes les inculpations de défobéiffance aux fignaux & d'abandon du pavillon amiral dans la jouruée du 12 avril, étoient détruites par le confeil de guerre, & qu'on ne pouvoit attribuer aux fautes particulieres qui ont été commifes, la perte de la bataille. Il réfulte de ce jugement, que vous vous êtes permis de compromettre par des inculpations mal fondées, la réputation de plufieurs officiers, pour vous juftifier dans l'opinion publique d'un événement malheureux dont vous

euffiez peut-être trouvé l'excufe dans l'infériorité de vos forces, dans l'incertitude du fort des armes & dans des circonftances qu'il vous étoit impoffible de maîtriser.

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» Sa majefté veut bien fuppofer que vous avez fait ce qui étoit en votre pouvoir pour prévenir les malheurs de la journée; mais elle ne peut avoir la même indulgence fur les torts que vous imputez injuftement à ceux des officiers de la marine qui fe trouvent déchargés d'accufation.

Sa majefté mécontente de votre conduite à cet égard, vous défend de vous préfenter devant elle. C'est avec peine que je vous tranfmets fes intentions, & que j'y ajoute le confeil d'aller dans la circonstance actuelle dans votre province.

כן

22 Juin. Nous avons parlé, il y a deux ans environ, de l'auteur de l'ouvrage fameux: qu'est-ce que le pape? attribué à un M. Eybel, dont nous avons en même temps annoncé la mort funefte par le poifon, mort qu'on attribuoit alors aux fureurs du clergé. Nous fommes bien furpris aujourd'hui de voir revivre ce M. Eybel, confeiller, chef de l'une des commiffions nommées par l'empereur pour la vifite des églifes & des couvents, & s'expofant de nouveau aux vengeances des prêtres : car on affure que c'eft le même auteur de la brochure ci-deffus indiquée. Y a-t-il erreur de nom? Seroit ce le fils ou le frere du défunt? ou celui-ci n'eft-il pas mort, eft-il revenu de fon empoisonnement: Il faudroit être fur les lieux pour vérifier une pareille contradiction.

La premiere nouvelle de l'empoifonnement étoit d'autant plus croyable, qu'elle étoit accompagnée de toutes les dates & autres circonftances propres à rendre un récit impofant.

22 Juin. Depuis que nous avions annoncé, à la fin de 1782, la brochure intitulée le singe de 40 ans, nous n'en avions plus entendu parler & nous commencions à douter de fon exiftence. Les colporteurs la confirment de nouveau aujourd'hui & propolent aux amateurs cette nouveauté. Ils prétendent que, dirigée en effet contre l'empereur, ce prince en auroit acheté toute l'édition; que cependant, fuivant l'ufage, il s'en eft trouvé quelque exemplaire échappé, fur lequel on a fait une feconde édition qui court le monde en ce

moment.

22 Juin. Extrait d'une lettre de Bordeaux, du 15 juin 1784 ...... M. Boutin, qui nous étoit annoncé depuis quelque temps, eft arrivé il y a trois jours. Il a fait fes vifites au parlement avec M. de Boifgibault, fon collegue. On affure que nos magiftrats ont délibéré de ne point les voir. Voilà le cas qu'ils font des commissaires du roi.

Les Remontrances au fujet des corvées paroiffent imprimées & font très- adroites par l'infertion qu'on y a faite de toute l'enquête contre l'intendant, où l'on cite une foule d'horreurs. On commence à croire qu'il ne reviendra pas: on dit qu'il eft mal vu en cour; le bruit de cette ville même eft qu'il eft exilé à fa terre.

22 Juin. Extrait d'une lettre de Cherbourg, du 10 juin..... Enfin le premier cône pour la formation de ce baffin en rade bien fûre & bien fortifiée dont je vous ai parlé l'année derniere, a été lancé les de ce mois dans l'endroit convenu & a parfaitement réuffi; on doit en placer un autre le 21. On ne regarde plus cela que comme an jou avec de l'argent & du temps on en viendra à bout...... Quelques Anglois préfents à l'opé

ration & qui en rioient d'abord, ont eu la mine fort alongée quand ils ont vu le fuccès. On jette des pierres à force actuellement pour remplir ce cône à claire voie.

M. le Duc d'Harcourt, notre gouverneur, eft dans l'enchantement. Il a écrit à M. Perronet pour lui témoigner toute fa fatisfaction de ce grand ouvrage entrepris fous fes aufpices. Le miniftre de la marine encourage la befogne: il n'eft pas moins glorieux de voir les Anglois à la veille d'être refferrés & bloqués dans la Manche fous fon adminiftration; il écrit que l'argent ne manquera point.

23 Juin. L'infatigable M. Mercier n'a pas tardé à donner Mon Bonnet de nuit, cet ouvrage qu'il avoit annoncé à la fin de fon Tableau de Paris. On le voit dans ce pays-ci. On dit qu'il confifte en deux gros volumes in-80. & que c'eft le plus grand galimathias que l'on puiffe lire. Il fe vend cependant à caufe de fa fingularité; mais on eft étonné qu'un homme qui a du talent & du mérite, ait pu faire imprimer des fottifes pareilles.

23 Juin. On a parlé de l'arrêt du parlement, du 23 mars dernier, qui condamne Pillot, ce maître clerc du notaire Perron, pour abus de confiance de plufieurs clients, & fufpecté d'être fauffaire, à être fouetté, marqué, envoyé aux galeres à perpétuité, & préalablement mis au carcan.

Les parents de ce malheureux avoient obtenu un furfis depuis ce temps; mais enfin n'ayant pu défintéreffer les parties civiles, il a fallu qu'il fubit fon fupplice, & il a commencé hier par être mis au carcan.

Dès que le bruit s'en eft répandu, tous les no

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