tres-facile. Quoiqu'il en foit, on ne peut pas douter que ce ne foit le veritable fens. Et ce qu'Herodote ajoûte le prouve visiblement. On peut voir l'endroit dans la Section 2259 du Livre VII. D'ailleurs Diodore qui a décrit ce combat, dit que les Perfes environnerent les Lacedemoniens, & qu'en les attaquant de loin, ils les percerent tous à coups de féches & de trairs. A toutes ces raifons Monfieur D ne fauroit oppofer que l'authorité de Longin, qui a écrit & entendu ce paffage de la même maniere dont il l'a traduit; mais je réponds, comme Monfieur le Févre, que dés le temps mefme de Longin, ce paffage pouvoit eftre corrompu: que Longin eftoit homme & que par confequent il a pu faillir aufli bien que Demofthene, Platon & tous ces grands Heros de l'antiquité, qui ne nous ont donné des marques qu'ils eftoient hommes que par quelques fautes & par leur mort. Si on veut encore fe donner la peine d'examiner ce passage, on cherchera, fi je l'ofe dire, Longin dans Longin mefme. En effet il ne rapporte ce paffage que pour faire voir la beauté de cette Hyperbole, des hommes fe deffendent avec les dens contre des gens armez, & cependant cette hyperbole eft puerile,puifque lors qu'un homme a approché fon ennemi & qu'il l'a faifi au corps, comme il faut neceffairement en venir aux prifes pour employer les dents, il lui a renda fes armes inutiles, ou mefme plûtôt incom-modes. De plus ceci, des hommes fe deffendent avec les dents contre des gens armez, ne prefuppofe pas que les uns ne puiffent eftre armés comme les autres, & ainfi la pensée de Longin eft froide; parce qu'il n'y a point d'oppofition fenfible entre des gens qui fe deffendent avec les dents & des hommes qui com as batent Ibid. batent armez. Je n'ajoûterai plus que cette feule raifon, c'est que fi l'on fuit la penfée de Longin, il y aura encore une faufferé dans Herodote, puifque les Historiens rėmarquent que les Barbares étoient armez à la legere avec de petits boucliers, & qu'ils eftoient par confequent expofez aux coups des Lacedemoniens, quand ils approchoient des retranchemens, au lieu que ceux-ci eftoient bien armez, ferrez en Peloton & tout couverts de leurs larges boucliers. ii Et que tant de perfonnes foient ensevelies fous les traits de leurs ennemis.]Les Grecs dont parle ici Herodote eftoient en fort petit nombre, Longin n'a donc pû écrire & que tant de perfonnes, &c. D'ailleurs de la manière que cela eft écrit, il femble que Longin trouve cette metaphore exceffive, plûtoft à caufe du nombre des perfonnes qui font enfevelies fous les traits, qu'à caufe de la chofe mesme, & cela n'eft point; car au contraire Longin dit clairement, quelle byperbole combattre avec les dents contre des gens armez, & celle-cy encore eftre accable fous les traits? cela ne laiffe pas nean 4 moins, &c. Ch.xxx11. Que l'harmonie n'eft pas fimplement un agrépag.113. ment que la nature a mis dans la voix de l'homme pour perfuader pour infpirer le plaifir, mais que dans les inftrumens mefme inanimés, c.] Monfieur D*** affeure dans fes Remarques que ce paffage doit eftre entendu comme il l'a expliqué, mais je ne fuis pas de fon avis, & je trouve qu'il s'eft éloigné de la penfée de Longin en prenant le mot Grec organum pour un inftrument, comme une flûte, une lyre, au lieu de le prendre dans le fens de Longin pour un organe; comme nous difons pour une caufe, un moyen. Lon gin gin dit clairement, l'harmonie n'eft pas seule- Cependant ce ne font que des images naturels à l'homme. Longin veut dire que de Pag. 184, Et l'experience en fait foy ****.] Longin Pag-115rapporte aprés cecy un paffage de Demofthene que Monfieur D**** a rejetté dans fes Remarques, parce qu'il eft entierement attaché à la langue Grecque, le voici: r&TO TO VÝPIC-MOC 7 τότε τῇ πόλη δεισάνα Κίνδυνον παρελθείν ἐποίησεν ὥς της νέφΘ. Comme ce Rheteur affeure que l'harmonie de la periode ne cede poing Q 6 point à la beauté de la pensée, parce qu'elle est toute composée de nombres dactyliques; je croy qu'il ne fera pas inutile d'expliquer ici cette harmonie & ces nombres, vû même que le paffage de Longin est un de ceux que l'on peut traduire fort bien au pied de la lettre, fans entendre la pensée de Longin, & fans connoistre la beauté du paffage de Demofthene. Je vay donc tâcher d'en douner au lecteur une intelligence nette & distin&te, & pour cet effet je diftribueray d'abord la periode de Demofthene dans fes nombres datyliques, comme Longin les a entendus, - U U' -JU - 20 ບ ຍ [ τέτο τὸ ] ψήφισμα] τὸν τότε] τῇ πόλε] ขย · ย - U U ย ย vus -U πρισάν] τα [Κίνδεον] παρελθεῖν ] ἐπεη] σεν] -1 UU [C@ß v颩.] Voilà neuf nombres dactyliques en tout. Avant que de passer plus avant, il eft bon de remarquer que beaucoup de gens ont fort mal entendu ces nombres dactyliques pour les avoir confondus avec les metres ou les pieds que l'on appelle Dactyles. Il y a pourtant bien de la difference. Pour le nombre dactylique on n'a égard qu'au temps; & à la prononciation, & pour le dactyle on a égard à l'ordre & à la pofition des lettres, de forte qu'un même mot peut faire un nombre dactylique fans eftre pourtant un Dactyle, comme cela paroît par[ú¢ [μ¢]TMà úàd]}] Mais revenons à noftre pallage. Il n'y a plus que trois difficultez qui fe prefentent: la premiere que ces nombres devant eftre de quatre temps, d'un long qui en vaut deux, & de deux courts, le fecond nombre de cette periode 4C,le quatrième, le cinquiéme & quelques autres paroiffent en avoir cinq, parce que dans 44 4C, la premiere fyllabe eftant longue, en vaut deux, la feconde eftant auffi longue en vaut deux autres, & la troifiéme breve, un, &c. A cela je réponds, que dans les Rythmes ou nombres, comme je l'ay déja dit, on n'a égard qu'au temps & à la voyelle, & qu'ainfi 4s eft auffi bref que. C'eft ce qui paroistra clairement par ce feul exemple de Quintilien, qui dit, que la feconde fyllabe d'agreftis eft breve.La feconde difficulté naift de ce precepte de Quintilien, qui dit dans le Chapitre IV. du Livre Ix. Que quand la periode commence par une forte de rythme ou de nombre, elle doit continuer dans la mesme rythme jusques à la fin. Or dans cette periode de Demofthene le nombre femble changer, puifque tantoft les longues & tantoft les breves font les premieres; mais le mefme Quintilien ne laiffe aucun doute là deffus, fi l'on prend garde à ce qu'il a dit auparavant, Qu'il eft indifferent aux rythmes dactyliques d'avoir les deux premieres ou les deux dernieres breves, parce que l'on n'a égard qu'aux temps à ce que son élevation fait de mefme nombre que fa pofition. Enfin la troifiéme & derniere difficulté vient de la derniere rythme &Caféos que Longin fait de quatre fyllabes, & par confequent de cinq tems, quoique Longin affure qu'il fe mefure par quatre. Je réponds que ce nombre ne laiffe pas d'eftre dactylique comme les autres, parce que le temps de la derniere fyllable eft fuperflu & compté pour rien, comme les fyllabes qu'on trouve de trop dans les vers qui de là font appellez hypermetres. On n'a qu'à écouter Quintilien:Les rythmes reçoivent plus facilement des temps fuperflus,quoique la mefme chofe arrive auffi quelquefois aux metres. Cela fuffit pour éclaircir la periode de Demofthene & la pensée |