propriété de 150,000 livres de contrats, reste de la place de fermier- général réservée lors du bail de 1762; 30. dans le bail de 1768.

Ces différents objets qui donnoient à-peu-près 350,000 livres de revenus, étoient précisément les fonds du département de M. Bertin; il en avoit la direction, & il en étoit conftamment l'ordonnateur, l'adminiftrateur.

Il réfulte encore de ces mémoires que les bureaux de M. Bertin n'étoient pour la plupart qu'un repaire de coquins, de brigands, de banqueroutiers, & que ce miniftre, fans être dérangé dans les mœurs, par sa pareffe & fon infouciance, caufoit & fomentoit le dérangement de fes fubalternes.

Outre les différents commis de ce miniftre qui ont déjà paru fur la fcene fous ce point de vue, deux nouveaux figurent ici; favoir, les fieurs le Seurre & Belon, accufés d'abus de confiance & de divertiffement de deniers. Le procès elt toujours pendant au Châtelet depuis 1777.

On y voit encore que la dotation de l'ordre du Saint-Efprit dont M. Bertin étoit grand-tréforier, eft de 581,000 liv.

2 Juin. Un fieur Michel, machiniste de Straf bourg, eft arrivé ici & fait voir un spectacle fort curieux; il confifte dans une machine imitant parfaitement le tonnerre dans les plus grands orages. & dans les effets les plus terribles.

On trouve en outre chez lui des modeles de machines fingulieres, telles que celles dont on s'eft fervi pour tranfporter le rocher, piédestal de la ftatue équeftre de Pierre le Grand à Pétersbourg. Ce rocher pefoit deux millions cinq cents mille livres.

2 Juin. Il a paru en 1781 un Recueil de pieces intéressantas & peu connues pour fervir à l'hiftoire, en un volume. On vient d'y en joindre pour cette année un fe ond, pour fervir à l'histoire & à la littérature. On a grande raifon de foupçonner que l'éditeur eft M. de la Place.

Ce qu'il y a de plus intéreffant dans le premier, c'eft un Extrait ou mémorial du Recueil d'anecdotes de monfieur Duclos, fecretaire perpétuel de l'académie françoise & hiftoriographe de France, par lequel on voit qu'il n'étoit pas encore fort avancé dans cet ouvrage.

Dans le fecond volume, où la difette des matériaux, fans doute, a obligé l'éditeur de ramaffer plufieurs morceaux d'un genre différent, l'anecdote perfane eft la plus remarquable, comme touchant de plus près nos jours. Suivant cette anecdote M. le comte d'Affry, notre ambaffadeur en Hollande, auroit intercepté & retiré, à deux ou trois exemplaires près, toute l'édition d'un libelle en deux volumes contre madame de Pompadour & Louis XV, en anglois. Le marquis de Marigny feroit venu prier M. de la Place, alors très - malade, de le traduire; ce qu'il auroit fait avec les plus grandes précautions & la plus grande ingratitude de la part du Marquis; lequel avoit même laiffé ignorer à fa four ce fervice de M. de la Place; en forte que celui-ci n'en a jamais été récompenfé.

L'éditeur promet un troisieme volume, & l'on ne peut que lui favoir bon gré d'avoir ramassé ces matériaux, dont la plupart fe lifent avec plaifir.

3 Juin. Des Mémoires qui ont paru dans le procès de M. Bertin contre fes commis accufés

d'abus de confiance, il réfulte un état détaillé de fon pécuniaire, bon à conferver.

En 1763, lorfque M. Bertin fut élevé de la place de contrôleur - général à celle de fecretaire d'état, il n'avoit d'autre traitement

Que les gages du confeil comme fecretaire d'état, qui font

livres

28,000

29. La gratification annuelle attachée

au titre de miniftre

20,000

3. Les appointements en qualité de confeiller au confeil royal

10,000

4°. Ceux de commiffaire au bureau

du commerce

Dont il falloit déduire

6,000

Ainfi il reftoit net

M. Bertin avoit de plus une penfion en fiance de

qui au moyen de la retenue de 1,800 pour trois dixiemes, fe trouvoit réduite à

Or cet enfemble de la fomme de

fe trouvant infuffifant, le feu roi y joignit 1o. La direction des haras, avec un traitement particulier de

2o. Une gratification de

fur les revenus de la province de Dombes, ou le produit de la place de fermier-général, réfervée en 1768.

Ainfi, à cet époque, c'eft-à-dire au premier janvier 1764, le traitement de M. Bertin étoit un objet de

1

M. Bertin eut la modération de s'en contenter pendant environ cinq années, quoique le traite ment des fecretaires d'état fût au moins de 200,000 livres; mais en 1768 le miniftre de la finance fit accorder à M. Bertin une gratification annuelle de 100,000 livres.

Cette gratification réduite enfuite à 78,000 liv. fut payée par ordre du feu roi fur fon pécule, pendant les premieres années de l'administration de M. l'abbé Terrai.

Enfin le 27 mars 1774, le traitement de M. Bertin ayant été porté, comme celui du miniftre de la marine, à une fomme de 200,000 liv. la gratification annuelle de 70.000 livres & les 11,00 livres fur les haras cefferent d'avoir lie.

3 Juin. On affure que le vrai testament de mort de l'abbé Rousseau étoit en profe & conçu en ces

termes :

« Le contrafte inconcevable qui fe trouve entre la nobleffe de mes fentiments & la baffeffe de ma naiffance un amour auffi violent qu'infurmontable pour une fille adorable, la crainte de caufer fon déshonneur, la néceffité de choisir entre le crime & la mort, tout m'a déterminé à abandonner la vie. J'étois né pour la vertu, j'allois être criminel, j'ai préféré de mourir. »

4 Juin. M. le comte de Mirabeau est de retour; il a rapporté avec lui fon nouveau Factum, qui a pour titre: Mémoire du comte de Mirabeau, supprimé au moment même de fa publication par ordre particulier de M. le garde-des-fceaux:

Et réimprimé par refpect pour le roi & la justice, avec une converfation de M. le garde - des - fceaux & du comte de Mirabeau.

Refte à favoir comment, fi le premier Mé

moire

noire a été arrêté, celui-ci plus redoutable pourra percer.

4 Juin. Mad. Dugazon s'eft mieux tirée qu'on ne l'efpéroit du grave accident que lui avoit procuré fon excès d'incontinence; elle a reparu hier dans le Droit du Seigneur : un de les admirateurs lui avoit adreflé la veille à cette occafion le ma drigal fuivant:

Au gré de nos défirs, te voilà rétablie :
Momus va rentrer dans fes droits;

Et jeudi trois du préfent mois,

On donnera le retour de Thalie.

4 Juin. On fe plaint depuis long-temps des échoppes qui embarraffent dans les rues & fur les ponts, qui gatent dans les places leur fyn métrie & fur les quais ôtent le coup d'œil de la riviere: cette invention de la cupidité de quelques particuliers & même de quelques corps, vient enfin d'être profcrite par des lettres patentes données à Versailles au mois de mai dernier, & registrées en parlement le 27 dudit.

Par ces lettres- patentes on ne conferve que les échoppes aliénées au profit des domaines du roi'; il ne pourra à l'avenir, fous quelque prétexte que ce foit, être établi que des échoppes purement mobiles, placées le matin & enlevées le foir.

S Juin. Il parcît ccufant que M. Court de Gebelin, qui l'an paflé avoit publié une Lettre très volumincufe, dont on a rapporté la fubftance, en faveur de Mefmer & fon fyftême, qui célébroit la cure merveilleufe que ce charlatan avoit faite en fa perfonne, non-feul ment n'étoit Tome XXVI.

B