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rodote & ceux de Longin ont expliqué ce paffage comme Monfieur D ***. Mais ils n'ont pas pris garde que le verbe Grec déxea ne peut pas fignifier éviter, mais prendre, & que Tuλawei n'eft pas plus fouvent employé pour mifere, calamité, que pour travail, peiHerodote oppofe manifeftement παλαι Texas cudéxea prendre de la peine, n'apprebender point la fatigue, à paλaxin Hageñas eftre lâche, pareffeux, & il dit, fi donc vous voulez ne point apprehender la peine la fatigue, commencez dés ce moment à travailler, Ꮼ aprés la défaite de vos ennnemis vous ferez, libres. Ce que je dis paroiftra plus clairement, fi on prend la peine de lire le paffage dans le vr. Livre d'Herodote à la Section XI.

Car d'attacher par tout ces cymbales & ces Ch.xix. Sonnettes, cela fentiroit trop fon Sophifte.] Les pag. 81. Anciens avoient accoutumé de mettre des fonnettes aux harnois de leurs chevaux dans les occafions extraordinaires, c'est à dire les jours où l'on faifoit des revûës ou des tournois, il paroift mefme par un paffage d'Efchyle, qu'on en garniffoit les boucliers tout au tour; c'eft de cette coûtume que dépend l'intelligence de ce paffage de Longin, qui veut dire que comme un homme qui mettroit ces fonnettes tous les jours feroit pris pour un Charlatan; un Orateur qui employeroit par tout ces pluriels pafferoit pour un Sophifte.

86.

Ce Heraut ayant affez pese la confequence de Ch.xxIII. toutes ces chofes, il commande aux defcendans pag. des Heraclides de fe retirer. ] Ce paffage d'Hecatée a efté expliqué de la mefme maniere par tous les Interpretes; mais ce n'eft guere la coûtume qu'un Heraut pefe la confequence des ordres qu'il a receus, ce n'est point

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auffi la penfée de cet Hiftorien. Monfieur le Févre avoit fort bien vâ que ταῦτα δεινὰ ποιόpne fignific point du tout pefant la confequence de ces chofes, mais eftant bien faché de ces chofes, comme mille exemples en font foy, & que a n'eft point icy un participe; mais pour & dans le ftile d'Ionie qui eftoit celuy de cet Auteur; c'eft à dire que nav ne fignifie point comme fi je n'efois point au monde; mais afin donc, & cela dépend de la fuite. Voicy le paffage entier : Le Heraut bien fâché de l'ordre qu'il avoit receu, fait commandement aux defcendans des Heraclides de fe retirer. Je ne saurois vous aider,afin donc que vous ne periffiez entierement,

que vous ne m'envelopiez dans vostre ruine en me faifant exiler, partez, retirez-vous chez, quelqu'autre peuple.

Ch. XXIV.

La Deeffe Venus pour châtier l'infolence des pag.89. Scythes qui avoient pillé fon Temple, leur envoya la maladie des femmes.] Par cette maladie des femmes tous les Interpretes ont entendu les Hemorroïdes; mais il me femble qu'Herodote auroit eu tort de n'attribuer qu'aux femmes ce qui eft auffi commun aux hommes, & que la periphrafe, dont il s'eft fervi ne feroit pas fort jufte. Ce paffage a embarraffé beaucoup de gens, & Voiture n'en a pas efté feul en peine. Pour moy je fuis perfuadé que la plufpart pour avoir voulu trop fineffer ne font point entrez dans la pensée d'Herodote, qui n'entend point d'autre maladie que celle qui eft particuliere aux femmes. C'eft en cela auffi que fa periphrase paroift admirable à Longin , parce que cet Auteur avoit plufieurs autres manieres de circonlocution, mais qui auroient esté toutes ou rudes, ou mal- honneftes, au lieu

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lieu que celle qu'il a choife eft tres-pro-
pre & ne choque point. En effet le mot v
maladie n'a rien de groffier, & ne donne au-
cune idée fale; on peut encore ajoûter pour
faire paroiftre davantage la delicateffe d'Hero-
dote en cet endroit,qu'il n'a pas dit vody zuvas-
Hey, la maladie des femmes ; mais par l'Adjectif
Júderav võorv, la maladie feminine, ce qui eft
beaucoup plus doux dans le Grec, & n'a point
du tout de grace dans noftre langue, où il ne
peut eftre fouffert.

Ch.XXV.

Le remede le plus naturel contre l'abondance la bardieffe foit des metaphores, pag.93. foit des autres figures, c'eft de ne les employer qu'à propos, &c.] J'aimerois mieux traduire, mais je foutiens toujours que l'abondance & la bardieffe des metaphores, comme je l'ay déja dit, les figures employées à propos, les paffions vehementes le grand, font les plus naturels adouciffemens du Sublime. Longin veut dire que pour excufer la hardieffe du difcours dans le Sublime, on n'a pas befoin de ces conditions pour ainfi dire, fije l'ofe dire, &c. & qu'il fuffit que les metaphores foient frequentes & hardies, que les figures foient employées à propos, que les paffions foient fortes & que tout enfin foit noble & grand.

Il dit que la rate eft la cuisine des inteftins. ] Pag.95$. Le paffage de Longin eft corrompu, & ceux qui le liront avec attention en tomberont fans doute d'accord; car la rate ne peut jamais eftre appellée raisonnablement la cuifine des inteftins, & ce qui fuit détruit manifeftement cette metaphore. Longin avoit efcrit comme Platon enpito & non pas μαγειρείον. Οι spor.On peut voir le paffage tour du long dans le Timée à la page 72. du Tom. III. de

Q

l'Edi

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Pag.97.

l'Edition de Serranus. to fignifie proprement μxlogs, une serviete à effuyer les mains. Platon dit que Dieu a placé la rate au voifinage du foye, afin qu'elle luy serve comme de torchon, fi j'ofe me fervir de ce terme, &qu'elle le tienne toûjours propre & net; c'eft pourquoi lorfque dans une maladie le foye eft environné d'ordures, la rate qui eft une fubftance creufe, molle & qui n'a point de sang, le netoye

d'où

Pag.110.

prend elle-mefme toutes ces ordures, vient qu'elle s'enfle & devient boufie, comme au contraire aprés que le corps eft purge, elle se defenfle & retourne à son premier eftat.Je m'étonne que perfonne ne fe foit apperçu de cette faute dans Longin, & qu'on ne l'ait corrigée fur le texte mefme de Platon, & fur le témoignage de Pollux qui cite ce paffage dans le chap. 4.

du Livre I I.

De fait accufant Platon d'efire tombé en plu fieurs endroits, il parle de l'autre comme d'un Auteur achevé, &c.] Il me femble que cela n'explique pas affez la pensée de Longin, qui dit: En effet il préfere à Platon qui eft rombé en beaucoup d'endroits, il luy prefere, dis-je, Lyfias comme un Orateur achevé, & qui n'a point de defauts, &c.

Et dans Theocrite osté quelques endroits où il Sort un peu du caractere de l'Eclogue, il n'y a rien qui ne foit beureufement imaginé.]Les an ciens ont remarqué, que la fimplicité de Theocrite eftoit tres-heureufe dans les Bucoliques; cependant il eft certain, comme Longin l'a fort bien vû, qu'il y a quelques endroits qui ne fuivent pas bien la mefme idée & qui s'éloignent fort de cette fimplicité. On verra un jour dans les Commentaires que j'ai faits fur ce Poëte les endroits que Longin avoir entendus.

me paroît

Mais

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Mais qui ne tombe dans ce defaut qu'à cause 1bid.
de cet efprit divin, dont il eft entraîne, & qu'il
ne fauroit regler comme il veut.] Longin dit en
general, mais qui ne tombe dans ce defaut qu'à
caufe de cet efprit divin dont il eft entraîné, &
qu'il eft bien difficile de regler.

Qutre qu'il eft plus barmonieux, il a bien plus C. xxv11r.
de parties d'Orateur,qu'il poffede presque toutes pag.101.
en un degré éminent.] Longin à mon avis, n'a
garde de dire d'Hyperide qu'il poffede prefque
toutes les parties d'Orateur en un degré émi-
nent, il dit feulement qu'il a plus de parties
d'Orateur que Demofthene, & que dans tou-
tes ces parties, il eft prefque éminent, qu'il les
poffede toutes en un degré prefque éminent, »Ò
χεδὸν ὑπακρθόν πᾶσιν.

Ibid.

Semblables à ces Athletes qui reuffiffent en cinq fortes d'exercices, & qui n'eftant les premiers en pas un de ces exercices, paffent en tous l'ordinaire le commun. ] De la manicre que ce paffage eft traduit, Longin ne place Hyperide qu'au deffus de l'ordinaire & du commun, ce qui eft fort éloigné de fa pensée. A mon avis, Monfieur D*** & les autres Interpretes n'ont pas bien pris ni le fens ni les paroles de ce Rheteur. I'd ne fignifie point ici des gens du vulgaire du commun, comme ils l'ont crû, mais des gens qui fe meflent des mêmes exercices; d'où vient qu'Hefychius a fort bien marqué ἰδιωτες, στιλέταις, je traduirois, Semblable à un Athlete que l'on appelle Pentatble, qui veritablement eft vaincu par tous les autres Athletes dans tous les combats qu'il entreprend, mais qui eft au-deffus de tous ceux qui s'attachent comme luy à cinq fortes d'exercices. Ainfi la pensée de Longin eft fort belle de dire que fi l'on doit juger du merite par le nombre des vertus plûtoft que par leur excel

Q 2

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