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Ibid.

Pag. 103.

excellence, & que l'on commette Hyperide avec Demofthene comme deux Pentathles qui combattent dans cinq fortes d'exercices,le premier fera beaucoup au dessus de l'autre, au lieu que fi l'on juge des deux par un seul endroit, celui-ci l'emportera de bien loin fur le premier, comme un Athlete qui ne se mefle que de la courfe ou de la lutte, vient facilement à bout d'un Pentathle qui a quitté fes compagnons pour courir ou pour lutter contre luy. C'est tout ce que je puis dire fur ce paffage, qui étoit affurement tres-difficile, & qui n'avoit peuteftre point encore esté entendu. Monfieur le Févre avoit bien vû que c'estoit une imitation d'un paffage de Platon dans le Dialogue intitulé pas, mais il ne s'eftoit pas donné la peine de l'expliquer.

joint à cela les douceurs & les graces de Lyfias.] Pour ne fe tromper pas à ce paffage, il faut favoir qu'il y a deux fortes de graces, les unes majestueufes & graves, qui font propres aux Poëtes, & les autres fimples & femblables aux railleries de la Comedie. Ces dernieres entrent dans la compofition du ftile poly que les Rheteurs ont appellé yaaOvog doggy; & c'eftoit là les Graces de Lyfias qui au jugement de Denys d'Halycarnafle excelloit dans ce ftile poly; c'eft pourquoi Ciceron l'appelle venuftiffimum Oratorem. Voici, un exemple des graces de ce charmant Orateur, en parlant un jour contre Eschine qui eftoit amoureux d'une vieille, il aime, dit-il, une femme dont il eft plus facile de compter les dents que les doigts. C'eft par cette raison que Demetrius a mis les Graces de Lyfias dans le mefme rang que celles de Sophron qui faifoit des mimes.

On y voit, pour ainfi dire, an Orateur toù

jours

jours à jeun. ] Je ne fçay fi cette expreffion exprime bien la penfée de Longin. Il y a dans le Grec nap din výpov?, & par là ce Rheteur a entendu un Orateur toujours egal modere; carve eft opposé à μgive

eftre furieux. Monfieur D*** a cru conferver la mefme idée, parce qu'un Orateur veritablement fublime reflemble en quelque maniere à un homme qui est échauffé par le vin.

Que Lyfias eft au deffous de Platon par un ch. XXIX. plus grand nombre de fautes.] Le jugement pag. 104. que Longin fait ici de Lyfias s'accorde fort bien avec ce qu'il a dit à la fin du Chapitre XXVI. pour faire voir que Cecilius avoit eu tort de croire que Lyfias fuft fans defaut; mais il s'accorde fort bien aussi avec tout ce que les Anciens ont écrit de cet Orateur. On n'a qu'à voir un paffage remarquable dans le Livre De optime genere Oratorum, où Ciceron parle & juge en même temps des Orateurs qu'on doit fe propofer pour modele.

A l'égard donc des grands Orateurs en qui Ch.xxx. le Sublime le Merveilleux fe rencontre pag.106. joint avec l'utile & le neceffaire, &c.] Le texte Grec eft entierement corrompu en cet endroit, comme Monfieur le Févre l'a fort bien remarqué, il me femble pourtant que le fens que Monfieur D*** en a tiré ne s'accorde pas bien avec celuy de Longin. En effet ce Rheteur venant de dire à la fin du Chapitre precedent, qu'il eft aifé d'acquerir l'utile & le neceffaire, qui n'ont rien de grand ni de merveilleux, il ne me paroît pas poffible qu'il joigne ici ce merveilleux avec ce neceffaire & cet utile.. Cela eftant, je croy que la re ftitution de ce paffage n'eft pas fi difficile que

l'a crû Monfieur le Févre, & quoique ce favant homme ait defefperé d'y arriver fans le fecours de quelque Manufcrit, je ne laifferay pas de dire icy ma penfée. Il y a dans le texte, iQ av còn (T ́ iEW & gas, &c. Et je ne doute point que Longin n'euft écrit, & dix ἔσω ς χρείας * ὠφελείας πίπῃς τὸ μέγεθος,&c. C'eft à dire : A Pégard donc des grand3Oratears en qui fe trouve ce Subline & ce mer. veilleux qui n'eft point refferré dans les bornes de l'utile du neceffaire, il faut avoüer,

c. Si l'on prend la peine de lire ce Chapitre & le precedent, j'efpere que l'on trouvera cette reftitution tres-vraisemblable & tresbien fondée.

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Cb.xxx1.

Les paraboles les comparaisons approchent pag.109. fort des metaphores, & ne different d'elles qu'en un feul point ***. ] Ce que Longin dis foit icy de la difference qu'il y a des paraboles & des comparaifons aux metaphores, eft entierement perdu, mais on en peut fort bien fuppléer le fens par Ariftote, qui dit com me Longin, qu'elles ne different qu'en une chofe, c'eft en la feule énonciation, par exemple, quand Platon dit, que la refle est une citadelle, c'eft une metaphore, dont on fera aifement une comparaifon, en difant, que la tefte est comme une citadelle. Il manque encore aprés cela quelque chofe de ce que Longin difoit de la jufte borne des hyperboles & jufques où il eft permis de les pouffer. La fuite & le paffage de Demofthene ou plutoft d'Hegefip pe fon collegue, font affez comprendre quelle eftoit fa penfée. Il eft certain que les Hyperboles font dangereufes ; & comme Ariftote l'a fort bien remarqué, elles ne font prefque ja mais fupportables que dans la colere & dans la paffion.

Telle

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Telle eft cette hyperbole: Suppose que vo- Ibid, ftre efprit foit dans votre tefte, & que vous ne le fouliez pas fous vos talons.] C'est dans "P'Oraifon de Halonefo que l'on attribuë vulgairement à Demofthene, quoy qu'elle foir 'Hegefippe fon collegue. Longin cite ce paffage, fans doute pour en condamner 1'Hyperbole qui eft en effet tres-viticufe; car un efprit foulé fous les talons est une chofe bien étrange. Cependant Hermogene n'a pas laiffé de la louer. Mais ce n'est pas feulement par ce paffage que l'on peut voir. que le jugement de Longin eft fouvent plus feur que celui d'Hermogene & de tous les autres Rheteurs.

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Pag. 110,

Les Siciliens eftant defcendus en ce lieu, c. Ce paffage eft pris du feptiéme Livre. Thucydide parle ici des Atheniens, qui en fe retirant fous la conduite de Nicias furent attrapez par l'armée de Gylippe & par les troupes des Siciliens prés du fleuve Afinarus aux environs de la ville Neetum; Mais dans le texte au lieu de dire les Siciliens eftant defcendus, il faut, les Lacedemoniens eftant defcendus, Thucydide écrit oἵ τε Πελοποννήσιοι ἐπίκαζζάντες, & non pas, οἵ τε γδ Συρακέσιοι, cumme il y a dans Longin. Par ces Peloponefiens, Thucydide entend les troupes de Lacedemone conduites par Gylippe, & il eft certain que dans cette occafion les Siciliens tiroient fur Nicias de deffus les bords du fleuve, qui étoient hautes & efcarpez, les feuls troupes de Gylippe defcendirent dans le fleuve, & y firent tout ce carnage des Atheniens.

Ils fe deffendirent encore quelque temps en Fag.111. ce lieu avec les armes qui leur reftoient avec les mains les dents, jusqu'à ce que les Barbares tirant toujours les euffent comme

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ense

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enfevelis fous leurs traits.] Monfieur D*** expliqué ce paflage au pied de la lettre, comme il eft dans Longin, & il affeure dans fa remarqué qu'il n'a point efté entendu, ni par les Interpretes d'Herodote, ni par ceux de Longin, & que Monfieur le Févre, aprés bien du changement, n'y a feu trouver de sens. Nous allons voir fi l'explication qu'il luy a donnée luy-même, est aufli seure & aufli infaillible qu'il l'a crû. Herodote parle de ceux qui au détroit des Thermopyles, aprés s'eftre retranchez fur un petit pofte élevé, foûtinrent tout l'effort des Perfes, jufques à ce qu'ils furent accablez, & comme enfevelis fous leurs traits. Comment peut-on donc concevoir que des gens poftez & retranchez fur une hauteur fe deffendent avec les dents contre des ennemis qui tirent toûjours & qui ne les attaquent que de loin. Monfieur le Févre à qui cela n'a pas paru poffible, a mieux aimé fuivie toutes les éditions de cet Hiftorien, où ce paffage eft ponctué d'une autre maniere, & comme je le mietsici: ἐν τέτῳ σφέας τῷ χώtwi ν ἀλεξομίες μαχαίρῃσι τῇσιν αὐτέων, τοῦ ἐτο χανον ἔτι πειεῦσαι, και χερσὶ ε τόμασι κατέ χωσαν οἱ βαρβαροὶ βάλλοντες. & au lieu de χερσ

song, il a crû qu'il faloit corriger PMdiors dega, en le raportant à Mate your ; Comme ils fe deffendoient encore dans le mesme lieu avec les épées qui leur reftoient, les Barbares les accablerent de pierres de traits. Je trouve pourtant plus vrai- femblable qu'Herodote avoit écrit so deor, il avoit fans doute en vue ce vers d'Homere de 111. de l'Iliade.

τε

Ιοᾶσιν τε τετυσκόμλμοι λάεοι τ ̓ ἔβαλλον Ils les chargeoient à coups de pierres de traits. La corruption de λάεσι en χερσὶ eftant

tres

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