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lante, pour traverser les flots écumans. Il est curieux de retrouver dans le pays des Nègres et de leur façon, les rudimens d'une des inventions importantes de la civilisation moderne, celle des ponts en fil de fer.

NOUVELLES.

la

PRUSSE. Nous avons fait connaître, il y a un an et demi', simple et belle institution missionnaire du pasteur Gossner (excuré bavarois), à Berlin. Cet humble serviteur de Christ poursuit sans relâche son œuvre de foi; il a, dans l'année dernière, vu partir de sa maison quinze nouveaux missionnaires, dont dix hommes et cinq femmes, pour les divers champs de travail qui leur étaient assignés, entr'autres pour le Bengale, l'Indostan septentrional et l'Amérique du Nord. L'Australasie est aussi un des champs où ont été précédemment appelés quelques-uns de ces ouvriers, dont toute la marche et la vie rappellent la simplicité des temps de l'Eglise primitive. Ils paraissent, dans quelques-unes de leurs stations de l'Asie du sud, avoir déjà vu le commencement d'encourageantes bénédictions. OCÉANIE. Iles Sandwich. Une éruption du volcan de Kilauca, dans l'île de Hilo, a jeté le trouble et la terreur parmi les indigènes, et paraît, pour le premier moment du moins, les avoir plutôt éloignés du christianisme, en réveillant toutes les idées superstitieuses et idolâtres qui se rattachaient autrefois aux nombreux volcans des îles Sandwich 2. Du reste, et sur les autres îles, la cause de l'Evangile continue de prospérer, bien que la présence et les efforts des prètres romains tendent à manifester ceux qui ne sont pas réellement enracinés en Christ.

Voyez le n° 35 de 1840, p. 603.

Voyez entr'autres le n° 36 de 1831, p. 562 et 563.

LA FEUILLE RELIGIEUSE paraît, pour chaque dimanche en hiver et de deux dimanches l'un depuis Pâques au milieu de novembre. Le prix de l'abonnement, payable en souscrivant, est de 20 batz pour le canton de Vaud; de 24 balz pour Neuchâtel; de 25 batz pour le canton de Berne, et 30 batz pour des abonnemens isolés hors de la ville; de 36 batz pour le canton d'Argovie; de 39 batz pour le canton de Lucerne; de 40 batz pour le canton de Zurich; de 3 fr. 50 c. de France pour Genève; le tout franc de port. Il est aussi de 3 fr. 50 cent. pour la France, mais franco seulementˇjusqu'à la frontière suisse.

Le bureau de la Feuille religieuse est à Lausanne, rue du Grand-SaintJean, no 41; et non chez M. Ducloux.

LAUSANNE, IMPRIMERIE DE MARC DUCLOUX.

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Comme vous avez reçu Christ, marchez en lui.

Coloss. II, 6.

- L'âme

SOMMAIRE: Jacob servant chez Laban. Il n'est jamais trop tard. angoissée; poésie. Bulletin bibliographique. Lettres adressées aux catholiques romains. Est-ce dans l'Eglise catholique romaine ou dans P'Eglise chrétienne protestante que le christianisme est le plus purement réalisé? L'Orient ancien et moderne. Consolations et conseils de l'expépérience, seconde édition.

JACOB SERVANT CHEZ LABAN.

Et Jacob servit sept ans pour Rachel,
qui lui semblèrent comme peu de
jours, parce qu'il l'aimait.
Gen. XXIX, 20.

Dans le chapitre XXVIII de la Genèse, qui précède celui dont nous allons nous occuper, nous voyons Jacob à Béthel, où le Tout-Puissant le favorisa d'une vision si encourageante, et où il se consacra au service de son Dieu par un vœu solennel. Bien des journées d'un voyage pénible le séparaient encore du lieu de sa destination, et beaucoup d'angoisses et d'incertitudes sur son avenir devaient l'accompagner dans sa route solitaire. Cependant telle fut l'influence qu'eurent sur son cœur les assurances de la faveur de Dieu qu'il avait reçues durant la première nuit de son pèlerinage, qu'il put reprendre sa route le lendemain matin, avec un sentiment de paix et de joie auquel son cœur était depuis longtemps étranger.

Chrétiens, qui avez connu par expérience ce que c'est que de se coucher sans avoir la paix avec Dieu; vous qui avez éprouvé les angoisses du doute ou de la crainte; vous

qui avez peut-être porté au-dedans de vous pendant des mois ou des années, une âme oppressée par le sentiment de vos péchés, et un cœur qui seul connaissait sa propre amertume, si maintenant vous avez reçu les mêmes assurances de pardon, de consolation et d'encouragement que reçut Jacob, et si, par la miséricorde de Dieu, vous avez été amenés aux pieds du Sauveur pour y trouver la rémission de vos péchés et le repos de votre âme, vous comprendrez bien vite les sentimens avec lesquels Jacob poursuivit son chemin; car ce sont ceux avec lesquels vous continuez vous-mêmes le voyage de la vie. La course qui est devant vous peut vous paraître longue et pénible; mais si vos pieds sont chaussés de la préparation de l'Evangile de paix, et si vous avez pour casque l'espérance du salut, nous savons que la force et les consolations de Jacob seront aussi les vôtres.

A peine voyons-nous Jacob arrivé au lieu de sa destination, que la même Providence, qui l'avait guidé jusque-là, est encore présente pour veiller sur son sentier, ordonnant et disposant toutes choses pour son bonheur futur. Les premières personnes qu'il rencontre sont des bergers abreuvant leurs troupeaux, et tandis que la conversation s'engage entre eux et Jacob, avec toute la simplicité de ces anciens temps, le Seigneur amène précisément alors Rachel, fille de Laban, frère de sa mère. Jacob ne l'eut pas plutôt vue paraître, que prévenu probablement par son extérieur agréable (car la Bible nous dit qu'elle était de belle taille et belle à voir), ému sans doute à la pensée de la bonté miséricordieuse de Dieu, qui donnait à son voyage un si heureux résultat, il nous est dit qu'il baisa Rachel, et qu'élevant sa voix, il pleura: larmes de repentir, en se souvenant de son incrédulité et de sa défiance!.. larmes de joie et de reconnaissance, en voyant que ses peines touchaient à leur fin et que le but de son voyage allait être (ainsi qu'il le croyait alors) si promptement rempli.

Lève-toi, mon fils, et t'enfuis à Caran, chez Laban mon frère, jusqu'à ce que la fureur de ton frère soit passée. J'enverrai ensuite pour te tirer de là. Telles avaient été les

paroles d'adieu de Rébecca. Après avoir habité chez Laban quelques semaines, Jacob pouvait donc croire que chaque jour serait le dernier de son exil, et qu'il recevrait bientôt le message qui devait le rappeler dans la maison de son père. Mais le prophète Jérémie parle bien, quand il dit : O Seigneur, je sais que les voies de l'homme ne sont point en luimême ; il n'appartient point à l'homme de diriger ses sentiers. Jacob n'était entré dans la maison de Laban que pour quelques jours, et il y demeura vingt ans !...

La Parole de Dieu déclare que nous ne savons pas ce qu'un jour peut amener, que nous ne savons pas ce qui arrivera le lendemain. Quelle bonté et quelle miséricorde qu'il en soit ainsi !.... Le péché a introduit assez d'amertume dans la coupe que chacun de nous est appelé à boire en sa vie, sans que le poison du lendemain doive être mêlé avec la dose de chaque jour. Il est vrai que la coupe du chrétien peut contenir autant de douceur que d'amertume; il est vrai que, si la Parole de Dieu a dit: Le cœur de chacun connaît seul sa propre amertume1, elle a dit aussi : qu'un autre n'est point mêlé dans sa joie; et la joie et la paix sont parmi les fruits de l'Esprit. Mais hélas! ce sont là des fruits qui n'atteignent jamais ici-bas à une maturité complète; ils ont besoin d'un climat meilleur et d'un soleil plus chaud pour parvenir à la perfection, et l'enfant de Dieu le plus avancé ne connaîtra toute leur saveur que quand il en jouira pleinement dans ce pays bienheureux où le soleil ne se couchera plus, et où l'Eternel lui sera pour lumière perpétuelle. Là se trouve l'arbre de vie, qui seul porte ces fruits en abondance. Là seulement les fruits de l'Esprit seront en pleine maturité; les inquiétudes coupables, qu'un cœur corrompu nourrit continuellement jusqu'à la fin, disparaîtront, et les peines profondes qui, à une époque ou à une autre de la vie, portent l'angoisse et la douleur dans le cœur même des plus saints du peuple de Dieu, seront anéanties pour jamais!

En entrant sous le toit de Laban, Jacob était entré chez un homme intéressé, chez un idolâtre, qui, bien qu'il

Prov. XIV, 10.

2 Es. LX, 19, 20.

n'eût pas renoncé à une profession extérieure d'obéissance à Dieu, avait abandonné le véritable esprit du culte qui doit lui être rendu. Dans la société d'un tel homme, il ne pouvait se trouver aucun avantage pour Jacob. Nous voyons en effet qu'après que Jacob eut demeuré un mois chez Laban, celui-ci, sous une belle profession de désintéressement, s'assure les services de son parent dans l'infortune et obtient de lui l'engagement de sept ans de service avant que Jacob pût obtenir la main de Rachel.

Pour Jacob, ce temps de servitude passa d'une manière heureuse et paisible; ce fut probablement l'époque la moins orageuse de sa vie. Le sentiment qui remplissait son cœur, lui faisait oublier les difficultés de sa position; il rendait si légers les travaux et les peines qui s'accroissaient pour lui chaque jour, que l'écrivain sacré nous dit que Jacob servit pour Rachel sept ans qui ne lui semblèrent que peu de jours, parce qu'il l'aimait. Aucun autre sentiment n'aurait pu adoucir et abréger une aussi dure servitude. L'ambition, l'avarice, la crainte et toute l'armée de passions semblables, peuvent bien rendre l'esclave obéissant au moindre signe du maître, et le porter à travailler, mênie au milieu des flammes, s'il le fallait, à l'accomplissement de son but; mais il n'y a que la maîtresse-passion de l'homme, l'amour, dans le sens le plus étendu de ce mot, qui puisse le rendre capable, non-seulement d'une obéissance volontaire, mais encore d'une obéissance heureuse et joyeuse, qui lui fasse envisager comme peu de chose les plus grands sacrifices, et qui le pousse à donner plus même qu'on ne lui demande, tout en conservant l'impression qu'il n'a pas encore assez fait.

Telle est la puissance d'affection dont l'homme est capable. Demandez-vous, maintenant, dans quel but le Père des esprits a enrichi votre cœur d'un sentiment si puissant? Est-ce pour le prodiguer uniquement aux pauvres créatures qui nous entourent, ou à quelque fragile objet de notre affection, de notre caprice, qui, pareil au kikajon de Jonas, croît dans une nuit et périt dans une nuit?1

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